Découvrez le R. D. Congo : Religions

Malgré son statut officiel d’état laïc, la RD Congo se structure en grande partie à partir du socle religieux, qui influence fortement la vie sociale et politique. La spiritualité et le religieux sont très présents au quotidien, quelle que soit la confession. Les religions catholique et protestante restent les plus représentées : un Congolais sur trois se déclarant croyant catholique en 2020. Les cultes par ordre d’importance sont : catholique (50 %), protestant (20 %), kimbanguiste (10 %), musulman (5 %) et orthodoxe (moins de 5 %). Auxquels s’ajoutent les cultes évangélique et pentecôtiste inspirés des églises de réveil (10 %) qui recueillent l’extrême ferveur (et désespoir) de la plupart des habitants au détriment des religions classiques plus établies. Les Congolais n’ont pas non plus complètement renoncé aux cultes traditionnels qui, par syncrétisme, se mélangent à des cultes plus officiels, et restent fortement ancrés.

Aux origines

Du Ve au XVe siècle, le fonctionnement théologico-politique était déjà à l’œuvre au Royaume Kongo. Le roi, chargé de la liaison entre les ancêtres et le monde visible, était doté de pouvoirs divinatoires.

Avènement du catholicisme

La première campagne d’évangélisation est concomitante à la découverte de l’embouchure du fleuve Congo en 1482 par le navigateur portugais Diego Cão. A sa suite, les missionnaires européens catholiques et protestants vont pénétrer le territoire au gré des différentes vagues d’évangélisation, parfois brutales, des populations locales, dès le XIXe siècle.  La Constitution de l’État Indépendant du Congo (EIC) en 1885 consacre, sur le papier, la liberté de conscience et la tolérance religieuse. Les premiers missionnaires belges (Pères Blancs) arrivent au Congo en 1888. Dès la création de l’EIC, l’Église se voit attribuer, outre une mission d’évangélisation, un rôle civilisateur via notamment l’éducation et la santé des populations.

L’Eglise catholique congolaise

L’Église catholique au Congo est aujourd’hui organisée et subdivisée en six provinces pastorales appelées archidiocèses (Kinshasa, Mbandaka-Bikoro, Kisangani, Kananga, Lubumbashi, Bukavu) qui administrent de nombreux diocèses locaux. L’Église est chapeautée par la puissante Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) qui est l’assemblée dans laquelle les évêques catholiques exercent conjointement leur charge pastorale. Ceux-ci se réunissent également au sein des assemblées épiscopales provinciales.  Ces dernières années, la CENCO et les évêques congolais sont régulièrement montés au créneau pour tenter de garantir la tenue d’élections libres et transparentes dans le respect de la constitution, et dénoncer les dérives politiciennes.

Evangélisation protestante

Les premiers missionnaires de la Baptist Missionnary Society (BMS) arrivent au Congo en janvier 1878. En février, les pasteurs Graven et Telford de la Livingstone Inland Mission débutent l’œuvre évangélique à Palabala dans l’actuelle province du Kongo Central. Sachant que le pilier de la présence belge était l’Église catholique, le mouvement protestant consolida progressivement son action. En identifiant notamment le Congo comme le plus grand champ missionnaire au monde, et par la construction de l’Union Mission House, l’ancêtre du CAP, une hôtellerie commune à toutes les missions protestantes au Congo. En 1924, le Conseil Protestant du Congo voit le jour en vue d’harmoniser l’œuvre évangélique et consolider l’unité des chrétiens protestants. Dix ans après, les instances de l’Église adoptent l’appellation d’Église du Christ au Congo (ECC) en lieu et place du Conseil Protestant du Congo.

L’Eglise du Christ au Congo

Depuis lors, de réformes institutionnelles en regroupements, l’ECC s’est consolidée, les différentes missions devenant des sections de l’Église sous la conduite d’un Président national. L’ECC compte environ 320 000 paroisses, 4 560 écoles primaires, 1 860 écoles secondaires, et une quarantaine d’institutions d’enseignement supérieur et universitaire à travers la RDC. L’ECC fournit une administration centrale et un forum spirituel pour les Églises membres. Elle rassemble 95 dénominations chrétiennes protestantes et évangéliques : luthériennes, réformées anglicanes, mennonites, méthodistes, baptistes, pentecôtistes…

L’essor des Eglises de réveil

Inspirées par le mouvement pentecôtiste aux États-Unis et par la mouvance du Renouveau Charismatique, ces Églises de réveil poussent à tous les coins de rues, dans les villes et à l’intérieur du pays. Plusieurs de ces communautés ont une doctrine ou des enseignements adaptés par des pasteurs indépendants tandis que d’autres font partie de dénominations structurées. Appelées aussi Églises évangéliques, leurs pasteurs dans leur grande majorité n’encouragent certes pas le vœu de pauvreté... Les thèmes abordés sont globalement ceux de l’Ancien Testament, mais les pasteurs déclament également à tout bout de champ les enseignements de Jésus-Christ.

Dérives évangéliques

Considéré comme la réponse de Dieu à son peuple face à la crise multiforme qui sévit dans le pays depuis plusieurs décennies, le réveil spirituel au Congo a sensiblement influencé le comportement des Congolais. Il n’échappe pas à certains écueils et excès, ses leaders profitant généralement de manière outrancière de la foi, ou crédulité, des fidèles prêts à se raccrocher à n’importe quoi pour échapper à leur quotidien difficile. De nombreux abus s’observent ainsi de la part de pasteurs autoproclamés, qui se livrent à des exorcismes, séances de miracles dans des stades… contre monnaie sonnante et trébuchante. Pour augmenter leur sphère d’audience et d’influence, ces Églises disposent souvent de chaînes de radio et de télévision, ce qui contribue à leur énorme succès, spirituel et commercial.

