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Sculpture traditionnelle

Au Congo, les pratiques culturelles sont déterminées par l’appartenance à une ethnie. Lieu dédié à la création traditionnelle, le Musée du Bassin du Congo à Brazzaville met en valeur la diversité des groupes ethniques congolais à travers sa collection de sculptures.

Les Kwele, répartis entre le Gabon et le Congo, sont réputés pour leurs masques sculptés. Ils se classent en différents types : les pibibudzè à visage humain, parfois à deux faces, mais aussi des masques zoomorphes à trompe, à cornes ou à tête de gorille. Plus rare, le ngontangang est un masque-heaume à plusieurs visages. Ces masques sont portés lors de cérémonies. A l’inverse, les ekuk sont accrochés à l’intérieur des maisons pour attirer les forces bénéfiques. Ils se reconnaissent au visage blanc de forme plate, au nez triangulaire.

Les Mbede-Obamba, attachés au culte des ancêtres, préfèrent modeler des figurines en terre cuite.

Les masques Babangi se reconnaissent à leur surface concave, percée de deux fentes étirées pour les yeux, et d’une bouche conique. Des scarifications strient les joues et le front.

Débuts de la peinture congolaise

L’art de la peinture se développe vers 1940. Toutefois, dans les années 1920, l’administrateur belge Georges Thiry a un coup de cœur pour les décorations des cases et s’improvise mécène. Djilatendo et Lubaki sont considérés comme les précurseurs de la mouvance moderne.

L’un des premiers peintres à s’affirmer au Congo, Eugène Malonga, voit le jour en 1930 à Nko, non loin de Brazzaville. Il suscite très jeune l’admiration en dessinant sur des vêtements. A 10 ans, il réalise sa première aquarelle : la case de mon oncle Boundzoumou. Entré à l’Ecole de Poto-Poto, il perfectionne sa technique et peint principalement des paysages et des scènes de genre. Sa première exposition a lieu en 1954. D’autres suivront dans toute l’Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale. Peu à peu, son style s’oriente vers l’abstraction. Jusqu’à sa disparition en 2005, Malonga sensibilise le monde à la beauté des paysages congolais.

L’Atelier du Hangar

En 1941, Pierre Romain-Desfossés (1887-1954) reçoit pour mission de protéger l’art indigène. Il entreprend de fonder un lieu de création. Première école du genre sur le territoire congolais, « le Hangar » ouvre ses portes en 1946 à Brazzaville. Les élèves les plus prometteurs sont formés à la peinture de chevalet ; les autres, à l’art décoratif et publicitaire. La volonté de Desfossés n’est pas d’imposer les codes occidentaux mais de faire émerger un art africain différent. Dans ce but, il incite ses disciples à créer en pleine nature, dans la savane. Desfossés est convaincu que leur talent réussira à transmettre l’âme du Congo. Le Hangar est à l’origine d’un art populaire basé sur la faune et la flore. Le public colonial est amateur des peintures issues du Hangar à tel point que l’on se demande aujourd’hui si cet enseignement n’aurait pas servi la propagande coloniale. Le débat reste ouvert …

Le plus célèbre élève du Hangar, Mwenze Kibwanga (1925-1999) reste toute sa carrière fidèle à la peinture de chevalet. Mwenze Kibwanga rejoint le Hangar en 1950 et développe un style unique, fondé sur une palette terreuse et une technique de hachures.  Ce système de traits s’inscrit dans la lignée des tapisseries du Kasaï. Avec d’autres talents formés à l’atelier, tels que Mwenze Kibwanga, Pilipili Mulongoy (1914-2007) et Sylvestre Kaballa (né en 1920), il expose en France, en Belgique, en Italie, et même à New York.

L’élan se poursuit en 1951, avec la création de l’École de Poto-Poto par Pierre Lods à Brazzaville. Quatre générations d’artistes de talent sortiront de cet atelier d’art devenu une institution. Plus qu’un enseignement, Lods invite ses élèves à laisser parler leur spontanéité. Félix Ossali développe le style Miké (qui signifie « petit »), composé de petits personnages schématiques. La génération d’élèves suivante adopte le sigle PPP sous la direction de Pierre Claver Ngampio.

Sculpture moderne

Père de la sculpture congolaise moderne, Muta Mayola est à l’origine d’une école majeure d’art africain.  Ses origines sont mal connues. Né vers 1885 en Afrique Equatoriale, il s’éteint à Kinshasa en 1960. Il semblerait qu’il soit initié très jeune à la sculpture traditionnelle téké (bantoue) dans le village de Massengo. Autrefois appelé Kingoma, ce village se situe à une dizaine de kilomètres de la capitale. Son talent, remarqué dès les années 1930, attire des commandes pour des chefs de village aussi bien que pour le compte de colons.

Dans son atelier de Kigoma, il développe un style qu’il transmet à ses disciples durant une quarantaine d’années. Parmi ses élèves, ses neveux Benoît Konongo et Grégoire Massengo diffuseront son héritage. Lorsqu’il fonde dans les années 1950 l’école de sculpture de Léopoldville (Kinshasa), ses neveux reprennent la direction de son atelier de Kingoma et s’attellent à faire rayonner son style.  Son influence se ressent au Cameroun, au Gabon, au Tchad, au Sénégal et jusqu’au Kenya.

