M SATTAR SALLEHI NIKOU

L’endroit est féerique. Dépaysement et isolement garantis ! Située à l’écart d’un village quasi médiéval, cette petite maison de deux pièces borde un petit lac au pied d’imposantes montagnes. Seul le sillon des canards, évoluant dans les roseaux de la rive, trouble ses eaux calmes. L’image renversée des sommets enneigés s’y reflète avec une netteté étonnante, sans parler de la limpidité de l’air…

Attablés chez votre hôte, possibilité de dîner en sa compagnie assis par terre autour du korssi (ou kursi), la traditionnelle table basse chauffée à partir d’une source thermique et enveloppée d’une grande couverture matelassée. Adossés à de grands coussins, on glisse les jambes sous la table pour se réchauffer. Et le tour est joué…

Après un dîner frugal, suivi d’un plateau de fruits du jardin, une grande partie de la nuit s’écoule à boire du thé et à écouter votre hôte raconter l’histoire de la secte des ismaéliens et de leur chef Hassan Sabbah, qui lançait ses jeunes assassins semer la mort à travers tout le Moyen-Orient. Le vieil homme évoque également des histoires de chasse, où des lapins croisent des bouquetins et des cerfs qui, remontent depuis la côte Caspienne de l’autre côté de la crête.

Le léopard vivrait même caché sur les hauteurs. Au coucher du soleil, le silence n’est troublé que par quelques aboiements de chiens, cognant les flancs de la montagne et se répétant en écho. Dehors, sous la vaste voûte céleste, la nuit étoilée brille de tous ses feux. Comme dans toutes les maisons iraniennes, une pile de tapis persans et de couvertures matelassées s’entassent dans un coin. Une fois l’une d’entre elles dépliées, le sommeil s’empresse de vous fermer les yeux.