La période néolithique

La preuve de la présence humaine en Algarve remonte à des temps immémoriaux et date du Néolithique, voire du Paléolithique, lorsque l’Europe et l’Afrique formaient un seul et même continent. Le grand nombre de menhirs retrouvés dans le district de Vila do Bispo constitue la preuve formelle d’un peuplement, en particulier ceux de Milrei et Padrão. Les temples funéraires mégalithiques d'Alcalar ont été utilisés pendant plusieurs générations au troisième millénaire avant le début de l'ère chrétienne. Les monuments de l'amas de tombes orientales de la nécropole sont muséalisés et accessibles aux amateurs.

DU XI° AU VI° SIECLE AV. J.-C

Celtes, Phéniciens et Romains

En tant que foyer de civilisations anciennes, l’Algarve a été visitée par des peuples qui vivent des ressources de ses côtes. Dans l’Antiquité, les Conios ou Cynètes se sont établis dans l'Algarve au VIe siècle av. J.-C. Les Celtes se seraient mélangés aux Ibères. Les Phéniciens établissent des ports de commerce le long de la côte. Les Carthaginois fondent Portus Hanibalis (Portimão) vers 550 av. J.-C.

DU III° SIECLE AV. J.-C. AU V° SIECLE AP. J.-C

La période romaine

Les Romains incorporent la région à la Lusitanie et se répandent dans toute la péninsule Ibérique. Cette appartenance à l’Empire romain durera de 200 av. J.-C. à 410 ap. J.-C. avec comme cités phares Castro Marim, Faro, Silves et Lagos où les traces de leur présence subsistent. Pendant l'époque romaine, le développement culturel et économique est significatif : l'huile d'olive et le garum (condiment fait de viscères de poisson fermentées) sont les  principaux produits exportés. Les fleuves Guadiana (Anas) et Arade (Aradus) servent de voie de passage vers l'intérieur des terres. La villa Abicada et ses belles mosaïques polychromes aux compositions végétales et celle à péristyle de Milreu témoignent du raffinement de l’époque.

V° SIECLE AP. J.-C.

L’Empire romain s’en va déclinant, tandis que la puissance chrétienne s’impose. Le Ve siècle fut marqué par les invasions barbares, en Algarve comme dans le reste du pays, celle des Vandales, des Suèves et des Wisigoths qui dominèrent la Lusitanie jusqu’à l’invasion des Maures.

En 711

La civilisation arabo-musulmane

L’arrivée des Maures va contraindre les chrétiens à se retrancher au nord du Douro. Lorsqu’ils prirent Lagos en 716, ils renommèrent la ville Zawaia, et Faro devint Faraon. À l’époque, Silves était le point central de la région grâce à son emplacement stratégique et les Maures en firent leur capitale. Ils nommèrent la région entre Faro et Séville Al-Gharb-al-Andalous (à l’ouest de l’Andalousie).

Du VIII° au XIII° siècle

Plus de cinq siècles d’influences mauresques ont laissé une empreinte indélébile sur la région, à commencer par son nom. La longue occupation mauresque du territoire, qui va durer plus de 500 ans, se manifeste encore à travers les noms des villes commençant par al-, dans l’architecture de la région, les toits-terrasses ou bien les maisons blanches et leurs cheminées typiques qui existent encore dans de nombreux villages d’Algarve.

XII° siècle

Alphonse VI, roi de León et Castille, entreprend de reconquérir Tolède, alors sous domination musulmane. Il demandera en renfort l’aide des croisés parmi lesquels Henri de Bourgogne qui répond à l’appel pour participer à la Reconquista. Les musulmans vaincus, Alphonse VI accorde la main de sa fille à Henri. Ce dernier reçoit en dot le comté Portucalense, qui s’étendait du Rio Minho au Douro, et devient comte de Portugal.

1139

Les rois du Portugal

Son fils Afonso Henriques s’autoproclame premier roi du Portugal et d’Algarve en 1139, après avoir remporté la fameuse bataille d’Ourique contre les Maures. Il va fonder la dynastie des Bourgogne qui régnera jusqu’en 1383.