Les bas-reliefs que Muta Mayola réalise dans la propriété de Charles Lejeune sur la corniche de N’Galiema font partie des rares sculptures de ce courant restées au Congo, la plupart ayant été achetées par des collectionneurs européens. Façonnées avec un petit couteau, un tesson de verre et un petit marteau, ses œuvres font preuve d’un exceptionnel sens de la composition.

Mayola et ses disciples deviennent célèbres sur tout le continent africain. Son neveu Benoît Konongo (1919-2007) ouvre la Galerie Konongo à Brazzaville, désormais tenue par son fils. La galerie est l’un des derniers haut-lieux de la sculpture congolaise, cette technique étant délaissée par la jeune génération.

L’influence de Grégoire Massengo (1910-1978) est immense entre 1950 et son décès. Il expose à Brazzaville dès 1940 avec son cousin Benoît Konongo. A l’instar de son oncle, il se voit confier la commande de sculptures pour une demeure de Kinkala (région du Pool). Le succès est tel que son village  de Kingoma est rebaptisé Massengo ! Entouré d’élèves et d’assistants, Massengo travaillera sans relâche jusqu’à la fin de ses jours. Ses bustes en bois de wengé et ses têtes géantes comptent parmi ses œuvres plus acclamées. Toutefois, la plus célèbre reste le buste de la reine téké Ngalifourou, réalisée à l’occasion de ses funérailles. Grégoire Massengo est choisi pour représenter son pays aux festivals des Arts Négro-Africains de Dakar en 1966 et de Lagos en 1977.

Essor de la photo

Victor Miakabana, dit Macabus compte parmi les premiers Congolais à adopter la photo pour exprimer son talent. Né en 1950, il débute en 1971 à une époque où les tirages sont envoyés en France pour être développés. Après avoir acquis les bases techniques auprès du photographe DeKoum à Brazzaville, il reçoit rapidement des commandes, dont celles du Président Marien Ngouabi. Chargé de couvrir les matchs de l’équipe congolaise de football, il parcourt le continent. En 1991, il réalise des portraits des dirigeants politiques lors des grandes conférences nationales.

Par la suite, les jeunes photographes désireux de percer rejoignent le collectif Génération Elili. Ensemble, ils montrent leurs  créations dans des lieux alternatifs : commerces, écoles, églises, marchés.

Robert Nzaou  développe la street photography. Venu à l’art par la musique, le rap et la poésie, Nzaou a une révélation en découvrant le travail d’Henri Cartier Bresson. Il adopte alors l’appareil photo pour raconter des histoires. Selon lui, seule une approche chromatique permet de retranscrire des images de l’Afrique. Dans ses photos magnifiquement graphiques, ses modèles sont mis en scène pour évoquer des thèmes universels comme l’alimentation. Il travaille par séries : la série Leki évoque la fratrie, Louzolo a pour thème l’amour. Dans ses dernières séries, il utilise le collage numérique pour assembler plusieurs clichés. Toujours dans cette volonté de proximité, Robert Nzaou lance en 2020 le concept « j’expose chez moi ». Le public est séduit par l’idée de se rendre chez l’artiste pour découvrir son travail.

En 2019, la naissance de la FAAP - Fédération Africaine sur l’Art photographique consacre ce mode d’expression au Congo-Brazzaville.

Art contemporain

Comme de nombreux de pays africains, le Congo est un creuset de l’art contemporain. L’explosion de talents attire les galeristes et les collectionneurs des quatre coins du monde. Depuis 2012, le Congo-Brazzaville accueille les Rencontres internationales d’art contemporain – RIAC. Des galeries privées ouvrent leurs portes. La Brazza Art Galerie, tenue par le collectionneuse Sandra Plachesi, devient la première galerie d’art contemporain à Brazzaville. Au programme : assurer la promotion des artistes de l’Afrique équatoriale, en mettant l’accent sur les talents des deux Congo. Toujours à Brazzaville, les Ateliers Sahm et le Centre d’exposition de l’Institut Français de Brazzaville soutiennent des projets de création innovants tout en mettant les jeunes artistes locaux en lumière.

L’art contemporain congolais a ceci de spécifique qu’il place l’humain et l’environnement au cœur de ses thématiques. D’un point de vue pictural, qu’il soit figuratif ou abstrait, il est joyeux et coloré.

Lauréate du Prix Dior de la photographie en 2020, Pamela Tulizo naît en 1994 à Bukavu. Elle s’est donnée pour mission de révéler une autre facette du Congo à travers ses photos. Fière de s’approprier une technique autrefois réservée aux hommes, elle prône l’égalité des sexes. Sa série « Double identité », renfonce sa notoriété internationale.

Le village Kati (5 rue Père Pierre à Pointe-Noire, quartier Loandjili)  abrite un espace de création artistique. Les fresques en façade sont réalisées par les graffeurs en résidence. Toujours à Pointe-Noire, l’histoire du Congo se déploie sur le long mur de l’école primaire de Tchimbamba. Une frise composée d’un entrelacs de personnages et d’événements marquants, qui exhorte à prêter attention à tous les arts.