Découvrez le Cameroun : A l'écran (Cinéma / TV)

Apparu dans les années 1960, après l'Indépendance, le cinéma camerounais est surtout fait de quelques figures marquantes, à défaut d'avoir réussi à se développer pour créer une véritable industrie cinématographique nationale. Pour autant, les productions de Jean-Pierre Dikongué Pipa, Daniel Kamwa ou Thérèse Sita-Bella ne manqueront pas de vous séduire par leurs histoires touchantes et leurs récits puissants. Aujourd'hui, alors que le cinéma camerounais renaît de ses cendres après quasiment une décennie sans grand écran, de nouvelles générations de cinéastes dévoilent des œuvres modernes et poignantes. Le cinéma d'animation, malgré les contraintes et les défis qu'il représente, semble être l'un des nouveaux atouts du Cameroun à l'international. Preuve en est la sélection à Annecy du long métrage La Grotte Sacrée, une prouesse technique et une œuvre qui fera date. De quoi présager de belles années de cinéma pour les générations à venir.

Le cinéma camerounais, une histoire en devenir

Si le cinéma a peut-être fait des incursions au Cameroun avant 1919, il faut attendre cette date pour qu'y soit tourné le premier film de l'histoire du pays, alors sous domination coloniale française. Un court métrage documentaire intitulé Haut-Commissariat de la République française au Cameroun, plutôt à tendance anthropologique et d'un intérêt artistique moindre. Ce n'est que dans les années 1960 que les artistes locaux prennent la caméra en main et tournent les premiers films camerounais. Une histoire du cinéma national qui débute en France, où le réalisateur Jean-Paul Ngassa tourne Aventure en France, un court métrage mettant en scène la situation des étudiants camerounais dans la métropole. L'année suivante, c'est la journaliste et réalisatrice Thérèse Sita-Bella qui réalise Tam-tam à Paris, devenant du même coup l'une des premières cinéastes africaines. Ce film, suivant la compagnie de danse nationale camerounaise à Paris, contribue à placer le cinéma camerounais sur la scène internationale francophone. Il faut néanmoins attendre 1966 pour que Dia Moukouri tourne le premier long métrage sur le sol national, intitulé Point de Vue N°1.

Dans les années qui vont suivre, le cinéma camerounais sera représenté par trois réalisateurs phares : Jean-Pierre Dikongué Pipa, Daniel Kamwa, et enfin Jean-Paul Ngassa de retour au pays dès la fin des années 1960. Né en 1940, Dikongué Pipa est auteur de théâtre et de cinéma, et contribue à la renommée internationale du Cameroun avec des films comme Muna Moto (1975) et Le Prix de la Liberté (1978). Muna Moto oscille entre passé et présent pour raconter l'histoire touchante d'un couple au mariage impossible. Un film puissant qui ira jusqu'à faire partie de la sélection de la Mostra de Venise, après avoir remporté plusieurs prix internationaux. De son côté, Daniel Kamwa réalise son premier film Boubou-cravate en 1973. Né en 1943, il a tourné et produit des longs métrages remarqués, dont Turbulences (2015). Un film d'animation coproduit avec l'Afrique du Sud et mettant la mécanique du conte au service d'un récit sur l'émigration clandestine.

Dans les années 1990-2000, c'est une plus jeune génération de cinéastes qui reprend le flambeau de ces pères du cinéma camerounais. Un art qui se déploie à cette époque sur les écrans internationaux, mais aussi sur les canaux télévisuels et numériques, bien plus présents au Cameroun que le cinéma en lui-même, alors complètement anéanti par des taxes sur les salles et le pouvoir de la télévision.

De cette période, on retiendra Quartier Mozart (1992), premier film du cinéaste touche-à-tout Jean-Pierre Bekolo. Bekolo poursuivra sa carrière en produisant des films de science-fiction (Les Saignantes, 2005) mais aussi des documentaires, des séries et des films aux thèmes variés mais souvent irrévérencieux et critiques du pouvoir en place au Cameroun. Son film Le Président (2013) sera d'ailleurs interdit de projection dans son pays, du fait de son caractère jugé trop politique par les autorités locales. Une censure malheureusement très présente au Cameroun, encore aujourd'hui.

Plus près de nous, la réalisatrice Joséphine Ndagnou tourne Paris à tout prix en 2008, et réussit à rameuter les foules dans les derniers cinémas du pays. Mais ce n'est qu'un soubresaut avant un coup d'arrêt brutal en 2009 : les trois dernières salles du Cameroun ferment leurs portes, laissant les cinéastes sans écrans – hormis ceux des institutions internationales – pour faire découvrir leurs œuvres auprès de leur public. Il faut attendre 2017 pour que les écrans de cinéma refassent leur apparition au Cameroun, sous la houlette du groupe Vivendi et de leur chaîne CanalOlympia. Mais heureusement, ce n'est pas ce manque d'écrans qui empêche les cinéastes de produire des films captivants, notamment dans le domaine du cinéma d'animation. Après Turbulences de Daniel Kamwa, le premier long métrage d'animation entièrement réalisé au Cameroun sort en 2017 sous le titre Minga et la cuillère cassée. Un film de Claye Edou, devenu aujourd'hui l'un des producteurs-réalisateurs les plus influents du pays. Il produit notamment Kankan en 2022, biopic du réalisateur Joseph Akama centré sur la vie de Dieudonné Afana ou Jean Miché Kankan, l'un des grands comiques africains du vingtième siècle. Tout récemment, les cinéastes Daniel Minlo et Cyrille Masso sont venus présenter au prestigieux Festival d'Annecy leur long métrage d'animation La Grotte Sacrée, sélectionné en compétition Contrechamp. Preuve que le cinéma camerounais a de beaux jours devant lui, pourvu que les pouvoirs publics et les producteurs internationaux s'intéressent à ce vivier de cinéastes en devenir.

Quelques films tournés au Cameroun

En 1988, Claire Denis tourne au Cameroun son premier long métrage, Chocolat. Elle y raconte ses souvenirs d'enfance à travers du personnage de France. Un récit intime entre passé et présent, par une réalisatrice qui deviendra l'une des grandes figures du cinéma français. Mais au-delà de ce tournage, force est de constater que le Cameroun et son industrie du cinéma peu développée n'ont pas attiré beaucoup de cinéastes. C'est plutôt dans les années 1980 qu'il faut chercher les quelques tournages notoires sur le sol camerounais, et notamment Greystoke : la légende de Tarzan, avec Christophe Lambert dans le rôle du seigneur de la jungle. Une adaptation plutôt croustillante par son côté vintage. Christophe Lambert poursuit une carrière prolifique par la suite, puisqu'on le retrouve notamment deux ans plus tard dans le culte Highlander aux côtés de Sean Connery. Un classique toujours aussi impressionnant aujourd'hui.

Voir du cinéma au Cameroun

Depuis l'ouverture du CanalOlympia de Douala et de celui de Yaoundé en 2016 et 2017, le cinéma fait de nouveau partie de la vie des camerounais. En 2021, le Genesis Cinema, autre complexe issu d'une chaîne d'exploitations internationales, a également ouvert à Douala, donnant la possibilité aux spectateurs de découvrir les derniers blockbusters dans des conditions idéales. Enfin, la salle de cinéma de l'Institut Français reste encore en activité, et propose des projections de films d'art et essai, pour les amateurs friands de culture et de septième art.

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