Découvrez la Zambie : Musiques et Scènes (Danse / Théâtre)

Moins connue que celle de sa voisine congolaise, et peut-être même un brin éclipsée par elle, la musique de Zambie demeure pour beaucoup un mystère. Et pourtant, elle recèle des trésors qui ne demandent qu’à être découverts. Comme sa tradition musicale, riche et vivante, véritable cœur battant de chaque ethnie peuplant le pays. Une tradition que chaque génération d’artiste a eu à cœur de moderniser. Sans surprise, c’est elle le noyau de la musique pop des années 1980 zambiennes, le « Kalindula », du rock des années 1970, le « Zam-rock », ou du hip-hop des années 2000, le « Zed hip-hop ». En somme, la tradition est ici infatigable et immortelle. Ce qui ne veut surtout pas dire que le pays a les yeux rivés sur son passé. La jeune scène est toujours plus dynamique et quelques stars en devenir, comme la rappeuse Sampa The Great, commencent à séduire les oreilles internationales.

shutterstock_711781084.jpg

Les musiques et danses traditionnelles

En Zambie, il y a au moins autant de traditions musicales et chorégraphiques qu’il y a de groupes ethniques. On en dénombre un peu plus de 70, généralement regroupés selon les principales familles linguistiques : Bemba, Tonga, Nyanja, Luvale-Mbunda, Lozi et Kaonde.

Si les musiques et danses sont en général utilisées afin de transmettre ou divertir, elles endossent souvent un rôle thérapeutique en Zambie. Par exemple, le peuple Tumbuka pratique le vimbuza, rituel organisé pour guérir des personnes possédées par des esprits. S’il est exécuté par les hommes comme les femmes, seules ces dernières – et les enfants du village – sont autorisées à encercler le « patient ». Les hommes de leur côté battent le rythme sur des tambours spécifiques tandis que le cercle entre progressivement en transe et chante des chansons pour appeler les esprits protecteurs. Bien vivant, le vimbuza est toujours pratiqué dans les zones rurales où vivent les Tumbuku et le rite est par ailleurs inscrit à l’UNESCO.

Autre danse liée à la possession des esprits, elle aussi inscrite à l’UNESCO, le mooba est la principale pratique chorégraphique du groupe ethnique Lenje (de la province centrale). Lorsque la danse atteint son apogée, certains danseurs sont alors possédés par des esprits ancestraux appelés BaChooba, la tradition racontant que ces esprits guident dès lors la danse, les tambours et les chants. Une danse de divertissement autant que de guérison, connue de presque tous les adultes du groupe.

Elle aussi inscrite sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO, la danse kalela, des peuples Bisa, Ngumbo et Ushi, est un divertissement exécuté par les hommes et les femmes et ponctué de chants d’appel et de réponse. Durant la danse en elle-même, les participants forment deux ou trois lignes, avançant et reculant et chantant au rythme du tambour. Les représentations publiques apparaissent lors de nombreux événements comme les célébrations internationales et nationales ou les mariages et les funérailles.

Aussi, certaines danses ont pour destination le contrôle social comme la très frétillante ndendeule, pratiquée par les jeunes filles Nsenga pour avertir leurs pairs à propos de la sexualité précoce. Dans le même ordre d’idée, la cérémonie d'initiation chisungu présente dans les provinces de Luapula et de Muchinga, vise à prévenir les relations sexuelles avant ou hors du mariage, au travers d’initiations auxquelles participent de jeunes filles atteignant leur puberté.

Parmi les pratiques initiatiques de passage, citons la manchacha, musique rapide de fête jouée sur un ensemble de quatre à cinq tambours lors des mariages et des cérémonies, marquant la transition à l'âge adulte des jeunes filles et surtout le Gule Wamkulu. Durant un culte lié à l'initiation des jeunes hommes à l'âge adulte, le Gule Wamkulu est exécuté à la fin de la procédure pour célébrer l'intégration des jeunes hommes dans la société adulte. Il est généralement pratiqué lors des mariages, funérailles ou à la mort d'un chef et voit des danseurs porter des costumes et des masques en bois et en paille, figurant des animaux sauvages ou des esprits. Une fois encore, cette pratique précieuse a été inscrite sur la liste de l’UNESCO.

