Découvrez le Tchad : Un des berceaux de l'humanité

Le Tchad est fréquemment considéré comme l'un des berceaux de l'humanité en raison des nombreuses découvertes paléontologiques et archéologiques qui y ont été faites. Ce pays, aux paysages variés et étendus, renferme des éléments cruciaux pour éclairer l'évolution de l'espèce humaine.

L'une des découvertes récentes les plus importantes en ce qui concerne l'origine de l'être humain est celle du crâne de Toumaï, un crâne fossile vieux de 7 millions d'années, trouvé dans le désert de Djourab en 2001 par l'équipe du paléontologue français Michel Brunet. Toumaï, qui signifie « espoir de vie » en langue locale, est considéré comme l'un des plus anciens hominidés connus. Cette découverte majeure a bouleversé les connaissances sur les origines de l'humanité, suggérant que les premiers hominidés pourraient être apparus dans cette région centrale de l'Afrique et non exclusivement en Afrique de l'Est comme on le pensait auparavant.

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Les origines de la lignée humaine

L'être humain actuel fait partie de la sous-tribu d'hominidés appelée Hominina (ou hominiens) qui rassemble toutes les espèces de la lignée humaine, séparée de la lignée des chimpanzés (Panina) il y a au moins 7 millions d'années et dont Toumaï serait le plus ancien individu connu à ce jour. Le caractère le plus différenciatif reconnu aux Hominina est la bipédie, alors que les chimpanzés et les gorilles sont quadrupèdes, même s'il peut leur arriver d'utiliser la bipédie de façon ponctuelle.

Charles Darwin a émis l'hypothèse que la lignée humaine (Hominina) trouvait ses origines en Afrique dès 1871, dans son ouvrage La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe. Il fut parmi les premiers à suggérer une origine commune pour tous les organismes vivants et à avancer l'idée que l'Homme, le Chimpanzé et le Gorille partageaient un ancêtre commun africain. Darwin proposait que cet ancêtre, bien qu'ayant un petit cerveau, marchait debout, ce qui aurait libéré ses mains et favorisé le développement de son intelligence.

Un peu de paléoanthropologie

Cette science peu connue est un mélange de paléontologie et d'anthropologie étudiant exclusivement l'évolution de la lignée humaine, c'est-à-dire tentant de mettre en exergue les étapes évolutives entre les primates et l'homme moderne. Cette science ne se limite pas au genre Homo mais s'étend à tous les "hominines", cette sous-tribu d'hominidés rassemblant toutes les espèces humaines. L'approche principale de la paléoanthropologie s'appuie sur l'étude de fossiles mais d'autres approches, comme l'étude des primates, permettent de valider ou d'invalider les hypothèses initiales émises à la découverte de chaque nouveau fossile d'importance. Cette discipline doit se contenter de matériaux fossiles souvent fragmentaires et rares. En outre, les recherches des scientifiques aboutissent fréquemment à des hypothèses qui ne font pas l'unanimité parmi les paléoanthropologues et sont souvent remises en question par de nouvelles découvertes. En explorant un sujet délicat comme l'origine de l'Homo sapiens, la paléoanthropologie a connu une histoire tumultueuse et reste encore à ses prémices.

Jusqu'au milieu du XIXe siècle, l'ouvrage de référence décrivant l'histoire de l'homme sur terre reste encore l'Ancien Testament, lu à l'époque de façon très littérale et pour une majorité de penseurs de l'époque, l'aventure humaine reste avant tout d'origine divine. Il faudra attendre les études de Charles Darwin concernant l'évolution des espèces pour commencer à entrevoir que les écrits bibliques doivent être considérés comme allégoriques et non au pied de la lettre et que l'origine de l'homme remonte beaucoup plus loin que ce que la majorité s'était jusqu'alors imaginée.

