Le Cuyo est une région qui regroupe les provinces de Mendoza, San Juan, La Rioja et San Luis. A l'ouest, les Andes et la précordillère sont séparées par les vallées de Uspallata et Calingasta ; à l'est se découvre une grande plaine désertique nommée Las Travesías. Le vent zonda est chaud et suffocant : il provient de l'océan Pacifique et condense l'humidité en franchissant les Andes, avant de redescendre sec et brûlant, véloce et tumultueux, rigoureux et particulièrement désagréable entre mars et octobre.

Au pied de la cordillère, la région de Mendoza, arrosée par les Ríos San Juan, Mendoza, Atuel, Diamante et Tunuyán, est une oasis baignée de soleil où sont produits les meilleurs des vins du pays. Secouées par des tremblements de terre successifs, les villes de la région n'ont gardé que très peu de vestiges de l'époque coloniale, et ne sont pas des plus intéressantes à visiter. En revanche, la région regorge de sites naturels d'exception, à commencer par le plus haut sommet de la chaîne andine, l'Aconcagua, qui culmine à 6 962 m, des volcans encore en activité, les exceptionnels parcs nationaux de Talampaya et d'Ischigualasto, classés au patrimoine mondial de l'Unesco, la splendide laguna brava... Entre paysages de montagnes perchées et canyons désertiques de Far West argentin, le cuyo réserve des surprises de taille à ceux qui prennent le temps de le visiter.

Histoire

Les vestiges les plus anciens de la région ont été découverts au sud du Río Mendoza, vers les localités d'Agrelo et Barrancas, et datent de 9 000 ans av. J.-C. environ. Ils témoignent d'une culture rudimentaire des premiers habitants, basée sur la cueillette, la chasse, l'utilisation de textiles et de céramiques.

Les indiens Milcayac. A l'arrivée des conquistadors espagnols, la région était habitée par l'ethnie Huarpe Milcayac, qui venait d'être colonisée par les Incas, et dont la population s'élevait à environ 15 000 âmes. Ils vivaient près des cours d'eau, et notamment près des lagunes de Guanacache et del Rosario, aujourd'hui presque à sec. Agriculteurs, ils cultivaient du maïs, du quinoa, des haricots, des potirons. Ils aimaient la chasse, qu'ils pratiquaient avec une endurance qui force le respect : ils n'hésitaient pas à suivre une troupe de guanacos pendant plusieurs jours avant que ceux-ci ne puissent plus s'enfuir d'épuisement, et pêchaient les canards des lagunes en se submergeant dans l'eau avec la tête cachée dans une citrouille. Ils cueillaient l'algarroba pour fabriquer du pain (patay) et confectionner leur boisson (aloja), mais aussi des racines (totora) ou des langoustes, qu'ils laissaient sécher et broyaient pour en faire une pâte compacte. Enfin, ils commerçaient des truites séchées, même durant l'époque coloniale. Ils produisaient aussi de beaux paniers tressés, pleins de couleurs et d'une résistance à toute épreuve. La frontière avec les terres des Puelches et des Pehuenches (aujourd'hui côté Chili) s'établit autour du Río Diamante, et marquera plus tard la frontière entre les deux nations.

La domination Inca. Les Incas imposèrent leur mode de vie dans les dernières années du XVe siècle, intégrant le Collasuyo, la province la plus australe du Tahuantinsuyo. Le chemin de l'Inca descendait jusqu'à Uspallata, où fut importée une population de mitimaes, des colons agriculteurs et des militaires incas. La langue milcayac fut abandonnée au profit du quechua, et les cultes du Soleil, de la Lune et de la lumière furent célébrés tout comme les techniques d'irrigation et de culture furent adoptées. L'arrivée des Espagnols par le côté ouest allait considérablement modifier la donne.

