La haute Guinée ou le Mandé, zone de savane au nord-est
Dans cette région du haut Niger, se trouvent les villages de Gbérédou et d’Hamana typiques de l’architecture traditionnelle mandingue. Les cases rondes sont en « banco », un mélange de terre et de paille colmaté par du karité et chapeautées de paille. Regroupées en cercle, elles forment des concessions familiales. Au sein d’une même famille, tout le monde habite une case de la concession, de la première épouse à la quatrième, en passant par la belle-mère. Les enfants changent de concession après leur mariage. Les cases servant de chambres à coucher et de cuisine sont souvent munies de deux ouvertures diamétralement opposées afin de permettre le passage de courants d’air. À l’intérieur, le sol est en terre battue ou en ciment mélangé au sable, et le mobilier est rudimentaire : un lit pour les riches et une simple natte pour les pauvres, quelques « canaris » ou jarres de terre où l’eau est conservée, parfois une table ou des étagères. De petits greniers sur pilotis ainsi que des abris pour les animaux s’intercalent entre les cases. Le centre de la concession est occupé par une paillote où l’on se retrouve ensemble pour manger, boire le thé, discuter ou jouer aux dames, aux cartes ou à l’awalé. De nombreuses concessions sont protégées par des murs en banco reliant les cases les unes aux autres : des « chapeaux » de termitières posés sur ces murettes protègent alors de l’érosion par les pluies. Le bara (la place publique) est situé au cœur du village. C’est sous le « doubalen » (l’arbre à palabres) que les villageois cherchent l’ombre. Le village de Kobanè propose un bara intéressant avec un doubalen dont le vaste ombrage impressionne. À Faranah, la case qui vit naître Sékou Touré, dans un lit en terre pleine, est toujours visible entre les nombreux toits en paille. Dinguiraye, ville religieuse, est réputée pour sa mosquée construite au milieu du XIXe siècle par El Hadj Oumar Tall. Bissandougou, la capitale de l’empire Wassoulou, offre quelques vestiges de cet empire fondé par l’Almamy Samory Touré, résistant au colonialisme à la fin du XIXe siècle. Un traité international entre la France et l'empire Wassoulou fut signé en 1887 à Bissandougou.
La Guinée maritime ou basse Guinée, zone côtière
Parmi les dix villes les plus importantes du pays, trois se trouvent en Guinée maritime : Conakry, Kamsar et Kindia. Au début du XXe siècle, la France impose des systèmes d'administration et d’urbanisation coloniales similaires à ceux de ses autres colonies africaines. Les quartiers historiques de Kaloum sont alors découpés selon un plan en damier strict composé de boulevards et de ronds-points. En raison de l’absence de croissance verticale, la presqu’île se développe sur le continent en absorbant d’anciens villages comme Dixinn, Taouyah, Kaporo. Toujours visibles, ces villages historiques sont denses et s’organisent autour du port et du marché. Les cases sont en banco mais de forme carrée et parfois avec terrasse abritée. Munies d’un porche, elles comportent plusieurs pièces et ne sont pas disposées en concession mais de façon disparate dans le village. Ces villages sont entourés de vastes zones d’habitations périurbaines récentes s’étalant sur les terres sans aucune organisation urbanistique précise. À Foulamory dans le Gaoual, la case du prestigieux Alpha Yaya Diallo, landho (roi) de Labé et héros national, mérite une visite. Influencée par les traditions islamiques, elle reste un exemple parfait de l’architecture peul du XIXe siècle. Construit en 1878, le fortin de Boké est un édifice tristement célèbre. Sous le règne de Napoléon III, il fut une maison de transition pour les esclaves de l’Afrique de l’Ouest. Les esclaves empruntaient ses labyrinthes jusqu’aux cales des négriers pour un voyage sans retour. À Conakry, le palais du Peuple fut construit en 1967 par les Chinois. De style moderne, cet édifice élégant et épuré qui accueillait d’importantes manifestations culturelles est typique de l’architecture des pays de l’Est. Autrefois fierté nationale, l’édifice est aujourd’hui en mauvais état, à l’inverse du palais Mohammed V (ex-palais des Nations) et du palais Sékhoutoureya, le palais présidentiel. Bâti à la place de l'ancien palais des gouverneurs par les Chinois en 1998, le palais Sékhoutoureya est caractéristique de l’architecture impériale chinoise. Son imposant pavillon central avec son toit en pente incarne la puissance et le pouvoir. À Conakry, le futur palais de la Culture devrait doter la capitale dans les années à venir d’un édifice moderne dont l’architecture reprendra les formes du Nimba, le masque-sculpture tutélaire guinéen de la communauté des Baga. Les Conakrykas vivent pour la plupart dans des bâtiments bas comportant d’une à quatre pièces. À Kaloum, le quartier administratif et commercial surpeuplé de Conakry, la mode turque importée par les promoteurs venus des rives du Bosphore est plébiscitée par une clientèle aisée. Depuis une dizaine d’année, ces édifices d’excellente facture aux façades rectilignes, épurées et aux finitions très soignées font fureur.
La moyenne Guinée avec le massif montagneux du Fouta-Djalon
Le plus ancien vestige de l’architecture militaire dans le Fouta se trouve dans l'actuelle préfecture de Télimelé. Il s’agit de la forteresse en pierre de Guémé-Sangan bâtie au XVIe siècle par le guerrier peul Koli Tengella. Il ne reste que quelques pierres de ses puissantes fortifications qui furent érigées pour protéger les habitants. À mi-hauteur de la muraille, se trouve une grotte, un observatoire redoutable qui permettait de surveiller la double vallée de Kakrima-Konkouré. À l’intérieur de l’abri, on découvre une salle de jeux, un sobané (arbre) et même un lit. À Dalaba, la case à palabres bâtie par les chefs de canton du Fouta Djalon est à voir. Construite en terre dans les années 1930, cette case a abrité les grandes discussions de la région. Dans le Fouta, les maisons sont en ciment, mais dans certains petits villages, on utilise encore des matériaux naturels pour le bâti et pour la décoration colorée. Les concessions sont vastes et les villages sont souvent très étendus. Les Peuls se soucient davantage de leur troupeau que de leur maison, les champs sont parsemés de parcs à animaux délimités par des barrières et des portails en branchages.
En Guinée forestière, une zone de forêts au sud-est
Principale région d'expansion agricole, la pression démographique sur la Guinée forestière est massive. Le défrichement de la forêt continue activement. La case a cédé la place à des constructions modernes.