Découvrez la Géorgie : Les enjeux actuels

La Géorgie a alterné, depuis son indépendance en 1991, des périodes de forte turbulence politique et des périodes plus stables. Le 17 octobre 1995, le jeune pays se dote d'une nouvelle Constitution, suivie d'un Code civil et d'une loi sur l'entreprenariat destinée à attirer les investissements étrangers. La Géorgie est aussi dotée d'un nouveau Code pénal et d'une loi encourageant les investissements étrangers. Malgré le désordre politique, le manque de moyens et de personnel compétent, d'énormes progrès sont faits, même si le chantier institutionnel est encore loin d'être achevé. En 2003, la « révolution des roses » renverse Edouard Chevarnardze, considéré comme légataire de la politique russe. Cependant, cette révolution des roses s'essouffle aussi et le parti du Rêve géorgien arrive au pouvoir en 2012. Entre influence russe et tentative de rapprochement avec l'Union Européenne, la Géorgie peine à trouver son envol.

La présidente du pays, Salomé Zourabichvili © paparazzza - Shutterstock.com.jpg

Une instabilité politique persistante

La « révolution des roses » renverse Eduard Chevarnardze en 2003. Le nouveau président d'alors, Saakachvili, a deux objectifs : modernisation et démocratisation. La Géorgie regarde vers l'Europe, tournant alors le dos à la Russie. Celle-ci répond par une pression diplomatique et économique toujours plus grande. La guerre de 2008 sera la concrétisation de ces tensions. En politique intérieure, le nouvel élu prône l'éradication de la corruption, une idéologie libérale, et une réelle transformation sociale et économique du pays. Sous sa gouvernance, la Géorgie est devenue une démocratie à économie libérale de marché. Le chemin est loin d'être « pavé de roses » : à la suite de ses abus de pouvoir, Saakachvili est évincé en 2013. Celui-ci sera remplacé par l'oligarque Ivanichvili, à la tête de la coalition le Rêve géorgien. Le 28 octobre 2018, un vent de renouveau marque la scène de la politique en Géorgie. Le président Margelachvili vient de terminer son mandat, avec un résultat mitigé. Son parti, le Rêve géorgien, avait soutenu finalement l'ex-diplomate française Salomé Zourabichvili qui s'était présentée initialement sans étiquette. Peu après l'élection de la nouvelle présidente, la Géorgie doit encore faire face à une crise politique profonde lorsqu'un député communiste russe intervient au Parlement géorgien, relançant les accusations d'influence russe... En février 2021, l'arrestation d'un chef d'un parti d'opposition provoque une nouvelle crise politique en Géorgie. L'Union Européenne tente d'intervenir comme médiateur mais le parti gouvernemental renonce finalement à signer l'accord de compromis.
Les efforts de médiation de l'Union européenne ont abouti le 19 avril 2021 à un accord de compromis signé par le « Rêve géorgien » et une partie de l'opposition mais le parti gouvernemental a annoncé son retrait de l'accord le 29 juillet. Les conditions de détention de l'ancien président Saakachvili continuent de jeter de l'huile sur le feu sur la scène politique géorgienne et les tensions sont de plus en plus marquées entre la majorité et les oppositions.

En 2024, le torchon continue de brûler lorsque d'un côté le parti du Rêve géorgien prend une orientation pro-russe en faisant voter la loi sur l'influence étrangère qui est considérée comme pro-russe, alors que la présidente, pro-européenne, décide sans succès de poser un veto sur cette loi.

Les élections législatives du 26 octobre 2024 sont donc attendues avec un grand intérêt par la population.

Les institutions

Depuis 1991, la Géorgie est une république présidentielle. La présidente actuelle, Salomé Zourabichvili, élue en 2018 – exceptionnellement pour six ans – au suffrage universel direct, détient le pouvoir exécutif. Depuis 2015, le rôle du président a une fonction purement représentative, l'essentiel de l'exécutif étant détenu par le Premier ministre, actuellement Irakli Kobakhidze. Le pouvoir législatif est aux mains du Parlement, ou Conseil suprême.

En octobre 2024, des changements importants auront lieu après les élections législatives : le président sera désormais élu au suffrage indirect.

Le « propriétaire de la maison sur la colline »

Point n'est besoin de le nommer, en Géorgie, on sait de qui il s'agit. Le Rêve géorgien reste l'instrument d'un seul homme : Bidzina Ivanichvili. Avant les élections présidentielles de 2018, il a adoubé la présidente Salomé Zourabichvili même si les relations ne sont plus forcément au beau fixe. Le milliardaire n'a pas besoin de poste officiel : il est le véritable homme fort du pays. Sa fortune, faite en Russie, s'élevant officiellement à 4,9 milliards de dollars, équivaut à 45,4 % du PIB de la Géorgie. En 2024, il sort officiellement de sa « retraite politique », même si cela était un secret de Polichinelle pour tous qu'il continuait à tirer les fils du pouvoir durant cette période de retraite.

Libertés et droits de l'homme en Géorgie

Selon un rapport du Parlement européen daté de juillet 2018, la Géorgie a encore des progrès à faire en termes de droits de l'homme, en particulier envers les « groupes minoritaires et vulnérables » : les minorités ethniques, les personnes LGBT, les femmes en proie aux violences sexuelles…

Les ONG accusaient le gouvernement d'ingérence dans des procès estimés inéquitables. Selon Amnesty International, les forces de l'ordre ne respectant pas les droits fondamentaux des citoyens demeurent impunies. Certains réfugiés politiques sont rapatriés de force dans leur pays d'origine, comme cela a été le cas pour des réfugiés turcs ou azerbaïdjanais, kidnappés par des forces de l'ordre géorgiennes.

