Découvrez Bali : A l'écran (Cinéma / TV)

Traversé tout au long du XXe siècle par le colonialisme ou la censure des régimes autoritaires, le cinéma indonésien a eu des difficultés à s’imposer jusque dans les années 1970-1980, où films d’action, comédies et mélodrames hauts en couleur ont prospéré, marquant profondément la culture populaire. Il ne se limite néanmoins pas à ce registre pop : on trouve aujourd’hui un cinéma indépendant émergent, qui, à travers le documentaire ou la fiction, traite des préoccupations sociales et politiques qui touchent l’Indonésie contemporaine (religion, genre, inégalités, etc.). Bien que les salles de cinéma proposent encore 99 % de films américains, le cinéma d’auteur indonésien se fait remarquer sur la scène internationale, renouvelant l’image du pays. Et l’île de Bali, avec sa culture et son paysage uniques, constitue une source d’inspiration sans limite pour les réalisateurs du monde entier, qu’il s’agisse de films romantiques ou de documentaires engagés.

24_part_250625.JPG

D’un cinéma colonial à un cinéma national

Dans la première partie du XXe siècle, ce sont principalement des productions étrangères, en majorité américaines, qui sont diffusées en Indonésie. Si quelques films documentaires locaux voient le jour, ils restent minoritaires, et il faut attendre 1926 pour voir sur les écrans le premier film produit en Indonésie : Loetoeng Kasaroeng des néerlandais G. Kruger et L. Heuveldorp, malheureusement disparu aujourd’hui. Au cours des années 1930, à l’instar de la fratrie Wong, nombreux sont les réalisateurs et producteurs chinois à s’intéresser à la scène indonésienne, et la majorité de l’industrie cinématographique appartient à des familles chinoises. Avec la Grande Dépression, la production locale est fortement ralentie, et seules les productions hollywoodiennes se maintiennent sur les écrans. Alors que les films s'adressent avant tout à un public chinois, ils commencent néanmoins à s’ouvrir à un public natif et se détournent peu à peu de thèmes mythologiques pour s’inspirer de la réalité locale. Représentatif de cette tendance, le drame amoureux Terang Boelan (Pleine Lune) d’Albert Balink rencontre un franc succès en 1937. Cela marque un tournant dans la production locale qui se développe significativement au cours des années 1940, aussi bien dans la lignée romantique de Terang Boelan, que dans une veine plus intellectuelle et engagée, dans le contexte d’un mouvement nationaliste alors en plein essor.

Après des décennies difficiles, le renouveau des années 1970-1980

Mais l’occupation japonaise met une fin brutale à cette période prospère, accaparant les moyens de production pour le cinéma de propagande. Avec le gouvernement Soekarno, la production locale reprend mais le cinéma est utilisé exclusivement à des fins nationalistes et anti-impérialistes tandis que les importations étrangères sont interdites. Avec le régime du Nouvel Ordre de Soeharto, la censure est sans compromis, mais quelques figures pionnières émergent néanmoins, à l’instar d’Usmar Ismail, premier grand réalisateur indonésien. Son film le plus connu à l’étranger est Fighters for Freedom (1961), qui relate la lutte d'indépendance indonésienne contre les occupants hollandais et français. Un incontournable pour comprendre l’histoire politique du pays !

Il faut attendre les années 1970-1980 pour que l’industrie nationale s’épanouisse réellement, avec un cinéma populaire qui rencontre un franc succès. Ce cinéma local compte de nombreuses comédies comme celles qui font jouer la fameuse troupe des « Warkop » ou l’épique Naga Bonar (1987, avec une suite en 2007), ainsi que des films d’action comme Catatan si Boy (1989). L’industrie locale est très dynamique, pour le meilleur comme pour le pire, avec un bon nombre de mélodrames et films d’arts martiaux à l’affiche. Mais un cinéma plus politique se développe aussi, avec notamment le film Tjoet Nja 'Dhien (1988) d’Eros Jarot, sélectionné au Festival de Cannes en 1989. Cette prospérité ralentit néanmoins dans les années 1990, le cinéma américain et le cinéma hongkongais prenant le dessus, et la production locale se limite souvent à des séries B.

Un cinéma indépendant en plein développement

Depuis les années 2000 néanmoins, le cinéma indonésien connaît un essor de plus en plus important. Avec la fin du régime de Soeharto, un cinéma indépendant a pu se développer, avec des films abordant des sujets plus politiques comme la religion, les discriminations liées au genre ou la condition des minorités ethniques. On pense par exemple à Lovely Man de Teddy Soeriaatmadja qui relate la rencontre entre une jeune femme musulmane très pratiquante et son père, une prostituée transgenre. Présenté au Festival international du film de Busan en Corée du Sud en 2011, le film a connu un grand succès à l’international mais a été très critiqué en Indonésie par des groupes religieux. Un autre réalisateur clé du cinéma d’auteur contemporain indonésien est  Garin Nugroho. Avec son film de 2018 Memories of my body, très applaudi par la critique locale et internationale, il livre des représentations contrastées de la masculinité et de la féminité, incarnées au sein d’un même corps, renouant ainsi avec les traditions indonésiennes où cinq genres différents sont reconnus.

Découvrir Bali à travers le cinéma contemporain

Pour se préparer à découvrir Bali, rien de tel que le visionnage de quelques films clés qui mettent en scène l’île des dieux. Les deux documentaires du réalisateur balinais Putu Kusuma Widjaja The North Wind (2010) et On mother's Head (2013), permettent de découvrir la vie quotidienne des Balinais et les difficultés auxquelles ils doivent faire face, loin des clichés touristiques. On n’y découvre pas les plages de sable blanc mais plutôt, avec simplicité et sincérité, comment la population fait pour subvenir à ses besoins au quotidien. Deux autres documentaires pour comprendre l’île dans toute sa complexité sont Cowboys in Paradise d’Amit Virmani (2011), qui dévoile le tourisme sexuel qui sévit à Bali et The Act of Killing de Joshua Oppenheimer (2013), un film violent qui traite du massacre des communistes indonésiens en 1965. Deux réalisatrices françaises, Sandrine Chopin et Elsa Émilie Martin, présentent également avec Mama Christine la rencontre entre une enfant balinaise et une femme d’affaires française, qui décide de s’engager dans l’éducation de la jeunesse balinaise à travers l’action humanitaire. Dans un genre plus romantique, on trouve côté cinéma français Toute la beauté du monde de Marc Esposito (2006), où l’on découvre notamment les rizières de Jatiluwih, le Tanah Lot ou encore Ubud. Sans oublier le très populaire Mange, prie, aime de Ryan Murphy, qui met en scène Julia Roberts en quête de l’âme sœur au sein de paysages balinais superbement filmés.

Pour une expérience cinématographique sur place, ne pas manquer le Minikino Film Week / Bali International Short Film Festival, un événement annuel fondé en 2015 qui propose des courts-métrages d’ici et d’ailleurs, avec une volonté de faire du visionnage une vraie expérience collective, avec des projections suivies de discussions, de débats, etc. Le festival se tient dans une dizaine d’espaces différents sur l’île, des « cinémas pop-up » qui permettent de la découvrir hors de sentiers touristiques.
Organisez votre voyage avec nos partenaires à Bali
Transports
Hébergements & séjours
Services / Sur place
Envoyer une réponse