Démographie et développement

Même s’il est difficile d’obtenir des chiffres récents, on estime en 2021 que le Cameroun compte 27,2 millions d’habitants. La même année, on estime la croissance démographique à 2,6 %, avec un taux de natalité autour de 35 %. Le taux de mortalité est en baisse avec 8,58% depuis 2021, (avec un taux de mortalité infantile qui s’élève à 5%) et l’espérance de vie est aujourd’hui de 60 ans.

La population urbaine représente aujourd’hui 59 % de la population totale. Enfin, la population du Cameroun est jeune : 60 % de la population a moins de 25 ans. Yaoundé, capitale et important centre administratif, compte environ 3 millions d’habitants (2020). Douala, elle, est la capitale économique du pays et compte aujourd’hui un peu plus de 4 millions d’habitants. Les autres villes importantes du pays, comme Maroua et Garoua au nord, et Bamenda à l’Ouest, se situent sur une échelle beaucoup plus réduite, ne dépassant guère le demi-million d'habitants.

La répartition de la population est très inégale, avec trois zones beaucoup plus densément peuplées : les Grass Fields, c’est-à-dire les plateaux fertiles qui s’étendent entre le mont Cameroun et le début des plateaux de l’Adamaoua (l'Ouest : une région habitée notamment par les Bamilékés), les plaines du Nord et les monts Mandara et Atlantika voisins, enfin la région de Yaoundé. Ces trois régions ont une densité de population (en dehors des villes) dépassant les 50 hab./km2 (avec des pointes à 100 dans certaines zones), pour une moyenne nationale supérieure à 44,8 hab./km2. Avec un IDH (indicateur de développement humain) de 0,576 (PNUD 2022), le Cameroun se place en 153e position mondiale sur 191.

Population et langues

Outre les 250 dialectes que vous pouvez entendre sur l’ensemble du territoire camerounais, les deux langues officielles sont le français et l’anglais. Les francophones représentent environ 80% de la population, et les anglophones, soit 20% de la population, sont concentrés dans les territoires de l’Ouest (plus exactement les provinces du Sud-Ouest et du Nord-Ouest) qui, avant l’indépendance, étaient sous domination britannique.

La langue anglaise est moins présente pour des raisons essentiellement historiques : les Anglais se sont appuyés dans leur administration sur les potentats locaux à qui était déléguée une large part de la gestion des territoires. Les Français, quant à eux, ont privilégié une administration forte s'appuyant sur des Camerounais francisés (de par la langue mais aussi la culture). Cependant, le bilinguisme est présent sur tout le territoire ; dans les écoles des zones francophones, la deuxième langue est l'anglais, et dans les écoles de la zone anglophone, on apprend le français en deuxième langue.

A côté de ces deux langues officielles, on relève un très grand nombre de langues locales et de dialectes (plus de 250, soit pratiquement autant de langues que d’ethnies), qui contribuent largement à l’affirmation des différentes ethnies vivant dans le pays. Parmi ces dialectes, appelés « patois » par les Camerounais, certains sont plus utilisés que d’autres. C’est le cas par exemple de l’ewondo, du peul, du bassa, du douala, du bamoun, du boulou, du batanga et, bien sûr, du fameux pidgin, que l’on appelle aussi « broken english », sorte de créole issu de l’anglais assez répandu au Cameroun.

Ethnies

Le Cameroun n’est pas seulement une terre aux multiples paysages, c’est aussi une véritable mosaïque de peuples africains avec pas moins de 250 ethnies différentes, ce qui lui vaut le surnom d’Afrique Miniature.

Le pays est au croisement de deux groupes ethniques importants, les peuples soudanais du nord (Toupouri, Moundang, Massa) et les Bantous du sud. Les peuples Bantous représentent d’ailleurs une large part de la population camerounaise, surtout lorsque l’on y ajoute des peuples apparentés (dits semi-Bantous) tels que les Tikars, les Bamouns ou les Bamilékés, installés essentiellement dans l’ouest et le nord-ouest du pays. On obtient alors un total de plus de 4 millions de personnes, parmi lesquelles on compte environ 700 000 Bamilékés, peuple d’entrepreneurs connu pour être très influent dans les milieux d’affaires. Outre les peuples Toupouri, Moundang, Massa et Kotokos du nord et les Bantous du sud, les Arabes Choas et les Peuls (ou Foulbés) peuplent également le Nord et sont estimés à 350 000 individus.

Bamouns et Bamilékés, Kirdis et Foulbés

L’Histoire des peuples du Cameroun n’est pas sans affrontements et luttes de pouvoir et de territoire. Et des flux migratoires importants ont marqué jusqu’à présent le paysage ethnique du pays.

Les Bamouns et les Bamilékés sont deux ethnies de l’ouest du Cameroun. Les Bamouns sont des Tikars, éleveurs arrivés au XIIIe siècle, avec la maîtrise du fer et des chevaux. Ils se sont implantés dans la région de Foumban et de Foumbot, non sans conflits avec les Bamilékés qui occupaient ces terres. Cette rivalité ancestrale a abouti à la séparation actuelle de part et d'autre du fleuve Noun : les Bamouns au nord du fleuve, avec leur capitale Foumban, et les Bamilékés au sud, à Bafoussam.

