Histoire Histoire

Anciennement connu sous le nom de Nyassaland, l'histoire du Malawi est marquée par la colonisation britannique qui a débuté au XIXe siècle. Le pays a obtenu son indépendance en 1964 et a connu 30 ans de présidence autoritaire sous Hastings Banda qui a imposé l'une des pires dictatures africaines. Dans les années 1990, des contestations violentes ont mené à des réformes politiques avec l'instauration en 1994 d'un système multipartite. Depuis 30 ans, le Malawi connaît des alternances politiques et des avancées démocratiques. En février 2020, la cour constitutionnelle a annulé l' élection présidentielles de mai 2019 entachée de nombreuses irrégularités. La nouvelle élection en juillet 2020, a consacré la victoire de Lazarus Chakwera, l'actuel président. Bien qu'il y ait eu des progrès dans l'éducation et la santé, le pays est confronté à une pauvreté endémique, une corruption omniprésente et des services publics déficients.

2,5 millions d'années av. J.-C.

Les premiers habitants

La vallée du Rift est de première importance pour la paléontologie ; les découvertes des premiers ossements humains en Éthiopie, au Kenya et en Tanzanie ont permis de mieux comprendre l’évolution humaine. Des fossiles d’hominidés âgés de 2,5 millions d’années ont été découverts en 1993 au Malawi, près de Karonga prouvant la présence d'hominidés et plus particulièrement des hominines qui peuplaient alors le nord de l'actuel Malawi.

60 à 50 000 av. J.-C.

Présence avérée d'Homo sapiens sur les rives du lac à la fin du Mésolithique, notamment sur le site de Mwanganda.

8000 à 1500 av. J.-C.

Arrivée, depuis l'Afrique centrale, de Pygmées twa (Batwa). Les peintures rupestres de Chongoni constituent un puissant témoignage de leur présence dans le centre du pays il y a environ 2 000 ans.

250-1000 ap. J.-C.

Culture de Nkope (entre Monkey Bay et Mangochi), connue pour ses céramiques dont les chercheurs ont trouvé des exemplaires dans l'est de la Zambie, au Mozambique et dans l'ensemble du Malawi méridional.

800-1100

Proche de la culture de Nkope, celle de Kapeni s'épanouit sur les rives du Shire.

Vers 1000

Culture de Longwe dans la vallée du Shire et sur les contreforts est et nord du massif de Mulanje. Les acteurs de cette civilisation étaient d'excellents potiers et pratiquaient vraisemblablement la chasse et la cueillette.

1200-1750

Culture de Mawudzu, principalement définie par sa céramique qui supplanta celle de Longwe et de Kapeni.

1500-1800

Les kyungu (rois du royaume ngonde) commercent (ivoire, or...) depuis Mbande Hill, où est établie leur capitale (nord du Malawi actuel), avec des marchands swahili.

1480-1891

Le royaume du Maravi

Avec l’arrivée des Portugais sur les côtes du Mozambique, les peuples à l’intérieur des terres s’organisent autour de différents royaumes. Le royaume le plus important et le plus centralisé est le Maravi (d’où dérive le nom Malawi), dirigé par la dynastie des Kalonga. Fondé à la fin du XVe siècle, il couvre le sud du Malawi actuel, une partie du nord du Mozambique et l’est de la Zambie. La capitale Mankhamba se trouve au centre du Malawi. Vivant du commerce de l’ivoire et de l’agriculture, le royaume atteint son apogée durant le règne de Masula (1600-1650). Ce chef puissant scelle une alliance avec les Portugais et le royaume s’agrandit. Il s'étend de l'est de la Zambie jusqu'au littoral mozambicain et l'océan indien tout en embrassant le centre et le sud du Malawi. Après la mort du chef Masula, il disparaît peu à peu au profit de royaumes plus fragmentés. La majorité des groupes ethniques du Malawi revendique aujourd’hui l’héritage de ce royaume devenu « mythe fondateur ». Le nord du Malawi reste sous l’influence des Swahilis originaires de Kilwa, qui maintiennent le commerce de l’ivoire avec les villes côtières.

