Histoire Histoire

Il y a 42 000 ans commence la période de la préhistoire en Albanie avec l’installation de l’homme moderne (Homo sapiens) au même moment qu’en France : le plus ancien site habité se trouve dans la vallée de Kryegjata, près du site antique d’Apollonia. Le peuplement se concentre pendant trente millénaires dans la partie sud, à proximité du littoral. Vers 6500 avant notre ère, la zone lacustre de Maliq, près de Korça, est un des berceaux de l’agriculture en Europe. Les traces de nombreux villages ont été identifiées depuis 2010, en particulier le site de Vashtëmi, considéré comme l’une des premières fermes d’Europe orientale. La découverte de cette société rurale appelée « culture de Maliq » est très récente. En fait, il a fallu attendre la chute du régime communiste, en 1992, pour que les recherches sur la préhistoire en Albanie commencent réellement, en collaboration avec des scientifiques français et américains.

Ces deux peuples mal connus prennent pied en Albanie à la fin de l’âge du bronze, vers l’an 1000 avant notre ère. Les Bryges sont originaires de l’actuelle Turquie. Descendants des Phrygiens, ils ont émigré en Thrace, en Macédoine, puis en Albanie après la chute de l’Empire hittite. On les retrouve aussi bien dans le sud de l’Albanie que dans le nord de la Grèce. Quant aux Illyriens, installés dans la partie centrale du pays, les Albanais les considèrent avec fierté comme leurs « ancêtres ». Le terme « illyrien » est en fait très vague et fut donné par les auteurs antiques à différents peuples indo-européens n’ayant aucun rapport entre eux, si ce n’est d’être des fermiers nomades présents dans les Balkans, du Danube à l’Adriatique, depuis le II^e millénaire avant notre ère. D’ailleurs, les Croates eux aussi revendiquent une parenté avec les Illyriens. Si ces derniers ont supplanté les Bryges dans la mémoire collective, c’est qu’ils ont laissé plus de traces, des épées en bronze, par exemple. Experts dans le travail du métal, ils furent aussi de grands éleveurs de chevaux.

L’Antiquité en Albanie commence avec l’arrivée des Grecs apportant avec eux l’écriture, la science, etc. Dès le VIII^e siècle av. J.-C., les Chaoniens, tribu grecque de l’Épire, s’installent dans la partie sud et fondent les premières villes : Antigonie, près de Gjirokastra, puis Phœnicè et Bouthroton (site de Butrint classé au patrimoine mondial de l’Unesco), près de Saranda. Au VII^e siècle av. J.-C., le mouvement s’accélère. Des colons de Corinthe et de Corcyre (Corfou) fondent Epidamnos, l’actuelle Durrës, en 627, puis Apollonia, en 588. Au VI^e siècle av. J.-C., des colons d’Argolide (Péloponnèse) fondent Aulon, l’actuelle Vlora, tandis que les Dassarètes, une tribu rattachée aux Chaoniens, donnent naissance à Antipatreia (Berat). Les Grecs de ces nouvelles cités cohabitent alors relativement pacifiquement avec les anciens habitants bryges, illyriens et thraco-illyriens organisés en une multitude de tribus.

Au tournant du IV^e siècle avant notre ère, le roi Bardylis (448-358) fédère plusieurs tribus illyriennes au sein du royaume de Dardanie avec l’actuelle Shkodra comme capitale. Allié à Denys l’Ancien, tyran grec de Syracuse (Sicile), il conquiert l’Épire. Il est finalement vaincu par le puissant royaume voisin de Macédoine qui est alors sur le point de s’emparer de la Grèce. Ses successeurs représenteront toutefois une menace constante pour les Grecs et les Macédoniens. Ainsi, en 335, juste avant de se lancer à la conquête de l’Empire perse, Alexandre le Grand doit lui-même venir pacifier l’Albanie. Mais bientôt les troubles recommencent. Vers 250, le roi illyrien Agron est à la tête d’une flotte de navires pirates qui sème la terreur en Adriatique. Avec l’appui de dissidents grecs, il se constitue un royaume allant de la Dalmatie (côte de la Croatie) à Corfou. À sa mort, en 231, sa seconde épouse, la reine Teuta, assure la régence. En faisant assassiner des ambassadeurs romains, elle déclenche les guerres d’Illyrie en 229. Celles-ci s’achèveront en 168 av. J.-C. avec la mainmise de Rome sur l’Albanie et toute la côte adriatique.

