Histoire Histoire

Dans le mythe de la construction du Japon, le pays remonte à l’empereur Jinmu (660 av. J.-C.), descendant de la déesse du soleil Amaterasu Ômikami. La réalité est bien évidemment différente. Ce qu’on appelle aujourd’hui le Japon est d’abord né du Yamato, quand, au IIIe siècle, une structure politique forte et organisée se met en place autour de Nara, berceau du pays. Le nom du Japon, Nihon, littéralement « l’origine du soleil », remonterait, lui, à une missive envoyée en Chine par le prince Shôtoku Taishi (574-622), qui commençait en ces termes : « De l’empereur céleste du soleil levant à l’empereur céleste du soleil couchant ». Venant d’un tout petit pays, le Yamato, et s’adressant au plus grand empire de la région, la missive ne manquait pas d’audace et marquait la souveraineté du Japon. Elle suscita l’ire de la Chine, mais eut l’avantage de baptiser pour longtemps un archipel à l’histoire mouvementée.

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12 000-1000 av. J.-C

Le néolithique est nommé au Japon d’après les poteries à décor cordé qui étaient utilisées pour des cultures de chasseurs-cueilleurs semi-sédentaires, le « Jōmon ». Au cours de cette longue période, les hommes évoluent vers des sociétés agricoles sédentaires. Ces dernières années, les Japonais regardent l’ère Jōmon avec une certaine nostalgie, celle d’un paradis perdu, puisque l’île aurait alors vécu 10 000 ans de relative paix, et développé une culture avancée, particulièrement sur le plan culinaire.

1000 av. J.-C.-300 apr. J.-C

À l’époque Yayoi, qui doit son nom au site archéologique de Yayoi-chō, les îles de Kyushu et Honshu évoluent vers un mode de vie sédentaire. La riziculture irriguée se développe, ainsi que la métallurgie et des innovations comme le tour de potier sont introduites. C’est la période des premières relations connues avec le continent, notamment par l’arrivée de nouvelles populations.

300-710

Des clans puissants de quatre pays émergent à l’ère des « grandes tombes », les kofun, sépultures monumentales en forme de trous de serrure. La dynastie des Yamato étend son pouvoir sur le sud de l’archipel. C’est aussi à cette époque que la culture chinoise et le bouddhisme sont introduits au Japon grâce aux liens avec des royaumes du sud de la Corée. À la fin de l’époque des kofun, les quatre pays sont fédérés par un seul État qui se construit autour de la capitale Asuka, au cœur de la préfecture actuelle de Nara. Le prince Shôtoku Taishi (574-622) choisit le bouddhisme comme religion nationale et édicte une Constitution en 17 articles.

712-1192

La centralisation étatique se renforce, sur le modèle chinois. La capitale, Nara, est tracée selon le plan en damiers de la capitale des Tang, en Chine. Les échanges culturels avec cette dernière se développent. Cette époque de Nara (710-794) est considérée comme un premier âge d’or de l’art japonais. Afin d’éviter l’influence du clergé bouddhique de Nara, cependant, l’empereur Kammu décide en 794 de déménager sa capitale à Heian, actuelle Kyoto. Le bouddhisme connaît un grand essor. Deux moines, Saichō et Kūkai, fondent les deux grandes sectes Tendai et Shingon à leur retour de Chine. Kūkai décide d'établir le premier monastère de Kongōbu-ji en 816 à Kōya-san, qui devient le centre de la secte Shingon, adepte du bouddhisme ésotérique. Quant à l'école Tendai, elle a pour centre le temple Enryaku-ji.

1192

Après une guerre entre les clans Minamoto et Taira, Minamoto no Yoritomo reçoit par la Cour le titre de « Sei-i- tai-shōgun », généralissime pour la soumission des barbares. Un nouveau régime appelé « bakufu », administration de la tente, s’installe à Kamakura et éclipse la Cour de Heian. À l’époque de Kamakura, qui dure jusqu’en 1333 environ, une classe guerrière se développe, avec des guerriers issus du monde paysan. La doctrine bouddhiste zen fait son apparition dans le pays. Elle se caractérise par une esthétique sobre, la maîtrise de soi et une quête personnelle du salut.