1616

Gaspar Boccaro

En 1616, le Portugais Gaspar Boccaro est le premier Européen à remonter le Shire jusqu'au lac Malawi. Après avoir parcouru plus de 1 000 km entre Tete et Kilwa, Boccaro traversa la rivière Shire et découvrit un lac qui ressemblait à une mer… une référence évidente au lac Malawi. Certaines sources affirment toutefois que des Lusitaniens auraient posé le pied au Malawi dès le XVIe siècle.

XIXe siècle

La traite négrière

En 1824, le sultan Said d’Oman prend Mombasa (côte kenyane) et repousse les Portugais jusqu’au nord du Mozambique. En 1840, le sultan déplace sa capitale de Mascate à Zanzibar, établissant de nouvelles routes commerciales au cœur de l’Afrique (vers le lac Tanganyika et le lac Malawi). L’esclavage, qui a toujours existé dans cette partie de l’Afrique sous les Swahilis de la côte et sous les Portugais, va connaître un nouvel essor après son abolition en Europe et la chute du commerce de l’or en Afrique australe. Les esclaves deviennent la principale ressource de la région : plus de 40 000 sont vendus annuellement à Zanzibar, sans compter les dizaines de milliers de femmes et d’hommes morts durant leur capture ou leur transfert vers la côte. Plusieurs esclavagistes sont basés près du lac Malawi, notamment à Nkhotakota vers 1845. La ville devient la capitale du commerce d’esclaves de la région, d’où partent les convois vers Kilwa puis Zanzibar. Les Yao, originaires du Mozambique septentrional convertis à l’islam dans les années 1840, vont participer à ce commerce dans le sud du Malawi en vendant plus de 40 000 esclaves  aux Portugais (jusqu’à l’abolition de l’esclavage) et aux Omanais. Cet épisode de l’histoire a marqué profondément le pays ; il est encore bien présent aujourd’hui dans la conscience collective des Malawites Le chef esclavagiste Jumbe organise la traite négrière depuis Nkhotakota vers les centres de négoce ourlant le littoral de l'océan Indien. Des guerres intestines sanglantes éclatent au milieu du XIXe siècle dans le Zululand au nord de l’Afrique du Sud, suscitant de vastes migrations, notamment des Ngoni qui marquent leur passage à l’ouest du lac Malawi par plusieurs massacres.

1853-1861

L’expédition de David Livingstone

Le plus célèbre des explorateurs britanniques de l'ère victorienne, David Livingstone (1813-1873) part explorer l’Afrique centrale. Entre 1853 et 1856, à la tête d’une mission écossaise, il est le premier Européen à traverser l’Afrique d’ouest en est, de Luanda en Angola à l’embouchure du Zambèze au Mozambique. Son objectif est d’ouvrir la région au commerce, à la colonisation et au christianisme. En 1859, Livingstone découvre le Mont Mulanje, Zomba, et remonte le Shire jusqu’au lac Malawi. Il rejoint Nkhotakota en 1861. Horrifié par les atrocités de l'esclavage et la cruauté de la traite arabo-musulmane, il poursuit vers le nord et découvre les massacres commis par les Ngoni. Il décide alors de rebrousser chemin en traversant des villages jonchés de cadavres. La malédiction s’abat sur son expédition qui vit ses derniers mois. Une grande partie de ses membres meurent, dont la femme de Livingstone, soit par maladie, soit par accident. Les écrits de Livingstone qui fait de la lutte contre l'esclavage et la traite le combat de sa vie éclairent l’opinion publique anglaise sur les atrocités de l’esclavage dans cette partie de l’Afrique. A son retour en Grande-Bretagne en 1864, fortement marqué par les horreurs qu'il a vues, Livingstone tente en vain une médiation entre les chefs Chewa et Jumbe pour faire cesser le commerce des esclaves. Il meurt le 1er mai 1873 à Chitambo, petit village au nord-est de l'actuelle Zambie. Cette même année, en hommage à son combat, les Britanniques obtiennent la fermeture du marché aux esclaves. Après sa mort, des missionnaires écossais retournent au Malawi en 1875 pour y créer des missions chrétiennes. Les plus importantes s’installent sur l’île de Likoma, à Cape Maclear (Livingstonia Mission) puis en 1876 la mission presbytérienne est fondée à Blantyre. Outre la conversion au christianisme et l’éducation, leur rôle est de pacifier la région et de lutter contre l’esclavage. En 1877, l'African Lakes Company est créée par les frères Moir afin, entre autres objectifs plus ou moins avouables, d'avitailler les missionnaires presbytériens actifs dans la région. La course aux colonies et le partage de l’Afrique par les grandes puissances bouleversent l’histoire du continent. L’arrivée des Allemands à l’est de l’Afrique (Tanganyika) pousse les Anglais à étendre leur territoire au centre de l’Afrique (protectorat britannique de l’Afrique centrale). Prétextant mettre fin définitivement au commerce des esclaves pratiqué encore par les Yao et le sultan de Nkhotakota, les troupes britanniques lancent en 1891 plusieurs attaques et conquièrent le territoire tout entier à la fin du XIXe siècle. La présence anglaise freine ainsi les velléités allemandes et instaure « le christianisme et la colonisation », comme le souhaitait Livingstone.