1147

Au début du XIe siècle, le califat de Cordoue éclate en plusieurs petits royaumes dits taïfas. L'Algarve est partagée entre le taïfa d'Algarve et celui de Silves. Ces deux royaumes sont conquis par le taïfa de Séville en 1051 et 1063. Après la chute des Almoravides en 1147, le taïfa de Silves retrouve brièvement son indépendance avant de tomber sous le joug des Almohades en 1151.

1191

Le roi Sanche Ier de Portugal s'empare de Silves avec l'aide des croisés, mais ne peut s'y maintenir. La part que les ordres religieux militaires prendront à la reconquête du sud du pays explique l’importance des grands domaines qui leur seront accordés par la Couronne.

16 juillet 1212

La Reconquista

Victoire des souverains ibériques et grande défaite almohade à Las Navas de Tolosa. La conquête s’accélère.

1249

D. Paio Peres Correia expulse les Maures de Tavira après cinq siècles de présence.

1249

Avec un trône assuré et la situation intérieure pacifiée, le roi Alphonse III le Boulonnais tourne son attention vers des objectifs de reconquête de la péninsule Ibérique face aux communautés musulmanes. Avec l’aide des ordres militaires et la bénédiction de l’Eglise, la guerre contre les communautés islamiques se poursuit jusqu’en 1249, avec la prise de Faro qui marquera la fin de l’occupation. Il prend le titre de roi de Portugal et de l'Algarve. L’Algarve constitue le dernier territoire du Portugal continental à être rattaché à la Couronne.

1254

Les Algarves

Cette campagne victorieuse provoque un conflit diplomatique entre le Portugal et la Castille qui prétend que l'Algarve doit lui revenir. Une période de guerre de deux ans s’ensuit entre les deux pays. Le mariage d'Alphonse III avec l'infante Béatrice de Castille permet d'apaiser les tensions et par la même occasion d'agrandir le pays puisque Béatrice reçoit de son père une région située à l'est du Guadiana. En 1254, il cède au roi Alphonse X de Castille la partie de ses conquêtes située à l'est du fleuve Guadiana, d'où les noms d'Algarve espagnole (englobée depuis dans l'Andalousie) et d'Algarve portugaise.

1267

Le traité de Badajoz voit la Castille reconnaître les conquêtes portugaises et abandonner ses prétentions sur la région et met définitivement fin au conflit, en fixant la frontière sur le Guadiana.

1297

Le traité d’Alcanizes entre la Castille et le Portugal définit les frontières méridionales entre les deux pays. Le tracé de ces frontières subsiste encore de nos jours et compte parmi les plus anciens du monde.

1297-1325

Dès le XIIe siècle, la pratique de la pêche avait développé la vie maritime et bientôt les marchands portugais fréquentent les foires de Bruges ou de Londres, où ils monnayent le sel, le vin, l’huile et le poisson de leur pays. Denis Ier le Libéral et ses successeurs de la dynastie de Bourgogne poursuivent cette vocation et orientent le pays vers l’expansion outre-mer.

1348-1360

Comme le reste de l’Europe, le Portugal est affecté par la peste noire et connaîtra une grave crise économique, du fait de sa population réduite de moitié lors de l’épidémie. Pour conjurer cette crise, Ferdinand Ier, dernier souverain de la dynastie, encourage les armateurs nationaux fortement concurrencés par les étrangers.

15 août 1385

Victoire des Portugais commandés par Nuno Alvares Pereira, et du contingent anglais sur les Castillans à Aljubarrota. Cette victoire permet à Jean Ier d’Aviz de s’asseoir sur le trône portugais après avoir reçu l’approbation des Cortes.

1415

Après plus d’un siècle de famine et de guerres, l’économie et le moral des Portugais sont au plus bas. Le roi Jean Ier décide de s’ouvrir au monde et de financer les explorations maritimes, de façon à favoriser les échanges et le commerce international. Ainsi, d’un petit pays perdu au fond de l’Europe, le Portugal est devenu un acteur prédominant dans la découverte des Nouveaux Mondes et dans l’exploitation des océans. Ce début d'expansion maritime donne une nouvelle vigueur aux terres et aux habitants de l'Algarve, aux premières loges de l’aventure. Ainsi, en 1415, il arma une flotte depuis Lagos pour une expédition à Ceuta qui va inaugurer l’époque des découvertes.

