- 20 000 av. J.-C

Les premiers peuplements

Les humains semblent avoir d’abord colonisé la côte sud-est de l’île il y a près de 20 000 ans, selon les outils préhistoriques retrouvés dans les grottes de Kuumbi. Si l’on en croit les perles de verre caractéristiques retrouvées, datant entre 2800 av. J.-C. et l’an 0, un second peuplement était plutôt originaire de l’océan Indien que du continent africain. Vers 1000 av. J.-C. enfin, les Bantous Tumbatu et Hadimu, originaires des Grands Lacs, ont progressé jusque sur la côte actuelle de Tanzanie, puis à Zanzibar.

- 700 av. J.-C

L’installation des marchands étrangers

La première mention de la côte « zinj »  (la côte littorale de la région des Grands Lacs) remonte à 700 ans avant J.-C., lorsque la reine de Saba dominait un royaume en place de l’actuel Yémen. Les Sabéens utilisaient le vent bien nommé « Monsoon » (le vent des Moussons) pour naviguer sur l’océan Indien. Au fil des siècles, des navigateurs arabes, phéniciens, shiraziens (perses) et indiens, qui sillonnaient la mer Rouge et l’océan Indien pour vendre des biens précieux en Égypte et en Arabie, s’installèrent à Zanzibar. Cette route acheminait à bord des premiers dhows de nombreuses marchandises de luxe : épices indiennes, soie des Indes, myrrhe d’Arabie, bois rares, plumes, ivoire, pierres précieuses, ambre gris, or, argent et esclaves.…

800 ap. J.-C

La colonisation perse au Moyen Age

L’influence musulmane domine dès le VIIIe siècle, à Zanzibar, avec l’émergence d’une diaspora chiite. Ces Shiraziens venus de Perse (l’actuel Iran) s’intègrent à la culture et la langue locale : l’identité swahilie se créée. Des comptoirs commerçants et les premières mosquées sont érigées par les Shiraziens à Pemba et Unguja. Le sultanat de Kilwa, fondé au IXe siècle (sur la côte tanzanienne sud), était un important comptoir d’or dirigé par le prince persan Hassan bin Ali. Il domina Stone Town, Pemba, Mombasa et les Comores de 975 à 1503, jusqu’à l’invasion portugaise. De cette époque, il reste les vestiges de Ras Mkumbuu et à Mtambwe (Pemba), du Xe siècle. A Unguja, la mosquée de Kizimkazi date de 1107. En 1204, le sultan perse shirazien de Bassorah (actuel Irak), Yusuf bin Sultan bin Ibrahim el Alawi, s’installe à Tumbatu, au nord de  Zanzibar. Il construit un vaste palace à Kichangani (aujourd’hui Michamvi). Jusqu’au XIIIe siècle, les riches commerçants se métissent avec les autochtones. Deux chefs de tribu émergent : Mwenyi Mkuu chez les Hadimu, et Sheha chez les Tumbatu, issus des deux groupes bantous d’origine. Le premier fait partie de la dynastie afro-shirazienne des Alawi, peu connue dans les écrits, mais qui régna pendant 60 générations.

XVIe siècle

La domination portugaise

A la fin du XVe siècle, Zanzibar devient un sultanat indépendant, frappant sa propre monnaie. Au début du XVIe siècle, les Portugais chassent les Perses d’Ormuz et les Arabes de Mascate sur la côte du Zanj. Le commandant Ruy Lorenço Ravasco s’empare d’Unguja (Zanzibar) et impose aux notables musulmans de faire allégeance et de payer un tribut à l’empire portugais en échange de la paix. Ces derniers acceptent car le colon blanc constitue malgré tout un allié face aux envahisseurs africains venus de la côte. En 1516, Duarte Barbosa, cousin de Magellan, décrit avec admiration la fertilité de l’archipel de Zanzibar et la richesse des habitants de cette « ville des moussons », utilisant des bateaux « cousus » à un seul mat (les dhows). Il y décrit notamment le commerce de la soie et des vêtements en coton venus d’Inde, et celui de l’or et de l’argent du Zimbabwe. Les habitants sont dépeints comme des Maures musulmans noirs, mais certains sont roux et même blonds, parlant arabe et swahili.

XVIe siècle

Une reconquête musulmane

Au début du XVIe siècle, par manque de moyens et d’hommes, les Portugais perdent peu à peu du terrain. En 1698, ils sont défaits à Mombasa et à Zanzibar par les 3 000 hommes de Saif bin Sultan, l’imam du sultanat d’Oman, et se replient au Mozambique, à Sofala, où ils garderont le contrôle du commerce de l’or. Les Omanais construisent alors le vieux fort de Stone Town, vers 1700, pour se défendre des Portugais contre qui commence une longue lutte. Les seuls vestiges marquants de l’occupation portugaise, de tout de même deux siècles, sont les ruines de Mvuleni Fukuchani, dans le nord-ouest d’Unguja, près de Nungwi.