Décennie 1890

Les Britanniques administrent et incluent le territoire malawite au sein du British Central Africa Protectorate. Ils mettent fin au trafic d'esclaves en vainquant notamment Mlozi, un esclavagiste redouté de la région de Karonga, et plusieurs chefs yao. Création des premières grandes plantations de thé et de tabac. En 1894, Robert Laws fonde la mission presbytérienne de Livingstonia. En 1902, les Pères blancs créent la mission catholique de Mua.

1907

Le protectorat anglais du Nyasaland

En 1907, l’Afrique centrale britannique est divisée en deux territoires, la Rhodésie du Nord (Zambie) et le Nyasaland (le Malawi actuel). Ce dernier est le moins développé de tous les territoires anglais en Afrique à cause du manque de ressources minières et de la densité de la population indigène (6 à 10 fois plus importante qu’en Rhodésie du Nord) qui accroît la rareté des terres disponibles. Le thé est la principale production de la colonie (autour de Thyolo et du Mulanje). Contrairement à toutes les colonies anglaises, seulement 10 % des terres sont détenues par des colons, le reste étant théoriquement laissé aux indigènes africains, mais sévèrement taxé. Les plantations de tabac et de coton sont les seules à avoir survécu à ce système. La majorité de la population devient une main-d’œuvre bon marché pour les mines de Rhodésie ou d’Afrique du Sud. 20 % de la population active (notamment mâle) travaille hors du Nyasaland et 5 % d’entre eux meurent loin de leur famille. Les protestations à l’encontre du système colonial débutent à la veille de la Première Guerre mondiale grâce à l‘activisme des Églises éthiopiennes (le seul pays d’Afrique n’ayant pas été colonisé) qui appellent à une « Afrique pour les Africains ». Influencé par cette idée, l’un des premiers leaders malawites est le pasteur John Chilembwe, qui ouvre une mission autochtone et s’indigne ouvertement de la mort de plusieurs soldats africains lors de la bataille anglo-allemande de Karonga au nord du Malawi en septembre 1914. Après un raid à Blantyre contre les riches planteurs de la haute vallée du Shire, Chilembwe et ses hommes sont tués en 1915 et la mission est fermée.