Présence musulmane

La discrète présence de la religion musulmane en RDC s’imprime surtout à l’est, dans les régions frontalières avec la Tanzanie et le Soudan notamment. Ainsi que dans la province du Maniema, considérée comme le berceau de l’islam au Congo. Cela s’explique par des raisons historiques liées à l’occupation arabe de cette région au XIXe siècle, au cours des campagnes esclavagistes menées depuis Zanzibar, et dont l’épicentre fut à un moment donné le territoire de Kasongo.

Communauté islamique en RD Congo

Dans les autres coins de la RDC, l'islam reste surtout la religion des communautés ouest-africaines Waras ou Ndingaris, et de l’importante diaspora libanaise, et pakistanaise dans une moindre mesure. Toutes ces communautés, qui pratiquent souvent le commerce, sont fort implantées dans les villes congolaises, dont Kinshasa. Quelques mosquées sont ainsi présentes dans la capitale congolaise, comme à Barumbu, Lingwala ou Zone ya Kin. L’appel des muezzins fait d’ailleurs des émules auprès des jeunes Kinois en quête de nouvelles expériences spirituelles, et que l’on aperçoit vêtus de djellabas en ville. La religion musulmane est représentée en RDC par la plus haute instance islamique : la Communauté Islamique en RD Congo (COMICO), qui rassemble tous les musulmans, sans distinction de races, d’ethnies ou de nationalités.

Création du Kimbanguisme

L’Église Kimbanguiste a été fondée par Simon Kimbangu le 6 avril 1921, lorsqu’il est crédité de la guérison miraculeuse d'une femme malade, sur le site de Nkamba, dans l’actuelle province du Kongo Central. En septembre de la même année, Simon Kimbangu est arrêté par l'administration coloniale belge, qui l’accuse de dissidence et de défiance vis-à-vis du pouvoir colonial, pour avoir prophétisé la fin de la colonisation lors de l’un de ses prêches. Il sera envoyé à Elisabethville (Lubumbashi) et emprisonné pendant 30 ans jusqu'à sa mort en 1951. Éparpillés à travers le pays, les adeptes de Kimbangu vont continuer de prêcher le message de leur prophète, favorisant l’expansion de ce nouveau mouvement religieux. Le culte kimbanguiste sera finalement officiellement reconnu par l’administration belge le 24 décembre 1959, et admis par le conseil œcuménique protestant en 1960. Le 22 juin 1958, lors du premier congrès kimbanguiste, Joseph Diangienda Kuntima, fils du prophète, est reconnu chef spirituel de « l’Église de Jésus-Christ sur la Terre par son envoyé spécial Simon Kimbangu ».

L’Eglise kimbanguiste

Le Kimbanguisme est la seule religion chrétienne officielle née en Afrique, et dont le rayonnement s'étend bien au-delà des frontières de la RDC, sur tout le continent, et au sein des diasporas africaines du monde entier.  Simon Kiangani Kimbangu, le petit-fils de Simon Kimbangu, dirige aujourd’hui l’Église depuis le 26 août 2001.  C’est sous son égide qu’a été célébré le centenaire du culte à Nkamba les 6 et 7 avril 2021. Des milliers de pèlerins se sont rassemblés à cette occasion dans l’imposant temple immaculé à deux tours et deux niveaux – construit par les fidèles et inauguré en 1985 – et qui peut accueillir jusqu'à 37 000 personnes. Il est interdit de porter des chaussures au sein du temple et de la cité de Nkamba, les femmes doivent se couvrir la tête et porter le pagne, aux couleurs verte et blanche du culte. Celui-ci rayonne notamment grâce à plusieurs mouvements socioculturels en son sein, dont le plus notable est l’Orchestre Symphonique Kimbanguiste (OSK) rendu populaire grâce au film Kinshasa Symphony, et qui se produit aujourd’hui partout dans le monde.

Culte des ancêtres

Le culte des ancêtres est le pilier commun aux sociétés africaines et la base des principales religions traditionnelles. L’entretien de l’ancêtre a pour but de lui rendre la vie meilleure dans l’au-delà et lui assurer que les traditions sont respectées. Les vivants ont ainsi des devoirs envers les morts, à qui ils font des offrandes et demandent conseil. Les ancêtres sont censés en retour protéger leurs descendants. L’ancêtre demeure aussi un intercesseur privilégié auprès des dieux. Si un individu concilie les dieux et les ancêtres, il profitera de leur force et de bienfaits sur la vie terrestre.

Masques et statuettes sacrés

Dans plusieurs tribus, ce culte des ancêtres se manifeste par la présence de statuettes ou de masques. La fabrication des masques, la connaissance des signes et de leurs formes, ainsi que leur port, la danse et la musique associées, sont l’apanage des initiés. Revêtant lui-même un caractère sacré dès sa première sortie, le masque devient vivant car habité par les esprits des ancêtres. Les masques diffèrent d’une ethnie à l’autre, et en fonction de leur rôle. Les masques à figure anthropomorphe sont généralement dédiés aux ancêtres pour que ces derniers puissent intercéder auprès des dieux afin d’assurer une bonne récolte par exemple. Mais le masque joue aussi un rôle déterminant pour la cohésion du groupe.

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