Découvrez Bornéo : Population

Bornéo abrite une population d'origines ethniques diverses, avec une multitude de peuples indigènes de l'île et ceux venus de différentes contrées au cours des siècles : Malais, Chinois, Javanais, Indonésiens, Indiens… Chaque communauté possède sa religion, sa langue, sa culture, ses coutumes et traditions, mais partage généralement une identité commune malaise, indonésienne ou brunéienne. La population totale de l'île est estimée à environ 23,7 millions d'habitants en 2024 ; 17,2 millions au Kalimantan, 6,05 millions en Malaisie orientale et 450 500 au Brunei Darussalam. La majorité de la population vit dans les grandes villes bordant le littoral, l'autre partie vit dans des villages installés le long des rivières dans les terres intérieures de l'île. C'est ce vaste et complexe kaléidoscope d'ethnies, qui constitue sa population, qui confère à l'île de Bornéo une culture et des traditions uniques au monde.

Malaisie péninsulaire et orientale

Le nom du pays provient du nom du groupe ethnique majoritaire, les Malais, cependant les citoyens du pays sont appelés les Malaisiens. Selon les derniers chiffres du Département des Statistiques de Malaisie, le pays compte près de 32,5 millions d’habitants en 2020. La population a plus que triplé depuis 1970. La croissance démographique est vivement encouragée par le gouvernement, car le pays est beaucoup moins peuplé que ses voisins thaïlandais et indonésiens. La population, qui croît d’environ 1,5 % par an, est jeune : 44 % a moins de 20 ans et seulement 6 % de la population a plus de 60 ans. Le pays possède l’un des taux d’alphabétisation les plus élevés d’Asie : 93 % de la population sait lire et écrire. Plus de 70 % vit en zone urbaine dans la péninsule, mais seulement un peu plus de 55 % en Malaisie orientale. La péninsule compte 22,5 millions de citoyens malaisiens, et la Malaisie orientale (Sarawak et Sabah) en dénombre 5,7 millions. Le reste est constitué de personnes n’ayant pas la nationalité malaisienne. Par ailleurs, la citoyenneté malaisienne dans les États du Sarawak et de Sabah est distincte de celle de la Malaisie péninsulaire, ceci afin de mieux contrôler les flux migratoires. En raison de l’essor des industries nécessitant une main-d’œuvre importante, on estime que le pays compte environ 3 millions de travailleurs migrants. Les ONG estiment que sur les 3,75 millions d'habitants de l’État de Sabah, 2 millions sont des immigrants illégaux venus principalement des Philippines et d’Indonésie.

Les différents groupes ethniques. La population est composée de trois groupes principaux. Les Bumiputeras, « fils de la terre » en malais, constituent 69,7 % de la population. Il s’agit principalement des Malais d’origine (62 %) et des groupes ethniques indigènes (principalement Orang Asli dans la péninsule, Dayak en Malaisie orientale), qui représentent, eux, 7,7 % de la population. Les Chinois (ou Sino-Malaisiens) représentent 22,8 % de la population, et les Indiens (ou Indo-malaisiens), dont les ancêtres viennent principalement d’Inde du sud, en constituent 6,8 %. Si toutes ces ethnies semblent vivre en harmonie, il arrive parfois que des tensions politiques et religieuses surgissent. La notion d’identité nationale malaisienne progresse, mais chaque communauté souhaite toutefois conserver sa culture et ses traditions. De manière générale, les Malaisiens possèdent un sens de l’hospitalité développé qui enchante les voyageurs.