L'invasion espagnole. Le territoire fut exploré en premier lieu par Francisco de Villagra en 1551, qui se rendait au Chili pour lutter contre les résistances indigènes. A ce moment, les terres du Cuyo appartenaient à la Capitainerie générale du Chili (comme le confirme une cédule royale de Charles Quint en 1552). C'est d'ailleurs de Santiago de la Extremadura (nom de Santiago du Chili) que partirent les expéditions qui fondèrent les trois principales villes de la région, dont Mendoza en 1561 par Pedro del Castillo, San Juan de la Frontera par Juan Jufré en 1562. Deux ans plus tard, le Corregimiento de Cuyo fut établi, constituant l'une des onze divisions administratives du Chili de l'époque. Un voyage de Mendoza à Santiago demandait alors 8 jours, à Córdoba 20 jours et au environ 45 jours à Buenos Aires. De fait, Mendoza était tout à fait isolée, produisant surtout du vin (premiers cépages importés en 1566), du vinaigre, des fruits secs et de l'aguardiente. Peu à peu, l'extraction minière (argent et cuivre d'Uspallata) prit une certaine importance, tout comme l'élevage de bétail, qui fut à l'origine des grandes estancias que l'on peut encore visiter de nos jours. La population de la province s'élevait alors à quelque 13 318 habitants... dont seulement 1 % d'Espagnols ! Les créoles comptaient pour 42 %, puis venaient les indigènes (la plupart déracinés) pour 22 %, mais aussi des esclaves noirs (environ 33,5 %). Les autorités résidaient alors à Mendoza, mais le monopole commercial dont jouissait Lima, empêchant tout développement de Buenos Aires du côté atlantique et de Santiago du côté pacifique, explique pourquoi la zone ne connut aucun essor véritable avant la fin du XVIIIsiècle.

Le vice-royaume de la Plata. D'abord intégré au vice-royaume du Pérou qui contrôlait le Chili, dont la capitale était située à Lima, le Cuyo se tourna vers Buenos Aires lors de la création du vice-royaume de La Plata en 1776. Il s'agissait pour la Couronne espagnole d'obtenir une plus grande efficacité administrative dans ses colonies, afin de se défendre des prétentions portugaises et du commerce illégal sur leurs terres opérés par des Anglais ou des Français.

Buenos Aires s'affirmant comme la capitale du vice-royaume, une nouvelle réalité géopolitique vit le jour. La capitale concentra en effet tout le développement moderne, au détriment d'un intérieur peu à peu laissé pour compte. En 1787, le Corregimiento de Cuyo disparut même comme entité politique, et les trois villes principales devinrent des districts de l'Intendance de Córdoba.

A Mendoza, les principaux produits commercés étaient alors le vin et l'aguardiente. Environ 10 000 barils de vin mendocino transitaient alors hors de la ville. L'élevage s'intensifiait dans la vallée de Uco. Les premiers peupliers (de Lombardie) firent leur apparition en 1808, grâce à un certain Juan Cobo. Ces arbres servaient à protéger les propriétés du vent notamment, et les colons développèrent une certaine architecture du bois, absente jusqu'alors.

Le libérateur San Martin. Au début du XIXe siècle, les événements en Europe (la guerre d'Indépendance espagnole face à Napoléon) affaiblirent considérablement dès 1808 l'autorité de l'Espagne sur ses colonies. Le vice-royaume de la Plata comme dans toute l'Amérique latine déclare gérer seuls ses affaires puisque le roi Ferdinand VI est captif de Napoléon à Bayonne. Ce moment fut décisif pour lMendoza, qui hésita entre les ordres donnés par Córdoba et ceux de la junte de Buenos Aires, avant de se décider pour ces derniers. L'Intendance de Cuyo fut finalement décrétée en 1813, avant que le général José San Martín n'en devienne le gouverneur l'année suivante. C'est de là que le général partit avec sa fameuse armée des Andes, pour libérer le Chili et le Pérou de la présence espagnole, forte de 4 000 hommes.

En 1820, l'Intendance du Cuyo fut dissolue, et les trois provinces devinrent indépendantes. L'instabilité politique que connut l'Argentine pendant 30 ans fut cruelle pour la région. La bataille de Rodeo del Medio le 24 septembre 1841 mit aux prises les forces fédérales pro-Angel Pacheco à celles de Lamadrid, le gouverneur provincial de Mendoza, qui fut vaincu. En outre, les malones, ces raids perpétrés par les indigènes du sud, dépeuplaient les estancias.

La conquête du désert. La deuxième moitié du XIXe siècle fut le théâtre de la terrible Conquête du désert. Il est bon de savoir qu'un Français, Jules Ballofet, qui commit le tracé moderne de la Nueva Ciudad de Mendoza en 1863, fut le premier à étudier la cartographie du sud du Río Diamante, en vue de sa colonisation. Tout d'abord la zone de San Rafael fut conquise (Ballofet s'y installa), puis Mallargüe. Cette zone du sud de la province fut rapidement colonisée par les étrangers (notamment français et italiens), invités par les gouverneurs à y développer l'agriculture. De grandes propriétés terriennes virent le jour, cultivant fruits ou vignobles.

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Photos et images de Cuyo

Cave de bodega. Maxime DRAY
Paysage de Mendoza. H.Fougère - Iconotec
Paysage de la Laguna Brava. Ludovic COSTE
Plaza Pringles. Maxime DRAY
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