1898-1997

Hastings Kamuzu Banda

Ce n’est qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et avec l’indépendance du Ghana en 1957, que les idées de panafricanisme et de liberté atteignent le Malawi. Et c’est précisément au Ghana durant cette période que le premier président du pays Hastings Kamuzu Banda a vécu. Le parcours de ce dernier est unique pour l’époque : après un passage en Afrique du Sud et aux États-Unis où il obtient un doctorat en médecine en 1937, il demande à revenir dans son pays natal, mais le droit d’exercer son métier de médecin lui est refusé en raison de la couleur de sa peau. Après un début de pratique à Londres, il s’installe au Ghana où il assure la promotion de son parti créé en 1943, le Nyasaland African Congress, qui s’oppose à l’occupation anglaise de son pays. En 1958, avec la décolonisation des pays africains, Banda revient dans son pays et appelle à des protestations non violentes. Le Nyasaland African Congress, interdit par les autorités britanniques, devient le Malawi Congress Party. Arrêté en 1959 après la proclamation de l'état d'urgence, Kamuzu Banda est incarcéré suite à l'organisation de grèves et de manifestations à travers tout le pays qui conduisent l’Angleterre à lancer un processus d’indépendance qui devient effectif le 6 juillet 1964.

6 juillet 1964

Proclamation de l'indépendance du Malawi

Après avoir fait partie de la  Fédération de Rhodésie et Nyassaland entre 1953 et 1963, le Malawi accède officiellement à l'indépendance à la suite de la proclamation du 6 juillet 1964. Le pays compte alors 3 millions d'habitants. L'African National Congress (ANC), puis le Malawi Congress Party (MCP), vainqueur des élections d'août 1961, jouent un rôle décisif dans la marche vers l'indépendance qui s'accélère au cours des années 50 et 60. Le docteur Hastings Banda est l'une des figures de proue du mouvement vers l'émancipation. Il participe à des pourparlers qui mènent à l'élaboration d'une nouvelle Constitution négociée à Londres, puis à l'obtention de l'indépendance qui est proclamée sans heurts, le 6 juillet 1964. Le drapeau tricolore horizontal noir-rouge-vert du Nyasaland African Congress, force principale de la lutte pour l'indépendance, sert de modèle au drapeau national. Un soleil est ajouté pour symboliser l'avènement de l'espoir et de la liberté dans toute l'Afrique. Le noir représente le peuple africain, le rouge le sang des martyrs de la liberté africaine et le vert la végétation du Malawi. En 1966, la monarchie constitutionnelle est abolie et la République du Malawi qui a pour capitale Lilongwe et qui est membre du Commonwealth est proclamée.

1964-2011

De l’indépendance à 2011

À l’indépendance, Banda est proclamé président du Malawi. Banda met en place un système autocratique avec un parti unique et interdit toute opposition. En novembre 1970, la Constitution est modifiée et fait de Banda le «président à vie» du Malawi. Il dirige le pays en dictateur. Plus de 250 000 personnes sont emprisonnées et plusieurs centaines sont assassinées. Censure, paranoïa et mégalomanie caractérisent son règne de 1964 à 1994, l’une des plus longues dictatures en Afrique. Les Occidentaux soutiennent discrètement Banda en raison de son positionnement anti-communiste durant la guerre froide ; Banda le sait et en profite pour réclamer une aide importante, qu’il obtient. En 1981, le Malawi fait appel au FMI et à la Banque mondiale qui prônent un programme d'ajustement structurel afin de sortir le pays du marasme économique dans lequel il se démène, En 1994, lors de la démission de Banda pour cause de maladie (il meurt en 1997 à l’âge de 99 ans), le Malawi se trouve au même niveau qu’à son indépendance: c'est l'un des pays les plus pauvres d’Afrique. Toujours en 1994, le Malawi connaît ses premières élections démocratiques multipartites qui portent au pouvoir le musulman Bakili Muluzi, deuxième président du pays qui a créé 2 ans plus tôt l'United Democratic Front. Muluzi. Incarnant le renouveau, il ouvre la voie à la démocratie et promulgue une nouvelle constitution. La liberté d’expression devient une réalité et la presse est libre. Réélu en 1999, son deuxième mandat est entaché de soupçons de corruption. À la suite des élections de 2004, un candidat inconnu, Bingu wa Mutharika membre de l'United Democratic Front arrive au pouvoir et fait appel à l’ancienne équipe de Banda sous prétexte de lutte contre la corruption. En 2005, Bingu wa Mutharika crée le Democratic Progressive Party suite à des dissensions au sein de l'United Democratic Front. L’ancien président Muluzi est arrêté en 2006, alors que le premier président Hastings Banda est glorifié (un mausolée géant est construit en sa mémoire à Lilongwe). Le retour aux anciennes valeurs de Banda entraîne celui de l’autoritarisme et du culte du secret. La démocratie est de nouveau menacée. L’un des rares points positifs est la croissance économique du pays, relativement dynamique, grâce à l’importante production de tabac. Mais les relations avec la communauté internationale se dégradent rapidement. L’achat d’un jet présidentiel pour 6 millions d’euros va entraîner la baisse de l’aide humanitaire anglaise. Les pénuries frappent le pays (essence, alimentation, etc.), des mouvements sociaux éclatent, réprimés sans pitié. L’aide internationale est totalement suspendue. Le régime s’enfonce dans la terreur et n’hésite pas à tuer les manifestants. En 2009, Bingu wa Mutharika est réélu président de la République.

