Cet archipel d'une douzaine d'îles, d'une superficie totale de 202 km², est situé à 215 km de la péninsule gaspésienne et 105 km de l'Île-du-Prince-Édouard. Vu du ciel, c'est un croissant de lune coloré, tombé tout droit en plein golfe du Saint-Laurent. " Aux Îles ", comme on dit, tout est accentué : la langue, les falaises rouges, les dunes de sable et les couleurs éclatantes des maisons. C'est un dépaysement total, surtout quand on vient en hiver et que l'archipel est pris par les glaces. En été, la géographie se prête au farniente et à la méditation, pour peu que le vent tombe. Les îles se laissent parcourir en voiture ou à vélo, puisqu'elles sont reliées par un mince - et immuable - cordon de sable. En allant du nord au sud, on rencontre l'île de la Grande Entrée, Grosse Île, l'île de Pointe aux Loups, l'île du Havre aux Maisons, l'île du Cap aux Meules et l'île du Havre Aubert, qui constituent l'essentiel de l'archipel. Deux autres îles, assez grandes, se détachent : l'île Brion, inhabitée, au nord de l'archipel et l'île d'Entrée, visible de toutes les autres îles habitées, un bon point de repère à l'est de Havre-Aubert. Le Rocher aux Oiseaux, l'île aux Loups-Marins, l'île aux Cochons et le Rocher du Corps Mort s'ajoutent à quelques autres encore pour parachever l'ensemble.
À cause de la faible amplitude des marées, de la situation des Îles de la Madeleine (sur des hauts-fonds) et de l'action bénéfique du Gulf Stream, la température de l'eau des lagunes et de la mer atteint parfois 21 °C. C'est bien plus agréable de s'y baigner que le long des berges du Saint-Laurent. Par contre, les vents, on l'a dit, sont forts et changeants, parfois violents, heureusement beaucoup plus en hiver qu'en été, ce qui enchantera les mordus des sports de voile qui feront fi de ces inconvénients. Enfin, pour les gourmets, les Îles de la Madeleine sont vraiment le paradis du homard.
À noter que les Îles de la Madeleine vivent à l'heure des Provinces Maritimes. Il y a une heure de décalage avec le Québec continental. Lorsqu'il est 12h au Québec, il est 13h sur l'archipel.
Histoire et toponymie
Jacques Cartier, de retour en France en 1534, baptise ces îles " les Areynes ", ce qui signifie " sable ". Il appelle le Rocher aux Oiseaux " l'île Margault ", et dit de l'île Brion que c'est " un endroit privilégié dont un arpent vaut mieux que toute la Terre-Neuve ". Mais Jacques Cartier n'est pas le découvreur de l'archipel. Bien d'autres peuples ont foulé les dunes avant lui, et notamment les Amérindiens micmacs. Le nom des Îles de la Madeleine aurait été attribué à l'archipel en 1663 en l'honneur de Madeleine Fontaine, l'épouse du premier seigneur des Îles, François Doublet de Honfleur. Mais c'est Samuel de Champlain qui, en 1629, nomme sur une carte La Magdeleine, l'actuelle île du Havre Aubert. Sous l'occupation française, les Îles passent entre plusieurs mains. Visité périodiquement par les Amérindiens micmacs, qui le nommaient Menagoesenog " îles balayées par les vagues ", l'archipel se sépare de l'île de Terre-Neuve et passe sous la juridiction du Bas-Canada en 1774, lors de la signature de l'acte de Québec. En 1798, Isaac Coffin obtient les Îles en concession et soumet ses habitants au paiement de la tenure seigneuriale. À cette domination féodale s'ajoute celle des marchands sur les pêcheurs. Les persécutions dont les Madelinots sont victimes expliquent leur émigration continuelle vers d'autres cieux. Ils fondent ainsi plusieurs villages de la Côte-Nord : Blanc-Sablon (1854), Havre-Saint-Pierre, Natashquan (1855) et Sept-Iles (1872). C'est en 1895 seulement qu'une loi du Québec leur permettra de racheter leurs terres et de se suffire à eux-mêmes. Les Îles sont un pays de navigateurs, de pêcheurs, dont la vie maritime regorge d'histoires de naufrages, toutes plus terribles les unes que les autres. Peut-être les entendrez-vous, on les raconte encore aujourd'hui...
