Une explosion démographique
En 1962, lorsqu’elle a été promue capitale, la ville de Kigali n’était qu’une petite bourgade de 5 000 habitants mais rapidement sa population a explosé. En 1970, cette dernière a été multipliée par dix. Vingt ans plus tard, elle atteignait les 235 000 habitants. Pendant le génocide de 1994, Kigali s’est vidée, mais progressivement les exilés sont revenus chez eux. D’année en année, la ville a vu sa population augmenter encore et encore jusqu’à frôler aujourd’hui les 1,2 million d’habitants. Cette croissance fulgurante a entraîné bien des désagréments, comme une hausse significative des embouteillages et de la pollution. Si cette explosion démographique est surtout visible à Kigali, les campagnes ne sont pas épargnées. La population générale du pays augmente en effet de 2,3 % chaque année. Le territoire rwandais n’est pas extensible et la place commence déjà à manquer. Alors que les quatre cinquièmes de la population vivent de l’agriculture, toutes les terres sont presque cultivées, il ne reste quasiment aucune friche dans le pays. Dans un esprit de préservation de la biodiversité et donc du tourisme, le gouvernement s’oppose au déboisement de nouvelles parcelles pour en faire des cultures. Il est donc obligé d’importer des denrées alimentaires pour nourrir sa population. Une problématique qui devrait encore s’accentuer car d’après les prévisions de l’ONU, la densité de population devrait presque doubler d’ici 2050. Dans un futur proche, cette surpopulation pourrait être génératrice de conflits.
Une grande diversité ethnique
La population banyarwanda se compose de trois groupes ethniques. Les Hutus, majoritaires, représentent 83 % de la population tandis que Tutsis, décimés pendant le génocide, sont à peine 16 %. Il y a également 1 % de Twas, ce peuple pygmée de chasseurs-cueilleurs, premiers habitants de l’Afrique des grands lacs. Selon certains récits ethnographiques des années 1920, ils étaient à l’époque considérés comme des sous-hommes. Victimes de discriminations, de violences et de privations de terres, leur population a bien failli s’éteindre dans les années 1960. À l’époque de la monarchie, ils se sont pourtant souvent alliés aux Tutsis pour qui ils exerçaient les fonctions d’éclaireurs, d’espions, de jongleurs à la cour du roi et surtout de musiciens. Dommages collatéraux du génocide, les Twas sont aujourd’hui encore menacés d’extinction. Non seulement leur territoire est trop restreint pour subvenir à leurs besoins, mais en plus le taux de natalité de leur tribu est incroyablement faible. Le Rwanda compte également une petite minorité de Himas, un peuple nomade originaire de la vallée du Nil qui habite le nord et le nord-est du pays. Hutus, Tutsis, Twas, Himas, toutes ces distinctions n’ont plus lieu d’être depuis la fin du génocide. Aujourd’hui, la différenciation ethnique est proscrite et mal venue. Selon la Constitution nationale de 2003, il n’y a qu’une seule identité valable dans tout le pays et elle est rwandaise. De fait, tous partagent la même culture et la même langue.
Une langue commune
La langue nationale du pays est le kinyarwanda. Elle est parlée par plus de 99 % de la population et a également cours dans la région frontalière de l’Ouganda ainsi que dans l’est de la République démocratique du Congo. À l’époque de la colonisation belge, la langue française a fait son apparition au Rwanda, devenant la deuxième langue officielle du pays. Jusqu’en 2010, tous les enseignements des écoles se faisaient en français. Après le génocide de 1994, les relations entre les gouvernements rwandais et français se sont tendues. Progressivement la langue de Molière est abandonnée au profit de celle de Shakespeare qui devient également langue officielle. Il faut dire qu’une grande partie des exilés ont trouvé refuge en Ouganda où la langue la plus pratiquée est l’anglais. Aujourd’hui on estime que 15 % des Rwandais parlent anglais contre seulement 11 % de francophones. Dans les campagnes, on ne parle que le kinyarwanda. L’anglais et le français ne sont pratiqués que dans les grandes villes comme Kigali ou Butare. Même là, ne vous attendez pas à converser sans peine. Les Rwandais ont tendance à confondre et à mélanger les deux langues, ce qui rend la communication des plus ardues. Le swahili est la dernière langue officielle du pays. Parlé par environ 3 % de la population, il s’agit d’une langue bantoue originaire de la Tanzanie surtout pratiquée dans la zone frontalière.
Une espérance de vie élevée
L’espérance de vie moyenne des Rwandais est particulièrement élevée pour un pays africain. Elle est de 68,3 ans tous sexes confondus. C’est huit ans de plus que dans les États voisins du Burundi et de la République démocratique du Congo. En 2000, l’espérance de vie au Rwanda n’était que de 48 ans. Cette augmentation spectaculaire est le résultat d’une vaste politique d’accès à la santé menée par le gouvernement. D’après l’Organisation mondiale de la santé, 98 % de la population est couverte par l’assurance maladie obligatoire depuis 2006. Grâce à cette amélioration du système de soins et à une multiplication des établissements médicaux, la mortalité infantile a également diminué de près de 50 % en une dizaine d’années.
L’importance de l’éducation
Au Rwanda, l’école est obligatoire pendant six ans. Tous les enfants du pays, garçons et filles, sont tenus de s’y rendre cinq fois par semaine entre 7 et 12 ans. Les études supérieures ont aussi le vent en poupe et de plus en plus de jeunes se dirigent vers les universités. En résulte une augmentation significative du taux d’alphabétisation. Il atteint désormais les 85 % chez les 15-25 ans alors qu’il est seulement de 28 % chez les plus de 65 ans. Les jeunes Rwandais sont poussés par le désir d’entreprendre. Fraîchement diplômés, ils quittent volontiers les campagnes pour devenir cadres dans les grandes villes.
Une amélioration des droits des femmes
Inscrite dans la Constitution, l’égalité homme-femme progresse. Le Rwanda est d’ailleurs le seul pays au monde avec une majorité de femmes à l'Assemblée nationale. À Kigali, elles sont de plus en plus nombreuses à obtenir des postes clés. Toutefois, dans les campagnes, les traditions restent tenaces et certaines femmes se voient encore refuser par leur famille l’accès à la propriété foncière ou à l’éducation.