Les Malais (Orang Melayu). Il s’agit d’un groupe ethno-religieux austronésien provenant des territoires aujourd’hui constitués de la péninsule malaise, du littoral de Bornéo, du Kalimantan Barat et de l’est de Sumatra (Indonésie), d’une partie du sud de la Thaïlande (Pattani, Satun, Songkhla, Yala et Narathiwat), de Singapour et de Brunei. Il existe de nombreux sous-groupes possédant une grande diversité linguistique, culturelle et sociale, principalement en raison de centaines d'années d'immigration et d'assimilation de diverses ethnies et tribus indigènes.Selon la constitution malaisienne, un Malais est défini comme une individu de confession musulmane qui parle le malais, se conforme aux coutumes malaises, et qui est l’enfant d’au moins un parent né au sein de la Fédération de Malaisie avant l’indépendance du 31 août 1957. Les Malais tiennent un rôle prépondérant dans la politique du pays. En Malaisie orientale, ils constituent un peu moins de 25 % de la population totale du Sarawak, et seulement 7 % de celle de l’État de Sabah. Musulmans, les Malais ne consomment pas de porc, mangent halal, respectent les prières quotidiennes (surtout celles du vendredi - la plupart des commerces ferment à cette occasion), et observent le ramadan. Favorisés par la politique économique nationale mise en place par le gouvernement dans les années 1970, de nombreux Malais appartiennent désormais à la classe moyenne. Les Malais éduqués vivant dans les zones urbaines restent encore fortement imprégnés par leurs traditions et retournent fréquemment dans leurs villages (kampungs) pour célébrer les fêtes religieuses en famille. Les hommes portent principalement des vêtements occidentaux et une petite calotte (songkok) lors des prières. Les Malaises se parent d’un foulard (tudong) couvrant les cheveux, mais pas le visage. Les vêtements traditionnels sont davantage portés dans les zones rurales ainsi qu’à l’occasion des fêtes officielles et religieuses. Les Malais parlent bien anglais et sont accueillants, il est très facile d’échanger avec eux lors de votre voyage. Les femmes aiment également discuter avec les touristes occidentales et leur posent notamment de nombreuses questions sur leur mode de vie.

Les Sino-Malaisiens (Orang Cina). Les Chinois de Malaisie, qui appartiennent à l’ethnie Han, viennent à l’origine du Sud de la Chine. Dans l’ensemble de la Malaisie, ils constituent 22,8 % de la population, 23,3 % de la population du Sarawak et 7,8 % de celle de Sabah. La première trace de leur arrivée en Malaisie remonte à 1292, lorsque l’expédition mongole menée par Kubilai Khan (le petit-fils de Gengis Khan) débarque à Bornéo afin de préparer l’invasion de l’île de Java l’année suivante. Après cette campagne, plusieurs commerçants chinois et des fidèles de Khan établissent une petite enclave le long du fleuve Kinabatagan (aujourd’hui dans l’État de Sabah). Les communautés indigènes leur ont réservé un bon accueil, car elles ont notamment pu bénéficier de denrées apportés par les Chinois, comme des poteries, des jarres ou encore de la soie. L’explorateur maritime Zheng He mena ensuite plusieurs expéditions en Asie du Sud-Est au début du XVe siècle, lui permettant d’établir des liens commerciaux durables durant l’essor de Malacca, ville située sur le littoral malaisien. Ces liens perdurèrent lors de l’islamisation des royaumes de Malacca et de Brunei. Les sultans musulmans et les dynasties chinoises unissent alors leurs forces pour contrer les invasions de leurs puissants voisins, le royaume siamois d’Ayutthaya et le Majahapit javanais. À la fin du XIVe siècle, la princesse Hang Li-Po est envoyée à Malacca afin d’épouser le sultan et instaurer ainsi une alliance durable entre Malacca et la Chine. Celle-ci sera à l’origine de la culture Nyonya, encore présente de nos jours à Malacca, Penang, Kuching ou même à Phuket en Thaïlande. En plus des enclaves de Kinabatangan et Malacca, deux autres comptoirs chinois sont établis à Terrenganu et sur l’île de Penang afin de consolider les itinéraires commerciaux maritimes dans ces régions. Lorsque les Portugais se sont emparés de Malacca en 1511, la plupart des commerçants chinois ont évité cette zone, sans que cela n’affaiblisse l’important flux migratoire chinois. En 1641, après la conquête de Malacca par les Néerlandais, les Chinois de Malacca sont enrôlés pour bâtir les édifices hollandais. Au début du XIXe siècle, les Britanniques colonisent différents États de la péninsule malaisienne et de Singapour, ainsi que le nord de Bornéo, constitué alors des territoires actuels du Sarawak, de Sabah, de Brunei et du territoire de Labuan, pour ce qui constituait ce qu’on appelle communément la Malaisie britannique. La colonisation britannique a entrainé la plus importante vague migratoire venue de Chine, notamment pour servir de main d’œuvre dans les mines, la construction et les transports. Les Chinois se sont implantés durablement en s’adaptant au mode de vie des Malais, tout en conservant leur propre culture. Aujourd’hui, les Sino-Malaisiens jouent un rôle prépondérant dans l’économie de la Malaisie et contrôlent en grande partie le commerce et l’industrie. Ils sont principalement installés dans les grandes zones urbaines comme Kuala Lumpur, l’État de Penang mais également à Kuching et Kota Kinabalu, les deux capitales d’États de Malaisie orientale à Bornéo.

