3 millions d'années à 8 000 av. J.-C.
La préhistoire
Les traces d’occupation humaine au Cameroun remontent au paléolithique, avant que ne commence la migration progressive des populations du nord vers le sud.
700 av. J.-C.
Les migrations bantoues
C’est la zone des Grass Fields (aussi appelée Grassland, vaste région de savane des hauts plateaux volcaniques s’étalant sur les régions du Nord-Ouest et de l’Ouest) qui voit apparaître les premières implantations bantoues, l’un des principaux groupes ethniques du pays. En parallèle à l’implantation bantoue dans tout le Sud du pays, les territoires du Nord voient arriver des peuples migrateurs originaires du Soudan, faisant déjà du Cameroun une zone de contact entre des civilisations différentes.
500 ans av. J.-C.
Les premiers écrits
La notion d’Histoire est intimement liée à l’écriture, et c’est au Ve siècle av. J.-C. que date le premier texte qui évoque le « Char des dieux », nom qui avait été donné au Mont Cameroun par les explorateurs venus d’Afrique du Nord. C’est Hannon, explorateur et navigateur carthaginois ayant entrepris de longer les côtes africaines en franchissant le détroit de Gibraltar qui en fit un récit en phénicien, retrouvé dans un temple de Carthage. L’histoire du Cameroun est avant tout liée à l’arrivée de différentes vagues de peuplement, et se retrace au travers de vestiges, gravures et monuments témoignant de ces passages.
VIIIe siècle
La diffusion de l’Islam
Les civilisations soudaniennes se développent successivement dans tout le Nord du Cameroun, autour du lac Tchad. Et c’est dans cette partie du pays que s’étend progressivement la religion islamique, emmenée par l’empire du Kanem-Bornou à partir du VIIIe siècle. C’est toujours au cœur du VIIIe siècle que s’implantent à leur tour les premiers groupes peuls (aussi appelés foulbés) eux aussi de confession islamique, et originaires du Nigéria. L’influence de ce peuple de cavaliers s’étend de la région des monts Mandara jusqu’au sud de l’Adamaoua et ses épaisses forêts tropicales, infranchissables à cheval.
XVe siècle
Les premières explorations européennes
Les Européens commencent à naviguer le long des côtes africaines, à commencer par les Portugais. Ce sont les premiers explorateurs, avant les premiers colons, qui lieront l’histoire du Cameroun à celle de l’Europe.
1472
L’origine du nom Cameroun
Le navigateur Fernando Poo parvient à remonter l’estuaire du Wouri (près de Douala). C’est lors de sa traversée du Wouri qu’il sera frappé par l’abondance de crevettes dans les eaux du fleuve qu’il baptisera « Rio dos Camarões » qui veut tout simplement dire la « rivière des crevettes » en portugais. Avec le temps, l’arrivée d’autres peuples et l’influence d’autres langues, Rio dos Camarões deviendra Cameroun.
Malgré les quelques comptoirs portugais qui y sont installés (où l’on échange du sel, des étoffes, de l’alcool et des armes contre de l’or, de l’ivoire, de l’huile de palme) et le développement des activités peu glorieuses des négriers (le commerce se fait notamment avec les chefs des tribus côtières), le pays intéresse relativement peu les Européens.
1494
Le traité de Tordesillas fait de l’Afrique la chasse gardée des Portugais.
XVIIe siècle
De nouveaux arrivants
En 1641, les Portugais sont chassés par les Hollandais.
XVIIIe siècle
Les Hollandais s’effacent à leur tour devant les Anglais en 1732, alors en lutte contre la traite des esclaves dans le golfe de Guinée. Les Occidentaux renforcent les liens progressivement noués avec l’ethnie des Bamilékés, constituée quant à elle d’une multitude de chefferies implantées dans l’ouest du pays. Mais ce sont surtout les Doualas, installés autour de l’embouchure du Wouri (ils donneront leur nom à la plus importante ville du pays, aujourd’hui capitale économique du Cameroun), qui vont peu à peu ouvrir la porte à la conquête coloniale européenne, à savoir, dans un premier temps, celle des Allemands.
XIXe siècle
Conflits, esclavage et colonisation : l’Histoire s’emballe
De nombreux conflits éclatent dans le Nord et les attaques du nord vers le sud ne cessent d’accroître.
A l’ouest, les Bamouns et les Bamilékés résisteront aux attaques foulbés qui se diviseront peu à peu en groupes dirigés par de nombreux lamibé (pluriel de lamido, chefs musulmans) qui finiront par s’affronter entre eux.