C’est également le cas de la danse budima, pratique chorégraphique du peuple Wé (lié aux Tonga) intervenant lors des cérémonies traditionnelles, des funérailles ou des mariages. D’inspiration guerrière, la danse est exécutée avec des lances, des sifflets, des flûtes, des haches de cérémonie ou des boucliers, les hommes mimant l’action sur le champ de bataille.

Enfin, dernier rite d’importance, la « mascarade des Makishi » est un long rituel d’initiation masqué, pratiqué par de jeunes garçons des peuples Tchokwés, Luvale, Luchazi, destiné à les intégrer comme adulte dans la société.

En Zambie, il n'y a pas de musique sans percussions. Parmi les plus courantes, mentionnons le maoma, tambour géant des Lozi, l’imangu, percussion des Bemba et le kachacha, instrument à clochettes des Luvale. Le mbira, piano à pouce présent dans de nombreux pays d’Afrique est très utilisé ici aussi sous différents noms, notamment « kalimba ».

Généralement, pour approcher de près les traditions musicales et chorégraphiques zambiennes le mieux est encore d’assister aux cérémonies des diverses ethnies. Par exemple, la cérémonie Kuomboka du peuple Losi, la plus célèbre du pays, s’achève dans une grande soirée de danses, de chants et de festivités. Les danses rythment également de grands événements tels que la cérémonie Mutomboko du Peuple Lunda de Luapula ou celle nommée Lunda Lubanza, pratiquée par le même groupe.

La musique populaire

La musique traditionnelle de Zambie a largement contribué à façonner le paysage musical populaire du pays. Son impact est particulièrement frappant chez des groupes comme les Mulemena Boys ou les Sakala Brothers.

L’héritage de la tradition musicale zambienne est également au cœur d’un des genres les plus typiques du pays : le kalindula. Véritable déferlante des années 1980, soutenue par une volonté gouvernementale d’encourager la musique zambienne (95 % de la musique diffusée à la radio devait obligatoirement être zambienne), cette esthétique est une « électrisation » un peu pop de la musique traditionnelle jouée à la basse et aux banjos (la version zambienne de l’instrument) auxquels s’ajoutent des percussions. Genre tradi-moderne par excellence, le kalindula tourne en orbite autour du folklore. Par exemple, le Serenje Kalindula Band s'est largement inspiré des traditions du peuple Lala, tandis que PK Chishala – considéré comme l’un des plus grands artistes du genre – a largement puisé dans la mythologie et les sonorités Aushi. Dans l’ensemble, le genre est massivement perçu comme un vecteur d’une certaine unité nationale, les chansons adoptant différentes langues du pays et véhiculant des messages positifs de tolérance et d’acceptation et de respect des cultures.

Populaire des années 1970 jusqu’à la fin des années 1990, le genre a été porté par des artistes comme Larry Maluma, Green Mamba, Mashombe Blue Jeans – tous devenus des stars un moment ou l’autre – ou encore le groupe Amayenge, qui maintient la flamme du kalindula vivante. Chez les artistes plus récents, Dominic Kakolobango s’est distingué par son kalindula aux influences folk-blues-jazz et rumba congolaise.

Chaque année, le meilleur des groupes de kalindula se croise au Tonga Music Festival, installé dans le sud de la Zambie.