1281

La puissante armée de l’empereur mongol Koubilaï tente d’envahir le Japon, mais elle est terrassée par un typhon, le « kamikaze » ou vent divin. Le mot connaîtra un destin nouveau quelques siècles plus tard.

1333-1568

L’empereur Go-daigo veut évincer le bakufu de Kamakura avec l’aide des moines-soldats du mont Hiei, mais Ashikaga Takauji, ancien allié de l’empereur, se fait nommer shōgun et s’installe dans le quartier de Muromachi à Kyoto, qui donne ainsi son nom à cette période mouvementée. Le pouvoir se divise entre la Cour loyale à l’empereur Go-daigo et celle d’Ashikaga. Cette dernière a de moins en moins de contrôle sur le groupe des guerriers qui gagne en puissance. De nombreux conflits ont lieu, qui culminent lors des guerres « sengoku », des guerres qui s’étendent sur une période d’environ 150 ans, au cours de laquelle l’anarchie règne et les seigneurs se battent pour le contrôle de régions entières.

1573-1598

Cette courte période est appelée « Momoyama », du nom de la colline où Toyotomi Hideyoshi fit construire son dernier château. Au cours de cette période, trois figures essentielles émergent qui vont pacifier le Japon en imposant leur pouvoir. Oda Nobunaga aidé de ses deux généraux Toyotomi Hideyoshi et Ieyasu Tokugawa, et de nouvelles armes de guerre comme les mousquets, contrôlent le centre du Japon. Après que Nobunaga a été forcé au suicide en 1582, Toyotomi Hideyoshi poursuit son œuvre unificatrice, mais il échoue en tentant de s’attaquer à la Corée et meurt en 1598.

Statue de Oda Nobunaga. shutterstock.com - mTaira.jpg

1600-1868

Tokugawa Ieyasu et les clans alliés remportent la bataille de Sekigahara. Il devient shōgun et installe sa capitale à Edo. Au cours des années suivantes, il met en place des réformes pour assurer la prééminence des Tokugawa. Elles vont aussi stabiliser le pays et permettre d’instaurer une paix qui va durer jusqu’au milieu du XIXe siècle.

1615

Au cours du XVIe siècle, des missionnaires jésuites s’installent au Japon et commencent une œuvre de conversion. Ils sont vite perçus comme une menace pour le pouvoir unifié que tente de mettre en place Leyasu et sont expulsés ou persécutés en 1615. Dès 1635, le Japon ferme ses frontières aux étrangers, particulièrement aux Occidentaux, et contrôle la circulation de ses ressortissants. Portugais et Espagnols sont mis à la porte, mais des navires hollandais continueront d’accoster à Dejima, une petite île au large de Nagasaki.

1635

Tokugawa Ieyasu réorganise les fiefs et instaure le système du sankin kôtai. Les seigneurs, appelés daimyō, doivent passer un an sur deux à Edo, et une partie de leurs familles y est retenue en otage. C’est un moyen efficace d’assurer la paix par le contrôle et l’appauvrissement des seigneurs régionaux. Edo, qui est un simple village au début du XVIIe siècle, croît alors au point de devenir une des plus grandes villes du monde au XVIIIe siècle. La société s’organise progressivement en quatre catégories. Les guerriers, qui deviennent plutôt des administrateurs de domaine, les marchands, que la période de paix favorise alors que les seigneurs domaniaux s’endettent auprès d’eux, les artisans et les paysans. Il existe aussi toute une catégorie de « hors castes », qui s’occupe des métiers dits impurs comme le travail du cuir ou les sépultures.

1716-1736

Réformes de l’ère Kyōhō. Au tournant du XVIIIe siècle, le shogun Tokugawa Yoshimune tente de donner un nouveau souffle à une administration qui vieillit.  Il encourage les études confucéennes et hollandaises, instaure un système de sélection des fonctionnaires au mérite et d’autres réformes pour rendre son administration plus efficace. Le système de boîte à pétitions (meyasu bako) pour encourager la population à exprimer ses complaintes ou ses suggestions est vite adopté par les seigneurs des domaines.

1853

Le Commodore Perry débarque sur les côtes japonaises et exige que le Japon ouvre ses ports aux bateaux américains.

