Une flore composée de 755 espèces
Bien que le vert domine certaines îles pendant la saison des pluies, l’écosystème du Cap-Vert n'a probablement jamais été tropical ni recouvert de verdure à profusion, malgré son nom. La rareté des documents anciens fait que nous savons peu de choses sur la flore de la région avant l'arrivée des humains. En ce temps-là, les versants inférieurs étaient couverts d'herbes et dépourvus d'arbres ou d'une végétation basse parsemée d'arbres de type savane. Les plantes indigènes sont adaptées à la sécheresse, elles ont de petites feuilles et sont devenues plus robustes pour faire face aux vents violents. Au cours des 500 dernières années, des plantes ont été introduites du monde entier et les gens ont tenté de les acclimater. Mais de nombreux arbres ont été abattus pour faire place à des terres arables. Le bétail lâché dans la nature et les mauvaises techniques agricoles ont fait que la majeure partie de la végétation d'origine a été éradiquée. Le résultat est que, sur les 600 espèces de plantes qui poussent, seul un quart est naturel pour l'archipel. On compte environ 200 espèces de plantes importées par les navigateurs portugais d’Europe, d’Afrique et du Brésil : manioc, maïs, patate douce, café, vigne, canne à sucre, banane, ricin, corossol, papayer, manguier, cocotiers de l’Inde et le sisal, plus communément appelé carrapato dont la fibre sert à confectionner des cordes.
Dracaena et plantes endémiques
Beaucoup de plantes n’existent que sur le sol du Cap-Vert. Parmi les espèces endémiques, on notera le majestueux dragonnier bleu-vert, dont la disparition a été fulgurante, et que l’on peut encore admirer sur l’île sauvage de São Nicolau. Certains attribuent des pouvoirs curatifs à sa sève appelée « sang du dragon ». Les palmiers tamaris, connus localement sous le nom de tamandaré, sont des arbres qui résistent bien aux conditions climatiques côtières spécifiques de l’archipel. Ils subsistent encore à l’état originel et remplissent lagunes et déserts enfoncés de Boa Vista. Le losna en créole, une variété d’artémise, cousine de l’absinthe, se cueille en altitude, en zone semi-aride, et sert à faire des tisanes aux propriétés anti-paludiques. Au niveau des sous-bois ou près des levadas, fleurissent tout au long de l’année les campanules bleues. L’aubépine blanche (Acacia albida) est venue occuper des zones importantes dans le sud-ouest, et sa disparition a été compensée à la fin du siècle dernier par l’Acacia prosopis. Les marmulano ou bois de fer, étaient autrefois très présents sur les îles mais ont été prélevés pour les besoins de tannage des peaux. De nos jours, il faut grimper tout en haut de vallées pour les atteindre mais ils sont encore observables à Ribeira de Penede sur Santo Antão. Le figueira, ou Ficus Sycomorus, se rencontre encore dans les zones humides et les terrains escarpés et a donné son nom à certaines localités : Figueras, Figueral, Figeuria… Leur bois a beaucoup servi pour construire les maisons ou faire des mortiers. Enfin, et contre toute attente, des champignons endémiques existent sur les îles, poussant dans les zones humides. Il s’agit de bolets et de psalliotes mais ils ne font pas partie des habitudes de consommation des insulaires. Très répandue dans les lits des ribeiras, la palha d’agua sert au fourrage et est parfois utilisée en vannerie légère.
Brava, l’île aux mille fleurs
La luxuriante île de Brava a la particularité, contrairement à ses sœurs, d’avoir un charme bucolique. Partout, les lantanas couvrent les sols de leurs clochettes orangées et agaves, licandres, jasmins et bougainvillées leur répondent dans des tons violet et blanc. L’hibiscus roi y fleurit à foison, dans la nature comme dans les jardins particuliers où il forme des haies. Plusieurs espèces sont très courantes mais la variété Sabdarifa sert à préparer une boisson d’un beau rouge vermillon et pleine d’antioxydants très consommée au Sénégal sous le nom de bissap.
Une halte pour les oiseaux migrateurs
On compte environ 130 espèces d'oiseaux migrateurs pour lesquels l’archipel est une étape importante dans leur long périple. Une quarantaine d'entre eux utilisent les îles pour la nidification. Le pays accueille 4 espèces menacées d'oiseaux marins : la Frégate Superbe, le Fou Brun, le Puffin du Cap-Vert, dit cagara en créole, et le Rabo de junco ou Phaéton à bec rouge, reconnaissable à ses plumes caudales très allongées.
