Découvrez l'Albanie : Les enjeux actuels

Si l’objectif prioritaire de l’Albanie est l’intégration à l’Union européenne, elle doit encore relever bien des défis pour satisfaire aux critères d’adhésion. Ainsi, en 2019, alors qu’une majorité de pays membres étaient d’accord pour soutenir ce projet, la France et les Pays-Bas n’ont eu aucun mal à trouver des arguments pour torpiller le dossier albanais : absence de transparence des flux financiers, non-respect des règles environnementales… Certaines ONG soulignent aussi le manque de respect des droits des minorités ethniques (Grecs, Roms et Slaves), des minorités sexuelles, des enfants et des femmes ainsi qu’une mainmise de la mafia sur les institutions politiques et un manque d’accès à des sources d’information indépendantes. Difficile de lister ici tous les problèmes auxquels ce petit pays doit faire face. C’est donc avec la plus grande admiration que l’on salue la résilience et le sens de l’hospitalité des Albanais.

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Émigration

83 % des Albanais souhaitent quitter leur pays, selon une enquête publiée en 2023 par le Conseil de coopération régionale, l’agence de l’Union européenne pour l’intégration des Balkans. Dans les faits, près de 80 000 habitants quittent l’Albanie chaque année. Parmi eux, 70 % choisissent la France et le Royaume-Uni. Selon le Conseil de coopération régionale, les principales causes de cet exode massif sont le coût de la vie, le chômage et le manque de perspectives en matière d’éducation.

Pauvreté

Avec un salaire net moyen de 700 € par habitant en 2024, l’Albanie est le quatrième pays le plus pauvre d’Europe, derrière l’Ukraine, la Moldavie et la Macédoine du Nord. Elle affiche pourtant un taux de croissance encore relativement élevé : + 4,8 % en 2022, + 3,6 % en 2023, + 3,3 % en 2024. Mais cela ne profite qu’à une partie de la population. En 2022, la Banque mondiale estimait que 22 % des habitants vivaient sous le seuil de pauvreté, contre 10 % en moyenne dans l’UE. Environ 14 % des Albanais vivent avec moins de 7 € par jour. Environ la moitié de la population active travaille dans le domaine de l’agriculture, alors que ce secteur ne représente que 21 % du PIB. Le taux de chômage s’établissait à environ 11 % en 2024. Mais ce chiffre cache, là encore, de profondes inégalités : parmi les 18-34 ans, il dépasse les 50 %.

Mafia

Le terme de « mafia albanaise » (Mafia Shqiptare) désigne les organisations criminelles locales qui ont éclos à partir de 1990. Une quinzaine de clans ou familles seraient ainsi impliqués dans différents trafics illégaux à l’échelle internationale. Leur poids dans l’économie nationale, bien que difficile à estimer, est considérable. Depuis le milieu des années 2010, plusieurs institutions et médias soulignent que l’Albanie est devenue « le premier État-narco d’Europe ». Non seulement, elle est le premier pays producteur de marijuana du continent, mais la mafia albanaise contrôle désormais la plus grande partie des réseaux de drogues : marijuana d’Afrique du Nord, cocaïne d’Amérique du Sud, héroïne d’Asie centrale et drogues de synthèse. La mafia est aussi largement impliquée dans le trafic d’êtres humains avec des réseaux de passeurs et de prostitution dans toute l’Europe.

Criminalité et corruption

Malgré le poids de la mafia, qui ferait vivre environ 20 % de la population du pays, le taux de criminalité est relativement bas. On constate toutefois une hausse du taux d’homicide. En 2022, celui-ci s’établissait à 2,1 pour 100 000 habitants : c’est deux fois plus qu’en France, mais autant qu’au Canada ou en Belgique. Ce qui est plus opaque, c’est le poids de la corruption. Moneyval, le comité d’experts anticorruption du Conseil de l’Europe, s’inquiète du laisser-faire des autorités locales, en particulier en matière de blanchiment d’argent. Pour les habitants et les observateurs étrangers, il ne fait ainsi guère de doute que c’est l’argent sale de la mafia albanaise qui a permis la construction des hautes tours du centre de Tirana ces dernières années. Avec, au passage, d’importants fonds ayant servi à corrompre les politiciens jusqu’au sommet de l’État.

Dénatalité et vieillissement

Le taux de fécondité, longtemps l’un des plus forts d’Europe, est en baisse constante. Alors qu’il était de 6,46 enfants par femme en 1960 et de 2,90 en 1990, il est aujourd’hui à moins de 1,40. Cela est dû à plusieurs facteurs, principalement à la pauvreté et à une quasi-absence de structures d’accueil pour les enfants en bas âge. La dénatalité associée à la forte émigration fait que la population du pays est en baisse : 3,3 millions d’habitants en 1990 contre 2,8 millions aujourd’hui. Dans toutes les villes, sauf à Tirana, la population est en déclin. Certes, cette baisse s’atténue à présent. Mais comme l’espérance de vie s’accroît (72 ans aujourd’hui, contre 54 ans en 1960) et que ce sont surtout les jeunes qui quittent le pays, on constate un vieillissement inquiétant de la population : entre 2020 et 2050, la part des plus de 65 ans devrait passer de 15 à 26 %. Ainsi, alors que le tourisme est en forte croissance, le secteur est à présent confronté à un problème de main-d’œuvre qualifiée. Si bien que les hôteliers envisagent de faire appel à des travailleurs étrangers pendant la haute saison.

Ingérence étrangère

L’Italie exporte ses déchets en Albanie. Mais aussi ses… migrants ! Depuis 2024, Rome et Tirana ont ratifié un accord pour que l’Albanie accueille chaque année 36 000 migrants interceptés par les services italiens en mers Adriatique et Ionienne. L’État italien finance ainsi deux camps « de transit » à Shengjin et près de Lezha. Autre camp, autre lieu et autre ingérence étrangère : depuis 2018, à Manëz, près de Durrës, l’État albanais accueille à la demande des États-Unis 3 000 membres de l’Organisation des moudjahiddines du peuple iranien (OMPI), un mouvement de résistance armée au régime islamique de Téhéran. La Turquie, la Chine et les États arabes du golfe Persique bénéficient aussi d’une oreille très attentive de la part des autorités de Tirana, qui acceptent volontiers des investissements et financements pas toujours transparents et rarement dénués d’arrière-pensées hégémoniques.

Grande Albanie

Le projet d’une Shqipëria Etnike, d’une unification des territoires « ethniquement albanais », plane comme une menace au-dessus des Balkans. Depuis la déclaration d’indépendance du Kosovo, en 2008, Tirana et Pristina renforcent chaque année un peu plus leurs liens. Presque entièrement vidé de sa population serbe, le pays voisin est devenu le second État à majorité albanaise. Dans un premier temps, pour remplir les conditions d’entrée dans l’UE, l’Albanie et le Kosovo ont assuré vouloir respecter le tracé des frontières. Mais au fur à mesure que les perspectives d’une intégration européenne s’éloignaient, les leaders des deux pays ont multiplié les déclarations en vue d’une unification. Désormais, alors que les camions kosovars peuvent déjà accéder sans contrôle jusqu’au port de Durrës, Pristina et Tirana mettent en place un réseau diplomatique et un système éducatif communs. Un projet d'élection d'un président unique pour les deux pays est également à l’étude. Plus ou moins soutenue par les États-Unis, cette unification à de quoi inquiéter la Grèce, le Monténégro et la Macédoine du Nord qui craignent que Tirana revendique à présent les territoires habités par les minorités albanaises dans ces 3 pays.

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