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1868

Après l’ouverture forcée du pays, deux factions se forment, entre samouraïs fidèles aux Tokugawa et ceux qui demandent le retour de l’empereur. Ces derniers l’emportent lors de la guerre de Boshin. Une fois au pouvoir, ils établissent un nouveau régime, appelé « la restauration de Meiji », à la tête duquel se trouve l’empereur, et mettent en place un programme de réforme du pays inspiré des modèles occidentaux.

1889

Quelques années après un mouvement pour la liberté et le droit des peuples qui secoue le pays entre 1878 et 1882 environ, le Japon se dote d’une Constitution moderne, inspirée de l’Allemagne.

1894

Le Japon remporte la guerre contre la Chine, qu’il perçoit comme dominée par une administration corrompue et manœuvrée en sous-main par les colonisateurs britanniques.

1905

La victoire japonaise face aux Russes fait l’effet d’un coup de tonnerre. Elle marque l’entrée du Japon parmi les grandes puissances mondiales et le début de l’expansion coloniale du pays.

1923

Un terrible tremblement de terre fait plus de 150 000 morts. Il provoque des incendies et ravage une partie de Tokyo. Dans un contexte de malaise social et de difficultés économiques, la loi martiale est décrétée. Les anti-communistes et anti-coréens se déchaînent lors d’émeutes qui font plusieurs milliers de morts.

1931

Début de l’invasion de la Mandchourie par l’armée japonaise. Dès 1932, les Japonais créent un État fantoche, le Mandchoukouo, avec à sa tête Puyi, le dernier empereur de Chine.

1937

L’incident du pont Marco Polo entre l’armée impériale japonaise et l’armée nationale révolutionnaire chinoise marque le début d’une invasion brutale de la Chine. Le terrible massacre de la capitale Nankin continue aujourd’hui de perturber les relations diplomatiques entre les deux pays. Pour certains historiens, la Seconde Guerre mondiale a réellement débuté en Asie à ce moment-là.

1941

Le 7 décembre, les forces aéronavales japonaises attaquent la base navale américaine de Pearl Harbor. Les Américains entrent en guerre.

1945

Comme beaucoup d’autres villes japonaises, Osaka est entièrement bombardée par les raids américains à partir de la nuit du 13 mars. Le château de Himeji est sauvé des bombardements par les habitants de la ville qui le recouvrent d'un grand drap noir pour que, vu du ciel, il ressemble à un lac. Le 6 et 9 août 1945, les Américains larguent les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, alors que le 8 août, l’URSS déclare la guerre au Japon exsangue. Le 15 août, l’empereur annonce la capitulation du pays.

1964

Les Jeux olympiques se tiennent à Tokyo pour la première fois. C’est l’occasion pour la ville de se montrer sous un jour nouveau après les blessures de la guerre. De grands travaux d’infrastructure sont entrepris, dont le plus célèbre reste le Shinkansen, le train à grande vitesse.

1991

Éclatement de la bulle économique. Entre les années 1960 et les années 1980, le Japon connaît une période d’exceptionnelle croissance. Le pays se hisse au rang de puissance mondiale, et s’affirme notamment dans le domaine de la construction automobile et de l’informatique. Mais en février 1991, les cours de la Bourse anormalement élevés s’effondrent, et la croissance chute brutalement. C’est l’entrée dans l’ère « Heisei ».

1993

Le temple Hōryū-ji, fondé en 607 par le prince Shōtoku Taishi, près de Nara, devient le premier site japonais à être inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l'Unesco.

Le temple Horyu-ji. shutterstock.com - Luciano Mortula - LGM.jpg

1994

L'aéroport international du Kansai, situé sur une île artificielle, au sud d'Osaka, ouvre ses portes le 4 septembre. Il devient une plaque tournante aérienne qui relie le Kansai au monde.

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1995

Le 17 janvier, un grand tremblement de terre fait plus de 6 000 morts à Kobe et détruit une grande partie de la ville. Le 20 mars, un attentat au gaz sarin est perpétré par des membres de la secte Aum Shinrikyo dans le métro de Tokyo. La même année, le déclin démographique inexorable commence. A lieu, également à Osaka, un référendum sur la mise en œuvre du projet de la Métropole d'Osaka pour que la ville soit réorganisée en arrondissements spéciaux comme l'est la capitale. Le « non » l'emporte.