Un important trafic d’esclaves a lieu le long des côtes africaines, d’Afrique de l’Ouest en Afrique australe, (commerce triangulaire) et le premier traité interdisant ce commerce honteux est d’ailleurs signé en 1840 par les rois Akwa et Bell de Douala et le gouvernement anglais.
Pour toutes ces raisons, le Cameroun connaît d’importants mouvements de population.
1868
Mise en place de la colonisation allemande, qui se développe à partir de la côte où les premiers commerçants allemands, acceptés par les Doualas, fondent leur premier comptoir commercial.
1884
L’Empire allemand décide de développer ses colonies. Le climat d’entente qui règne entre les Allemands et le peuple Douala (lui-même déçu par le refus des Anglais deux ans auparavant d’assurer un protectorat sur le Cameroun) est propice à l’instauration du traité germano-douala, signé entre deux firmes commerciales allemandes et deux chefs Douala.
À partir d’une première base dans la région du Wouri, les Allemands étendent progressivement leur contrôle sur tout le Cameroun.
Ils établissent tout d’abord leur capitale à Buéa (le palais du gouverneur Von Putkamer est encore là, aujourd’hui, pour en témoigner), fuyant le lourd climat du littoral pour le climat plus doux (mais pas moins humide) des pentes du mont Cameroun.
Toutefois, à la suite de plusieurs tremblements de terre et éruptions volcaniques, ils se résignent à abandonner Buéa et fondent une nouvelle capitale à Yaoundé. S’en suivront des négociations avec les Anglais dans l’optique de conforter le protectorat allemand sur le Cameroun, ainsi que des échanges de territoires supplémentaires avec les Français contre la non-intervention allemande au Maroc.
1916
Dans le contexte la Première Guerre mondiale, le Cameroun devient une colonie administrée par la France de facto.
1919
Après la fin de la Première Guerre mondiale, l’Empire colonial allemand est définitivement démantelé et partagé par le traité de Versailles entre les pays vainqueurs, notamment la France et le Royaume-Uni. Le Cameroun est séparé en deux (la partie anglaise et la partie française). Les puissances européennes reçoivent comme mission de la Société des Nations (SDN) de conduire ces territoires à l'autonomie dans les meilleurs délais. La non-application du mandat de la SDN, notamment par la France, est un élément clé de l'histoire contemporaine camerounaise. Le Cameroun n'a jamais été légalement une colonie française, et tous les Camerounais, de Ruben Um Nyobé à la tribune de l'ONU jusqu'à maintenant, vous le rappelleront.
Les deux occupants, en particulier les Français, poursuivent le développement économique initié par les Allemands, avec la construction d’infrastructures (voies ferrées, routes, missions sanitaires) et la mise en place de grandes plantations (de cacao et de café notamment). Avec l’appui d’importants programmes en matière d’enseignement ou d’amélioration de la santé, ces efforts aboutissent à une homogénéisation progressive des différents territoires : le Cameroun prend forme.
A partir de 1920
Vers un Cameroun francophone
Le traité de Versailles avait départagé les territoires, mais les Allemands n’avaient pas cédé le terrain de bonne grâce. Sur place, une véritable campagne de fidélisation des populations à la présence française est entrepris, à travers de grands travaux : c’est ainsi que voit le jour la principale ligne de chemin de fer du pays, qui relie Yaoundé et Douala, les deux villes les plus importantes du pays. Dans le domaine social et éducatif, l’enseignement en langue française intervient dès 1923, et le gouvernement désigne pour priorité les enjeux de santé publique. Peu à peu, les structures et entreprises « germanisées » et pour certaines « germanophiles », sont progressivement « francisées ».
De 1940 à 1945
Les premiers pas vers l’indépendance
A l’aube de la Seconde Guerre mondiale, Douala est prise et occupée militairement par les Alliés. Dès la fin de la guerre en 1945, alors que tout semblait aller dans le sens de la colonisation française, les premiers mouvements indépendantistes voient le jour.
A partir de 1945
La route de l’indépendance
Les pays colonisés entendent fonder un nouvel ordre. Profitant de l'affaiblissement des puissances coloniales par la guerre et l'envoi de combattants morts en Europe, les colonies réclament l'indépendance. Dès 1946, la lame de fond du mouvement de décolonisation est lancée. Le Cameroun change de statut en passant d’un régime de mandat à un régime de tutelle.
