Découvrez le Malawi : Les enjeux actuels

Trois personnes sur quatre vivent avec moins de 2 dollars par jour au Malawi selon la Banque mondiale. En 2020, à l’échelle de l’Afrique subsaharienne, le pays affichait le deuxième pourcentage le plus élevé (75%) de personnes vivant dans l’extrême pauvreté en particulier dans les zones rurales. Le Malawi rencontre de grosses difficultés pour trouver sa place dans une région bouleversée par la fin de l'apartheid en Afrique du Sud en 1994. La géographie du pays ne le favorise pas. Il est en effet enclavé et très peuplé. De plus, le Malawi est comme tout le continent africain victime de l'épidémie de sida. Près d'un million d'habitants vit avec le virus. S'ajoute la pauvreté endémique et une succession d'inondations comme celles qui ont suivi le passage du cyclone Freddy en 2023. Il possède cependant des atouts avec une agriculture dynamique, un potentiel touristique et un régime politique multipartiste.

Économie

Malgré les prêts-projets (10 % du PIB en 2022-2023), l'aide internationale (1,4% du PIB en 2022-2023) et l’absence de conflit depuis l’indépendance en 1964, le Malawi est le troisième pays le plus pauvre au monde. En 2023, son PIB est de 482 dollars de PIB par habitant en 2023. Bien qu'ayant, à partir des années 1980-1990, appliqué les politiques économiques (programmes d'ajustement structurel, stratégies pour la réduction de la pauvreté) prônées par les institutions financières internationales, principalement axées sur la stimulation du secteur privé, la libéralisation du commerce, la privatisation des entreprises publiques et la rationalisation du système fiscal, le Malawi voit toujours les deux tiers de sa population vivre sous le seuil de pauvreté. En guise d'exemple, seulement 15 % de ses habitants jouissent de l'électricité. Cette situation chaotique engendre parfois des manifestations, comme en 2011 lorsque les pénuries (électricité, essence...) et la politique économique d'austérité (entre autres griefs) mirent le feu aux poudres (18 personnes perdirent la vie au plus fort des émeutes).

Les crises mondiales successives (Covid-19, guerre en Ukraine, cyclone Ada en février 2022 et cyclone Freddy 2023) ont dégradé l'état les finances publiques et creusé la dette de façon vertigineuse elle-même nourrie par un déficit élevé. Le taux de croissance économique est resté correct entre 2015 et 2019 (aux alentours de 3,5 %). En 2020, la croissance était de 0,9 % contre des prévisions de 7 % avant le début de la crise sanitaire. En 2021, grâce aux bons chiffres du secteur agricole, la reprise a connu un tiède rebond (2 %) avant de connaître un nouveau ralentissement à 0,8 % en 2022 puis de remonter à 2 % en 2023. Pour l’année 2024, les prévisions de croissance connaissent une légère accélération (entre 3,2 % et 3,5 %). Ce taux de croissance demeure insuffisant étant donné l’essor rapide de la population (+3 % par an).

Le Malawi demeure classé parmi les PMA (pays les moins avancés) et bénéficie de l'initiative PPTE (pays pauvres très endettés), lancée et soutenue par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) pour rendre la dette des pays concernés plus soutenable Le pays souffre de problèmes structurels (infrastructures défaillantes ou inexistantes, climat peu propice aux affaires, main-d’œuvre peu qualifiée, corruption...), environnementaux (déforestation, érosion, épuisement et appauvrissement des sols...) et géographiques (enclavement rendant conséquents les coûts de transport...) qui entravent son développement économique. Malgré quelques timides initiatives, comme l'augmentation du budget alloué à la recherche et développement, le pays reste extrêmement dépendant de l'aide extérieure (FMI, Banque mondiale, aide bilatérale, ONG...) dans de multiples domaines. Après le scandale financier de détournements de fonds publics du cashgate en 2013 , l’activité de la Banque Mondiale a progressivement repris un rythme normal à partir de 2016 et compte actuellement une trentaine de projets pour un montant dépassant les 2,1 milliards de dollars. Au niveau régional, le Malawi, dont la balance commerciale est déficitaire, a scellé des accords de coopération économique avec l'Afrique du Sud et le Zimbabwe. Ces deux États figurent d'ailleurs parmi les principaux importateurs de produits malawites (majoritairement agricoles), à l'instar du Mozambique, des États-Unis et de quelques pays de l'Union européenne (Belgique, Pays-Bas, Allemagne...). Le Malawi, quant à lui, importe des produits alimentaires, des médicaments, des biens de consommation et des céréales en provenance d'Afrique du Sud, Chine, Inde, Émirats arabes unis, Pays-Bas et surtout de Russie qui est le second fournisseur de céréales dans le pays (20% des importations de céréales en 2019). A cause de l'envolée des cours des céréales et des intrants du secteur agricole depuis le début de la guerre en Ukraine, la sécurité alimentaire du pays est menacée. A court de devises, le Malawi connaît d'importantes difficultés pour financer ses importations stratégiques dont le carburant. Des discussions sont actuellement en cours avec le FMI pour mettre en place un nouveau programme de financement afin d'éviter des pénuries généralisées.

