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Composition ethnique et démographie

Selon le dernier recensement fait en 2014 en Géorgie (chiffres parfois aléatoires), la population se déclinerait ainsi :

Population urbaine : 58,6 %.

Densité : 65,1 habitants par kilomètre carré.

On estime à environ – chiffre contesté – 51 000 habitants vivant en Ossétie du Sud et 241 000 en Abkhazie (un chiffre très aléatoire). Le groupe majoritaire se compose à 87,8 % de Géorgiens.

Composition ethnique, hors régions « occupées » (Abkhazie et Ossétie du Sud)

Géorgiens selon le recensement de 2014 : 87,8 %, Arméniens 4,5 % (168 000), Azerbaïdjanais (6,8 %).

Population vivant en Géorgie inférieure à 1 % : Mingréliens, Grecs, Ossètes (14 000), Yézidis, Svanes, Kistes (Tchétchènes), Biélorusses, Assyriens, Kurdes, Judéo-Géorgiens, Daguestanais (Avars et Lezguiens), Allemands, Ukrainiens, Tatars, Kists, Roms.

Une vraie crise démographique

Depuis 1991, date à laquelle la Géographie retrouve enfin son indépendance, son taux de croissance démographique commence à diminuer, pour observer, année après année, jusqu'à 2020, une diminution annuelle constante d'environ un peu plus de 1 %. En vingt ans, le pays perd un dixième de sa population. Le pays est sujet, en effet, à une émigration massive, des avortements sélectifs et une baisse de la natalité très forte.

Le pays est donc passé sous le seuil critique du renouvellement de la population – seulement 1,9 enfant par femme. Depuis l'indépendance, les conditions de vie en Géorgie se sont nettement dégradées. La Géorgie, après l'implosion de l'URSS, a perdu 70 % de son PIB, et figure désormais parmi les plus pauvres des anciens pays satellites du bloc soviétique. Selon un rapport de l'ONU, la population a diminué de 1 % en 2019 par rapport à l'année précédente. Si l'émigration se poursuit au même rythme (126 personnes par jour quittant la Géorgie), elle continuera de baisser de 1,21 % cette année en 2020.

Des racines que l'on n'oublie pas

En Géorgie, les identités régionales sont si fortes qu'elles s'imposent même au sein de l'arbre géologique paternel. Si une famille d'origine imérétienne ou kakhétienne est installée à Tbilissi depuis trois générations, elle n'oubliera néanmoins pas de préciser ses origines. L’est et l’ouest du pays ont leurs propres spécificités en termes de caractères de leurs habitants – et les clichés sont encore largement de mise, si ce n'est exacerbés. Ainsi, les Géorgiens mettent l'accent entre les principales caractéristiques des populations vivant à l'est ou à l'ouest du pays.

De l'immortalité et de l'absurdité des clichés

À l'ouest, les Imérétiens sont censés être bavards, blagueurs, extravertis, excessivement bien élevés, à la limite de l'hypocrisie. On dit que les Gouriens sont intelligents, rapides et actifs.

À l’est, les Kakhétiens ont la réputation d’être sobres et fiers, d'avoir le sang chaud, le sens de la fête – à travers le vin et les supra. Les Kartliens sont censés être rudes et durs, les habitants de la région de Khazbegui sont, aux yeux du reste du pays, de rudes montagnards, les Touches de Touchétie sont, quant à eux, des bergers de grande transhumance.

Des étiquettes indélébiles sont plaquées sur les minorités. Mais pas de stéréotypes plaqués sur les habitants de Tbilissi ou Mtskheta. AÀl'image de Paris, tout le monde ou presque vient d'ailleurs. Au XIXe siècle, la Géorgie connut un grand exode rural vers Tbilissi. Ainsi, les clichés des résidents de la capitale sur les régionaux sont exacerbés, et vice versa, Comme partout dans le monde, les étiquettes sont toujours difficiles à décoller. Mais les principales victimes des stéréotypes, ce sont les minorités, qui ont déjà la vie dure, et contres lesquelles les stéréotypes s'acharnent, alors que tous ont participé à la richesse culturelle de ce pays.

Venus de bouts de plusieurs mondes, ils avaient rendez-vous en Géorgie

Au cours de l'histoire, la Géorgie a été une vraie mosaïque multi-ethnique. Jusqu'à l'avènement de l’État-nation, au XIXe siècle, les identités collectives étaient avant tout sociales et religieuses. La région du Caucase a connu, au fil des siècles, une histoire particulièrement mouvementée. Elle a façonné un territoire caractérisé par une population très hétérogène. Dès la fin du XIXe siècle, la Géorgie a voulu construire un État nationaliste contre l’empire tsariste puis le bloc soviétique. Au tout début du XXe siècle, les mouvements nationalistes ont donné naissance aux identités nationales et territoriales. L'identité géorgienne est née et lors de l'indépendance du pays entre 1918 et 1921. En Géorgie, histoire et nationalisme ne pourraient faire qu'un ! Durant la période soviétique, la politique stalinienne, concernant les minorités, s'appuyant sur les repères ethniques, créait des espaces où les minorités se reconnaissaient plus dans leur ethnie que dans leur région. Ainsi, les Arméniens étaient poussées à aller à Erevan, les Azéris à Bakou, les Géorgiens à Tbilissi. En outre, les membres de ces minorités étaient poussés à parler en premier lieu leur langue maternelle, le géorgien n'étant enseigné que comme seconde langue. Cela ne facilite pas l'intégration de certains à l'heure actuelle qui ne parlent ni ne comprennent le géorgien.

