Éducation
Mitsugo no tamashi, hyaku made, ou « L’âme des trois premières années dure jusqu’à 100 ans »… Ce dicton est dans la conscience de tous les Japonais. Ces derniers pensent que les jeux sont faits entre la naissance et la troisième année. Pendant cette période, et d’ailleurs presque jusqu’à l’école primaire, les enfants ne sont soumis à aucun interdit ou règle sévère. Ils sont soignés plus qu’éduqués. Ils doivent prendre plaisir à vivre. On essaie de faire en sorte, comme disent les Japonais, qu’il n’y ait pas de « trou » dans le cœur de l’enfant, que le lien affectif et physique comme son éloignement (émancipation) suivent un processus bien rempli. À la maison, on apprend surtout aux enfants comment se tenir en société pour faire plaisir aux autres ou pour ne pas les gêner, et le relais est pris par l’école, ce qui donne une société paisible et agréable, en apparence bien évidemment, car en réalité, elle l'est de moins en moins selon les critères japonais.Famille
On aurait tort d’utiliser le terme de famille pour comprendre le mode de vie des Japonais. En fait, même si les Japonais prennent soin de leur famille, ils entretiennent aussi des relations très diverses dans la société. Il faut vraiment qu’un parent soit exécrable et agressif pour que la fille ou le fils décide de ne plus faire l’effort d’entretenir la relation. Même si la partie émotionnelle existe entre les parents et les enfants, on aime bien prendre soin de ses parents, grands-parents, et, bien sûr, l’inverse est vrai. Le fait de prendre soin va de pair avec l’affection naturelle pour ses parents ou vice-versa. Le contact corporel est important. Les jeunes époux dorment avec les petits dans le même futon.
École
L’orientation du MEXT (Ministry of Education, Culture, Sports, Science and Technology) répond au souci national de la globalisation. À l’ère de la mondialisation, on craint que le côté « co-harmonisateur » propre au tempérament des Japonais ne leur permette pas de bien communiquer sur la scène internationale. À l’école primaire, les cours s’arrêtent à 14h ou 15h. L’Éducation nationale y prodigue un enseignement de base à l’aide de manuels peu étoffés. Pour faire réussir leurs enfants aux examens, la plupart des Japonais sont attirés par les juku (petites écoles d’appoint) qui occupent les enfants l’après-midi ou dans la soirée. Les universités d’État sont quasiment gratuites ou très bon marché, alors qu’une université privée revient à un million de yens par an au minimum.
Travail
Un cliché est à faire tomber à ce niveau-là, même si comme pour toutes les mégapoles, les habitants des grandes villes japonaises passent beaucoup de temps au travail. Cependant, ils n’y passent pas tout leur temps. Les Japonais ne disposent en moyenne que de deux à trois semaines de congés payés par an. Mais il faut y ajouter une ou deux semaines de Golden et Silver Week, en début d’année et au printemps. On aurait tendance aussi à utiliser le terme de travail pour parler de la vie des Japonais, mais « activité » convient mieux. Pour les Japonais, le travail est une activité qui donne de l’animation. Une saine animation dans le travail, le sport, l’étude ou autre est synonyme de bonheur. Ainsi, il est un peu faux de dire que les Japonais aiment travailler. Ils aiment être animés dans le travail, comme dans le reste de leurs activités. Un travail qui manque d’animation ou une « planque » ne les intéresse pas, en général.
Retraite
Le système japonais des pensions de retraite repose sur le principe simple que la population des cotisants est supérieure à celle des bénéficiaires. Le gouvernement a déjà fait passer l’âge de départ à la retraite de 60 à 65 ans. Le Japon est d'ailleurs l’un des pays industriels record en matière de vieillissement de la population. De plus, le pays, qui enregistre l’un des plus faibles taux de natalité au monde, n'assure plus son renouvellement générationnel. Il va sans dire que le principe décrit ne peut plus fonctionner à terme. On parle même de repousser de nouveau l'âge de la retraite à 70 ans.
Contradiction
Un bref passage au Japon permet de comprendre, de manière non approfondie, que le pays est un pays de paradoxes. Mais la situation est beaucoup plus complexe que la simple opposition entre le blanc et le noir. Il y a ce qui est dit (tatemae) et ce qui est pensé intérieurement (honne). A Kyōto, le Pavillon d’or exprime la magnificence même, alors que le Pavillon d’argent évoque le dépouillement qui achemine au cœur des choses. Le grand sanctuaire d’Ise est dédié à la cour impériale des Yamato, mais la même cour a édifié un sanctuaire pour ceux qu’elle a vaincus, celui d’Izumo. Haji veut dire la honte et la confusion, mais le fait d’avoir cette attitude permet de ne plus avoir honte. L’unité qui exprime l’espace (ma) exprime aussi le temps. Ce ne sont que des exemples parmi tant d'autres, et c'est ce qui fait que le Japon est souvent qualifié de pays de contradictions. C’est vrai, mais n’est-il pas possible de dire plutôt que le Japon fait coexister les contradictions, et que cela mène au résultat… qu’il n’y a plus de contradiction ?
Superflu
Dans son comportement, en règle générale (les temps changent bien sûr), le Japonais cherche à soustraire le superflu, à voir le fond des choses. Beaucoup d’architectes japonais sont d’ailleurs reconnus comme étant des minimalistes. Ce qui est beau dans la danse traditionnelle japonaise Nihonbuyō, c’est l’absence de mouvement. La base des arts martiaux anciens ? C'est d’éviter de mettre la force, mais plutôt de la contourner pour créer le mouvement. Les Japonais préfèrent souvent laisser parler quelqu’un qui a une forte conviction et veut avoir raison. Ils préfèrent se soustraire plutôt que d’argumenter ou d’avoir raison. Depuis la jeune enfance, le Japonais a appris qu’il a du travail à faire pour gommer les imperfections. Il agit beaucoup en ce sens et évite de mettre en avant ses qualités. Pour résumer, la société lui apprend ce qu’on appelle la modestie. Ces quelques explications abstraites peuvent sûrement donner des pistes au voyageur un peu surpris de ce qui ressemble à un manque de personnalité ou à une apparente timidité de ses amis japonais.