De 50 000 à 10 000 AV J.-C.

Il existe probablement des traces de présence humaine qui n’ont pas encore été découvertes. Aujourd’hui, on a la certitude que les terres qui composent aujourd’hui la Manche ont, très tôt, connu la présence de l’homme. L’une des explications est toute simple : la mer – tout comme aujourd’hui – favorise sa présence. Ainsi, dans le Val-de-Saire (au nord-est du département) ont été découverts plusieurs outils sur éclats. Un peu plus loin, des silex ont été retrouvés et datés : 10 000 ans avant notre ère !

De 3300 AV J.-C. à 500

Peuplé de gaulois, le Cotentin est conquis par un lieutenant de César, Titurius Sabinus, vers 56 avant J.-C. Puis, au Ier siècle, plusieurs villes sont créées : « Constances » (Coutances), « Briovera » (Saint-Lô) ou encore « Alauna » (Valognes). Dans cette dernière ville, on a découvert les vestiges d’un temple, d’un théâtre et d’autres bâtiments.

700- 800

Arrivée du christianisme, et le début de l’édification, qui s’étalera sur une très longue période, de chapelles et autres monuments de culte, puis, en 708, de la collégiale du Mont-Saint-Michel par Saint-Aubert. Au XIXe siècle commence l’invasion qui marquera le plus cette période : celle des Vikings. Ces derniers profitèrent largement de la déliquescence de l’empire de Charlemagne après sa mort. Ils ne font qu’une bouchée des territoires qu’ils convoitent, dont le Cotentin, qui est donné à la Bretagne.

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1006 – 1087

La figure historique de l’époque suivante s’appelle Guillaume le Conquérant : duc de Normandie depuis 1035, il s’empare de la majeure partie de l’Angleterre en 1066, devenant, en plus de son attribution initiale, roi d’Angleterre. A sa mort, en 1087, sa réputation est ternie : les rebellions anglaises redoublent de virulence et, sur le continent, Guillaume a fort à faire avec ses ennemis.

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1204 – 1450

En 1204, la Normandie est intégrée au Royaume de France sous Philippe Auguste, mais garde sa juridiction spéciale. S’ouvre la période féodale : à cette époque, la chrétienté poursuit l’édification de nombreux lieux majestueux : la cathédrale de Coutances entame sa construction, le Mont-Saint-Michel poursuit la sienne. Néanmoins, les épidémies ravagent les terres, et la Normandie est à genoux : de quoi attirer les convoitises. Les différents territoriaux entre francs et anglais comptent parmi les déclencheurs d’une terrible guerre : elle restera dans la postérité sous le nom de « Guerre de Cent Ans ».

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1692 – 1789

À partir de la fin du XVIIe siècle, en dépit de quelques batailles ponctuelles avec les anglais – celle de la Hougue, en 1692, et même l’occupation ponctuelle de Cherbourg, en 1759 – la Manche connaît une forme de stabilisation. La paysannerie est active, la population compte parmi les plus instruites du royaume, et les ports de ce qui n’est pas encore un département se lancent avec succès dans le commerce. Débutent les travaux de l’immense rade artificielle de Cherbourg, visités en 1786 par Louis XVI. À la veille de la Révolution, la Manche apparaît comme un pôle – relatif – de stabilité.

1789 – 1870

Depuis 1790, la Manche est l’un des nouveaux départements français. On a choisi ici de regrouper le Cotentin et l’Avranchin, donnant naissance à l’ensemble que nous connaissons encore aujourd’hui. Au XIXe siècle, le potentiel du département est pleinement mis à contribution, et ce dernier se transforme  sous l’impulsion de Napoléon Ier : assèchement des marais de Carentan, construction du nouvel arsenal de Cherbourg puis, sous la Restauration et le Second Empire, développement des activités maraîchères, apparition des premières industries, arrivée du chemin de fer avec l’ouverture des lignes Paris-Cherbourg en 1858 et Paris-Granville en 1870. La Manche compte plus de 600 000 habitants.