Dès 167 avant notre ère, le territoire de l’actuelle Albanie est scindé entre deux immenses provinces romaines : au nord du fleuve Drin, l’Illyricum intègre Shkodra et s’étale le long de l’Adriatique jusqu’en Croatie ; au sud, la Macedonia s’étend au sud-est jusqu’à Thessalonique (Grèce). Pour autant, les peuples locaux continuent de se révolter et il faut un siècle aux Romains pour imposer la paix. Dès lors, l’économie prospère avec la modernisation des villes fondées par les Grecs et la construction de la via Egnatia, grande voie commerciale qui relie Rome à Byzance avec l’ancienne Epidamnos, rebaptisée Dyrrachium, comme port d’escale vers l’Italie. La cité se développe et, au II^e siècle de notre ère, l’empereur Trajan la dote du plus grand amphithéâtre des Balkans, d’une capacité de 20 000 spectateurs. En 284, l’empereur Dioclétien réorganise les provinces. Tandis que la région de Shkodra intègre la Praevalitana avec le Monténégro et une partie de la Serbie actuels, la partie centrale constitue l’Epirus Nova (Nouvelle Épire) et la partie sud est rattachée au nord-ouest de la Grèce pour former l’Epirus Vetus (Vieille Épire).

À la fin du IV^e siècle, l’Empire romain est menacé par l’irruption de nouveaux peuples et par le christianisme qui remet en cause le culte unificateur voué à l’empereur. La solution adoptée est de scinder l’Empire en deux. C’est ainsi qu’en 395 les provinces couvrant l’actuelle Albanie se retrouvent intégrées à l’Empire romain d’Orient. Tandis que l’Empire romain d’Occident disparaît rapidement, cet empire dit « byzantin » va durer onze siècles (record absolu en Europe) en s’appuyant sur le christianisme, le droit romain et la culture grecque. Il doit son nom à sa capitale, Byzance, située sur le Bosphore et bientôt rebaptisée Constantinople (l’actuelle Istanbul) en l’honneur de Constantin, premier empereur chrétien en 337. Les habitants de l’Albanie se convertissent eux aussi progressivement. Le principal changement intervient avec les raids des Wisigoths, puis des Huns en 461. Jusqu’au VII^e siècle, avec l’installation des Slaves en Albanie, les Byzantins ne parviennent que très difficilement à contrôler la région. Celle-ci leur échappe aussi d’un point de vue religieux, puisqu’elle reste rattachée au pape de Rome jusqu’en 732. Cela provoquera plus tard une profonde division entre les Albanais catholiques (au nord) et orthodoxes (au sud) lors du schisme des Églises d’Orient et d’Occident en 1054. Au IX^e siècle, face à la menace bulgare, l’Albanie est reprise en main et organisée en province militaire : le thème de Dyrrachium, avec l’actuelle Durrës comme chef-lieu. Mais plusieurs révoltes éclatent au XI^e siècle. L’autorité des Byzantins est aussi fragilisée par les invasions des Normands de Sicile (1040-1189) et la prise de Constantinople par les croisés en 1204. Cela aboutit à la création de premières entités féodales comme la principauté d’Arbëria (région de Kruja), le despotat d’Épire (au sud) et le royaume d’Albanie (1272-1368) fondé à Dyrrachium par Charles d’Anjou, roi de Sicile et frère du roi de France Saint Louis. Après une guerre civile au sein de l’Empire, l’Albanie sort définitivement du giron byzantin pour intégrer l’éphémère Empire serbe en 1347.