1948
Un tournant vers l’indépendance
A Douala ont lieu les débats, sous forme d’états généraux, sur la structure coloniale du pays. Après toutes ces années de bouleversement de l’ordre mondial, la proclamation d’un « retour à l’ordre » signifiant un retour vers un colonialisme assumé et accepté n’est pas du goût des élites intellectuelles du pays, ni d’ailleurs du peuple camerounais. En effet, ce dernier voit poindre la possibilité d’une liberté possible, légitimée par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée par les Nations Unies en 1948. C’est donc sous la forme d’une lutte sociale et syndicale (sur fond de grèves) que se manifestent les premiers mouvements contestataires au sein du pays. C’est également en 1948 qu’est fondé L’Union des Populations du Cameroun (UPC) par Ruben Um Nyobè, principal parti nationaliste.
Ruben Um Nyobé, alors personnalité politique d’ethnie bassa, se fait alors porte-parole de la lutte armée pour l’Indépendance du Cameroun. Qui dit lutte armée dit troubles et affrontements de plus en plus violents : grèves, manifestations puis émeutes : le Cameroun est plongé dans un cycle inexorable. C’est dans ce contexte tendu que les Français tentent tant bien que mal de poursuivre les travaux entrepris et dont ils entendent bien recueillir les bénéfices.
De 1955 à 1960
Au cœur des luttes indépendantistes
À la suite d’affrontements plus durs dans la semaine du 22 au 25 mai 1955 (émeutes de Douala et de Yaoundé), l’UPC est dissoute par le gouvernement français et les militants upécistes, dont Um Nyobé, entrent en dissidence et gagnent le maquis.
Il s’agit au départ davantage d’une mise à l’écart que d’une véritable mise hors-la-loi, car le quartier général du leader est en réalité bien connu des autorités françaises dont l’intérêt n’est pas d’en faire un martyr. Um Nyobé quitte ainsi le devant de la scène et se voit contraint de s’enfuir à nouveau suite à l’intensification des mouvements insurrectionnels qui se font de plus en plus durs, mais aussi de plus en plus précis. Il continuera de diriger son mouvement dans la clandestinité.
1913 - 1958
Ruben Um Nyobè
Né vers 1913 non loin de Boumnyébel, dans le sud-ouest du Cameroun, Ruben Um Nyobè est l'un des précurseurs des indépendances en Afrique. Son histoire et son combat pacifiste des années 1950 ne sont connus que par une poignée d'intellectuels et d'écrivains engagés. Surnommé Mpodol, « celui qui porte la parole des siens » en langue Bassa, il est surtout connu comme le secrétaire général de l’Union des Populations du Cameroun (UPC), premier parti politique du pays. Lors de ses fonctions, il séjourna maintes fois aux Etats-Unis pour plaider la cause indépendantiste et réunificatrice qu'il a toujours défendue pour son pays.
Il est incontestablement la figure majeure du Cameroun Indépendant, auquel il a consacré sa vie.
C’est dans sa région natale, dans son maquis de Boumnyébel, qu’il fut assassiné en 1958 par la répression française, bénéficiant alors officiellement d’informations de source camerounaise au sein de l’administration coloniale française.
Ce n’est qu’en juin 1991 que Ruben Um Nyobé fut reconnu héros national, et bien que tout ait été fait pour qu’il sombre dans l’oubli, il fait partie intégrante de l’histoire du Cameroun et des Indépendances africaines. Sa bravoure, sa détermination et sa mémoire sont aujourd’hui saluées comme il se doit.
1957
André-Marie Mbida, alors nommé à la Commission des territoires d’outre-mer de l’Assemblée nationale française, est désigné Premier ministre et chef de l’Etat de facto du Cameroun autonome de langue française. Une forme de décolonisation partielle qui n’est pas du goût de la population locale, qui voit en Mbida le bras armé de l’Etat français dans la lutte contre l’UPC et ses représentants. Neuf mois plus tard, ce dernier se verra déchu de ses fonctions au profit d’Ahmadou Ahidjo, son Vice-Premier ministre.
1958
L’assassinat d’Um Nyobé
L’assassinat d’Um Nyobè par l’armée française est un élément traumatique de l'histoire camerounaise, et malgré les précautions prises par les colons (tombe anonyme, interdiction de mentionner le leader, etc.), le natif de Boumnyébel devient un symbole et un martyr.
Malgré la mort d'Um Nyobé, les choses ont trop changé pour qu’un retour en arrière soit possible. Les Camerounais gardent en tête le processus de démocratisation et leurs colons sont loin de l’ignorer. Mais pour l’administration coloniale, il était inenvisageable que le Cameroun indépendant soit dirigé par Um Nyobé, éliminé à cet égard.
