Découvrez la Guinée : Beaux-Arts (Peinture / Sculpture / Street Art / Photo)

Bordée par l’océan Atlantique, la Guinée séduit pour la richesse de ses paysages. En écho à ce foisonnement, ses traditions picturales sont d’une belle variété. Les plus anciennes s’enracinent dans les rites et la spiritualité. En ce sens, la sculpture a longtemps régné. Malgré son passé colonial, la peinture a été adoptée à une époque récente dans ce pays d’Afrique occidentale. Mais c’est chose faite ! La jeune génération déborde de talent. Pour faire face à un marché de l’art encore embryonnaire, les artistes vont à la rencontre du public. Ils improvisent, s’adaptent et multiplient les initiatives. On les découvre sur les réseaux sociaux, dans les associations, les bars et les restaurants, dans les rues… Un festival Street Art rassemble depuis quelques années les graffeurs à Conakry. S’il fallait ne citer qu’un lieu, ce serait la villa des Arts. C’est désormais l’étape indispensable pour apprécier l’art contemporain guinéen !

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Sculpture traditionnelle

En bois ou en pierre, la sculpture revêt diverses formes. Statuettes, tambours, sièges et masques, l’art de la sculpture est lié aux rites. L’ancienne société baga, des riziculteurs de la côte, produit des pièces incisées de motifs géométriques, parfois colorées. Ces sculptures permettent aujourd’hui de mieux cerner la pratique de la sorcellerie indissociable des pièces ouvragées. Dans la tradition guinéenne, elles sont d’une puissance expressive et d’une élégance rares.

De nombreuses statuettes humaines en pierre, appelées pondo, ont été mises au jour. Elles étaient enterrées dans la région qui borde la Sierra Leone, et sur la côte. Caractérisées par la position accroupie du personnage, elles représenteraient les anciens propriétaires du sol. Les Baga et les Kissi ont perpétué cette tradition ; leurs statues sont trapues, à grosses têtes, aux traits épais, primitifs et stylisés. Les Kissi représentent aussi souvent le chef rebelle Samory Touré, monté sur son cheval et soutenu par son peuple. Rappelons que Touré opposa une résistance farouche aux colons français venus envahir l’Afrique de l’Ouest.

Masques et marionnettes

Comme dans toute l’Afrique, les masques guinéens accompagnent les rites d'initiation ou les célébrations. Ils symbolisent les esprits : celui des ancêtres, de la rivière, de la forêt ou encore des concepts. Destinés à faire participer les esprits au monde humain, ils canalisent certains de leurs pouvoirs. Ils peuvent aussi bien reprendre les traits d’un visage féminin, masculin ou animal.

Si les Malinké étaient jadis célèbres pour leurs marionnettes sculptées – les plus remarquables étant le géant Waraba le Lion ou Konkoba – ce sont surtout leurs cousins bambara du Mali qui ont perpétué cette tradition. Mais Kankan est encore réputé pour son artisanat, notamment pour ses statues humaines stylisées, sans ventre, appelées makondés, évoquant singulièrement le penseur de Rodin !

Art des Baga

Les Baga sont aussi connus pour leurs tambours féminins à cariatides, ou leurs énormes tambours masculins à fentes, dont ceux symbolisant le dieu Serpent. Les créations baga sont souvent peintes de couleurs vives. De nos jours, les sculpteurs adaptent les motifs à la vie moderne.

Les institutions féminines sont multiples chez les Baga. La plus connue est celle de l'a-tëkän des Baga sitemu, qui est la confrérie des femmes qui ont enfanté. Les jeunes initiées et les jeunes mariées doivent danser avec un pot d'argile sur la tête, le corps orné de fétiches et la taille ceinte d'un collier de cauris, au son du tambour a-ndëf. Ce tambour est formé d'une cariatide soutenant sur sa tête la caisse de résonance. Elle est souvent enlacée par des serpents, qui figurent le python mythique a-mantshor nga-tshol, associé à la fertilité. Seules des femmes sont habilitées à en jouer, debout, avec des baguettes en bois. Ce sont les femmes de cette association qui organisent les festivités des mariages, les initiations des jeunes une fois l'an (en saison sèche) et les funérailles des initiées.

Art moderne

L’art moderne guinéen adopte toutes les tendances. Depuis les années 1990, certains artistes proposent leur vision surréaliste ou abstraite ; d’autres revisitent les thèmes locaux. Irina Conde peint des portraits, des gros plans de femmes et d’enfants qui baignent dans une explosion de couleurs. Le peintre Ibrahima Barry peint par amour. En particulier par amour de son pays, dont il représente le quotidien sous tous ses aspects. Ses scènes de rue sont réputées pour sublimer l’âme de la Guinée.

Le peintre et sculpteur Mohamed Nana Kaba, originaire de Kankan, a découvert sa vocation dès l’enfance. Il se fait connaître dans le monde entier avec ses poupées, évocatrices de ses origines et des traditions de son pays.

Une halte s’impose à l’atelier de Bangoura Aboubacar Demba, dit Papus. Le peintre s’estime chanceux de bénéficier de la case Sanderval du Musée national pour créer. Dans ses toile, il aborde des sujets traditionnels avec un style magnifique, qui tend vers une sublime abstraction.

Pour les artistes guinéens, le problème majeur concerne le manque de lieux d’exposition. Si, par tradition, ils exposent dans la rue, ils souhaitent désormais s’officialiser. Ils redoublent d’originalité pour promouvoir leurs créations, notamment par le biais d’associations. Les lieux dédiés sont multidisciplinaires comme le Centre culturel franco-guinéen/CCFG qui abrite entre autres des salles de spectacle, un cinéma, un café et des espaces d’exposition.

La villa des Arts, incontournable, s’est récemment annexée une galerie d’art. La demeure s’est rapidement imposée comme le haut lieu de l’art contemporain national.

Street Art

L’art et la rue font bon ménage en Guinée.

Sur les murs de Conakry, un portrait dérange, celui de l'ancien président guinéen Sékou Touré. C’est son emplacement qui suscite la polémique. Parmi la multitude de visages qui ornent les murs, celui de Sékou Touré occupe un lieu qui évoque les victimes du régime, le pont du 8 Novembre ou pont des Pendus. Le graffeur Chimère Ndiaw explique que l’histoire, même tragique, ne doit pas être occultée, que l’œuvre attire et éveille à l’histoire du pays, et que sa volonté n’était pas de choquer. 

L’art urbain guinéen s’érige aussi contre la mauvaise gestion des ordures. Il s’implante dans des lieux insalubres, et oppose des messages de beauté et d’éducation destinés à la population. Alternative à la peinture, des reproductions de photographies sont fixées sur les murs à l’aide d’une colle artisanale à base de maïs.

Depuis 2018, le festival Lassiry Graffiti transforme Conakry en musée à ciel ouvert. Durant huit jours, au mois de mars, des graffeurs panafricains illustrent l’histoire nationale. Ainsi, les portraits de personnages marquants sont peints dans l’espace public. Pour l’occasion, la municipalité met ses murs à la disposition des artistes dans les quartiers de Gbèssia, Bambéto et Matoto.

Actuellement, des lieux culturels sont rénovés ou en cours de construction. L’ouverture du centre culturel de la Mamaya à Kankan, ou encore la réhabilitation du Musée national de Sandervalia sont autant de lueurs d’espoir pour la scène artistique guinéenne.

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