Une population principalement répartie dans le sud
La présence de musulmans à Bali, île majoritairement hindouiste, s'explique ainsi : dans les années 1930, 2 % des Balinais musulmans de souche étaient constitués de mercenaires auprès des anciens royaumes. Ces anciens serfs, marchands ou médecins pratiquaient l’échange traditionnel de femmes et occupaient des terres inhabitées sous la protection des rois balinais locaux. Par la suite, une nouvelle vague de musulmans arriva en tant que fonctionnaires sous la férule des Hollandais et se sont implantés, se mariant avec des Balinaises ou amenant leurs femmes avec eux. Les nouveaux musulmans sont arrivés dans les années 1970 en tant que marchands.
L'île des Dieux vivant principalement du tourisme, les Balinais du nord rural ont migré vers le sud, là où se concentre le plus gros du tourisme. La capitale Denpasar, proche de l'aéroport est la plus peuplée avec près de 900 000 millions d'habitants. Kuta et Ubud, dans le centre, culturel, font partie du top 3 des régions les plus peuplées de Bali. L'exception de ce classement concerne Singaraja, proche de Buleleng, dans le nord qui compte pas moins de 100 000 habitants.
Beaucoup de Balinais, implantés aux alentours directs de Denpasar depuis peu, participent à la vie de nouveaux banjars mais gardent néanmoins des liens avec leur banjar d’origine, ce qui déséquilibre la répartition des tâches sociales. A l’origine, le banjar correspondait à un groupe de maisons avec son temple et son autel, mais, de nos jours, les banjar ont été dispersés et ne correspondent plus à une organisation strictement territoriale. Deux banjar peuvent occuper le même territoire et ses membres habiter à plusieurs kilomètres du noyau de la communauté. Il constitue une communauté appelée banjar suka duka, ou « association partageant la joie et la peine ». Ses fonctions spécifiques (les ayahan) vont en effet de l’aide apportée à un de ses membres dans la préparation de son mariage ou pour répondre à une requête du gouvernement local, à la construction d’une tour de crémation au cimetière. Mais ces fonctions incluent également des activités liées à la vie d’un temple : entretien, préparation d’une cérémonie, etc.
Une langue officielle, un dialecte local et une langue touristique
Tout État moderne a besoin d'un moyen de communication commun à tous. C'est ainsi que les différents langages régionaux de l'archipel se sont progressivement et imperceptiblement immiscés dans la bahasa Indonesia, devenue langue officielle du pays en 1928. Le deuxième congrès indonésien de la jeunesse avait alors encouragé la formation d'une langue nationale unifiée : « Satu nusa, satu bangsa, satu bahasa » (un pays, un peuple, une langue). L'indonésien (bahasa Indonesia) est en grande partie dérivé du malais, dont il est très proche, et émaillé de sanskrit, d'arabe, de persan, de chinois, de néerlandais, de portugais et plus récemment de français et d'anglais, mais à toute petite dose. Cette langue est plus complexe qu'il n'y paraît pour un francophone, avec des suffixes et affixes accolés à des mots qui en forment de nouveaux. Sans oublier le niveau de langage, soutenu ou familier, qu'il est très important d'appliquer lorsque l'on communique avec un Indonésien.
À Bali, où les enfants sont largement scolarisés, il est très rare que les habitants ne parlent pas indonésien, sauf dans les régions rurales très pauvres et reculées. Le balinais est parlé par une grande partie des habitants de l'île, bien qu'il tende à être oublié. Cette langue possède plusieurs niveaux en rapport avec le système de castes et compte beaucoup de dialectes. Peu de gens, hormis les notables, se risquent à l'employer, de peur de commettre un impair. Son écriture, très complexe, est en train de se perdre (presque aucun Balinais, hormis certains représentants de la caste de brahmanes, ne sait écrire le balinais). Les premiers écrits balinais remonteraient au XIe siècle. L'écriture proviendrait de l'écriture palava, originaire du sud de l'Inde.
À Lombok, si l'indonésien est très largement répandu, c'est le sasak qui est à l'honneur, puisque plus de 85 % des habitants sont issus de cette ethnie. Également appelé bali sasak, ce langage d'origine austronésienne comporte également des formes de politesse et dérive plus directement du balinais que de l'indonésien. Contrairement à ceux de Bali, les habitants de Lombok parlant anglais ne sont pas légion, car l'île attire moins de touristes, donc il n'est pas superflu de connaître quelques formules indispensables en sasak.
Les Bali-Aga de Bali, minorité résistante
Ce qu'on appelle les Bali-Aga, ou Balinais d'origine, sont les communautés qui ont échappé à l'influence indo-javanaise de Majapahit et des cours balinaises qui s'en sont inspirées. Leur différence tient en deux points essentiels : ils ont gardé leurs lois coutumières (Adat) et leurs terres. Quelques villages, comme Tenganan, trahissent encore leurs lointaines coutumes que l'on peut souvent rattacher à d'autres coutumes nousantariennes encore en vigueur dans le reste de l'archipel et tout particulièrement à Nusa Tenggara. Aga signifie montagne et désigne évidemment les endroits qui ont pu le plus facilement échapper aux influences étrangères en défendant leurs terres moins accessibles. Des chroniques font état d'un village appelé Aga, sur les pentes du mont Raung, à Java-Est d'où serait venu Rsi Markandya, dont on dit qu'il fut le fondateur du premier temple de Besakih au VIIIe siècle. La culture bali-aga serait alors un mélange d'influences venant de l'ouest par Java et ses civilisations remontant avant Majapahit, et d'influences venant de l'est et du nord-est, en particulier des Nousantariens qui auraient investi les différentes îles avant de parvenir à Bali. Au centre du village de Tenganan se situe le balé agung, ou pavillon du conseil. Les Bali-Aga ont conservé de nombreux bâtiments collectifs qui font penser à certaines entités architecturales et politiques encore en vigueur à Sumba ou même à Kalimantan. Les arts bali-aga ne connaissent pas le divertissement ou le concert musical. L'art est ici rituel et correspond à des fonctions et une esthétique précises. Ainsi, la beauté du rejang réside plus dans l'atmosphère de grandeur et de déférence aux ancêtres qu'aux vêtements d'apparat et aux magnifiques coiffures constituées de fleurs d'or martelées.