Les Indo-Malaisiens (Orang India Malaysia). Les Indiens sont majoritairement les descendants des Indiens qui ont immigré en Malaisie britannique à partir du milieu du XIXe siècle. 80 % sont des Tamouls dont les ancêtres venaient du Tamil Nadu, les autres sont des descendants des Malayalis venus du Kerala, des Telugus venus des territoires qui sont de nos jours l’Andhra Pradesh et le Telangana, ainsi que quelques Punjabis. Les Indiens constituent aujourd’hui 6,8 % de la population totale malaisienne. L’Inde ancienne a depuis longtemps eu une forte influence en Asie du Sud-Est. La Malaisie précoloniale faisait déjà partie des royaumes indianisés, notamment ceux de  Svirijaya et Majapahit, à partir du VIIe siècle. Après la conquête de Malacca par les Portugais en 1511, le gouvernement portugais a encouragé les explorateurs a amener leurs épouses indiennes catholiques originaires principalement de Goa et de Bombay. C’est surtout lorsque les Britanniques firent l’acquisition de Malacca, Penang et Singapour qu’une main d’œuvre importante fut importée d’Inde : commerçants, travailleurs dans les plantations de thé et d’hévéa, policiers, soldats (cipayes)… De nos jours, la communauté indienne est présente dans les zones urbaines et autour des plantations de palmiers à huile. Souvent méprisés par les autres communautés ethniques, les Indiens n’en constituent pas moins une part importante de la société malaisienne. Très ouverts aux autres cultures, ils conservent cependant leurs traditions et leurs croyances, qu’ils soient hindous, bouddhistes, sikhs, musulmans ou chrétiens, et tissent des liens profond au sein de leur communauté. Ils tiennent généralement de petits commerces ou travaillent dans les plantations de palmiers à huile, mais d’autres appartenant aux classes supérieures jouent également un rôle économique important dans le milieu des affaires. Leur meilleure maitrise de la langue anglaise est un atout. Les Indiens sont plus nombreux en Malaisie péninsulaire qu’à Bornéo.

Les indigènes de Malaisie orientale. Les tribus indigènes sont majoritaires dans les États du Sarawak et de Sabah. Les autochtones de l’île de Bornéo sont communément appelés Dayak, nom utilisé par les Britanniques puis par les Néerlandais pour désigner les peuples indigènes. Cependant, pour les habitants de Malaisie orientale, le terme Dayak désigne plus spécifiquement les indigènes des ethnies Iban et Bidayuh.

Au Sarawak, les ethnies indigènes constituent environ 48 % de la population de l’État. Les ethnies principales sont les Iban (28,8 % de la population du Sarawak), les Bidayuh (8 %), les Melanau (4,9 %) et les autres Bumiputeras (6,3 %, principalement des Orang Ulu). Selon leurs légendes, les Iban sont originaires des rives du fleuve Kapuas, et se sont déplacés dans le territoire actuel du Sarawak dans les années 1750. Appelés « Sea Dayaks » par les Britanniques, c’est la tribu la plus importante de l’État. Les Iban, dont le corps arbore les tatouages de leur parcours de vie et de leurs exploits, sont les légendaires et redoutables coupeurs de tête de la jungle de Bornéo. Cette pratique a peu à peu disparue depuis l’arrivée des Britanniques et les Iban se sont convertis au christianisme. Ils conservent cependant leurs coutumes animistes, leurs traditions et leur langue. Les tatouages qu’ils portent de nos jours possèdent davantage une portée symbolique et culturelle. Ils vivent dans l’intérieur des terres, le plus souvent le long des fleuves Ai, Rajang et Lupar et de leurs affluents, dans des maisons collectives traditionnelles, les longhouses. Cet habitat, auparavant bâti sur pilotis avec des matériaux locaux, possède la particularité de regrouper tous les membres d’un village, avec une structure tout en longueur. De nos jours, la plupart des longhouses ont été modernisées pour des raisons de confort et de sécurité, et sont construites avec des matériaux résistants. La population Bidayuh est concentrée à l’ouest de l’île, principalement dans les environs de Kuching. Tout comme les Iban, ils se sont convertis au christianisme mais gardent encore des pratiques animistes. Ils sont réputés pour leur hospitalité et pour leur tuak, l’alcool de riz local. Les Melanau sont principalement des pêcheurs, vivant dans des grandes maisons en bois sur pilotis. Convertis à l’Islam, leur mode de vie est aujourd’hui proche de celui des Malais. La communauté Orang Ulu, « les gens en amont du fleuve », représente un autre groupe ethnique important au Sarawak. Ils sont réputés pour leurs talents artistiques : leurs longhouses en bois finement sculptées et ornées de riches décorations murales, et leurs tatouages aux motifs complexes. D’autres ethnies sont présentes au Sarawak : les Kayan, les Bisaya, les Lun Bawang, les Kelabit, les Kenyah, les Penan, les Punun Bah…

