Est-il excessif de dire qu'un lieu est au bout du monde ? Après tout, la terre est ronde. Cependant, pour tout un chacun, le bout du monde évoque inévitablement un espace reculé, isolé, au-delà duquel s'étend le néant, l'immensité vierge ; Rapa, en somme !

À 500 km de toute terre habitée, ce rocher émergé au milieu de nulle part est à la limite de l'univers. Au-delà, plus rien. Au sud, pas un caillou n'affleure l'océan, jusqu'à l'Antarctique. Plusieurs milliers de kilomètres séparent l'île de l'Amérique du Sud à l'est, et de l'Australie à l'ouest. Quelques icebergs viennent rarement lécher ses côtes... Rapa Iti, (petite Rapa), possède un lien très fort avec Rapa Nui (grande Rapa), nom polynésien de l'île de Pâques, autrement plus isolée, mais tout de même dotée d'un aéroport international. Rien de tout cela à Rapa Iti. Coupée de tout, l'île a très peu de contact avec le monde extérieur. Le gendarme Le Goffic en poste en 1918, fut informé le même jour du début et de la fin de la Première Guerre mondiale !

Encore aujourd'hui, Rapa n'est reliée au monde que par le Tuhaapae IV qui y passe une fois tous les deux mois, et par le téléphone et la TV.

Mieux vaut ne pas avoir d'accident : on ne viendra pas vous chercher...

Malgré son isolement, Rapa Iti s'enorgueillit d'une histoire passionnante mais souvent tragique. Peuplée il y a plusieurs siècles par d'intrépides navigateurs polynésiens, venus des îles de la Société, elle aurait été une tête de pont pour la conquête de Rapa Nui et de la Nouvelle-Zélande.

Les vestiges archéologiques comprennent les forteresses " pa ", apparentées à celles des Maoris de l'île au long ciel (la Nouvelle-Zélande), que l'on retrouve aussi chez sa grande et lointaine soeur (environ 4 000 km). Ces fortifications, construites au sommet des montagnes servaient à défendre les différents royaumes les uns des autres.

La mieux conservée, Morongo Uta, entre les baies d'Haurei et d'Hiri, est une forteresse de 300 m de circonférence, entourée de profonds fossés et surmontée d'une double tour de guet pyramidale. En effet, Rapa à l'époque était très peuplée, trop même, entraînant de perpétuelles guerres pour le territoire.

Le premier Européen à découvrir l'île fut George Vancouver, le 22 décembre 1791 à l'aube. Dans son récit de voyage publié en 1798, il commente sa première rencontre avec les indigènes : " Les relations avec les indigènes qui s'approchent en pirogue sont sans histoire. Ils manifestent crainte, étonnement et admiration. Ils sont nus, sans tatouage, avec des cheveux courts. Ils paraissent bien nourris, ouverts et gais. Ils offrent en présent des hameçons de nacre et autres objets relatifs à la pêche. Ils cèdent volontiers leurs lances, casse-tête et frondes. " À l'époque, le cannibalisme était naturel et très répandu, l'île comptait environ 3 000 âmes. Comme le dit Jean Guillin, s'ils parvenaient à s'emparer d'un chef ou du roi d'une tribu, ils le découpaient en morceaux et le dévoraient. Après quoi ils allaient crier à sa tribu : " Votre roi est tué, nous l'avons mangé. "

Sans grand intérêt économique ni stratégique, elle fut ignorée jusqu'en 1816, puis la présence européenne apporta son lot de maladies sur Rapa, qui la fit rentrer dans l'histoire commune aux autres îles du Pacifique. Elle comptait 2 000 habitants en 1816, 500 en 1838, 150 en 1864.

Rapa dut subir en plus la déportation d'un grand nombre de ses habitants, lors de l'arrivée des navires esclavagistes péruviens, qui les envoyèrent travailler sur les îles à Guano au large du Pérou. Après un épisode épique, où les insulaires s'emparèrent d'un bateau et rallièrent Tahiti afin de demander secours aux Français, les Péruviens furent contraints de ramener chez eux 300 Polynésiens. Malheureusement, la plupart mourront sur le trajet, les autres ramenant une épidémie de variole qui acheva la population restée sur Rapa. Quelques habitants survécurent, mais la science et les traditions séculaires de ce peuple furent perdues pour toujours. L'île compte aujourd'hui 507 habitants (recensement 2017).

L'île sans cocotier

Sous le tropique du Capricorne, s'élève fièrement Rapa, dernière des îles Australes, à 1 420 km au sud-est de Tahiti et 500 km de Raivavae. 9 km sur 8 km : l'île est petite et constituée d'un seul volcan, le cratère faisant place à la grande baie d'Ahurei, s'enfonçant jusqu'au centre de l'île. Le relief échancré, offre des reliefs surprenants et des pics acérés.

Le point culminant, le mont Perehau (650 m), est suivi de près par le mont Pukumaru (605 m) et une succession de rochers élevés offrant de magnifiques panoramas sur les vallées de l'île.

La côte, très découpée et directement soumise aux assauts de la houle, est entaillée de profondes baies et criques, alternant avec les pointes rocheuses. En effet, Rapa ne possède pas de récif corallien protecteur. La température peut y descendre jusqu'à 5 °C en juillet, et les cocotiers n'y poussent pas. En revanche, c'est la seule île de Polynésie où l'on cultive les fruits des régions tempérées : pommes, pêches, poires, figues... Mais aussi les radis, le céleri, les artichauts, le tabac, la vigne, les abricots, les pêches ou les haricots verts.

Rapa a mille autres produits de la nature à faire découvrir. Outre les fruits tropicaux familiers, comme les bananes, mangues, papayes et fruits de la passion, on y cultive d'excellentes oranges, un café délicieux, ainsi que les multiples variétés de taro propres aux Australes, et d'autres tubercules comme le tarua ou l'aki. La nourriture quotidienne d'une famille de Rapa comprend du saumon frais, des moules, des huîtres, du crabe, des biches de mer (prisées de Japonais), des crevettes, des oursins, des langoustes et de la viande de chèvre et de boeuf sauvages. Pour le dessert, les enfants goûtent au mangu, la fleur rosée au goût sucré, comme un bonbon pour les bambins.

Transports

Paradis sauvage, Rapa se mérite ! La route est longue : il n'y passe qu'un bateau tous les deux mois, restant à quai une journée seulement ! Rapa étant une zone militaire française, l'escale est limitée à quelques jours, le temps de faire les provisions nécessaires à la poursuite du voyage. À moins d'avoir son propre bateau (et encore), l'aventure y est difficile.

Une autorisation spéciale est d'ailleurs nécessaire pour un séjour prolongé, il vous faudra un certificat d'hébergement de la mairie de Rapa, à présenter à la subdivision administrative des îles Australes à Papeete.

Pratique

Les quelque 507 âmes de l'île vivent dans deux villages, séparés l'un de l'autre par la baie d'Ahurei, qu'il faut traverser en pirogue, car l'île ne compte pas de route.

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