Découvrez le Congo Brazzaville : A l'écran (Cinéma / TV)

L’histoire du cinéma de la république du Congo continue à s’écrire à petits pas aujourd’hui, après des débuts fortement impactés par la colonisation. Alors que des figures de proue comme Sébastien Kamba ou Camille Mouyéké ont mis le cinéma congolais sur le devant de la scène internationale, force est de constater que le développement d’une industrie cinématographique congolaise n’en est encore qu’à ses balbutiements. Depuis 2016, l’espoir renaît néanmoins, avec la réouverture à Brazzaville d’une salle de cinéma, institution qui n’existait plus depuis plusieurs décennies. Aujourd’hui, grâce aux exemples donnés par les pionniers du cinéma congolais, et grâce aux opportunités de travail qu’offre la mondialisation, de nouvelles vocations se découvrent et de nouveaux cinéastes se révèlent. Un avenir également possible grâce au soutien du gouvernement, nécessaire pour une industrie qui ne peut grandir sans celui-ci.

Petite histoire du cinéma congolais au XXe siècle

À l’instar de nombreux pays d’Afrique francophone ayant subi la colonisation, le cinéma congolais ne se développe que lentement à partir de l’Indépendance. Le premier long métrage congolais est réalisé en 1974 par Sébastien Kamba, né à Brazzaville en 1941 et formé à l’Office de coopération radiophonique français. Dix ans plus tôt, Kamba réalisait son premier court métrage Le Peuple du Congo-Léo vaincra, tout premier film de fiction congolais. Durant ces deux décennies, Kamba collabore avec la télévision congolaise, tout comme Jean-Michel Tchissoukou, autre réalisateur marquant de cette période. En 1970, Tchissoukou réalise son premier court métrage, Illusions, une fable sur la désillusion d’un paysan venu chercher du travail à Brazzaville. En 1979, il signe la comédie La Chapelle, film à l’humour décapant mettant en scène les tensions entre les religions africaines et l’Église catholique dans le Congo des années 1930. Un film récompensé au FESPACO en 1981, et qui fera – avec M’Pongo ou Les lutteurs, second long métrage de Tchissoukou sorti en 1982 – la renommée internationale du cinéaste, décédé en 1997.

Malheureusement, et malgré ces figures de proue, le cinéma congolais peine à devenir une réelle industrie. Faute de soutien gouvernemental, et sans salles de projections car celles-ci ont été rachetées et transformées notamment en lieux de cultes, les cinéastes congolais ne font pas le poids face à la télévision, à la vidéo et à l’emprise culturelle des productions cinématographiques internationales. Dans les années 1990, le cinéma congolais survit tant bien que mal grâce à l’influence de Sébastien Kamba, à la tête de l’Association des cinéastes congolais, et grâce également à David-Pierre Fila, documentariste et photographe qui met en avant la république du Congo et ses civilisations dans Tala Tala (1991). Une rencontre avec la culture ancestrale entre Ouesso et Brazzaville, poésie de l’image et des récits qui vous emportent.

Renouveau et espoirs du cinéma congolais

Dans les années 2000, la situation n’est pas brillante pour le cinéma congolais. Alors que, selon le ministre Aimée Mambou Gnali en charge de la culture, celle-ci est « le cadet des soucis du gouvernement », le septième art peine à trouver pied dans un pays où le DVD et les copies pirates sont omniprésentes. Pourtant, cette facilité d’accès au numérique profite également à des cinéastes congolais qui tournent directement en vidéo. Parmi ceux-ci, Léandre André Baker, également écrivain, acteur, metteur en scène et homme de théâtre, tourne courts métrages et de nombreux documentaires au début de la décennie, entre France, RCA et république du Congo. En 2008, il réalise son premier long métrage de fiction au Sénégal. Ramata, histoire puissante d’une femme africaine complexe et porteuse de nombreux stigmates. Un film qui aborde en profondeur des thèmes universels comme l’amour, la séduction, la rupture amoureuse et les blessures de la vie, avec dans le rôle-titre l’actrice guinéenne Katoucha Niane, captivante. Elle décède dans des circonstances tragiques juste après la sortie du film, et laisse derrière elle ce film puissant et un ouvrage, Dans ma chair, témoignage de son combat contre les mutilations génitales qu’elle a elle-même subies.

En parallèle, le cinéaste et scénariste Camille Mouyéké se forme, grâce à une maigre bourse gouvernementale, au cinéma à Paris. Après plusieurs courts métrages, il réalise en 2001 son premier long, Voyage à Ouaga, qui recevra un très bon accueil critique et remportera notamment le prix du Public au festival International du film francophone de Namur, rendez-vous cinématographique important qui se tient chaque année dans le sud de la Belgique. À l’instar de Kamba ou de Baker, Mouyéké crée sa propre structure de production à Pointe-Noire, Namib Cinéma.

En 2016, après des dizaines d’années de disette, les cinéphiles congolais peuvent enfin retrouver le chemin du grand écran grâce à la réouverture du MTN Movies House à Brazzaville. Un cinéma qui a depuis été rejoint par le Canal Olympia, cinéma de 300 places moderne financé par le groupe français Bolloré, et inauguré le 17 avril 2019 dans la commune de Poto-Poto.

Aujourd’hui, le cinéma congolais peut espérer un renouveau, grâce à ces salles de projection et à un engouement retrouvé pour le septième art. Mais pour autant, la nécessité de quitter son pays pour travailler dans le milieu se fait encore sentir auprès des cinéastes. Mal informés ou manquant de possibilités de formation, il faut souvent partir à l’étranger pour espérer faire carrière. À l’instar de Sidney Kombo-Kitombo, réalisateur et spécialiste des effets spéciaux qui travaille désormais dans un des plus prestigieux studios du monde, et a collaboré à Avatar avec les équipes de James Cameron. Gageons que ces exemples congolais inspireront de nombreuses autres vocations, et que les options de formation s’étofferont en république du Congo pour le futur.

Documentaires marquants tournés dans la république du Congo

Si la république du Congo n’a pas, comme son voisin, accueilli des pointures comme Leonardo DiCaprio (producteur de Virunga, tourné en RDC et multiprimé), le pays a néanmoins été le sujet de nombreux documentaires puissants, et ce depuis le début des années 2000. En 2010, à l’initiative du Rotterdam Film Festival, le cinéaste américain Kevin Jerome Everson réalise BZV, une approche différente de la mise en images de l’Afrique, qui questionne sur nos préconceptions. Un film touchant, bien différent de ce qu’on peut voir sur les écrans des journaux télévisés. Autre projet marquant, cette fois réalisé par un Congolais, Révolutionnaire(s) de Hassim-Tall Boukambou narre, en trois volets, l’histoire politique du Congo entre 1966 et 1991. Un impressionnant travail d’archives, indispensable pour mieux comprendre la construction de ce pays.
Plus récemment, la république du Congo a accueilli le tournage du documentaire Kongo (2019) d’Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav. Un film puissant qui porte Brazzaville à l’écran au travers du récit de l’apôtre Médard, un guérisseur dont la vie bascule lorsqu’il est accusé de pratiquer la magie noire. En 2019, le film était projeté à Cannes, et est aujourd’hui disponible en ligne. L’occasion de découvrir un autre pan de la culture congolaise, au travers d’un récit aux images envoûtantes.

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