Dans l’État de Sabah, les tribus autochtones représentent plus de 50 % de la population. On dénombre 33 différentes ethnies indigènes. Plus de 30 % de la population totale de l’État est constitué par le groupe ethnique Kadazan-Dusun, terme désignant l’unification de deux tribus indigènes, les Kadazan et les Dusun. Chrétiens, ce sont traditionnellement des agriculteurs cultivant le riz. Ils se distinguent par leurs Bohohizan, des femmes prêtres présidant leurs rites religieux. Ils sont également célèbres pour leur danse traditionnelle ancestrale : la danse Sumazau. Le peuple Bajau vit principalement sur le littoral. Surnommés les « cowboys de l’est » dans les terres pour leur aptitudes équestres ou « gitans de la mer » le long du littoral pour leurs qualités de plongeurs, ce sont essentiellement des pêcheurs. Les Muruts, « les gens des collines », forment une communauté comprenant une trentaine de sous-groupes ethniques vivant dans les terres intérieures du nord de l’île. C’est la dernière ethnie à renoncer à couper la tête de ses ennemis, une pratique essentielle de leurs croyances spirituelles. Les autres peuples autochtones de l'État comprennent notamment les Rungus, les Iranun, les Bisaya, les Tatana, les Lun Dayeh, les Suluk, les Sino, les Ida'an, les Bugis, les Kagayan, les Tindal, les Tobilungm Lobu…

Brunei Darussalam

La population du petit sultanat était estimée à 450 500 habitants en 2023, et ne cesse de croître (environ 0,85 % par an). Elle est principalement composée de Malais (65,8 %) avec d'importantes populations chinoises (10,2 %), indiennes et autochtones (23,9 %). Les Malais appartiennent à l’une de ces sept ethnies : Melayu Brunei, Kedayan, Dusun, Tutong, Belait, Murut ou Bisaya. Chacun de ces sept groupes ethniques se caractérisent par des aspects distincts de sa culture et de sa culture, par son style de vie, par sa propre langue maternelle, ainsi que par ses coutumes et traditions. Les femmes constituent 47,2% de la population, soit environ 212 800 individus. La structure sociétale est largement caractérisée par un système de famille élargie, avec une moyenne de 6 personnes par foyer. Les citoyens du sultanat sont majoritairement musulmans (78,8 % de la population), les autres sont chrétiens (8,7 %), bouddhistes (7,8 %), et le reste (4,7%) de confessions diverses, notamment des animistes. La culture et les lois sont fortement influencées par un islam très conservateur (la charia, la loi islamique, a été instaurée en 2014). Tous les musulmans ont l’obligation d’assister à la prière collective du vendredi.

Kalimantan

En 2023, la population du Kalimantan, la partie indonésienne de l'île, comptait environ 17,26 millions d'individus selon Statistics Indonesia, un institut gouvernemental indonésien. Cette population est répartie dans les cinq provinces de l'État comme suit : 5,96 millions au Kalimantan occidental, 4,22 millions au Kalimantan du Sud, 4,03 millions au Kalimantan oriental, 2,81 millions au Kalimantan central et seulement 746 000 au Kalimantan du Nord. À l'instar de la Malaisie orientale, le Kalimantan a été soumis à un important brassage ethnique, ce qui est parfaitement illustré par la devise nationale indonésienne, « L'unité dans la diversité » (« Bhinneka Tunggal Ika »). L'ethnie la plus importante est celle des Banjar (26 % de la population totale), puis les tribus Dayak (22 %), les Javanais (18,2 %), les Malais (11,5%), les Bugis des îles Célèbes (7,2 %), suivis par les Madurais, les Chinois, les Kutais et les Soudanais. Le peuple Banjar est un groupe ethnique austronésien originaire du sud-est du Kalimantan. 99,5 % des Banjars sont musulmans et au fil des siècles ils se sont assimilés avec les Malais, les Javanais et les Dayak. Au Kalimantan, le terme Dayak s'applique à tous les peuples autochtones non-musulmans de l'intérieur de l'île, par opposition à la population majoritairement malaise des zones côtières. Bien qu'il soit parfois difficile d'établir des lignes de démarcation précises, les plus importants des nombreux sous-groupes Dayak sont les Kayan (généralement appelés Bahau au Kalimantan) et les Kenyah à l'est et au centre du Kalimantan, les Ngaju au centre et au sud du Kalimantan et les Bidayuh à l'ouest.

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