Après une courte domination serbe (1347-1355), l’Albanie est scindée en une multitude de seigneuries aussi bien albanaises, franco-albanaises, gréco-albanaises, serbes que bulgares. C’est pour régler un conflit avec un de ses voisins que le prince de Durrës, Karl Thopia, descendant de la dynastie française des Angevins, demande l’aide des Ottomans, en 1385. Ces Turcs islamisés issus d’Asie centrale ont entrepris la conquête de l’Empire byzantin depuis le XII^e siècle. Organisés en empire par Osman I^er en 1299, les Ottomans vont étendre leurs possessions de La Mecque à Sarajevo, allant jusqu’à occuper l’Algérie et la Hongrie au XVI^e siècle. Avant même de s’emparer de Constantinople, en 1453, dont ils feront leur capitale, ils prennent pied dans les Balkans à partir de 1347. L’appel à l’aide de Karl Thopia représente donc pour eux une opportunité. Avec le soutien de celui-ci, les Ottomans remportent la bataille de Savra, le 18 septembre 1385, dans la plaine centrale de la Myzeqeja, face à une coalition de seigneurs albanais et slaves. Quatre ans plus tard, la bataille décisive de Kosovo Polje (au Kosovo), le 15 juin 1389, leur assure le contrôle des Balkans. En Albanie, la présence des Ottomans est d’abord concentrée dans le Sud. Gjirokastra est la première capitale du sandjak d’Albanie en 1420. Dans la partie nord, en revanche, la résistance s’organise. À partir de 1444, Skanderbeg, seigneur de Kruja devenu aujourd’hui héros national, prend la tête de la ligue de Lezha, une insurrection de chefs de clan chrétiens soutenue par Venise, le Monténégro, la papauté et le royaume de Naples. Les Ottomans doivent déployer d’importantes troupes pour reprendre une à une les places fortes de la rébellion. Kruja finit par tomber en 1478, dix ans après la mort de Skanderbeg, tandis que Shkodra, défendue par les Vénitiens, sera la dernière ville albanaise conquise le 25 avril 1479.

Après 1479, la conquête définitive de l’Albanie par les Ottomans se traduit par une conversion des seigneurs à l’islam, imités par toute une partie de la population. Deux régions albanaises vont toutefois rester majoritairement chrétiennes : tandis que Shkodra et le Nord demeurent en partie catholiques, Korça et le Sud conservent une forte tradition byzantine et orthodoxe. Le reste de la population profite des avantages offerts par la conversion, notamment l’exemption de l’impôt frappant les non-musulmans. Les villes aussi s’islamisent avec le développement de la charchia. Élément de l’architecture ottomane hérité des Perses, ce centre urbain concentre autour d’une mosquée des fontaines, des ateliers, un marché, une école religieuse et des caravansérails servant de gîte pour les caravanes de marchands. Tout en conservant l’usage de la langue albanaise, la population islamisée intègre rapidement les codes de la culture turque. L’élite locale, proche de l’influente confrérie des bektashis, profite de nouvelles opportunités aux postes administratifs et militaires, jusqu’au palais du sultan, où l’on comptera pendant quatre siècles 42 Albanais au poste de grand vizir (Premier ministre) de l’Empire ottoman. L’Albanie reste en revanche à l’écart du mouvement de modernisation qui accompagne le réveil national des Grecs, des Slaves et des Roumains au XVIII^e siècle. Les Albanais restent attachés à un empire qui, pourtant, décline. Profitant de ses faiblesses, les pachas (gouverneurs) gagnent en autonomie. En 1820, Ali Pacha de Tepelena, puissant gouverneur albanais de Ioannina (nord de la Grèce), va jusqu’à déclarer son indépendance. Il sera assassiné deux ans plus tard, mais, entre-temps, il aura joué un rôle clé dans le déclenchement de la guerre d’indépendance grecque (1821-1829) qui marque le début du retrait des Ottomans d’Europe. Au XIX^e siècle, les autres nations des Balkans se soulèvent et obtiennent leur indépendance. Toutes sauf l’Albanie, considérée par les Turcs comme le dernier rempart de l’Empire en Europe. Le timide mouvement de la Rilindja Kombëtare (« Renaissance nationale ») voit le jour dans les années 1830, mais il vise à davantage d’autonomie et non à l’indépendance. Les Albanais prennent toutefois les armes contre les Ottomans en 1909 pour empêcher le rattachement de Shkodra et du Kosovo au Monténégro et à la Serbie. En octobre 1912, l’ensemble des nations orthodoxes des Balkans déclenchent la première guerre balkanique contre l’Empire. Assimilés aux Turcs, les Albanais craignent d’être envahis par leurs voisins et déclarent aussitôt leur indépendance, sans que les Ottomans s’y opposent, le 12 novembre 1912.

