Structure étatique
La Constitution du 18 février 2006
La République démocratique du Congo est actuellement régie par la dernière constitution en date, promulguée le 18 février 2006. Elle consacre la RDC en tant qu’état de droit, indépendant, souverain, uni, indivisible, social, démocratique et laïc. Sous-tendu par un régime semi-présidentiel. Les institutions de la République, telles qu’énoncées à l’article 68, sont incarnées par le Président de la République, le Gouvernement, le Parlement, les Cours et Tribunaux.
Le Président de la République
La Constitution prévoit que le Président de la République est le Chef de l’Etat, élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Il nomme le Premier Ministre au sein de la majorité parlementaire. Mais possède ses propres prérogatives. Les actes réglementaires qu’il signe sont couverts par le Premier Ministre qui en endosse la responsabilité devant l’Assemblée Nationale. Celle-ci pouvant sanctionner le Gouvernement par l’adoption d’une motion de censure.
Le Gouvernement
Le Gouvernement se compose du Premier Ministre, de Vice-Premier Ministre, de Ministres d’Etat, de Ministres, de Ministres Délégués, et de Vice-Ministres. Le Premier Ministre est tenu d’assurer l’exécution des lois. Il dispose du pouvoir réglementaire, à l’exception des prérogatives réservées au Président de la République.
Le Parlement
Deux chambres composent le Parlement : l’Assemblée Nationale et le Sénat. Le Parlement vote les lois. Il contrôle le Gouvernement mais aussi les entreprises du portefeuille, les établissements et services publics. Bien que les Sénateurs représentent leur province, leur mandat est national. Ils sont élus au second degré par les Assemblées provinciales pour un mandat de cinq ans, et peuvent être réélus, tout comme les Députés.
La Justice
La Constitution proclame par ailleurs l’indépendance du pouvoir judiciaire. Ses membres sont gérés par le Conseil Supérieur de la Magistrature, composé exclusivement de magistrats. Les cours et tribunaux, selon leurs missions respectives, dépendent de trois ordres juridictionnels : la Cour de Cassation, le Conseil d’Etat, et la Cour Constitutionnelle.
Décentralisation
La décentralisation territoriale est consacrée par la Constitution en vue de consolider l’unité nationale. Depuis 2015, le découpage administratif du pays en 26 provinces, comprenant la ville-province de Kinshasa, est effectif. Chaque province dispose de son Assemblée et Gouvernement provinciaux. Les provinces et les autres entités décentralisées (la ville, la commune, le secteur et la chefferie) « jouissent de la libre administration et de l’autonomie de gestion de leurs ressources économiques humaines, financières et techniques ». Même si dans les faits certaines provinces sont mieux dotées que d’autres, ce qui n’est pas sans poser de problèmes…
Situation politique
Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, fils de l’opposant historique Etienne Tshisekedi, a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle contestée de décembre 2018. Lors de « la première transition pacifique » dans l'histoire du pays, il a remplacé Joseph Kabila à la tête de l’Etat depuis 2001. Parmi les mesures phares initiées sous Tshisekedi I, on peut pointer la gratuité de l’enseignement primaire, des réformes du secteur public, une grande visibilité à l’international, et une attention accrue visant la stabilisation dans l’est du pays. Et ce, malgré la reprise observée des conflits et la détérioration des relations diplomatiques avec le Rwanda voisin. Quelques scandales ont aussi émaillé le premier mandat de Felix Tshisekedi, dont notamment l’ambitieux « programme des 100 jours », marqué par de forts soupçons de corruption.
Félix Tshisekedi est officiellement candidat à sa réélection pour le prochain scrutin présidentiel annoncé pour fin 2023. Plusieurs poids lourds de la scène politique congolaise sont également dans les starting blocks, au gré d’alliances qui se font et se défont, à l’approche de la date fatidique. A supposer que celle-ci soit respectée, et que les élections ne soient pas reportées pour divers motifs (insécurité dans le pays…), comme cela a souvent été le cas ces dernières années en RDC.
Trois gouvernements se sont succédé lors du premier mandat de Felix Tshisekedi. Celui-ci a mis en place début 2021 une nouvelle alliance politique baptisée « Union sacrée », faisant voler en éclat la coalition précédente établie à l’issue des élections en 2019 avec la famille politique de Joseph Kabila. Le 15 février 2021, après avoir pris la présidence tournante de l'Union Africaine, Le Président Tshisekedi a nommé Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge comme premier ministre à la tête d’un second gouvernement formé en avril 2021. Celui-ci a été reconduit à ses fonctions en janvier 2023, malgré des remaniements ministériels qui ont notamment conduit deux anciens candidats à la présidentielle, Jean-Pierre Bemba et Vital Kamerhe, à entrer dans un nouveau et troisième gouvernement, à quelques encablures de la date annoncée des prochaines élections.
Sécurité
La paix et la sécurité ne sont toujours pas rétablies sur l’ensemble du territoire, et singulièrement à l’Est, dans les provinces meurtries des Kivu, de l’Ituri, et du Tanganyika notamment. Le Président Tshisekedi a proclamé un état de siège, et placé en mai 2021 un commandement militaire à la tête des provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri face à « l’aggravation des violences », qui semble durer... Le Kasaï, au centre du pays, a également connu des troubles en 2016-2017, du fait de conflits internes, mais un calme relatif semble être revenu. La vie quotidienne continue néanmoins au sein des principales villes de ces provinces, non dénuées d’atouts, et qui restent accessibles aux visiteurs, tout comme les sites touristiques aux alentours (dont les parcs nationaux des Virunga et de Kahuzi-Biega, au Kivu). Même s’il reste néanmoins utile de s’informer au préalable de la situation précise avant d’entreprendre un voyage dans ces régions.