1417

Alem Mar ou l'ère des découvertes

Dans cet élan de grandes expéditions, on évoque une école de navigation fondée par l'Infant Henri le Navigateur, prince de Sagres, vers 1417. Elle aurait été pionnière au niveau des techniques de navigation, de l’astronomie et de la cartographie. Malheureusement, aucune référence, ni vestiges archéologiques ou documents originaux n'ont été retrouvés. Certains réfutent l'existence de cette l'école, tandis que d’autres soutiennent son existence tel l’historien Jaime Cortesão.

1471

Malgré le titre de roi de Portugal et de l'Algarve porté par les successeurs d'Alphonse III, le royaume d'Algarve ne constitue en rien, sinon en nom, un État séparé : ses institutions et ses lois sont les mêmes que dans le reste du Portugal. Le nom d'Algarve s'étend, par la suite, aux conquêtes du Portugal outre-mer. En 1471, après s'être emparé des villes marocaines de Tanger, Ksar El Kébir et Asilah, le roi Alphonse V prend le titre de roi de Portugal et des Algarves au pluriel. Cet Algarve d'outre-mer subsiste jusqu'en 1769.

XV° siècle

Le port de Lagos acquiert une importance croissante avec les voyages des explorateurs comme Gil Eanes. Ces voyages sont rendus possibles grâce aux recherches et aux progrès de la construction navale et s’expliquent par une demande accrue d’esclaves pour les moulins à sucre qui apparaissent alors en Algarve. Aujourd’hui, sur le cap de Sagres, un gigantesque doigt de pierre pointant en direction de l’Atlantique fait clairement allusion au courage des hardis navigateurs. Le Portugal s’impose sur les mers, constituant un vaste empire colonial sur tous les continents. En 1494, Christophe Colomb arrive en Amérique et annonce sa découverte au roi du Portugal. Celui-ci demande alors au pape Alexandre IV la reconnaissance des nouvelles terres. Une bulle papale vient ainsi établir un partage du Nouveau-Monde entre les royaumes du Portugal et d’Espagne.

1395-1445

Gil Eanes

Ce navigateur, au patronyme peu latin, a marqué Lagos de ses exploits et de son aura. Il passera son existence aventureuse à réaliser des voyages vers des territoires inconnus, au service du prince Henri le Navigateur. Il sera le premier Européen à dépasser le Cap Boujdour, expédition qui marquera le lancement de la conquête portugaise au-delà des mers.

1494

Le Traité de Tordesillas est signé en 1494, il vient diviser le monde en deux parties et fixer les zones d’influence respectives des deux Couronnes. Néanmoins, pour un pays avec une mini-base géographique et une population réduite, il était de plus en plus onéreux de réussir à peupler et à protéger ces nouvelles terres. Pour illustrer la démesure entre la taille de la métropole et l’empire conquis, le prêtre jésuite Padre Antonio Vieira, écrivait : Para nascer : Portugal, para morrer o mundo ("Pour naître, le Portugal ; pour mourir, le monde")…

1580

Les relations avec l’Espagne et la dynastie des Bragance

Les rois de Portugal, toujours alarmés de l’expansion castillane, avaient préparé par des mariages la fusion des deux Couronnes à leur profit. A la fin de la dynastie d’Aviz, l’union personnelle avec l’Espagne est instituée en 1580.

1640

Les circonstances deviennent moins favorables : peu à peu les Anglais et surtout les Néerlandais rognent la longue lignée des comptoirs portugais. Lorsque les Néerlandais s’installent au Brésil et dans les comptoirs africains, les Portugais rendent la monarchie espagnole responsable de leur défaite. Ils se soulèvent le 1er décembre 1640 et proclament roi le duc de Bragance, premier d’une dynastie qui règnera jusqu’à l’instauration de la République au XXe siècle.

