Découvrez le Malawi : Religions

L’islam et le christianisme ont joué un rôle important dans l’histoire du pays. Les commerçants de Zanzibar islamisés par les marchands arabes ont porté le message du Coran jusqu’aux bords du lac Malawi. La conversion des Yao permit l’établissement d’un lien étroit avec Zanzibar. Commerce d’ivoire et trafic d’esclaves se développèrent et perdurèrent avec les Portugais au début du XIXe siècle lors de la conquête du Mozambique. L’arrivée de David Livingstone au Malawi en 1859 va bouleverser le pays. Sous prétexte de lutte contre l’esclavagisme, Livingstone établit plusieurs missions chrétiennes près du Lac Malawi afin de porter un coup d’arrêt à l’expansion de l’islam, marquant le début du colonialisme britannique. Aujourd’hui, la population est à 75 % chrétienne, 20 % musulmane et 5 % animiste. Marqué par sa grande tolérance envers les religions, le Malawi parvient à se tenir à l’écart de tout extrémisme.

Enseignement religieux obligatoire

Bien que la République du Malawi soit laïque, les églises jouent un rôle incontournable socialement et politiquement. Selon l’Observatoire de la liberté religieuse, l’enseignement religieux dans les écoles primaires du Malawi est obligatoire. Il inclut des études bibliques ou un cours d’instruction morale et religieuse, en fonction de la religion ou de l’affiliation confessionnelle des élèves. L’instruction religieuse fait l’objet de nombreux débats, en réponse aux plaintes des communautés islamiques qui se sentent désavantagées par le système scolaire. Il existe, par ailleurs, de nombreux organismes de formation religieuse mais également des écoles appartenant aux différentes communautés confessionnelles.

Le christianisme

La population comporte 75% de chrétiens (majoritairement des protestants.) Le président actuel du Malawi Lazarus Chakwera, chrétien pratiquant, est un ancien pasteur de l’Eglise des Assemblées de Dieu. Il a donné plusieurs conférences en théologie à l’Université. Cependant, ces dernières années, le pays est la proie d’églises évangélistes qui viennent chercher de nouveaux fidèles, remettant ainsi en cause le rôle des églises traditionnelles chrétiennes.

L'islam

L’islam d’obédience sunnite est la seconde religion au Malawi. Les musulmans représentent 15 à 20 % de la population et vivent dans le sud du pays à l'instar des missionnaires musulmans installés à Blantyre soutenus par l’Agence musulmane pour l’Afrique. Un Président de confession musulmane, Bakili Muluzi, a dirigé le Malawi de 1994 à 2004. La plupart des grandes villes ont des mosquées et il existe plusieurs écoles islamiques. Depuis quelques années, des prédicateurs musulmans venus du Soudan prétendent enseigner aux autochtones le « vrai islam », au détriment de la cohabitation qui prévalait jusqu’alors et tentent de mettre en avant un islam radical. Certains étudiants triés sur le volet partent se former en Arabie Saoudite.

Sorcellerie et magie noire

La croyance en la sorcellerie est particulièrement répandue au Malawi. Selon une ONG locale, le Centre for Human Rights and Rehabilitation (CHRR), depuis 2019, au moins 75 personnes soupçonnées de magie noire ont été battues à mort ou lynchées par des foules déchaînées. En 2017, au sud du pays, des rumeurs de vampires suceurs de sang ont engendré la mort de sept personnes et contraint les autorités à imposer un couvre-feu et l'ONU à retirer son personnel de la région. Une loi ancienne datant de 1911 et élaborée sous le régime coloniale britannique précise que la sorcellerie n'existe pas au Malawi. Elle n''est donc pas un crime ce qui va à l'encontre des convictions de la plupart des Malawites. Face à ce vide juridique, en 2022, une commission spéciale chargée de formuler des propositions a recommandé que la loi reconnaisse l'existence de la sorcellerie et de la magie. Une première étape avant de rendre peut-être un jour leur pratique criminelle. Mais obtenir des condamnations pourrait s'avérer compliqué puisqu'il est très difficile d'apporter des preuves tangibles de magie ou de sorcellerie. L’État peine à changer les mentalités face à cette chasse aux sorcières qui reste d'actualité pour le moment.

les violences contre les albinos

Dans plusieurs pays africains, dont le Malawi, les personnes souffrant d’albinisme – une anomalie génétique rare qui se manifeste par l’absence de pigment dans la peau et les cheveux et affecte leur couleur ainsi que celle des yeux – sont victimes de croyances ancestrales qui attribuent des vertus magiques à leurs organes. Leur os seraient vendus à des guérisseurs traditionnels pour concocter des potions magiques censées apporter la richesse, le bonheur et la chance. Les albinos sont persécutés même après leur mort et leurs tombes sont souvent profanées car selon la croyance, les os des albinos contiennent de l'or. Un tribunal du nord du pays a interdit il y a 10 ans aux sorciers et aux guérisseurs d’exercer afin de protéger les albinos. Le tribunal a également interdit aux journaux de publier des encarts publicitaires des guérisseurs traditionnels. Pourtant, des centaines d'attaques, d'enlèvements ou d'assassinats d’albinos ont été enregistrés par la police ces dernières années. Police et justice manquent de moyens pour lutter contre ces exactions qui font du Malawi l'un des pays les plus dangereux pour les albinos. Amnesty International exhorte les autorités à renforcer la protection des personnes atteintes d’albinisme qui sont menacées de "disparition" par la sorcellerie. L’ONU, qui a conduit une mission sur le sujet il y a 10 ans a également tiré la sonnette d’alarme et dénonce le manque de résultats de la politique menée par le pays pour protéger et secourir les albinos. Selon l'ONU, il y aurait 10 000 Albinos au Malawi. Ils vivent cachés pour échapper à ce commerce macabre qui menace leur vie au quotidien.

Une grande tolérance et de rares tensions

Les incidents à connotation religieuse sont rares dans le pays. Signe de la coexistence pacifique entre les communautés religieuses, la Commission pour les Affaires Publiques (PAC) a été créée en 1992. Cet organisme qui réunit les différentes communautés demeure une organisation clé de la société civile dans le domaine de la coexistence religieuse mais aussi des droits de l'homme, de la médiation, du VIH, des violences sexistes, des processus électoraux et de la sécurité. Ainsi lorsqu'en 2020, une affiche présentant Le Coran comme étant "le dernier Testament", installée à Blantyre par le Bureau d’information islamique (BII), a été vandalisée, la PAC est intervenue. Cette affiche invitant les chrétiens du pays à lire "le dernier Testament" à savoir le Coran après avoir lu l’Ancien et le Nouveau Testament a suscité la colère des chrétiens du pays. Des heurts interreligieux ont éclaté. L'opinion publique malawite a été partagée sur l'affaire, certains qualifiant la réaction chrétienne d’intolérance religieuse, d'autres estimant qu'il s’agissait d’une provocation des musulmans au sujet de la Bible. Conscient que ces tensions sont une menace pour la paix et l’unité nationale, le gouvernement a demandé à la PAC d’intervenir rapidement pour résoudre le problème.

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