Les Kirdis et les Foulbés sont deux ethnies du nord du Cameroun. Les Foulbés sont des pasteurs nomades qui à la fin du XVIe siècle se déplacent d’ouest en est jusqu’à atteindre le lac Tchad. Au siècle suivant, ils s’installent dans l’Adamaoua et finiront, encore un siècle plus tard, par refouler les Kirdis, ce groupement d’ethnies du nord Cameroun au Tchad péjorativement considérés comme « païens » car ne pratiquant pas l’islam.

Une mosaïque haute en couleur

Pour illustrer la diversité de ces ethnies, on peut dans certains cas s’appuyer sur des caractéristiques et types physiques comme à l’exemple des Kotokos, particulièrement grands, vivant dans l’Extrême-Nord du pays, et celui des Pygmées, particulièrement petits (ils seraient 15 000 et représentent les plus anciens habitants du Cameroun), qui peuplent les forêts du sud et de l’est.

Mais les différences entre les ethnies qui peuplent le Cameroun se traduisent au-delà de la langue, et s’expriment également dans la culture. De la religion aux mœurs en passant par  la musique, la danse, les coloris des tissus et les tenues traditionnelles, la gastronomie… cette diversité ethnique saute aux yeux de ceux qui découvrent le pays, et représente tout le sel d’un voyage au Cameroun.

Bien entendu, qui dit diversité dit rivalités bon enfant et clichés populaires. Aussi, si les Bamilékés sont taxés d’être proches de leur argent et respectés pour être de véritables magnats du business et de l’immobilier, les ethnies du Nord sont réputées pour faire preuve d’intégrité et de loyauté, et pour faire beaucoup d’enfants. Les Doualas sont connus pour leur sens de la famille et leur langue mélodieuse et douce à l’oreille. Ce sont également de talentueux musiciens. Les Bassa représentent aujourd’hui la lutte pour l’indépendance et leur prise de position au cours de l’histoire leur vaut un statut d’incorruptibles combattants. Les Batangas quant à eux peuplent la côte atlantique et sont de grands pêcheurs. Ils sont connus pour leur culture mystique en rapport à la mer et ses créatures de légende (les mami wata, sirènes qui peuplent les eaux de la région). Les Ewondos et les Beti, peuples de Yaoundé et de la région du Centre, sont connus pour leur force de caractère, leur goût pour le maniement des mots mais aussi leur sens de la fête. Ils sont également connus pour être de très bons musiciens.

Bien sûr, toutes ces caractéristiques sont à prendre avec humour et second degré, et elles alimentent au quotidien les rapports entre ces ethnies dont la cohabitation globalement harmonieuse est à souligner. Les rares tensions doivent être lues à travers la grille de la répartition des terres et des richesses plus qu'à travers la grille ethnique. Ces tensions peuvent porter sur des conflits d'exploitation des terres entre agriculteurs et éleveurs notamment. La notion de tribalisme a longtemps été au cœur des débats mais c'est une notion qui, bien que toujours présente au sein de la société, fait l'objet d'une sensibilisation accrue auprès des jeunes générations.

Le parler du pays

Au restaurant

Tournedos : gargotes.

Frites de pommes : pommes frites (de pommes de terre).

Frites de plantain : frites de bananes plantains.

Jus : sodas du type Coca-Cola, Djino, Top...

Glaçé ou non-glaçé : si vous aimez votre boisson fraîche ou à température ambiante, au choix.

Couscous : la boule, le plus souvent de maïs, de tapioca ou de manioc, (mais selon les régions elle peut être de mil ou de riz). Une pâte épaisse en forme de boule, qui s'accompagne de sauces diverses et variées. Pour commander un couscous tel que vous l'entendez, précisez « couscous algérien ».

Soya : brochette de viande grillée « façon sahel », se trouve dans les tournedos ou 50/50 (50 brochettes à 50 francs pièce). La queue devant ces échoppes vous indiquera les meilleurs coins où déguster la fameuse viande grillée.

Pain chargé : Sandwich à l’omelette dans lequel vous pouvez ajouter spaghettis, oignons, tomates et piment au choix !

Dans les transports

Benskin : motos-taxis, très nombreux à Douala, et dans les villes intérieures comme Kribi, Maroua, Ngaoundéré. Certaines villes comme Buéa en sont dépourvues.

Laisse-moi ici : je suis arrivé à destination.

Dépôt ! : ce que vous hèlerez au taxi qui ralentit à votre hauteur si vous souhaitez être seul dans le taxi.

Argent

Etre foiré : être à sec, ne plus avoir un seul sou.

Feyman : escroc, richesse exposée d'origine inconnue.

Frapper : tromper, arnaquer.

Entre nous

La nga / la go : la fille.

Le njoka : la fête, l'ambiance.

Faire le faro faro : frimer à outrance ou faroter : montrer qu'on donne du pourboire.

Faire le nianga : se faire belle, se faire beau : « Hum, même pour aller aux toilettes, on fait le Nianga ! ».

Depuis : depuis longtemps : « Je suis arrivé depuiiiiiiiis ! »

On est ensemble : on reste en contact (pour se dire au revoir).

Faire le kongossa (ou kongosser) : se raconter des potins, des rumeurs. Sport national camerounais.

C'est comment ? : Comment vas-tu ?

On dit quoi ? : Quoi de neuf ?

Tu dis ? : Pardon ?