L’Albanie va longtemps payer sa fidélité à l’Empire ottoman. Elle ne dispose d’aucun allié extérieur et son indépendance ne sera reconnue qu’en 1920, l’année où la capitale est déplacée de Vlora à Tirana. Contrôlé par des chefs claniques issus de l’élite ottomane, le pays ne dispose, en outre, d’aucune administration. Les écoles et les hôpitaux sont rares, les investissements extérieurs quasi inexistants. La jeune et pauvre nation est rapidement soumise au bon vouloir des grandes puissances. Dès décembre 1913, elle est amputée de sa partie sud, l’Épire du Nord, confiée à la Grèce. Au cours de la Première Guerre mondiale, l’Albanie reste neutre, mais elle devient un théâtre d’opérations secondaire du grand front de Serbie et de Macédoine. Pendant l’hiver 1915-1916, lors de la longue retraite des Serbes vers l’île de Corfou, des francs-tireurs albanais massacrent des dizaines de milliers de civils et militaires passant sur leur territoire. Cet épisode qualifié de « Golgotha albanais » par les Serbes, vaudra au pays d’être traité avec méfiance par la France et ses alliés qui s’emparent de grandes villes de la partie sud en 1917. Les dernières troupes étrangères, y compris grecques, partiront en 1923. Placée au ban des nations, l’Albanie s’enlise dans la crise. Le mécontentement populaire fournit l’occasion au Premier ministre Ahmet Zogu de confisquer le pouvoir à partir de 1925. Instaurant une véritable dictature, ce fils de chef de clan prend le titre de roi sous le nom de Zog I^er en 1928. S’il lance les premières réformes de modernisation, il place aussi l’Albanie dans une situation de complète dépendance économique vis-à-vis de l’Italie fasciste. Mussolini finit par annexer le pays le 7 avril 1938, contraignant Ahmet Zogu à l’exil en France, où il mourra en 1961.

Dès le début de l’occupation italienne, en 1938, un régime fasciste albanais est créé. Cet État fantoche se retrouve embarqué dans une catastrophique tentative d’invasion de la Grèce en 1940. La petite armée grecque résiste et parvient même à s’emparer du sud de l’Albanie. Pour sauver Mussolini, Hitler doit retarder l’invasion de la Russie et lance ses armées s’emparer de la Yougoslavie et de la Grèce en avril 1941. L’État fasciste albanais se voit alors confier certains territoires yougoslaves où vivent des albanophones, au Kosovo et en Macédoine yougoslave. Les collaborateurs traquent les opposants, raflent les civils serbes. La plus grande partie de la population adopte une position neutre, sans grande hostilité toutefois à l’égard de l’occupant. Tout change avec la destitution de Mussolini en 1943. L’Albanie passe alors sous la coupe de l’Allemagne nazie. Tandis que les plus extrémistes rejoignent bientôt la division SS Skanderbeg, composée essentiellement de Kosovars, de nombreuses familles viennent en aide aux réfugiés juifs arrivés au début du conflit. Le gouvernement pro-allemand lui-même refuse de fournir la liste des Juifs vivant en Albanie. Quelque 2 000 personnes échapperont ainsi à la déportation. La résistance, quant à elle, se divise en deux mouvements : l’un nationaliste, le Balli Kombëtar (« Front national »), l’autre, communiste, le Partia e Punës (« Parti du travail »). Mais sur le terrain, les actions contre les Allemands sont rares. Les combats opposent surtout les résistants entre eux. Soutenus par les partisans yougoslaves de Tito, les communistes albanais dirigés par Enver Hoxha gagnent du terrain. Acculés, les membres du Balli Kombëtar finissent par s’allier aux nazis, les aidant à évacuer le pays lors de la retraite allemande des Balkans. Libérée sans véritable combat, le 28 novembre 1944, la nouvelle Albanie communiste restitue les territoires du Kosovo et de la Macédoine yougoslave. Tous les citoyens suspectés de collaboration sont pourchassés sans merci. Mais le nouvel homme fort du pays, Enver Hoxha, promet des lendemains qui chantent.