2011

Dégénérant parfois en émeutes, des manifestations contre les pénuries, la vie chère et la politique économique du gouvernement ébranlent le Malawi. La vice-présidente du pays, Joyce Banda, fonde le People's Party.

2012-2014

Joyce Banda la dame de fer du Malawi

Le 6 avril 2012, alors que le pays est au bord du précipice, Bingu wa Mutharika est frappé d’une crise cardiaque foudroyante. Joyce Banda est nommée le 7 avril 2012 présidente par intérim du pays, c’est la seconde femme présidente d’un pays africain après le Liberia. Elle se fixe comme priorité le rétablissement de l’aide internationale. Ses premiers gestes donnent des résultats rapidement et la communauté internationale lui fait confiance dans la réforme de son pays. En 2013, les investisseurs sont néanmoins refroidis par le scandale du Cashgate. Ce gigantesque détournement de fonds de l'aide publique (30 millions de dollars) au profit de membres du gouvernement fait fortement baisser le nombre de projets engagés entre 2013 et 2015. Le très controversé jet présidentiel est vendu et Joyce Banda décide, sous pression du Fonds monétaire international, de dévaluer le kwacha. Malgré ce scandale de corruption au sein de son gouvernement, la présidente apporte un vent nouveau, et l’espoir d’un meilleur développement du pays semble bien réel. Elle est néanmoins battue lors des élections présidentielles de mai 2014 par Peter Mutharika, le frère de l’ancien président Bingu wa Mutharika, réélu pour un second mandat en mai 2019.

21 Mai 2019

Élection présidentielle

Suite à sa victoire sur le fil lors de l'élection présidentielle, Peter Mutharika, 78 ans, entame un second mandat à la tête du pays. Seulement 159 000 voix le séparent de Lazarus Chakwera, son principal opposant.

lundi 3 février 2020

Annulation du résultat de la Présidentielle

“Nous considérons que Peter Mutharika n’a pas été dûment élu le 21 mai 2019, en conséquence nous annulons les résultats de l’élection présidentielle.” Le verdict de la Cour constitutionnelle du Malawi, qui est tombé lundi 3 février 2020 est à peine croyable. Neuf mois après la tenue de l’élection et au terme de longs mois de conflits politiques et juridiques, les sages ont annulé le scrutin présidentiel. À la tête du pays depuis 2014, Peter Mutharika qui portait les couleurs du Democratic Progressive Party, avait été élu, avec 38,57 % des suffrages contre 35,41 % pour Lazarus Chakwera, chef du principal parti de l’opposition, le Malawi Congress Party. Seulement 159 000 voix séparaient les deux hommes. Sur ce continent où les fraudes électorales sont fréquentes, la décision prise par les grands juges d'annuler ce scrutin a fait grand bruit. Selon la presse nationale, c'est la démocratie qui est sortie victorieuse de ce bras de fer. Il faut dire que l’opposition a contesté la régularité de l’élection en manifestant violemment dans la rue pendant de longs mois. Parmi les fraudes constatées par les opposants, un nombre élevé de procès-verbaux de dépouillement raturés avec du Tipp-Ex a été relevé.