Lors de l'effondrement de l'URSS, les diversités ethniques sont dès lors moins marquées.

Répartition des minorités ethniques

Les Arméniens constituent le deuxième groupe le plus important vivant en Géorgie. Équivalent à environ 5 % de la population, ils sont concentrés dans le sud du pays, dans la région de Samtskhe-Djavakhétie, zone frontalière de l'Arménie, mais aussi en Abkhazie, au nord du pays, sous contrôle russe. À Tbilissi, au XIXe siècle, la communauté arménienne était majoritaire. La ville conserve de larges vestiges de passé arménien. En 2020, à la suite d'une histoire très mouvementée et des exils consécutifs, celle-ci s'est réduite à seulement 7 % des citoyens. Les Arméniens ont toujours été très présents un peu partout dans le pays. Au fil des siècles, ceux-ci occupaient une place plus ou moins importante au sein du royaume, occupant des fonctions militaires ou administratives, étaient laboureurs, vignerons, commerçants, Des capitalistes célèbres prêtaient sur gages au royaume. La communauté arménienne a longtemps concentré la vie économique du pays.

Les Arméniens installés dans la région méridionale sont les descendants des émigrés poussés à fuir lors des guerres russo-turques du XIXe siècle. D'autres sont venus s'installer en Géorgie avant la Première Guerre mondiale. De nos jours, isolée par une chaîne de montagnes, cette communauté n'opère que peu d'échanges économiques ou sociaux avec les autorités de Tbilissi, ni avec le reste du pays. Beaucoup d'Arméniens ne parlant pas le géorgien se retrouve dans un État de pauvreté généralisé.  En 2008, 8 % seulement des Arméniens parlaient le géorgien.

Les Azéris sont concentrés en Kartli et Kakhétie (6,6 % de la population) à la frontière avec l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Ils sont de confession musulmane chiite. 45 % de la population des provinces de Kvémo-Kartli est également azérie, parle l’azerbaïdjanais – une langue s'assimilant au turc – et parle très peu le géorgien (seulement 7 % de la population la parle couramment). La communauté est essentiellement rurale dans cette région principalement agricole et fournit Tbilissi en pommes de terre et en légumes. Cette communauté, très isolée et repliée sur elle-même, est peu intégrée au reste de la Géorgie.

Ces deux minorités, dans l'ignorance de la langue officielle, n'ont pas accès à une information adéquate dans les médias ni à l'enseignement du géorgien. Elles ne peuvent donc trouver un emploi ni être actives dans les domaines sociaux. C'est un problème se montrant nettement plus aigu dans ces deux communautés, les plus importantes du pays, que dans les autres minorités.

Les Russes

Les Russes ne forment plus qu'une toute petite communauté concentrée à Tbilissi et dans les grands centres urbains. En 2002, plus de 80 % d'entre eux avaient quitté la Géorgie. Ceux qui restent ne parlent pas le géorgien. C'est un vrai problème d'intégration pour eux, qui ne va pas se résoudre. Le russe, une langue autrefois véhiculaire dans le pays, disparaît peu à peu. Les jeunes Géorgiens de moins de 25 ans ne le parlent plus.

La communauté kurde yézidie réside principalement à Tbilissi, Roustavi et Batoumi. Intégrés socialement, ils n'ont qu'un faible niveau d'éducation, donc un accès difficile à l'emploi. La société géorgienne, de type clanique et clientéliste, les écarte des réseaux sociaux qui leur faciliteraient un accès à l'emploi. En 2004, 52,4 % de la population géorgienne vivait sous le seuil de pauvreté.

Des minorités très isolées

En 1991, le slogan scandé par les Géorgiens lors de leur indépendance, « la Géorgie aux Géorgiens », pour se débarrasser de l'influence soviétique, a largement égratigné ses minorités. À l'ère soviétique, les langues des minorités étaient privilégiées, et le géorgien était enseigné comme seconde langue. En conséquence, après l'indépendance, leur communication était limitée, avec pour résultat une représentation infime et un accès difficile aux postes officiels dans l'administration ou gouvernementaux.

La plupart des minorités parlent le russe comme seconde langue, non le géorgien, ce qui ne facilite pas leur intégration. Cette barrière linguistique vient s'ajouter à un manque d'infrastructures en matière scolaire et au manque de communication. Les Arméniens, les Biélorusses, les Ukrainiens, enfin les Azéris souffrent de cet isolement. L'anglais est toutefois privilégié par la jeune génération.

Si le gouvernement géorgien a fait d'énormes efforts pour intégrer ses minorités, le succès n'est pas au rendez-vous. Il existe un énorme écart entre la société géorgienne et les minorités, très marginalisées, qui privilégient toujours leur langue maternelle. Les Arméniens de Samtskhe-Djavakhétie rêvent d'une autonomie et du rattachement de leur région à l'Arménie. D'autres membres de minorités ne pensent qu’à retourner dans leur pays d'origine au lieu de s’intégrer comme citoyens à part entière en Géorgie. Le pays reste divisé en clans, en minorités, en partis politiques…

La situation économique catastrophique a poussé un large nombre de membres de minorités et de Géorgiens à regarder vers des horizons plus larges, en prenant le chemin de l'exil.