Les musiques actuelles

Aux racines des musiques actuelles de Zambie, il y eut le « Zam-Rock ». Abréviation de « Zambian Rock & Roll », le Zam-Rock émerge dans les années 1970 comme un style fiévreux et psychédélique, axé autour de la danse. Inspiré par des rockeurs comme Jimi Hendrix, les Rolling Stones, Deep Purple ou la légende de la soul James Brown, le genre a ajouté au style de ces derniers des influences locales, sous l’impulsion d’artistes tels que William Mapulanga, Stephen Tsotsi Kasumali et John Lushi. Le Zam-Rock a été un vrai phénomène contre-culturel. Les textes des principaux groupes du genre – The WITCH, The Peace, Amanaz et Paul Ngozi pour les pionniers ou The Oscillations et Five Revolution ou CrossBones peu après - aimaient à défier les aspects conservateurs de la société. The Story of Zamrock, un très beau coffret de plusieurs albums, édité sur le label américain Now Again Records en 2020, documente très bien l’effervescence de cette scène à part.
Autre genre typiquement zambien, le Zed Beats (aussi appelé « zed music ») apparaît au début des années 2000, le terme désignant l’ensemble des nouvelles musiques urbaines zambiennes influencées par le hip-hop, le dancehall, la musique électronique ou le reggae ou encore le ndombolo congolais. La plupart du temps, ces chansons affichent une fibre R&B et pop prédominante, trempée d’influences zambiennes – dont le kalindula. Parmi les artistes populaires du Zed Beats, citons Danny, Petersen Zagaze, Runnel, Baska Baska et Exileet K’Millian. Bien que très masculine, les femmes parviennent à se faire une place sur cette scène comme le prouvent les succès de Mampi ou de Kay Figo.

Sans surprise, la Zambie a aussi cultivé une scène hip-hop. Plus surprenant, le genre a développé une forme propre appelée « Zed Hip-Hop ». S’il est présent sur le territoire dès les années 1980, le hip-hop prend vraiment son essor durant la décennie suivante. La chute de l'apartheid en Afrique du Sud en 1994 fait circuler en Zambie le kwaito, un style de rap natif des townships sud-africains. Son succès va servir d’exemple aux jeunes rappeurs locaux et les pousser à se détourner des artistes américains comme MC Hammer ou Tupac Shakur pour bâtir une identité propre, comme leurs prédécesseurs l'avaient fait avec le Zam-Rock.

Avec le temps, la scène hip-hop locale connut un succès sans précédent, portée par des artistes très suivis et écoutés comme Macky 2 et Slap Dee. Le genre a aussi engendré divers sous-genres et styles comme par exemple, MC Wabwino qui rappe en introduisant des styles traditionnels nsenga agrémentés de rumba congolaise ou le kopala Swag, variante typique du copperbelt et dont le fameux Chef 187 est la figure de proue.

Zed Beats comme Zed Hip-hop sont tous deux caractérisés par des beats rapides, enlevés, et des paroles oscillant entre commentaires sociaux, messages politiques ou chansons d’amour.

Si le rap possède une image contre-culturelle, voire subversive, dans le pays, il est bon de rappeler que c’est une rappeuse, qui est l’artiste zambienne la plus connue à l’international : Sampa The Great. Née en Zambie en 1993, Sampa Tembo de son vrai nom, rappe depuis son plus jeune âge, influencée par son idole le rappeur américain Tupac Shakur. Dans les années 2010, elle étudie aux Etats-Unis puis s'installe à Melbourne, où sa carrière va prendre son envol. Depuis son premier projet The Great Mixtape, l’artiste plonge dans ses racines zambiennes pour composer sa musique. Un pari gagnant qui lui a permis de collaborer avec de grands labels comme Ninja Tune et assurer les premières parties de mastodontes tels que Kendrick Lamar ou Lauryn Hill.

Rares sont les endroits pour apprécier un bon concert à Lusaka mais mentionnons tout de même Fox & Hound, parfait pour passer une bonne soirée avec de bons concerts et DJ sets ou Chez Ntemba, l’une des adresses les plus agréables de la ville, avec une grosse partie de la programmation consacrée à la rumba et surtout au ndombolo congolais, mais aussi au rap.

Organisez votre voyage avec nos partenaires en Zambie
Transports
Hébergements & séjours
Services / Sur place
Envoyer une réponse