L'agriculture pilier de l'économie

Quelques chiffres permettent d'apprécier le poids de l'agriculture au Malawi : 90 % de la population malawite résidant en zone rurale (plus de 75 % de la population totale) vit, plus ou moins directement, d'agriculture vivrière (manioc, haricot, riz, arachide...). Le secteur agricole représente un tiers du PiB et 80 % des revenus d'exportation mais il manque cruellement de moyens, à commencer par des systèmes d’irrigation. Peu mécanisée et donc peu productive, il s'agit principalement d'une agriculture familiale et pluviale fortement rythmée par les saisons et dépendante des aléas climatiques. L'or, le tabac, le thé et le sucre de canne sont les principaux produits d'exportation du pays. Des productions telles que coton, café, maïs, pommes de terre et sorgho sont également exportées, mais dans des proportions bien moindres. Par ailleurs, les usines de traitement (tabac, canne à sucre, thé) génèrent de l'emploi et de substantiels revenus pour leurs propriétaires. Le thé est majoritairement cultivé dans les plantations du sud du pays, à Thyolo et Mulanje ; sa production annuelle tourne autour de 50 000 tonnes par an en faisant du Malawi le deuxième plus gros producteur africain. La canne à sucre croît quant à elle dans de grands domaines dans le centre (Dwangwa) et le sud (Nchalo) du pays. Les entreprises publiques Sugar Corporation of Malawi (SUCOMA) et Dwangwa Sugar Corporation (DWASCO), créées durant les décennies 1960-1970, furent privatisées dans les dernières années du siècle dernier et appartiennent désormais à la société sud-africaine Illovo Sugar Group. Aiguillonné par le gouvernement et plusieurs bailleurs de fonds (Banque africaine de développement, Union européenne...), Illovo est incité à accroître la production de sucre de canne, notamment en augmentant la superficie de ses cannaies, pour réduire la dépendance du pays aux exportations de tabac (60 % des exportations totales), très exposées aux fluctuations du marché. L'extension du périmètre de ces grands domaines sur les terres des petits exploitants limitrophes ne va toutefois pas sans tension. Dans le secteur primaire, il faut également mentionner la pêche : les poissons des lacs du pays, au premier rang desquels le lac Malawi, sont à la fois sources de protéines et de revenus pour les populations riveraines ; le chambo, menacé par la surpêche, en est la meilleure illustration. Le poisson séché est, en sus, exporté dans les pays voisins. Le bois, notamment par le truchement des plantations de résineux des plateaux de Viphya et Zomba, est utilisé dans la construction et l'ameublement ; la foresterie et la sylviculture sont des activités importantes, en particulier pour l'emploi, mais le secteur est confronté à de récurrents problèmes socio-économiques et environnementaux (coupe illégale et production de charbon de bois par les autochtones, atteinte à la biodiversité...). Au nombre des industries extractives, citons l'exploitation d'une mine d'uranium, par un consortium australo-sud-africain, aux environs de Karonga et celle de mines de charbon dans la région de Mzimba.

Le secteur secondaire

Avec un peu plus de 18,5% du PIB, le secteur secondaire regroupe des industries variées (ciment, fertilisants, construction...), notamment autour de Blantyre où sont localisées de nombreuses usines, en particulier agroalimentaires (biscuiteries, laiteries...). Outre les usines de traitement, conditionnement et raffinage de produits agricoles, on notera la présence du groupe français Castel (principal fabricant et distributeur de boissons alcoolisées – Malawi gin, Carlsberg... – et non alcoolisées – Coca-Cola, Fanta... – dans le pays), de firmes pharmaceutiques locales (produisant à petite échelle des médicaments adaptés au marché malawite) et de la compagnie nationale d'électricité (ESCOM) qui exploite les barrages et centrales hydrauliques du Shire qui fournissent la quasi-totalité de l'électricité produite au Malawi.

Le secteur tertiaire

La part des services dans le PIB malawite s'élève aujourd'hui à un peu plus de 52 %. En forte croissance mais sous-performant et manquant d’infrastructures, le tourisme (8% du PNB en 2023 et pourvoyeur d'environ 4 % des emplois du pays) constitue l'une des priorités gouvernementales en matière de développement économique. Depuis février 2024, pour accroitre le nombre de visiteurs et encourager de futurs investisseurs, le Malawi a engagé une série de mesures visant à faciliter l’entrée d’étrangers, notamment la suppression des visas pour 79 pays dont la France ainsi que la signature d’accords pour des vols directs vers son territoire. Traditionnellement ciblé sur les touristes anglo-saxons et sud-africains, le Malawi cherche à diversifier sa clientèle. Son objectif est de faire passer le nombre de touristes à 1,5 million par an d'ici 2030. Actuellement, le pays accueille environ 600 000 touristes par an générant 65 millions de dollars de recettes.

Parmi les autres services notoires du tertiaire, la vente au détail, l'éducation, les transports (à l'instar de la compagnie aérienne nationale Malawi Airlines), les services de santé, les télécommunications (comme les compagnies de téléphone Airtel, Access Communications Limited et TNM) et le secteur bancaire. Pour conclure, citons la plus puissante compagnie publique du pays, Press Corporation PLC, un holding coté à la bourse de Londres et possédant des parts dans moult entreprises : Castel Malawi, Puma Malawi Limited (compagnie pétrolière propriétaire de stations-service sur l'ensemble du territoire), TNM, National Bank of Malawi, Maldeco Fisheries (compagnie de pêche industrielle basée à Mangochi), etc.

Organisez votre voyage avec nos partenaires au Malawi
Transports
Hébergements & séjours
Services / Sur place
Envoyer une réponse