La dame rouge de Paviland

Bien qu'elle n'ait pas été identifiée comme telle à l'époque, la dame rouge de Paviland est la plus ancienne découverte scientifique de restes humains préhistoriques. C'est au Sud du pays de Galles, au Royaume-Uni, que ces ossements furent découverts à l'occasion de l'exploration en 1823, de la grotte de Paviland. Les restes étaient recouverts d'une terre de couleur ocre et le squelette décoré de nombreux bijoux en ivoire et en coquillages. À côté de celui-ci fut également découvert un crâne de ce que l'on pensait être un éléphant. William Buckland, professeur de Géologie à Oxford, fut le premier à étudier cette découverte et en conclut, fort de son éducation judéo-chrétienne, qu'il s'agissait du squelette d'une femme datant environ de l'époque romaine et que les bijoux étaient faits d'ivoire d'éléphant. Il fut cependant démontré au cours du XXe siècle, grâce à l'évolution de la technique, que la dame de Paviland est en fait un homme d'une vingtaine d'années, que les bijoux sont faits d'ivoire de MaMMouth et que les restes découverts datent de l'époque paléolithique. On sait depuis 2009 que ces restes humains datent d'environ 33 000 ans avant le présent. Depuis le milieu du XIXe siècle, les découvertes de fossiles d'hominiens se sont enchaînées repoussant sans cesse l'estimation de l'époque de l'origine de l'humanité, amenant les scientifiques à se poser une question cruciale : quand commence l'humanité et où prend-elle racine ?

Lucy

C'est probablement en 1974, lorsqu'une équipe internationale de paléontologues dont faisait partie Yves Coppens, a mis à jour 52 ossements datant de plus de 3 millions d'années que l'intérêt du public s'est focalisé sur cette question de la datation de l'origine de l'humanité et de sa localisation géographique. Les scientifiques venaient en effet de faire une découverte essentielle car bien que 52 ossements ne représentent qu'à peine un quart d'un squelette complet, ils furent suffisants pour reconstituer une image fidèle de cette femme de 3 millions d'années connue aujourd'hui dans le monde entier sous le nom de Lucy. Ce nom est tiré d'une chanson bien connue des Beatles, que les chercheurs écoutaient en triant les fossiles, le soir, sous la tente. La découverte de Lucy dans le désert éthiopien conforta Coppens dans sa conviction devenue la théorie connue sous le nom de « East side story ». Cette théorie, initialement développée par l'éthologue (spécialité scientifique étudiant le comportement des espèces animales dont l'homme) A. Kortland et popularisée par Coppens, expliquait l'apparition de la lignée humaine par un important changement climatique lié à la formation du grand Rift, dans l'Est africain et ayant contraint les hominidés au passage à la bipédie afin de s'adapter à leur nouveau milieu.

Abel, un des premiers australopithèques

Abel (c'est son nom vernaculaire) est découvert en 1995 à Koro Toro (Tchad) par Michel Brunet et son équipe la MPFT (Mission Paléoanthropologique Franco-Tchadienne). Premier hominidé découvert à 2 500 km à l'Ouest du grand Rift, c'est grâce à lui que la théorie d'Yves Coppens a commencé à être remise en cause. Il est important de souligner que l'équipe de Brunet visait à tester l'hypothèse de « l'East side story », cependant, au lieu de découvrir un ancêtre des grands singes (comme les chimpanzés ou les gorilles), elle a mis au jour le premier australopithèque connu à l'ouest de la vallée du Rift. On estime qu'Abel vivait il y a environ 3 millions d'années, soit un peu après Lucy et sa face plus raccourcie le fait ressembler encore plus à l'homme moderne.

Toumaï

Il faudra attendre 2001, avec la découverte d'un nouveau crâne fossilisé dans le désert tchadien, pour faire un nouveau bond de 3 millions d'années dans la recherche de l'origine de l'humanité et remettre complètement en cause la théorie de l'East side story, le crâne de Toumaï ayant été découvert à plus de 2 000 kilomètres de la vallée du grand Rift. Michel Brunet, le paléontologue dont l'équipe a découvert le crâne de celui qui fut ultérieurement nommé Toumaï par le maréchal Idriss Déby, en mémoire d'un compagnon d'armes mort au combat, démontre par ses études que le Sahelanthropus Tchadensis serait en vérité le premier hominien, se différenciant du singe (hominidé), en particulier de son plus proche cousin, le chimpanzé (Paniné), par la station debout.

