Guide de voyage Huahine

Si chaque île de Polynésie est différente, Huahine mérite bien le qualificatif d'île sauvage, la plus sauvage des grandes îles de la Société, pour la luxuriance de sa végétation, le calme et la tranquillité de son atmosphère. Bien qu'elle soit la plus proche de Tahiti des îles Sous-le-Vent, elle reste relativement peu fréquentée par les touristes, et conserve son authenticité. Dénuée de grandes structures et peu habitée (6 075 habitants selon le recensement de 2017), Huahine est préservée et recèle de nombreux sites de plongée, des plages vierges, d'excellents spots de surf, de nombreux marae et huit sympathiques petits villages aux habitants chaleureux et accueillants. Des rencontres authentiques en perspective sans le folklore de spectacles pas toujours de bon goût ou d'une culture passée et repassée à la machine. Mélange envoûtant des Marquises (pour les montagnes) et des Tuamotu (pour le lagon), Huahine, " l'île femme ", saura vous retenir quelques jours.

Cette île tranquille se situe à 170 km de Tahiti, non loin de Raiatea et Tahaa. Elle se compose en fait de deux îles : Huahine Nui (grand Huahine) et Huahine Iti (petit Huahine). La légende rapporte que le géant Hiro, demi-dieu des voleurs, utilisa sa pirogue pour opérer le découpage. Les deux îles sont aujourd'hui séparées par la poissonneuse baie de Maroe, et reliées par un pont.

Le tour de la petite île fait 35 km, celui de la grande 60 km, par des routes presque toutes goudronnées. Une barrière de corail ceinture l'ensemble et abrite aussi de nombreux motus.

Quand arrive un bateau dans le port de Fare, le village principal, les habitants de l'île sortent de l'ombre des amandiers et acacias de la place du village pour s'affairer sur les quais. Trucks et pick-up transbahutent leurs chargements de coprah, de cochons, de taros pour le marché du jour. On y voit touristes et habitants de l'île, commerçants chinois et roulottes dans une agitation surnaturelle. Puis le bateau repart, et la vie reprend son cours.

On trouve tout ce qu'il faut à moins de trois minutes à pied : banques, hôtels, prestataires touristiques et magasins...

Le dimanche matin, un petit marché informel prend place dans la rue principale, devant le supermarché.

Séparant les deux parties de l'île, la baie de Maroe est une petite mer intérieure, où l'on peut aller pêcher son poisson en louant ou empruntant une barque. Huahine est riche en criques et petits motus, où il fait bon s'arrêter pour cueillir quelques citrons pour accommoder le poisson.

Bien que la nature fasse pousser tout ce dont l'homme a besoin, les habitants de Huahine sont avant tout cultivateurs. Ne vous risquez donc pas à cueillir n'importe quoi ! Melons et pastèques poussent sur les motus, à force de travail : le sol étant en corail, il faut creuser un trou puis le remplir de terre pour arriver à ses fins.

De même, la vanille nécessite des soins particuliers, ainsi que la culture des ananas, des pamplemousses, des arbres à pain... Les fruits et légumes des îles sont cultivés avec amour, et c'est pour cela qu'ils sont excellents. Vous pouvez en revanche ramasser des mangues ou des cocos à loisir : il y en a tellement que personne ne pense à en planter.

Le faapu (champ) et le lagon sont les lieux principaux qui permettent aux habitants de s'alimenter, puis viennent les quelques magasins de l'île, qui procurent tous les produits de consommation courante.

Huahine était jadis appelée Mata'irea, qui pourrait signifier " vent joyeux " ou " vent doré " ou encore " vent rare ", (acception la plus acceptée depuis le début du XX^e siècle). Un des aïeux de Pomaré IV, Paheroo, originaire de Raiatea, y a fondé la dynastie Te Hau Moo Rere, " le gouvernement du lézard volant ". Son sens actuel " sexe de la femme " ou " femme enceinte ", le mont Tavaiura faisant en effet songer à un visage de femme couchée, avec un ventre arrondi n'est qu'une interprétation de Huahine : en effet, hua signifie aussi " fruit ", " oeuf ", " beaucoup " ou encore " descendant "...

L'histoire de Huahine est celle des nombreuses guerres internes entre chefferies, puis, au XVIII^e siècle, avec Bora Bora (alors appelée Porapora), dont les habitants venaient régulièrement piller l'île. La bataille sanglante de Ho'o-roto à la fin des années 1770 s'acheva par une défaite de Huahine. Puis celle-ci partage à peu près la même histoire que les autres îles de la Société. Visitée par Cook en 1769 qui la baptisa Hermosa, christianisée par la LMS en 1808, elle passe sous souveraineté française. Quelques personnalités sont originaires de Huahine : Omai, le jeune Polynésien que Cook a ramené en Angleterre en 1777, et Pouvanaa a Opaa (1895-1977), leader indépendantiste, qui a consacré sa vie à la lutte contre l'injustice coloniale.

En 2000, le long-métrage d'Alain Corneau, Le Prince du Pacifique, avec Thierry Lhermitte, Patrick Timsit et Marie Trintignant, ainsi qu'une foule de comédiens locaux, dont le jeune Anituavau Landé, a été tourné sur l'île, du côté du motu Hana Iti. Sur la belle plage d'Hana Iti d'ailleurs, perché dans les arbres, se tiennent encore les restes d'un ancien hôtel 5-étoiles construit par un milliardaire américain : l'ensemble a été détruit en 1998 par le violent passage du cyclone Allan, très dévastateur. Peu de temps avant, Charles Bronson et Harrison Ford étaient venus en repérage pour leur film 6 jours, 7 nuits. Le tournage n'aura donc jamais lieu ici...

Dernière chose : sans doute rencontrerez-vous sur l'île un certain nombre de personnes du nom de Colombani. Pour la petite histoire, en 1900, Ambroise Colombani, gardien de prison de Tahiti à la retraite, vint passer ses vieux jours sur Huahine. Il s'y maria avec deux femmes et eut dix enfants. La famille et le patronyme, prirent soudain une autre dimension...