Une diffusion difficile
Dans les années 1920, dans un Bénin encore sous colonisation française, quelques lieux ont commencé à diffuser des films. Quelques salles ont vu le jour comme à Ouidah, considérée comme la capitale culturelle, à Cotonou, qui est la capitale économique, mais aussi dans d'autres villes comme Porto-Novo ou encore Anécho. Par la suite, la fréquentation de ces lieux a connu son apogée dans les années 1970 lors de la nationalisation des salles de cinéma à l'initiative du Parti de la révolution populaire du Bénin, d'idéologie marxiste-léniniste. Cependant, durant les années 1980, en pleine crise économique, les salles de cinéma n'ont pas pu résister au manque de recettes. Ainsi, les lieux de diffusion du cinéma se sont vus contraints de fermer leurs portes, un à un. Pendant les trente années qui ont suivi, les infrastructures ont été abandonnées. Certaines ont alors servi, à l'occasion, de salles de fêtes.
Les salles de cinéma d’aujourd’hui
En 2013, l’Etat avait annoncé une réhabilitation du Concorde et du Bénin à Cotonou, et de trois autres lieux au nord du pays. Malgré cette politique du nouveau gouvernement qui souhaitait relancer le secteur culturel du pays, ces initiatives tardent à se concrétiser.
Le groupe français Vivendi (présidé par Vincent Bolloré) n’a quant à lui pas attendu un mouvement de la part du gouvernement puisqu’il a ouvert le cinéma Canal Olympia Wologuédé, à Cotonou. Les spectateurs ont pu notamment y voir à sa sortie Black Panther (2018), qui rencontra un franc succès. Le lieu, qui possède une salle de 300 places, fait partie d’un projet que le groupe avait déjà amorcé au Cameroun, en Guinée, au Niger, au Burkina Faso, au Sénégal et au Togo. Malgré l’offre nouvelle que ces cinémas permettent, on regrette le fait que cela concurrence les petites salles locales.
Le Cinéma numérique ambulant est une autre initiative transafricaine puisqu’il rassemble quatre pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Mali et Niger). L’objectif de ce réseau, qui est quant à lui associatif, est d’amener le cinéma directement dans les villages de brousse, et ainsi de diffuser les films auprès des spectateurs qui ne peuvent pas forcément se déplacer jusqu’aux villes. Deux techniciens français sont à l’origine de ce beau projet qui date de 2001 : Christian Lambert et Laurence Vendroux.
Quelques cinéastes
Côté cinéastes, le Bénin a vu naître quelques personnalités qui ont marqué son histoire, les réalisateurs Pascal Adjibadé Abikanlou, Richard de Medeiros, Jean Odoutan, Sylvestre Amoussou mais aussi l'acteur hollywoodien Djimon Hounsou.
Pascal Adjibadé Abikanlou est considéré comme le pionnier du septième art béninois. Né en 1935 à Pobè, il est décédé en 2009. Il a été remarqué notamment en 1974 avec Sous le signe du vaudou, qui est le premier long métrage de fiction béninois. Il a également réalisé de nombreux moyens métrages documentaires. Quant à son compatriote Richard de Medeiros, il s'est illustré, lui, avec son premier film Le Roi est mort en exil, sorti en 1970, qui relate l'exil du roi Béhanzin en Algérie.
Né au Bénin en 1965, Jean Odoutan vit aujourd'hui à Paris. Il a tourné bon nombre de films notamment : La Valse des gros derrières, La Porte du non-retour, Mama Aloko et Pim-Pim Tché - Toast de vie !, son dernier film, sorti en 2010. Fondateur de l'Institut cinématographique de Ouidah (ICO), une école qui forme des cinéastes francophones.
Installé également en France, Sylvestre Amoussou est un acteur et cinéaste béninois qui a notamment joué dans Delphine 1 - Yvan 0 de Dominique Farrugia (1996) et Rires et Châtiment (2002) aux côtés de José Garcia. Son dernier film en tant que réalisateur, L'orage africain : un continent sous influence, sorti en 2017, a reçu un Étalon d'argent au festival au Fespaco, Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou.
L'acteur et mannequin béninois Djimon Hounsou, né en 1964 à Cotonou et naturalisé étasunien, poursuit une carrière internationale. Son physique impressionnant et son regard intense lui ont valu d'être choisi pour incarner des rôles de personnages aux muscles et au mental d'acier. Parmi les films dans lesquels il apparaît on peut citer : Gladiator (2000) face à Russell Crowe, Blood Diamond (2006) où il donne la réplique à Leonardo DiCaprio, Amistad (1997) où il tient le premier rôle dans un film sur l'esclavage pour le réalisateur Steven Spielberg. On a pu le voir récemment dans The King's Man : première mission (2021), dans Gran Turismo (2023) ou dans Gladiator 2 de Ridley Scott (2024).
Renaissance
Avec son association Wani Ayo, la comédienne franco-béninoise Tella Kpomahou agit pour développer la production cinématographique locale. Née au Bénin en 1978, elle grandit en Côte d'Ivoire, avant d'arriver en France en 2001. Elle commence rapidement une carrière au théâtre avant de se diriger vers le cinéma. On la voit jouer notamment en 2013, dans Le Crocodile du Botswanga de Fabrice Eboué. Elle demeure fortement impliquée dans son pays d'origine puisque c'est elle qui est à l'initiative des « Journées de réflexion sur le cinéma béninois », événement organisé à Ouidah en 2021. Tella Kpomahou espère créer un fonds d'aide à la culture, à l'instar de la Côte d'Ivoire ou du Sénégal.
Espérons que le récent succès du producteur Faissol Gnonlonfin saura inspirer la jeune génération. Fondateur de « Merveilles Production » avec laquelle il a coproduit l'excellent film Freda (2021), réalisé par l'Haïtienne Gessica Généus, il est une figure montante du cinéma actuel. Nommé à Cannes lors de la 74e cérémonie et aux Oscars en 2022, le film est une vraie révélation.
Puis, en 2022, le Bénin a été porté à l'écran dans The Woman King, un film américain qui raconte l'histoire des Amazones du Dahomey qui ont résisté aux soldats français et aux tribus voisines. Réalisé par Gina Prince-Bythewood, avec à l'affiche les comédiennes Viola Davis et Lupita Nyong'o – qui joue notamment dans Black Panther – le film est riche en action et en émotions.