1870 – 1939

La révolution industrielle marque le début du XXe siècle la France, bien moins la Manche. Dépourvu d’industries lourdes, largement dévolu à la culture et l’élevage, le département doit subir, comme une bonne partie de la Normandie, un sévère exode rural. Si la première guerre mondiale n’a pas d’impact direct ici, elle accentue la baisse démographique. Plus de 20 000 Manchois sont tués aux combats et, à ce moment, le département a perdu près de 30 % de sa population depuis 1850 : 175 000 habitants de moins en 70 ans ! Dans l’entre-deux guerres, la Manche reste à l’écart de la modernisation du pays.

1939 – 1945

C’est la Seconde Guerre mondiale qui plongera le département dans l’Histoire. Pendant l’occupation allemande, le département voit ses rivages hérissés de défenses multiples, en prévention d’une invasion alliée qui devient, au fur et à mesure, de plus en plus certaines : blockhaus – dont certains sont encore visibles – tourelles et forts, pieux hérissés dans les sables, mines. Pourtant, dans l’esprit de l’occupant, le débarquement devait se produire vers le Pas-de-Calais. Pendant l’hiver 1943-1944, les préparatifs alliés, de l’autre côté de la Manche, sont intenses. Et c’est finalement au petit matin du 6 juin 1944 que débarquent, sur la côte est du Cotentin, sur la plage de la Madeleine à Sainte-Marie-du-Mont (qui prendra le nom d'Utah-Beach, et sera la seule plage du département à recevoir l'armada alliée) mais aussi sur d’autres plages du Calvados, des centaines de milliers de soldats. Cette armada formidable, la plus importante jamais vue, doit néanmoins affronter une vive défense allemande qui, prise au dépourvu, doit néanmoins attendre de lourds renforts pour répliquer : l’effet de surprise a joué à plein. Dans la Manche, l’idée est simple : établir une base solide dans les terres puis, le plus rapidement possible, prendre le port de Cherbourg, le seul en eau profonde dans le département.  Le prix de la libération est élevé : les destructions sont immenses, Saint-Lô n’existe plus, de nombreuses petites villes sont entièrement anéanties, des milliers d’hommes et de femmes  sont morts. Dès la fin des années 1940, la reconstruction commence : elle s’étalera pendant une bonne décennie.

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1960

À compter des années 1960, la Manche a pansé ses plaies, et les 30 glorieuses passent par ici : les industries agro-alimentaires se développent, les voies de communication plus nombreuses, mais les fondamentaux ruraux du département font que celui-ci restent un peu à l’écart des formidables mutations hexagonales. La division de la Normandie en deux régions, à la fin des années 1960, fait basculer le département dans la Basse-Normandie.

1980 - 1990

Dans les années 1980, la Manche apparaît comme ambivalente : touristique, rurale mais peu attractive économiquement parlant, en dépit de l’implantation d’industries nucléaires dans le nord du département.

Années 2000

Ce n’est que depuis le début des années 2000 que la Manche connaît un nouvel essor : son patrimoine et sa qualité de vie sont reconnus, et Granville, Coutances ou Saint-Lô mettent en avant, avec succès, leurs atouts. En parallèle, les infrastructures de transport rattrapent leur retard : autoroutes et voies rapides apparaissent. La Manche devient l’un des départements les plus actifs économiquement parlant : le tissu de PME est dense, et certaines zones, certes peu peuplées, sont en manque de main d’œuvre, et le département atteint presque le plein-emploi. L’agglomération cherbourgeoise, après une longue période de marasme, retrouve elle aussi des couleurs : son potentiel maritime favorise l’implantation de nombreuses entreprises, les chantiers navals tournent à plein, et la ville a entamé une longue mutation urbaine qui lui permet aujourd’hui de figurer en bonne place dans le palmarès des villes où il fait bon vivre.

2015

Réunification de la Normandie : la Manche qui est la façade ouest de la région réunifiée, compte pour près de 20 % de sa superficie et 14 % de sa population.