Le 17 septembre 2024, une loi sur la « protection des valeurs familiales et des mineurs » est votée uniquement par les députés du parti du Rêve Géorgien, les autres députés contestant le vote de cette loi ayant boycotté le vote. La loi est clairement anti-LGBT et vise à renier les droits des minorités sexuelles, notamment en interdisant les « rassemblements et manifestations » qui mettent en avant les relations homosexuelles. Le lendemain du vote de cette loi, la femme transgenre la plus célèbre de Géorgie, Kesaria Abramidzé, est assassinée chez elle et les autorités ouvrent une enquête pour « meurtre avec préméditation et circonstance aggravante de cruauté liée au genre ».

Géopolitique : un enjeu, Europe ou Russie ?

S'allier avec l'Europe, ménager la Russie, telle est la politique de la Géorgie, même si ses relations avec son grand voisin sont particulièrement houleuses. La guerre de 2008 concernant l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud n'a pas été perçue par le reste du monde comme un simple conflit local. En réalité, c'était un conflit indirect entre l'Occident et la Russie. Deux options se présentaient alors : une domination russe dans cette région hautement stratégique ou une continuation des investissements politiques et économiques européens. La région est désormais un enjeu, non exempt de conflits futurs entre le monde occidental et la Russie.

« Go East »

Les données ont bien changé pour la Géorgie. Elle n'est plus seule sur le grand échiquier géopolitique. Aux yeux de l’Occident, à commencer par les États-Unis, l'ensemble du Caucase représente un nouveau centre d’intérêt. Dès le début des années 2000, l’OTAN et l'Europe regardent vers l’est avec deux objectifs : la recherche de nouvelles énergies et l'établissement d'une nouvelle stratégie géopolitique. Les grands esprits se rencontrent : la Géorgie a, quant à elle, adopté une position largement pro-occidentale. Elle se tourne définitivement vers l'Europe.

La Géorgie est désormais membre de l'ONU et de diverses organisations internationales comme l'OMC, l'OSCE, le conseil de l'Europe, enfin la Coopération économique de la mer Noire. La population géorgienne, ressentant l’attitude de la Russie comme une menace perpétuelle, est donc très majoritairement favorable à une adhésion à l’OTAN et à l'Union européenne. Une base de l’OTAN a d'ailleurs été ouverte en Géorgie en 2015. Lors de votre voyage, vous verrez souvent des drapeaux de l'Union européenne, plus brandis que jamais avec les drapeaux nationaux lors des manifestations.

La Géorgie et ses voisins

Turquie et Géorgie : une position géostratégique. Situées entre les régions pétrolières de la mer Noire et de la mer Caspienne, la Turquie et la Géorgie occupent une position d'envergure. L'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (sud-est de la Turquie) et Bakou-Tbilissi-Erzurum acheminent le précieux or noir de la mer Caspienne à la mer Méditerranée. La Turquie est d'ailleurs le troisième partenaire commercial de la Géorgie.

Face à l'Iran. Dans son histoire, la Géorgie, maintes fois annexée par la Perse, était considérée autrefois comme une région du « Grand Iran ». La Géorgie est donc très influencée par la culture perse, sur le plan politique, économique et culturel. Les relations entre les deux pays sont bonnes, très fructueuses sur le plan économique.

Avec l'Arménie. La Géorgie constitue le seul « point d'ouverture » pour l'Arménie. Le pays lui ouvre un accès à la mer Noire par ses liaisons terrestres et ses ports. Ces infrastructures représentent, pour l'Arménie, l'unique moyen de transit terrestre pour exporter et importer des produits. La Géorgie est également le seul point de passage pour le gazoduc reliant Vladikavkaz et Erevan.

Relations avec l'Azerbaïdjan. La Géorgie et l'Azerbaïdjan ont des intérêts communs : des relations complexes avec la Russie, des conflits séparatistes menaçant leur intégrité territoriale… Ils ont donc tout intérêt à renforcer leurs relations. L'Azerbaïdjan exporte du gaz et du pétrole, fournissant ainsi en ressources énergétiques la Géorgie à la place de la Russie. Le pays constitue aussi un pays de transit. Les deux pays continuent quand même régulièrement de se chamailler sur le sujet du site historique de David Garedja.

Économie du pays

Depuis la révolution des roses, l'économie géorgienne s'est métamorphosée. Depuis dix-sept ans, le pays s'est lancé dans un programme important de réformes économiques et politiques. Malgré une fragilité socio-économique, le pays a pu se moderniser. A été adoptée une économie libérale prônant une politique de privatisations, de ventes et de taxes à taux très faibles, permettant ainsi un véritable boom dans les secteurs tertiaires. La Géorgie tire aussi profit de sa position géographique lui assurant un rôle de pays de transit, permettant d'acheminer les hydrocarbures venus de la mer Caspienne.

En 2023, le PIB par habitant est d'un peu plus de 6 000 dollars américains.

En termes de commerce extérieur, la Géorgie exporte principalement du minerai de cuivre, des ferroalliages, et réexporte des voitures. Dans le domaine agroalimentaire, la Géorgie est connue pour son vin, ses spiritueux, l'or et des médicaments. Elle importe des hydrocarbures, des voitures, du cuivre, des équipements industriels, du blé et du seigle.

Le tourisme, en plein essor, est un axe majeur dans l'économie. En 2018, la Géorgie a accueilli 8 millions de visiteurs, soit presque trois fois le nombre de ses habitants. En 2023, le pays a presque retrouvé son niveau d'avant-Covid pour les visiteurs internationaux. Le pays est ainsi, grâce à ses réformes structurelles, de mieux en mieux intégré à l'économie mondiale et attire les investisseurs grâce à de nombreux atouts : une politique très libérale, une position stratégique, un régime fiscal avantageux, un permis de résidence aisément acquis, et une facilité d'accès.

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