1650-1715

La reine afro-shirazienne Fatuma

Même sous la domination portugaise, les rois shiraziens règnent localement jusqu’à l’arrivée des sultans d’Oman. La reine swahilie Fatuma, qui avait cohabité pacifiquement avec les Portugais, fait allégeance aux nouveaux conquérants. Un autre roi de cette dynastie alawi, Mwenyi Mkuu (en kiswahili), prête aussi allégeance au premier sultan d’Oman Seyyid Said. Il construit un palace à Dunga (Unguja), aujourd’hui en ruine. Des pièces shiraziennes et arabes et des objets chinois et même mongols (du sultan de Tabriz) retrouvés sur place témoignent d’une richesse et d’une longue activité commerciale.

1807-1856

Le règne du sultan Sayyid Saïd

En 1840, le sultan Sayyid qui règne à Mascate (Oman) décide de déménager à Zanzibar avec sa cour royale, sa suite d’esclaves et dans son sillon nombre de notables omanais. L’élite arabe organise un commerce triangulaire florissant, celui des épices, de l’ivoire, mais surtout celui des esclaves. En 1845 est signé le traité de Hamerton sous la pression britannique : le sultan s’engage alors à ne plus exporter d’esclaves, mais il ne respectera pas sa promesse. Il développe néanmoins la culture du clou de girofle pour compenser ses pertes. A sa mort en 1856, c’est son sixième fils, Sayyid Majid, qui s’empare du trône à Zanzibar. L’île devient très vite plus riche que sa grande sœur d’Oman et s’affranchit. Malgré son bel aspect, elle est surnommée « Stinkybar » par l’explorateur anglais Livingstone, décrite comme un dépotoir à ordures et à déjections humaines. Une situation qui provoqua des épidémies de choléra ; celle de 1859 fera 20 000 morts.

Premier sultan Sayyid Saïd © Marzolino - Shutterstock.com .jpg

1875

Un chemin de fer inaugure une timide industrialisation

Après son premier séjour en Angleterre, Saïd Bargash, le 3e sultan de l’île, décide de bâtir une ligne de chemin de fer entre la ville et son palais de Chukwani, à 10 km au sud, pour accélérer l’acheminement des épices. Cette locomotive à vapeur inaugurée en 1890 est la première dans la région des Grands Lacs. Autre modernité : un fil de télégraphe entre Zanzibar et Aden. Enfin, sur les bases du château de la reine Fatuma à Stone Town est inauguré en 1883 « le Palais des Merveilles », House of Wonders ou Beït el-Ajaib, la plus grande maison d’Afrique de l’Est, qui doit son nom à un ascenseur électrique, ô combien futuriste pour l’époque !

1886

La signature du traité de Berlin

La couronne britannique et le IIe Reich allemand signent le traité de Berlin, délimitant leurs zones d’influence respectives en Afrique de l’Est. Le sultan Hamed bin Tuwaid doit dire adieu à son royaume et garder des miettes : les îles de l’archipel et une bande côtière minuscule. Il cédera le nord aux Britanniques (Mombasa et Lamu, dans l’actuel Kenya), et la Tanzanie actuelle aux Allemands. En 1896, peu après le décès du sultan, le traité Heligoland place Zanzibar sous protectorat britannique. Les sultans sont désormais payés par la Couronne britannique.

25 août 1896

La guerre la plus courte de l’Histoire

La guerre anglo-zanzibarienne dura entre 30 et 45 minutes avant le cessez-le-feu, le record de guerre la plus courte de l’Histoire ! A la mort du sultan Hamed bin Tuwaid, le 25 août 1896, Khalid bin Bargash, le fils du sultan Barghash, s’empare du pouvoir par un coup d’État. Les Anglais, lui préférant Hamoud bin Mohammed, posent un ultimatum d'une heure. Déterminé à résister, Barghash réunit 2 800 hommes pour combattre les Anglais. Tic-tac tic-tac, le temps écoulé, les Anglais bombardent en quelques minutes le palais Beit al Hukum. Craignant de voir la ville rasée, le fils Bargash déclare le cessez-le-feu. Hamoud bin Mohammed rétablit la paix et, conformément aux souhaits des Anglais, met fin définitivement à la traite négrière en 1897. Il donne la liberté aux esclaves et des compensations financières à leurs propriétaires. Il envoie son fils Hamoud étudier en Angleterre.

1914-1945

Le temps des guerres mondiales

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Anglais et Allemands s’affrontent ici. Stone Town est bombardée. En 1925, la Grande-Bretagne durcit son pouvoir colonial sur Zanzibar. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les hommes servent dans les forces britanniques. Lors des premières élections en 1957, deux partis indigènes s’affrontent : le Zanzibar National Party (ZNP), parti indépendantiste composé d’Arabes dépossédés du pouvoir et privés du commerce des esclaves par les Anglais, et l’Afro-Shirazi Party (ASP), une alliance d’ouvriers agricoles africains, dont beaucoup d’anciens esclaves, et des Perses shiraziens, qui refusent la domination des Arabes du ZNP.