Les primates désormais protégés
De nos jours, il reste encore des singes verts, appelés localement makok, en groupes libres sur les îles de Brava et Santiago, mais leur nombre a considérablement diminué. Au XVIe siècle, ils étaient signalés comme une espèce trop nombreuse et on estime qu’ils avaient dû être introduits sur les îles par les premiers navigateurs après 1460. Le peu d’espace qu’il leur reste et la nature aride les poussent à se rapprocher des exploitations pour trouver leur subsistance ; en cela, ils sont considérés comme une nuisance par les agriculteurs. Si vous en croisez en chemin, ils doivent être approchés avec beaucoup de précautions, ne pas oublier que ce sont des animaux sauvages, capables de morsures sévères. Un refuge a été créé par un Français dont la double fonction est d’éviter l’extinction de ces primates et en faire une attraction touristique.
Même si l’on est en Afrique, on ne croisera aucun mammifère féroce, loin de là ! Les îles, par contre, abritent pléthore d’animaux domestiques, tels que des ânes, des chevaux, introduits par les Portugais. Aucun serpent sur l’archipel ! information qui ne sera pas pour déplaire aux randonneurs. Quelques insectes prolifèrent toutefois, moustiques, myriapodes communs… et depuis quelques années, il faut compter sur la présence des criquets pèlerins qui dévastent les cultures. Attention au redoutable scolopendre dont la piqûre est venimeuse et occasionne de vives douleurs.
Une faune marine à observer
Selon le WWF, les eaux du Cap-Vert sont particulièrement riches en raison des conditions parfaites des fonds, et on ignore leur véritable potentiel en termes de vie marine. La mer est pleine de coraux, de plaques, de pinacles et fournit des habitats recherchés par les espèces à toutes les profondeurs. Une étude dit que l’archipel compte parmi les 10 pays où les coraux sont les mieux préservés de la planète.
Jusqu’à aujourd’hui, les scientifiques ont répertorié 639 espèces de poissons de l’Atlantique, parmi lesquels il faut citer la raie manta, la murène. Côté assiette, la population est férue de garupa (mérou) qu’on retrouve souvent au menu, ou les badèches, daurades, l’espadon, sans oublier la langouste. Les requins-baleine, tigre ou citron peuvent être aperçus (de loin de préférence même s’ils ne sont pas des tueurs) lors de sorties en bateau. Les eaux accueillent ou voient passer cinq types de baleines à bosse entre février et mai, des cachalots, et 14 représentants de Delphinidae. La baleine à bosse a élu le Cap-Vert pour s’y reproduire. Ces impressionnantes créatures peuvent atteindre dix mètres de long et peser jusqu’à trente tonnes. Scrutez l’océan quand vous êtes en bateau, de belles surprises vous attendent. Et offrez-vous des plongées pour être au plus près des poissons tropicaux multicolores, chirurgiens ou trompettes.
La tortue, symbole du Cap-Vert
Cinq espèces de tortues fréquentent les eaux capverdiennes, dont la fameuse caouanne (Caretta caretta) qui peut peser jusqu’à 150 kg. Des études ont montré que le Cap-Vert est un acteur crucial pour cette espèce, leur population étant la 3e au monde après celles de Floride et du Sultanat d’Oman. On pense qu’environ 3 000 tortues se reproduisent ici, à Boa Vista, Maio et Sal. La tortue à écailles (Eretmochelys imbricata) est une espèce particulièrement menacée en raison de sa carapace très recherchée pour l’artisanat. La tortue verte et la tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea) se rencontrent souvent dans les baies peu profondes où elles viennent chercher leur nourriture composée d’algues.
Même si l’État et les associations se montrent très actifs sur les mesures de protection, plusieurs menaces pèsent sur ce patrimoine marin. Outre la pollution plastique, il y a aussi les méthodes destructrices utilisées par les pêcheurs. L’autre vient du développement côtier : la plupart des zones d’habitat ou de ponte des tortues le long de la côte sont justement là où on envisage de construire marinas et hôtels. Enfin le troisième et non des moindres concerne la chasse. Elle remonterait à 1479 lorsque l’explorateur Eustache Delafosse assistât à un curieux spectacle en observant que la lèpre était traitée localement en suivant une diète à base de graisse de tortue et en frottant les zones affectées avec le sang de l’animal. Le roi Louis XI se croyant lui-même malade y a même mandaté son représentant officiel pour enquêter sur ce remède miracle. La chasse est toujours d’actualité de nos jours, parfois pour sa viande ou pour ses œufs, voire pour le sang qui, ajouté au vin, est considéré comme un fortifiant traditionnel.
Vous aurez peut-être la chance d’assister au spectacle de la nidification, au crépuscule ou à la faveur de la nuit. Ne pas déranger ! … et place à un show mémorable : les Chéloniens s’avancent dans le sable et creusent un trou, y pondent de multiples œufs blancs d’aspect très fragile, rebouchent le nid de leurs pattes agiles et reprennent la direction du large, une fois la mission accomplie. Place à l’incubation qui dure 2 mois. Heureusement les ONG et autres Programas de conservação sont là pour veiller à ce que les nouveau-nés (appelés tortillons) puissent faire leurs premiers pas dans de bonnes conditions. Nul n’est besoin de rappeler que les pontes sont cruciales pour la préservation des espèces.