1668

Epuisée par les conflits, l’Espagne reconnaît l’indépendance du Portugal.

1755

Un tremblement de terre dévastateur

Un violent tremblement de terre détruit une grande partie de l’Algarve, ne laissant que les ruines de la plupart des bâtiments historiques. Ce séisme ravageur, ressenti dans toute l’Europe, a eu son épicentre dans l’océan Atlantique à près de 200 km au sud-ouest du cap Saint-Vincent. S’en suivit une polémique des hommes de foi concernant les mérites de la civilisation urbaine ainsi que la miséricorde divine. Il est dit que Voltaire y trouva même l’inspiration nécessaire à la création de son œuvre Candide. Lors de la reconstruction des principales villes, le centre administratif est transféré à Faro.

1699-1782

Le marquis de Pombal

Sebastião José de Carvalho e Melo, dit marquis de Pombal, à la tête du gouvernement entre 1756 et 1777, s’illustre par sa politique de despotisme éclairé. Il amoindrit l’emprise de l’Eglise, sévit contre les jésuites qui seront expulsés. En Algarve, il tente de diviser le diocèse de Faro, avec la création d'un nouveau diocèse à Vila Nova de Portimão, mais cette division n'est pas reconnue par le pape.

1807

En 1807, lorsque Junot mena la première invasion napoléonienne du nord, l’Algarve était sous l’occupation des troupes espagnoles de Manuel Godoy. Cette occupation s'achève à la suite de la révolte populaire d'Olhão contre l'occupation française. À l'issue de ces événements, des pêcheurs d'Olhão se portèrent volontaires pour aller au Brésil rapporter au prince-régent la nouvelle de l'expulsion des Français du royaume d'Algarve. Le futur Jean VI de Portugal saura exprimer sa gratitude aux habitants. Il établira la charte royale du 15 novembre 1808 stipulant que la révolte d'Olhão fut « le premier signal de la restauration de la monarchie ». Le bourg est baptisé Olhão da Restauração : privilèges, libertés, franchises et honneurs le favorisent alors à l'égal des plus grandes villes du Royaume.

XIX° siècle

Mais l'histoire du Portugal est aussi celle d'une décadence, après les fastes d'un royaume bicéphale partagé entre Lisbonne et Rio de Janeiro. Le XIXe siècle, marqué par l'indépendance du Brésil en 1822 et une grande instabilité politique, ouvre une brèche dans l'histoire de l'Etat-nation.

1910

Proclamation de la République

Sous Charles Ier, la monarchie devient impopulaire par son gaspillage. Le roi est assassiné et son fils Manuel II (1908-1910) renoncera au régime autoritaire et sera chassé par un coup de force militaire. La République est proclamée le 5 octobre 1910.

1926

Cette République très instable ne résistera pas au soulèvement militaire de mai 1926. Pendant cinq décennies, le pays va dépérir sous le régime autoritaire mis en place par Salazar.

1974

L’ère moderne

Ce n'est qu'en avril 1974, lors de la révolution des Œillets, que le Portugal a pu enfin faire son entrée dans la modernité et se préparer à intégrer l'Europe communautaire. Dans le sillage d’une décolonisation difficile à coup de guerres sanglantes, une démocratie pluraliste est instaurée.

2006

Anibal Cavaco Silva, originaire de Loulé, est élu président de la République, succédant à Jorge Sampaio.

2011

Confronté à de nombreux défis, le pays conclura en 2011 avec l’Union européenne et le FMI une aide financière en échange d’un programme d’austérité. Une sortie de crise aura lieu grâce à une politique anti-austérité mise en œuvre depuis 2015 qui donnera des résultats admirables.

De nos jours

Le « petit Poucet de l'Europe » vit une évolution qui s’accompagne d’une belle réussite économique pour l’Algarve, attirant toujours plus d’investisseurs. Aujourd’hui, le Portugal est prometteur d’un avenir stable et prospère pour son peuple et pour tous ceux qui ont choisi de vivre dans ce pays « à beira mar plantado » (Camões).