Francophonie au Cameroun : un bond dans le temps

Directement issu de la colonisation, le système éducatif camerounais calque ses programmes sur les programmes européens (et notamment français), mais la plupart des établissements scolaires utilisent des manuels de seconde main, voire considérés obsolètes par l’Éducation nationale française et qui sont expédiés dans les écoles d’Afrique francophone. Les méthodes des professeurs, elles aussi, s’avèrent peu progressistes et même parfois très classiques et attachées aux manuels, à la discipline et à la récitation. Vous constaterez d’ailleurs que la grande majorité des écoliers de l’enseignement primaire revêtent chaque jour l’uniforme de leur établissement.

C’est un phénomène qui paraît simple mais qui a un impact considérable sur les écarts de culture que l’on peut encore constater aujourd’hui entre le Cameroun et la France par exemple, et ce depuis plus de quatre générations. On le constate surtout dans le parler local, le maniement des mots et le vocabulaire usuel en français du Cameroun (et en générale d’Afrique francophone).

Jusqu’à ce jour, en tendant l’oreille, on remarque très vite que les Camerounais parlent un français un peu désuet, utilisent des tournures que l’on n'entend plus beaucoup en France (sauf chez ses grands-parents), et qui donne aux conversations beaucoup de cachet et un charme certain.

Ainsi, des expressions comme « avoir du toupet » pour désigner le culot de quelqu’un, des verbes comme « disconvenir de quelque chose » pour exprimer son désaccord ou l’utilisation d’une « chignole » pour percer des trous dans un mur sont tout autant de mots du quotidien qui se mélangent à l’argot local pour faire de ce parler de tous les jours une langue haute en couleur.

Éducation

Au Cameroun, l’éducation tient une place importante dans la société et les mentalités, elle est depuis quelques années l’une des priorités du gouvernement. Une grande partie des enfants camerounais sont suivis scolairement et la plupart des villages sont pourvus d’écoles primaires et maternelles. Les lycées, eux, sont moins nombreux (environ 5 par département), mais il existe plusieurs types d’enseignements : public, laïc et confessionnel. En ce qui concerne l’enseignement supérieur, il y a 5 grandes universités publiques au Cameroun et une université confessionnelle. Les disciplines enseignées dans ces universités sont la médecine, le droit et les sciences politiques, les lettres et sciences humaines, les sciences, l'économie et la gestion. Il existe également quelques écoles spécialisées dans le domaine de l’électronique, de l’informatique, du journalisme, du secteur alimentaire. Le taux de scolarité pour l’école primaire est de 65 % et le taux d’alphabétisation de la population des plus de 15 ans est de 82 % (2017). Cependant le défi à relever n'est pas simple pour le pays qui souffre souvent d'une surpopulation dans les classes.

Contraception et naissances

Dans la société camerounaise, les statistiques affirment, sans surprise, que plus la femme est éduquée, plus elle utilise la contraception. Le pourcentage de femmes utilisant une méthode contraceptive passe de plus de 10 % chez les femmes non scolarisées à près de 50 % chez les femmes de niveau supérieur.

A savoir : plus de la moitié des naissances en zone rurale ont lieu à la maison. Ce taux s'affaiblit au fur et à mesure que l'on approche des villes, pour descendre à moins de 15 % à Yaoundé, la capitale.

La place de la femme dans la société

Dans la hiérarchie des rôles sexués de la société camerounaise, la femme a une position d’infériorité. Ainsi dans le discours, les opinions expriment encore ouvertement l’adhésion aux modèles traditionnels qui imposent à la femme de vivre sous les contraintes imposées par le cadre du patriarcat. Ces normes sont issues de la tradition de plusieurs ethnies et font partie intégrante du processus de socialisation des individus. Pour autant, dans le contexte actuel, les comportements s’en écartent de plus en plus, montrant un réelle évolution sur ce sujet.

Dans la plupart des ethnies du Cameroun, le mariage traditionnel est une alliance entre deux familles dans le cadre de laquelle la femme est échangée contre une compensation matérielle (la dot).

Dans cette transaction, la femme choisit un futur mari parmi ses prétendants et en cas de divorce, dans certaines ethnies, l’homme ne peut que se plier à la décision de la femme de le quitter pour un meilleur parti.

Par contre chez les Peuls (Nord Cameroun), le mariage est aussi arrangé par les deux familles mais la femme, bien souvent très jeune, n’a pas l’occasion d’exprimer son choix au moment du mariage.

La polygamie est toujours pratiquée au Cameroun dans certaines ethnies. Les premières épouses peuvent intervenir dans le choix d’une nouvelle épouse. Il existe un jeu de subordination et de prérogatives attribuées par ancienneté dans la structure familiale polygame.

Au sein d’une société encore empreinte de traditions difficiles à briser et dans laquelle la femme est clairement assignée aux aspects purement ménagers, on remarque tout de même l’exercice subtil d’une autorité de la femme sur les finances du foyer. En effet, l’entreprenariat est l’un des traits de caractère de la société camerounaise actuelle, et les conditions de vie difficiles des classes populaires imposent depuis des générations une participation active de la femme aux revenus du foyer.

Dans les zones rurales, les femmes cultivent les champs et en vendent les récoltes sur les marchés, tandis qu’en ville elles montent des petits commerces de restauration rapide, investissent les marchés de la coiffure et de la beauté (un marché florissant au Cameroun), revendent toutes sortes de marchandises, enseignent, et depuis peu conduisent des taxis et effectuent de la livraison à domicile. Elles épargnent et se réunissent lors de « tontines », des réunions de cotisations mensuelles qui permettent à chacune des membre de bénéficier une fois dans l’année de l’ensemble des fonds mis en commun, dans le but de réaliser un projet de son choix.

La place de la femme au sein de la société camerounaise n’est pas sans subtilités ni sans complexités, et bien que de nombreuses avancées vers l’égalité hommes-femmes soient encore à atteindre, elles font déjà l’objet d’un  combat de tous les jours.