1964

Une révolution prolétaire sanglante

Dans ce contexte ethnique – véritable poudrière –, l’indépendance est obtenue le 10 décembre 1963. L’’île est déclarée monarchie constitutionnelle sous l’ordre du sultan. Mais, comme en 1957, l’ASP a le plus grand nombre de voix (54 %) sans pourtant obtenir le pouvoir. Frustré de la domination arabe depuis des siècles, le parti déclenche une révolution prolétaire le 11 janvier 1964, avec le soutien du parti d’extrême gauche l’Umma. Beaucoup de sociologues étudient aujourd’hui cette révolte (appelée mapinduzi) comme la première révolution prolétaire africaine. Le gouvernement est renversé, Zanzibar est le théâtre de terribles scènes de massacres. On estime que, dans la vieille ville, quelque 20 000 personnes de familles arabes et indiennes furent massacrées en une nuit. Une rivière de sang orchestrée par le bras armé de la révolution, John Okello, un Ougandais qui a envahi l’île avec 600 à 800 mercenaires qui pillent, tuent, violent et attaquent les propriétés. Le massacre a été filmé par une équipe de documentaristes italienne, dans Africa Addio.

1964 – 1972

Karume, premier président de Zanzibar

Abeid Amani Karume, leader de l’ASP, est proclamé président de la République de Zanzibar, le sultan Jamshid bin Abdullah est exilé, et près de 500 prisonniers politiques sont constitués. Dès le 26 avril 1964, l’union entre le Tanganyika et Zanzibar (Tan – Zan – ie) est proclamée. Zanzibar conserve son statut semi-autonome et son président Karume, alors vice-président de la République unie de Tanzanie, présidée par Julius Nyerere. L’archipel compte alors 230 000 Afro-shiraziens, 50 000 Arabes et 20 000 Indiens. Le gouvernement socialiste obtient le soutien de l’URSS, de la RDA et de la Chine. Il nationalise deux banques pour créer la People Bank of Zanzibar et toutes les propriétés des Arabes et des Indiens. Karume prend des mesures totalitaires : contrôle des libertés individuelles et népotisme, en nommant les directeurs d’administrations et d’industries.

1972

Assassinat du président Karume et création du CCM

On en ignore les raisons : vengeance personnelle ou acte politique. Les forces pro et antigouvernementales s’affrontent mais, en 1977, le TANU de Nyerere et l’ASP fusionnent pour former le Chama cha Mapinduzi (CCM) : le parti de la Révolution. En 1980, Ali Hassan Mwinyi (CCM) est le premier président élu de l’archipel, puis président de Tanzanie en 1985. Mais c’est le Dr Salmin Amour élu à Zanzibar en 1990 et réélu en 1996 qui fait du développement du tourisme une priorité. L’atmosphère générale est à la tolérance.

2001

Élection de Amani Abeid Karume, le fils

Le fils de Karume (CMM) est élu en 2001 dans la contestation, face au parti indépendantiste Civic United Front (CUF) mené par Seif Sharif Hamad. A Pemba, l’armée tire sur les manifestants, occasionnant selon Human Right Watch au moins 13 morts. Rebelote en 2010, Karume est réélu et des émeutes post-électorales font 9 morts. Suite à un référendum sur un gouvernement d’unité nationale entre CUF et CCM, Ali Mohammed Shein est élu président de Zanzibar en 2015 avec 91,4 % des voix. Des élections sous haute tension. Ce dernier mise sur le statu quo politique de l’île rattachée à la Tanzanie. Dans le même temps, John Magufuli est élu président de Tanzanie.

2020

John Magufuli est réélu à la tête de la Tanzanie

Surnommé « le Bulldozer », Magufuli est réélu en 2020, tandis qu’à Zanzibar c’est Hussein Mwinyi (CCM) qui prend le pouvoir. Alors que Magufuli s’illustre par ses sorties sur le Covid-19, niant sa dangerosité et même son existence, le vice-président de Zanzibar, Seif Sharif Hamad, meurt officiellement de l’épidémie en février 2021. Un mois plus tard,  le 17 mars 2021, c’est John Magufuli qui décède, officiellement de problèmes cardiaques, mais il pourrait avoir été victime du Covid-19, selon l’opposition.

2021

Samia Suluhu Hassan, première présidente de Tanzanie par intérim

Cette députée, originaire de Makunduchi à Zanzibar, est la première présidente de la République de Tanzanie, par intérim depuis le 19 mars 2021. Une situation exceptionnelle car la société zanzibarite est très conservatrice. Tel un ovni politique, elle était ministre sous Karume, puis ministre d’État des Affaires de l’Union (l’équivalent du ministère de l’Intérieur) sous Magufuli, avant de prendre la vice-présidence. C’est d’ailleurs le ticket Magufuli-Hassan qui l’emporte en 2020, réunissant sous l’égide du CCM la Tanzanie continentale et Zanzibar.

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2022

Inauguration du nouvel aéroport de Zanzibar

Après des années de retard, le nouvel aéroport de Zanzibar a été inauguré progressivement en 2022, pour n'être plus que le seul terminal recevant des vols étrangers, d'une capacité de 1,5 millions de passagers annuels. L'ancien aéroport devient terminal domestique.