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Kyoto, Nara et la région de Wakayama constituent une approche intéressante de l'histoire de la religion au Japon. Les temples, les sanctuaires et les chemins de pèlerinages sont de véritables témoins du passé qui nous aident à mieux comprendre la place de la religion à travers les âges dans le pays. Les Japonais n'auront aucune réticence à se rendre dans un sanctuaire shintoïste, à prier dans un temple bouddhiste, à s'intéresser au shugendō, une tradition spirituelle millénaire japonaise, ou encore à participer à une cérémonie rituelle du bouddhisme ésotérique de l'école Shingon, à Koyasan. Cette attitude illustre le fait que les sentiments de ferveur religieuse, de foi ou de « communion avec un Moi profond » ne font pas partie du vécu religieux habituel de la population nippone. La chrétienté a aussi une place importante sur l'île de Kyushu, plus précisément dans les préfectures de Saga et de Nagasaki.

Le shintō et les sanctuaires jinja

Officiellement vieux de vingt-cinq siècles, le shintō ou shintoïsme, est la religion indigène des Japonais, par opposition au bouddhisme, venu de Chine et de Corée. Il consiste dans le culte de la notion de Kami. La mythologie du shintō fut retranscrite dans le Kojiki (recueil des choses anciennes) en 712 sur ordre de l’empereur et, ensuite, dans le Nihon shoki en 720. La lecture de ces deux ouvrages révèle une mythologie riche et imagée. Chose curieuse, le shintō est la seule religion du monde qui n’ait pas de Coran, de Bible ou autre Talmud, qui ne possède aucun précepte écrit, et dont  les sanctuaires n’ont pas de statues à l’image d’une divinité. Pourtant, tout Japonais a la perception intuitive de Kami, souvent appelé amicalement et honorifiquement « Kami-sama » dans la vie de tous les jours. Cette religion n’est soutenue par aucun écrit, ni par une quelconque représentation ; le Japonais perçoit deux choses : l’événement, c’est-à-dire le phénomène en soi, et l’état d’une force qui fait que l’événement a lieu. Une certaine résonance qui fait dire « ça vient de quelque part ». Il est donc difficile de parler de divinités, de dieu(x), d’esprits ou de chamanisme. Il vaut mieux garder en tête le mot Kami ou Kami-sama et la perception qu’il recouvre. Et comme le shintō n’implique aucun baptême, communion, interdiction, punition, connaissance écrite ou préceptes, il n’y a que la force du lieu qui compte, le sanctuaire.

Le bouddhisme et les temples

L’année 552 est la date d’introduction officielle du bouddhisme au Japon, année au cours de laquelle le roi du Paekche, en Corée, envoie une lettre à l’empereur Kimmei, du Yamato (Japon), en lui demandant de l’aider à contenir les visées expansionnistes de son voisin, le souverain de Silla. Cette lettre lui explique aussi les mérites du bouddhisme. À cette époque, Yamato compte une colonie en Corée, le Minama. En 562, les Japonais sont obligés d’abandonner leurs fiefs de Corée et emmènent avec eux bon nombre d’artistes et de religieux coréens qui fuient la guerre. Le bouddhisme entre ainsi dans l’Empire d’une manière officielle, mais va bientôt se heurter à l’opposition des shintō. Seule la noblesse se convertit avec quelques clans qui redoublent de rivalité avec les clans shintō. Le régent Shōtoku Taishi parvient quand même à imposer le bouddhisme comme religion officielle et renoue avec la Chine et la Corée. Les Japonais penchent de plus en plus vers un syncrétisme, mélange des voies shintō et bouddhique, mais au début du VIIIe siècle, l’établissement de six sectes différentes à Nara engendre une divergence doctrinale. Six textes sont écrits : le sanron-shū, le kusha-shū, le hossō-shū, le jōjitsu-shū, le kegon-shū et enfin le ritsu-shū. Cent cinquante ans plus tard, l’empereur, soucieux de s’affranchir des six sectes de Nara qui ont pris un poids politique important, envoie des missions en Chine afin qu’on ramène des doctrines nouvelles. Des synthèses en sont faites. Elles permettent aux fidèles d’atteindre leur but par la seule adoration des divinités et des pratiques plus simples. C’est le temps de l’amidisme (Amida est la représentation de Bouddha qui amène les âmes au paradis). Soutenu par ce qui devient le jōdō, ou vénération d’Amida « de la terre pure » dans une future vie, le bouddhisme ne s’éloigne pas de la secte Tendai, mais la seule invocation vocale du nembutsu assure au fidèle son entrée au paradis, c’est-à-dire que le but n’est plus de réaliser l’éveil du temps de son vivant, contrairement au bouddhisme originel. Les troubles qui accompagnent la décadence de l’époque Fujiwara au XIIe siècle favorisent, à la période de Kamakura, l’installation de nouvelles sectes aristocratiques comme le Zen, venant du Chan chinois, correspondant aux guerriers de l’aristocratie : les sectes du jōdō-shin-shū ou de Nichiren. Ce sont des moines chinois qui importent le Chan (Zen) par le biais d’Eisei, lequel fonde la secte Rinzaï en 1191. Le moine Dōgen, quant à lui, fonde la secte Sōtō une trentaine d’années plus tard. Cette doctrine connaît un grand succès chez les intellectuels et les guerriers. Elle n’est fondée sur aucun texte et fait référence à l’essence des choses, à la méditation et l’étude des paradoxes. Le Zen a une influence considérable dans le monde des arts, que ce soit l’architecture, la peinture, l’art des jardins ou encore la cérémonie du thé. Son enseignement utilise le paradoxe didactique.

Le bouddhisme Shingon

Le Shingon est une école bouddhiste japonaise ésotérique, fondée au IXᵉ siècle par le moine Kūkai (ou Kōbō Daishi). Lors d'un séjour en Chine en l'an 804, Kūkai fut initié aux arcanes du Shingon Mikkyo, par le maître Keika, qu'il répandit ensuite dans l'Archipel à son retour. En l'an 816, il reçut le mont Koya par l'empereur. Depuis cette époque, Koyasan est le principal lieu de pratique du bouddhisme Shingon. Le monastère a été construit au cœur des montagnes, loin de toutes distractions, afin de permettre aux moines de méditer et de prier pour la paix. D'après une croyance, Kōbō Daishi ne serait pas mort. Il méditerait pour l'éternité dans le Gobyo, son mausolée. Dans cette école, on met en avant la compréhension de la sagesse du Bouddha et les nombreux actes pieux afin de venir en aide aux personnes et de leur apporter le bonheur.

Le shugendō

Emergeant au VIIIe siècle, le shugendō, tradition spirituelle millénaire japonaise d’osmose entre l'homme et la nature, a pour fondateur En no Gyōja, un personnage mi-historique, mi-légendaire. Cette religion, que l'on pourrait traduire littéralement par « le chemin de la formation et de l'essai », inclut la notion d'ascétisme, de la vie en montagne et d'autres croyances comme l'animisme, le shintoïsme ou encore le taoïsme. L'ascète, appelé shugenja ou yamabushi, se consacre à la nature, la vénère, la prie et essaie, en se créant un esprit pur, de fusionner avec elle. C'étaient autrefois des ermites qui vivaient dans les montagnes et suivaient un entraînement intense. Pour ces adeptes-là, les montagnes Yoshino-Omine, à Nara, sont le lieu suprême de cette pratique ascétique. C'est d'ailleurs au cœur du village de Yoshino que se trouve le Kinpusen-ji, le temple principal du shugendō, établi au VIe siècle par En no Gyōja.

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