1960
La naissance d’une République
L’indépendance est proclamée le 1er janvier 1960, (et sera entérinée en 1961 avec le rattachement du Cameroun britannique excepté le Nord du pays, alors encore adjoint au Nigéria) et le 5 mai de la même année, Ahmadou Ahidjo devient, à 33 ans, le premier président de la République du Cameroun.
1924-1989
Ahmadou Ahidjo
Ahmadou Ahidjo est né en 1924 non loin de Garoua, dans le nord du Cameroun. Télégraphiste, puis opérateur radio au sein de l’appareil administratif colonial depuis 1947, il fut ensuite élu conseiller à l’assemblée de l’Union française. Selon l’historien Adel Eyinga, Ahidjo serait également l’une des sources de l’administration française ayant contribué à la localisation de Ruben Um Nyobé. Il tient le pays en réprimant sévèrement l'opposition, et va jusqu'à la création du parti unique : l'Union nationale camerounaise, jusqu'en 1982, où il cède la main à Paul Biya. En avril 1984, alors qu'il est en voyage à l'étranger, le gouvernement de Biya l'accuse de coup d'Etat et le condamne à mort. Exilé au Sénégal, il s’éteint en 1989, laissant dans les jeunes esprits l’image d’un bon président.
1961
Unification du Cameroun anglophone et francophone en République Fédérale du Cameroun.
1972
Sous l’impulsion d’Ahmadou Ahidjo, le Cameroun devient une République unie.
1975
Paul Biya est nommé Premier ministre auprès d'Ahmadou Ahidjo.
1982 -
Paul Biya
Paul Biya est né le 13 février 1933. C’est en 1982, à 49 ans, qu’il arrive au pouvoir, suite à la démission d’Ahmadou Ahidjo. Alors Premier ministre, Paul Biya se voit honoré du titre de Président de la République du Cameroun. En 1994, il épouse Chantal Vigouroux, née en 1970 à Dimako, qui devient première dame du Cameroun mais aussi une des figures incontournables du pays.
1982
Paul Biya devient président de la République.
1984
Suite à des accusations de complot contre le président Biya, Ahmadou Ahidjo est condamné à mort par contumace et s’exile au Sénégal.
1985
Le parti du président Biya devient le RDPC, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais. L'idéologie du RDPC prône la consolidation de l'unité, de l'intégration et de l'indépendance du Cameroun. La sauvegarde des libertés fondamentales des citoyens ainsi que le développement économique du pays font également partie du programme annoncé par le parti unique. La création du RDPC marque le début d’une lutte farouche du gouvernement contre le multipartisme au Cameroun.
1990
Face à la pression populaire, le multipartisme et la liberté d’association sont reconnus par Paul Biya. S’en suivront cependant deux ans d’une surveillance accrue des opposants par le gouvernement, qui multiplie les arrestations et les incarcérations sous prétextes divers, ce à quoi le peuple répond par des mouvements de grève et des manifestations afin de faire valoir un réel processus démocratique.
1991
La CNPOA (coordination nationale des partis de l’opposition et des associations) est dissoute. Fragilisée, l’opposition se rend toutefois à la conférence organisée dans l’optique de l’organisation des élections législatives de 1992, où se trouve également le pouvoir en place ainsi que des représentants de la société civile.
1992
Sadou Hayatou est nommé Premier ministre. Le RDPC s’allie au MDR (mouvement pour la défense de la république) et les élections ont lieu dans la foulée : Paul Biya remporte les élection avec 40% des suffrages contre 36% à John Fru Ndi, son principal opposant. Ces résultats provoquent quelques troubles au sein du pays car ils sont sujets à caution par l’opposition mais également à l’international, en réponse le pouvoir se raffermit davantage, plaçant Fru Ndi en résidence surveillée.
1997
Après avoir tenté sans succès d’obtenir de l’état une commission de surveillance du scrutin des élections présidentielles, les partis d’opposition sont boycottés pour la grande majorité, sauf un qui obtiendra 2,5% des suffrages.
Paul Biya est à nouveau élu, cette fois pour 7 ans, et avec 92,5% des voix.
De 2004 à 2018
Paul Biya demeure, sans surprise, le candidat sortant des urnes lors des élections de 2004, 2011 et 2018.