23 juin 2020

Lazarus Chakwera élu Président

Après avoir réussi à faire annuler le résultat de l'élection présidentielle en février 2020 par la cour constitutionnelle, Lazarus Chakwera sort victorieux d'un nouveau scrutin organisé le 23 juin 2020. Le nouveau Président prête serment le 28 juin. L’ancien pasteur évangélique suscite l'espoir dans son pays en dépit des nombreux défis qu'il doit relever. La bureaucratie omniprésente et les formalités administratives interminables sont un substrat fertile pour la corruption qui est présente dans tous les secteurs de l'économie au Malawi. Selon l’Indice de perception de la
corruption (IPC), le Malawi est classé à la 115ème place sur 180. Notons tout de même qu'une légère amélioration de la situation a été observée: En janvier 2022, le Président qui se pose en champion de la démocratie a limogé l’intégralité de son gouvernement en raison des allégations de corruption. En novembre de la même année, des manifestations ont eu lieu contre la cherté des carburants.

13 mars 2023

Le cyclone Freddy

Formé début février au large de l'Australie, le cyclone Freddy a eu une longévité exceptionnelle de 35 jours avec une traversée inédite de 8 000 km d'est en ouest dans l'océan Indien.

Il a suivi une trajectoire en boucle rarement observée par les météorologues, frappant Madagascar et le Mozambique une première fois fin février, puis de nouveau en mars. C'est au Malawi, qui n'avait ressenti qu'une augmentation des précipitations lors du premier passage, que Freddy a terminé sa route en provoquant un bilan humain catastrophique et des dégâts sans précédent. 1200 personnes ont été tuées ou disparues, 800 autres ont été blessées et 508 000 personnes ont été déplacées en raison des inondations et des coulées de boue. Avec des rafales à 200 km/h selon les météorologues, le cyclone a provoqué des inondations et d’importantes coulées de boue, emportant des maisons et ensevelissant des habitants. Le cyclone a également détruit les routes, les ponts, les lignes téléphoniques et les câbles électriques. Face à cette situation dramatique, l'état de catastrophe a été décrété, la police et l'armée ont été déployées. Le pays a sollicité l’aide internationale. La Croix-Rouge française comme d'autres ONG a envoyé ses équipes médicales et deux cliniques mobiles dans le sud du pays, à Blantyre, l'une des régions les plus impactées. Deux semaines de deuil national ont été décrétées. Outre le lourd bilan au Malawi, Freddy a aussi tué 165 personnes au Mozambique et 17 autres à Madagascar, selon l’ONU. Enfin, le Malawi qui connaît depuis 2022 sa plus importante épidémie de choléra - la plus meurtrière de ces 20 dernières années - a vu ses installations d'eau et d'assainissement endommagés et ses structures de santé davantage fragilisées après le passage du cyclone engendrant une recrudescence de l’épidémie. 1616 personne sont mortes et 51 855 ont été infectées depuis mars 2022 selon l'OMS qui indique par ailleurs que le Malawi a reçu 1,4 million de doses de vaccins oraux contre le choléra. Au total, près de 3 millions de personnes ont été vaccinées jusqu’à présent.

Mars 2023

Sécheresse

Le président Lazarus Chakwera a déclaré l’état de catastrophe naturelle dans vingt-trois des vingt-huit districts du pays. Aggravées par le phénomène climatique El Niño, les pluies insuffisantes, les inondations, et la sécheresse prolongée ont détruit 44,3 % des récoltes de maïs, l’aliment de base du pays. Face au risque de famine encouru par deux millions de ménages, le Malawi a sollicité l’aide internationale. Le président a estimé que 600 000 tonnes de maïs, d’une valeur de 200 millions de dollars, étaient nécessaires pour répondre à la gravité de la situation dans le pays. Réapparu au milieu de 2023, El Niño entraîne une augmentation des températures mondiales pendant une année.

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