Economie
Parmi les fragilités récurrentes de la RDC, on peut pointer la faiblesse des infrastructures (énergie, transports, télécommunication), le manque d’exploitation agricole malgré l’énorme potentiel du pays en la matière, la faible gouvernance, et l’activité des groupes armés dans la partie orientale. Premier producteur mondial de cobalt et premier producteur de cuivre d’Afrique, son PIB par habitant se chiffrait à 488$ en 2021.
L’économie de la RDC reste trop tributaire du secteur minier, avec 95% d’exportations de matières premières (dont 40% de cuivre et cobalt destinées à la Chine). Ce qui la rend très dépendante de l’évolution des cours mondiaux, et très peu redistributive. Le niveau de pauvreté de la population congolaise demeure alarmant, la situation s'étant encore aggravée à la suite de la pandémie de Covid-19. Ici comme ailleurs, la guerre en Ukraine et la hausse consécutive des prix mondiaux de l’énergie et de l’alimentation, ont également entraîné des répercussions au niveau du pouvoir d’achat, déjà extrêmement faible, des habitants. Avec une montée du taux d’inflation moyen à 9,2% en 2022.
Niveaux de pauvreté et grandes disparités
Selon la Banque Mondiale, 62% de sa population, soit 60 millions de personnes, vivait avec moins de 2,15 dollar par jour en 2022. Principalement en zones rurales et aux alentours des grandes villes, du fait précisément de l’exode rural. D’énormes disparités existent entre la grande majorité de la population (sur)vivant dans ces conditions, une petite classe moyenne et urbaine émergente, et des catégories plus nanties que l’on trouve essentiellement au sein des grandes villes, ou provenant des diasporas. Sur le plan de l’indice de développement humain (IDH) – censé mesurer la qualité de vie moyenne de la population d’un pays (santé, espérance de vie, scolarisation, pouvoir d’achat…), et que l’on calcule en marge du PIB – la RDC se place au 175e rang mondial sur 189, selon un rapport du PNUD de décembre 2020.
Perspectives et croissance
Toutefois les perspectives de croissance seraient encourageantes selon les analystes. La baisse des cours des matières premières avait ébranlé l’économie congolaise en 2019, nécessitant l’intervention du FMI. En 2020, la rapide remontée des cours internationaux a permis l’émergence d’une croissance à 1,7%. Tout en contenant l’impact de la crise sanitaire provoquée par le Covid-19. Par ailleurs, en juillet 2021 - et pour la première fois depuis près de dix ans - le FMI a signé un programme de trois ans avec la RDC, et élargi ses capacités de crédit pour un montant de 1,5 Md$.
En 2022, la croissance économique se chiffrait à 8,6%, dans la continuité de la dynamique encourageante (6,2%) observée en 2021. Et ce, grâce aux investissements et exportations dans le secteur minier essentiellement. Dans les secteurs non miniers (dont les services), la croissance a ralenti à 3% en 2022 contre 4,5% en 2021. Le déficit budgétaire s’est lui aussi affaissé : - 2,7% du PIB en 2022 (contre - 0,8% en 2021).
Investissements
Les principaux investisseurs en RDC sont originaires de Chine (70% du secteur minier national), d’Inde, de Belgique, du Canada, d’Italie, de Grande Bretagne, de France, d’Espagne, des Emirats Arabes Unis et du Liban. La plupart de ces investissements se situent dans les provinces du Kongo Central, de Kinshasa, des deux Kivu et de l’ex-Katanga, en raison de la présence d’infrastructures routières et électriques dans ces provinces. Le secteur privé formel reste peu développé. L’essentiel de l’activité économique au jour le jour relevant de l’informel, des petits commerces et du sens de la débrouille de la population.
Agriculture, pêche et élevage
Malgré son immense potentiel agricole, la RDC continue à recourir massivement à l’importation de produits alimentaires pour combler son déficit. Les principales cultures de produits vivriers sont : le manioc, le maïs, le riz, l’arachide, l’igname, la banane et les fruits tropicaux. Ces cultures non mécanisées ont des rendements très faibles. Côté industriel, le Congo produit encore de l’huile de palme, du caoutchouc, du café, du cacao, du thé, de la canne à sucre, du coton, du tabac et du quinquina. Mais la plupart de ces cultures sont aujourd’hui peu exploitées, ou à l’abandon, suite à la détérioration des infrastructures, du réseau de transport, et au manque de structures locales de financement. Les mêmes raisons empêchent aussi la pêche de se développer, malgré les cours d’eau du pays très poissonneux. Quant à l’élevage, à l'exception de quelques gros troupeaux, il est essentiellement de type traditionnel et souffre des conflits armés et de la concurrence des produits importés.
Tourisme
Au vu de ses énormes atouts, l’ambition du gouvernement est de faire de la RDC la 3e destination touristique en Afrique sub-saharienne d’ici 2030, et de développer ce secteur – balbutiant actuellement – pour qu’il devienne une véritable industrie et contribue à la diversification de l’économie. Pour ce faire, le Plan Directeur National intégré pour le développement du tourisme 2015-2030 a été actualisé en 2020. Mais le chemin reste encore long… Le développement du tourisme en RDC est en effet confronté à plusieurs contraintes : d’ordre institutionnel, juridique et stratégique ; liées aux infrastructures et facilitations de séjour ; d’ordre budgétaire et logistique ; culturel ; sécuritaire… Il est important que le tourisme s’adapte aux réalités économiques, politiques, humaines et environnementales du pays. Un écotourisme ou tourisme durable doit s’envisager dans une stratégie globale d’implication des populations locales, et viser la recherche d’un équilibre entre utilisation des ressources naturelles et développement de revenus.