2014
L'Extrême Nord face au terrorisme
L’Extrême Nord du pays est attaqué par Boko Haram, groupe terroriste djihadiste originaire du Nigéria. Utilisant secrètement le Nord Cameroun comme base arrière depuis 2003, les attaques sanglantes des villages frontaliers signent une déclaration de guerre au président Biya. En août 2014, Boko Haram prend possession de la ville de Gambarou au Nigéria, séparée de la ville camerounaise de Fotokol par le pont qui traverse l’El Beïd. Cette position stratégique est censée ouvrir la voie à Boko Haram sur l'axe routier menant à Kousséri, à la frontière tchadienne, sur lequel le groupe se ravitaille en divers trafics. Pour les habitants de Fotokol, le danger n'est qu'à un jet de pierre.
03 février 2015
L’armée tchadienne franchit le pont et chasse Boko Haram de Gambarou. Mais la secte parvient à franchir le pont dès le lendemain, massacrant plus d’une centaine de personnes lors de ce qui sera l’une des attaques les plus sanglantes du conflit. C’est à nouveau aux côté des soldats tchadiens que les forces camerounaises parviendront à reprendre Fotokol.
2016
Une guerre civile éclate en zone anglophone
A l’ouest du pays, à Bamenda, Buea et Limbe, des avocats et enseignants anglophones entament une grève qui se mue rapidement en un soulèvement populaire. En effet, la crise anglophone, comme elle est appelée, est née de la répression violente de manifestations initialement pacifiques ayant pour but de lutter contre une certaine marginalisation de la minorité anglophone, jugée comme peu représentée à l'échelle nationale. Les violences se sont intensifiées dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, entraînant un durcissement de la mobilisation, et son passage progressif à l’insurrection armée.
octobre 2017
Les mouvements séparatistes se regroupent sous la bannière de l'Ambazonie, nom qu'ils donnent à l'ancien « Cameroun méridional » qui avait été fédéré à la République du Cameroun en 1961, un état non reconnu et unilatéralement proclamé par les rebelles anglophones. Cet acte symbolique posé au plus fort des affrontements par les groupes séparatistes anglophones contribue à ancrer le conflit qui sera qualifié par la suite de guerre civile et qui, malgré un apaisement notable à partir de 2022, est encore à ce jour le foyer de tensions diverses.
De 2018 à 2024
Nord Cameroun : des tensions qui persistent
Au Nord, l'armée camerounaise, par le biais de son corps d'élite, le BIR (Bataillon d’Intervention Rapide), repousse les attaques terroristes sur près de 400 km de frontière et finit par reprendre le contrôle de la situation et repousse les djihadistes au Nigeria, et surtout au Niger où il sévissent désormais dans la zone du lac Tchad.
Cependant, cette guérilla qui a essuyé de nombreuses pertes humaines et dure depuis bientôt dix ans a ouvert la voie à diverses organisations criminelles qui opèrent dans l’ombre de Boko Haram, brouillant ainsi les pistes entre crime organisé et djihadisme. Bâtiments calcinés, commerces fermés, le Nord du pays porte encore aujourd'hui les séquelles de ces affrontements violents qui ont très fortement impacté l'économie de la région mais aussi les familles des victimes de ces attaques.
Janvier 2022
Le Cameroun accueille la Coupe d'Afrique des Nations
Initialement prévue en 2021 et reportée suite à la pandémie de Covid-19, la CAN 2022 est organisée au Cameroun qui avait reçu la compétition de football pour la dernière fois en 1972 (durant laquelle Ahmadou Ahidjo qualifie l'équipe du Cameroun de « Lions Indomptables », une expression qui perdure à ce jour). Malgré des retards et bien des aléas essuyés dans les nombreux chantiers entamés en vue de préparer l'évènement, le Cameroun accueille les supporters de football venus de toute l'Afrique spécialement pour l'occasion.
Dans le contexte du conflit séparatiste qui sévit encore en zone anglophone, c'est dans la controverse qu'aura lieu l'évènement qui fera l'objet de menaces de la part des groupes séparatistes, mais aussi de boycotts des populations anglophones n'ayant pas le cœur aux célébrations. Hormis les bousculades qui ont eu lieu à la sortie du stade (faisant jusqu'à 8 morts et plusieurs dizaines de blessés), aucune attaque n'a été enregistrée.
2024
Vers une transition politique
La santé du président Paul Biya, âgé de 91 ans, est au centre des préoccupations et la population reste suspendue à l'annonce éventuelle d'une disparition du chef de l'État. Bien que la majorité des Camerounais souhaitent que la transition vers l'après-Biya ait lieu dans la paix et la démocratie, la succession attise les ambitions personnelles et présage le risque d'une crise politique majeure. Les prochaines élections présidentielles se tiendront en 2025.