Découvrez le Rwanda : Les enjeux actuels

Après le génocide de 1994, il ne restait plus rien du Rwanda sauf peut-être de la peur et des larmes. Un million de vies perdues et un État laissé exsangue, au bord de l'implosion. Difficile à l'époque d'imaginer que ce petit pays à l'histoire funeste deviendrait l'un des plus stables d'Afrique. Transformer le Rwanda en une destination touristique sûre et attractive, personne ne pouvait y croire. Et pourtant… Plus de trente ans après le génocide, le pays a réussi à renaître de ses cendres et à connaître un développement exemplaire. Il semble avoir puisé dans toute l'horreur de son histoire la force d'aller de l'avant. Reconstruction politique, boom économique, l'ascension du Rwanda est aussi fulgurante que prodigieuse. Le pays des mille collines est aujourd'hui la vitrine de l'Afrique moderne. Grâce à son économie prospère et à une situation politique stable, il attire les investisseurs et se positionne comme une destination d'avenir.

Une reconstruction fulgurante

Partout dans le pays, les routes d’asphalte remplacent progressivement les pistes. À Kigali, on construit à tour de bras. Les immeubles poussent comme des champignons et la ville s’étend toujours plus sous la pression de nouveaux quartiers. Les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration sont en plein boom. Le pays affiche une identité neuve, celui d’un pays entreprenant et serein résolument tourné vers l’avenir. Une sorte de Singapour africain qui parie sur les nouvelles technologies pour booster son économie et rayonner à l’échelle internationale. Bien sûr, cette mutation accélérée n’est pas sans conséquence. Kigali perd peu à peu de son charme, dénaturée par le béton. Celle qui n’était, dans les années 1960, qu’une petite bourgade de 5 000 âmes est aujourd’hui en passe de devenir une puissante mégalopole. Son calme et sa bonhomie se perdent dans le vrombissement des moteurs et dans la cacophonie des bruits urbains. L’air est parfois étouffant, saturé par la pollution des gaz d’échappement. Si la population vit majoritairement dans les campagnes, les villes sont de plus en plus attractives pour la nouvelle génération qui délaisse volontiers les travaux agricoles au profit de postes de cadres mieux rémunérés. La jeunesse, toujours plus éduquée, se lance avec confiance dans l’entreprenariat, grisée par une soif collective de modernité.

Développement d’un tourisme écoresponsable

Le tourisme est l'un des fers de lance du Rwanda moderne. Le gouvernement mise en effet beaucoup sur les visiteurs internationaux pour pérenniser le développement économique du pays. Toutefois, il rejette le tourisme de masse et souhaite privilégier un tourisme de luxe écoresponsable. Pour preuve, le prix du permis pour voir les gorilles qui est passé de 700 à 1 500 US$ en quelques années. Pour attirer les voyageurs fortunés, l'état ne lésine pas sur les moyens. Des restaurants et des hôtels haut de gamme ont vu le jour un peu partout dans le pays. De nombreux efforts ont aussi été faits pour rendre le pays plus attractif. D'abord il y a eu la réintroduction de certaines espèces animales dans l'est du pays. Des félins, des girafes et des rhinocéros, disparus dans le pays, ont été importés d'Afrique du Sud afin de repeupler les savanes du parc de l'Akagera. Il est donc de nouveau possible d'admirer le fameux big five (lion, éléphant, buffle, léopard, rhinocéros) au pays des mille collines. Un moyen pour le Rwanda de concurrencer sa voisine, la Tanzanie, destination de référence des safaris. L'accent a aussi été mis sur la préservation de l'environnement et de nombreux projets se poursuivent dans ce sens. Plus question de dénaturer les paysages en déboisant à outrance, il faut à tout prix préserver la beauté du pays. La population rwandaise, première bénéficiaire des retombées du tourisme, a accepté de bon gré quelques sacrifices afin de pérenniser la venue des visiteurs. Ne plus cultiver à l'intérieur des parcs naturels, respecter le territoire des gorilles, protéger les animaux sauvages, tout cela commence à avoir un sens pour la plupart des Rwandais. Beaucoup d'anciens braconniers se sont même reconvertis en gardes forestiers, preuve que les notions de protection de la faune et de la flore sont aujourd'hui au cœur des préoccupations du pays.

Paul Kagame, homme fort du Rwanda

À la tête de cette politique de renouveau, le président Paul Kagame. Arrivé au pouvoir à la faveur de la victoire militaire du Front patriotique rwandais en 1994, il affiche un bilan impressionnant. Réduction significative de la pauvreté, développement économique, stabilité politique : en l'espace de quelques décennies, il a transformé le Rwanda en un modèle de développement sur le continent africain.

Toutefois, son plus grand succès restera d'être parvenu à gommer les clivages ethniques. Aujourd'hui, plus question de Hutus ou de Tutsis, seulement 14 millions de Rwandais, citoyens d'un même pays. En seulement une génération, les ennemis d'antan se sont réconciliés pour mieux faire renaître le pays. La distinction ethnique est désormais proscrite par la Constitution. Le pays est dirigé avec fermeté par un pouvoir central fort, soucieux de maintenir l'unité nationale et la sécurité. La vie politique est très encadrée, et l'expression publique des opinions reste mesurée. Les médias et les partis d'opposition évoluent dans un cadre strict, reflet d'un modèle de gouvernance axé sur l'ordre et la cohésion. Le Rwanda avance avec détermination, porté par sa modernité, le poids de sa mémoire et un profond devoir d'unité.

Un travail de longue haleine

Le Rwanda souffre encore d'une image figée dans son passé. Nombre d'Occidentaux continuent de percevoir ce petit pays d'Afrique à travers le prisme du génocide de 1994 et des représentations véhiculées par les médias internationaux. Pourtant, le Rwanda a profondément changé.

Le gouvernement a fait de la sécurité une priorité. Une présence policière constante, perçue comme rigoureuse et peu tolérante envers la corruption, contribue à instaurer un climat de confiance. Le taux de criminalité est aujourd'hui très bas, et les visiteurs sont généralement accueillis avec chaleur et respect. Le Rwanda est devenu l'un des pays les plus sûrs d'Afrique.

Mais aller de l'avant ne signifie pas oublier. Près de trente ans après le génocide des tutsis, les séquelles psychologiques restent profondes. Elles touchent aussi bien les survivants que les générations nées après 1994. Cauchemars, angoisses et détresse émotionnelle ressurgissent fréquemment, notamment durant les périodes de commémoration. De nombreux jeunes, bien qu'ils n'aient pas vécu les événements, portent en eux un traumatisme silencieux dit « transgénérationnel ». Les mémoriaux du génocide, l'enseignement scolaire et les programmes de réconciliation jouent un rôle crucial dans la transmission de la mémoire collective. Mais cette démarche se heurte parfois à la culture du non-dit et à un contrôle strict de la parole publique, rendant le processus plus complexe. Le Rwanda poursuit un chemin singulier, résolument tourné vers l'avenir. Un avenir construit avec détermination, mais intimement lié à une histoire douloureuse que le pays tente, avec force et subtilité, de transformer en leçon de résilience.

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