Les Acadiens trouvent un pays.L'épisode du Grand Dérangement, qui a déchiré tragiquement le peuple acadien en 1755, est à l'origine de la dispersion des familles, jusque dans le sud des États-Unis. Quelques-unes ont pu échapper à l'horreur : en 1793, 120 familles acadiennes réfugiées à Saint-Pierre-et-Miquelon se sont installées aux Îles, sous la tutelle marchande de Richard Gridley, venu chasser le morse et exploiter les pêcheries. Comme les Acadiens sont de bons agriculteurs et de bons pêcheurs, ils sont devenus les vrais artisans de la colonisation de l'archipel et ils y ont apporté l'accent d'Acadie.
De la chasse au phoque à l'observation des blanchons. Depuis les premiers temps de la colonisation, la pêche reste le principal moyen de subsistance des Madelinots, même s'ils sont aussi cultivateurs. Ils pêchent toujours la morue, le sébaste, le maquereau, le flétan, la plie, mais aussi les crustacés et les mollusques : pétoncles, moules bleues, crabes des neiges et bien sûr, le homard, qui abonde dans les eaux du golfe. Pendant l'hiver, qui dure cinq mois, les Îles de la Madeleine sont cernées par la banquise. Il y fait -20 °C. C'est justement sur cette banquise que les phoques gris (appelés " loups marins ") descendent du Groenland pour mettre bas les fameux blanchons (bébés phoques) dont la chasse est aujourd'hui interdite. Durant deux siècles, la chasse aux phoques a été la principale activité des populations des Îles de la Madeleine et de la Côte-Nord au Québec. Le phoque était alors l'unique ressource leur permettant de survivre à l'hiver. La viande de phoque leur procurait de la nourriture et les peaux, de l'argent destiné à l'entretien des bateaux et à l'achat des filets de pêche. Les chasseurs utilisaient un canoë dont le dessous était recouvert d'une feuille métallique afin de mieux glisser sur la glace et de résister aux chocs. Aujourd'hui, si la chasse aux phoques est encore autorisée, elle répond à des quotas qui varient chaque année (de 2 à 6 phoques par chasseur). Les Madelinots subissent, depuis plusieurs années, une baisse des prix dramatiques. L'accroissement de la population des phoques provoque de nouvelles controverses depuis que certains experts dénoncent la voracité des phoques adultes qui consommeraient environ 1,5 tonne de poissons par an, le gagne-pain des pêcheurs des Îles en somme ! La preuve reste à faire, mais Greenpeace s'en mêle... Autrement dit, si vous êtes " aux Îles " en mars, à la saison de la mouvée (naissance des blanchons), profitez des voyages d'observation qui sont organisés sur les glaces. Et, de grâce, évitez de parler de Brigitte Bardot et de Greenpeace !
Transports
Avion. Le voyage en avion reste très cher, mais si vous réservez suffisamment à l'avance, vous pouvez bénéficier de tarifs raisonnables. L'aéroport des Îles de la Madeleine se trouve sur l'île du Havre aux Maisons et est desservi par Air Canada et Pascan Aviation.
Bus. Un service de transport hebdomadaire est assuré en haute saison par la compagnie locale Autobus Les Sillons (www.autobuslessillons.com). Pour le transport sur place, RÉGîM opère quatre lignes de transport collectif sur l'archipel (www.regim.info).
Train - Bus. Nous vous souhaitons bonne chance si vous choisissez cette option car il s'agit d'un vrai casse-tête. Cependant, il est possible de prendre le train Via Rail jusqu'à Moncton au Nouveau-Brunswick, suivi d'un bus (Maritime Bus) jusqu'à Charlottetown sur l'Île-du-Prince-Édouard. Le service de navette East Connection assure ensuite la liaison entre la capitale de l'île et Souris, d'où vous prendrez le ferry de CTMA.
Voiture - Traversier. Il faut se rendre à Souris (Île-du-Prince-Édouard) et prendre le traversier de CTMA jusqu'aux Îles de la Madeleine. Les voitures sont acceptées à bord et il faut réserver au moins un mois à l'avance, surtout en juillet-août. On peut aussi partir de Montréal : le CTMA Vacancier effectue une croisière hebdomadaire depuis Montréal. Différents forfaits-croisière sont aussi disponibles (vélo et plein air, saveurs, art & culture). www.ctma.ca