2011

Un grand tremblement de terre suivi d’un tsunami et d’un accident nucléaire dans le nord-est du Japon fait plus de 23 000 morts et disparus.

2014

En mars est inauguré le gratte-ciel Abeno Harukas, à Osaka, qui devient le plus haut du Japon du haut de ses 300 mètres et ses 60 étages.

2016

Ise-Shima, dans la préfecture de Mie, est le théâtre en mai du 42e sommet du G7 qui réunit les plus grandes puissances mondiales économiques. Une première pour le Kansai.

2020

En raison de la pandémie de Covid-19, le 24 mars est annoncé le report des Jeux olympiques de Tokyo d’un an et le 7 avril est décrété l'état d'urgence dans sept villes et préfectures les plus touchées du Japon, dont Osaka et la capitale.

2025

L'Exposition universelle de 2025, Expo 2025, se déroulera du 3 mai au 3 novembre à Yumeshima, à 10 kilomètres du centre d'Osaka. Un véritable coup de projecteur sur le Kansai.

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Top 10 : Personnages historiques

Les personnages historiques de Kansai

L’histoire du Japon regorge de personnalités fortes ou rocambolesques qui ont marqué leur époque. Elles sont d’autant plus connues que les Japonais accordent un soin particulier à la préservation de leur passé, légendaire ou réel. Voici un aperçu de dix d’entre elles dont vous croiserez peut-être la trace !

1 Le prince Shotoku taishi (c) Prachaya Roekdeethaweesab - Shutterstock.com.jpg

Shōtoku Taishi (574-622)

Prince japonais qui aurait le premier organisé le pays en suivant le modèle impérial chinois, et donné au Japon le nom de « pays du soleil levant ».

En no Gyoja. Kimbell Art Museum, Fort Worth, Texas.jpg

En no Gyōja (634-706)

Cet ascète et mystique est un personnage assez mystérieux. Il est considéré comme le fondateur traditionnel du shugendō par tous les yamabushi.

3 Kūkai (c) mTaira - Shutterstock.com.jpg

Kūkai (774-835)

Fondateur de l’école bouddhiste Shingon, son influence est telle que la légende va jusqu’à lui attribuer la paternité des kana, les syllabaires japonais.

4 Murasaki Shibiku (c) cowardlion - Shutterstock.com.jpg

Murasaki Shikibu (v. 973-1014)

Autrice du Dit du Genji, un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature japonaise dans lequel elle décrit les us et coutumes de la cour impériale.

5 Tomoe Gozen (c) Gift of Estate of Samuel Isham, 1914 - The MET.jpg

Tomoe Gozen (v. 1147-1257)

Femme samouraï à la bravoure légendaire, elle combat auprès de son amant Minamoto no Yoshinaka lors de la guerre qui oppose les clans Taira et Minamoto au XIIe siècle.

6 Takeda Shingen (c) Peera_stockfoto - Shutterstock.com.jpg

Takeda Shingen (1521-1573)

Seigneur féodal de la période des Sengoku, les guerres civiles, c’est un fin stratège au combat et un gouverneur innovant de ses territoires, Kai et Shinano.

7 Shogun leyasu (c) cowardlion - Shutterstock.com.jpg

Tokugawa Ieyasu (1543-1616)

Fondateur du shogunat des Tokugawa, il met en place des réformes politiques qui apportent la stabilité sur l’archipel.

8 Matsuo Basho (c) KPG_Payless - Shutterstock.com.jpg

Matsuo Bashō (1644-1694)

Poète qui renouvelle le genre du haiku, ce petit poème concis. Il fait l’objet d’une véritable vénération à l’époque Edo.

9 Saigō Takamori. shutterstock.com - PhotoNetwork.jpg

Saigō Takamori (1828-1877)

« Le dernier des samouraï » est un des meneurs de la Révolution de Meiji en 1868, mais il meurt en 1877 après avoir pris la tête de la rébellion contre le nouveau régime.

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Sen no Rikyū (1522-1591)

Maître du thé sous Toyotomi Hideyoshi, il a influencé le déroulement wabi de la cérémonie du thé.

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