La démonstration de Brunet a initialement beaucoup été contestée car les paléontologues ne disposaient que de peu d'ossements (le crâne et quelques ossements difficilement identifiables à l'époque) pour tirer des conclusions fiables sur la station debout supposée de Toumaï, mais la communauté scientifique s'accorde aujourd'hui pour considérer le crâne de Toumaï comme le plus ancien fossile d'hominidé car l'orientation et la position de son orifice occipital (lieu de jonction entre le crâne et le reste du squelette) suggèrent que Toumaï se déplaçait majoritairement en position debout.

Quelques chiffres pour prendre la mesure des dates évoquées

Il est toujours difficile de prendre la mesure des différences de durée des époques auxquelles il est fait référence dès que l'on s'intéresse à la préhistoire. Voici les dates majeures à retenir pour se rendre compte que la période de l'humanité ne représente que 1/2000e de la durée reconnue de l'existence de l'univers !

Origine de l'univers : 14 milliards d'années (première perception de la lumière).

Soleil : 4,6 milliards d'années.

Vie : 4 milliards d'années (4 000 millions).

Toumaï : 7 millions d'années.

Lucy : 3,2 millions d'années.

Homo sapiens (homme moderne) : 300 000 ans.

De Toumaï à l'homme moderne

L'histoire de l'humanité après Toumaï est une saga évolutive fascinante qui se déroule sur plusieurs millions d'années, marquée par des étapes clés dans l'évolution des hominidés jusqu'à l'apparition de l'homme moderne, Homo sapiens.

Voici en quelques dates les étapes essentielles de cette évolution :

1. Australopithèques (4 à 2 millions d'années) Après Toumaï, les Australopithèques apparaissent en Afrique. Les plus célèbres sont Australopithecus afarensis, dont le spécimen le plus connu est Lucy

2. Homo habilis (2,4 à 1,4 million d'années) est souvent considéré comme le premier membre du genre Homo. Ce « homme habile » est associé à l'utilisation d'outils de pierre primitifs, marquant une avancée significative dans la capacité cognitive et la dextérité.

3. Homo erectus (1,9 million à 110 000 ans) est un hominidé clé dans l'évolution humaine, il est le premier à avoir quitté l'Afrique pour se répandre en Asie et en Europe.

4. Homo heidelbergensis (700 000 à 200 000 ans) est considéré comme l'ancêtre direct de l'Homo neanderthalensis en Europe et de l'Homo sapiens en Afrique.

5. Homo neanderthalensis (400 000 à 40 000 ans). Les Néandertaliens vivaient en Europe et en Asie occidentale. Ils avaient une culture complexe, pratiquant l'art, la fabrication d'outils avancés, et des rituels funéraires.

6. Homo sapiens (300 000 ans à nos jours). Les premiers Homo sapiens apparaissent en Afrique il y a environ 300 000 ans. Vers 70 000 ans avant notre ère, Homo sapiens commence à se répandre hors d'Afrique, colonisant l'Asie, l'Europe, l'Australie, et finalement les Amériques.

7. Développement des Civilisations. Avec la fin de la dernière période glaciaire, il y a environ 12 000 ans, l'agriculture se développe, conduisant à la sédentarisation et à la naissance des premières civilisations.

Le Tchad, un des berceaux de l'humanité

En somme, le Tchad, par les découvertes paléontologiques et archéologiques qui y ont été faites, se positionne comme l'un des berceaux, si ce n'est l'unique, de l'humanité. Mais il fait partie d'un tableau plus vaste. L'Afrique entière peut aujourd'hui être considérée comme le berceau de l'humanité, avec des contributions significatives de nombreuses régions, y compris l'Afrique de l'Est et du Sud. Les découvertes futures continueront de compléter notre compréhension de cette histoire évolutive et complexe.

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