Terres arides au passé glorieux, les territoires de la Basse-Nubie soudanaise, rassemblés administrativement dans la province du Nord (al-wilaya as-shamaliyah), hébergent le coeur de l'antique royaume de Koush, ennemi intime des pharaons égyptiens. Redécouvertes il y a moins d'un siècle, les civilisations nubiennes vivent injustement dans l'ombre de l'égyptologie classique, deux fois centenaire. Aujourd'hui, on a nettement l'impression qu'il subsiste plus de choses sous le sable que par-dessus. Car la Nubie était riche, notamment réputée pour son or extrait des montagnes situées aujourd'hui dans les zones frontalières, et pour sa grandeur mystique. Napata était d'ailleurs supposée être le lieu de naissance du dieu Amon, dont le culte a laissé de nombreuses traces en Nubie. Kerma, au centre, fut la capitale du premier Empire subsaharien de l'histoire.
Aujourd'hui encore, cette région est le centre de la Nubie. Les habitants sont fiers de cette identité et, pour eux, la frontière égyptienne n'occulte nullement la proximité avec leurs frères d'Assouan. D'un point de vue pratique, la région apparaît très isolée entre les déserts, de la Bayuda au sud, Nubien à l'est, Libyque à l'ouest, et le lac de Nubie (et non le lac Nasser !) au nord. L'ensemble de la population de la province est bien en dessous du million d'habitants.
La quasi-totalité de la province est recouverte par le désert. Ici, entre les deuxième et quatrième cataractes, seul le Nil joue un véritable rôle d'oasis. De Wadi Halfa à Delgo, le fleuve traverse la région du Batn al-Haggar ("ventre de pierre"), où il est bordé de puissantes collines et de petits plateaux qui ouvrent ensuite sur une vaste plaine en direction de Dongola, puis Karima. Peu fréquentée ou même explorée, la zone de la quatrième cataracte est désormais partiellement noyée sous les eaux de la retenue de Hamdab, plus connue sous le nom de barrage de Merowe, l'ouvrage emblématique et controversé d'un Soudan tourné vers le développement.