Le système mis en place par Enver Hohxa a été le plus dur régime communiste d’Europe. Il fut marqué par l’orthodoxie marxiste, la répression brutale de toute forme d’opposition, l’isolationnisme économique, une paranoïa aiguë quant aux supposées menaces d’invasion par la Yougoslavie et l’OTAN et une interdiction progressive de toutes les religions. La République populaire d’Albanie est proclamée en janvier 1946, et l’essentiel de l’économie passe sous le contrôle de l’État. Jusqu’en 1948, l’Albanie se rapproche de la Yougoslavie socialiste, un projet de fédération commune est même envisagé. Mais en 1948, Tito est banni par Moscou, ce qui marque pour l’Albanie la rupture avec la Yougoslavie, la prise en main totale du pouvoir par Enver Hoxha, et ouvre une période de relations étroites avec l’URSS. À la mort de Staline en 1953, les relations avec Moscou vont se distendre. La rupture avec l’URSS en décembre 1961 suivra de peu l’arrivée de Khrouchtchev au pouvoir, Enver Hoxha s’en tenant à une ligne marxiste-léniniste pure. Cela entraîne la perte brutale de la moitié des débouchés du commerce extérieur albanais et d’importantes purges jusqu’au sein de la dictature. Un rapprochement avec la Chine est opéré. Il n’est pas qu’économique, certaines pratiques maoïstes étant également importées : envoi des cols blancs à la production, collectivisation accrue des terres, abolition des grades dans l’armée, interdiction de toute pratique religieuse en 1967 et destruction de la plus grande partie du patrimoine historique. La fin du maoïsme et la visite de Tito en Chine (1977) sont très mal perçues par Enver Hoxha. Les relations se détériorent, et la Chine cesse brutalement ses liens commerciaux. En 1978, c’est la rupture avec Pékin. L’Albanie s’ouvre alors vers certains pays occidentaux. Après la mort d’Enver Hoxha, le 11 avril 1985, le pays rompt avec l’isolationnisme, renoue des relations diplomatiques avec la Grèce, l’Allemagne, le Canada et la France. La véritable rupture avec le communisme se fait sous la pression des étudiants. L’autorisation d’autres partis est acquise en décembre 1990. Au début de l’année 1991, les libertés fondamentales sont restaurées (liberté de culte, liberté de circuler, liberté de la presse…). Les élections de 1992 conduisent à la chute du régime et à l’élection de Sali Berisha, ancien cardiologue d’Enver Hoxha, à la présidence de la République.

Depuis le retour à la démocratie, le pays a été secoué par une guerre civile en 1997 causée par la banqueroute des sociétés d’épargne pyramidales. L’état insurrectionnel est tel que le gouvernement perd alors le contrôle du pays. L’intervention d’une force de l’ONU permet de retrouver le calme. La vie politique reste dominée par deux formations, le Parti socialiste (issu de l’ancien Parti communiste) et le Parti démocrate (fondé par Sali Berisha). Régulièrement, tous deux s’accusent mutuellement de corruption, de clientélisme et de bourrage des urnes. Cette situation a permis l’essor d’une mafia au pouvoir grandissant. Mais les deux partis ont aussi en commun l’objectif d’arrimer leur pays à l’Europe. Si l’Albanie a réussi à rejoindre l’Otan en 2009, elle semble condamnée à rester longtemps à la porte de l’Union européenne. 2019 est une année catastrophique, marquée par le plus fort tremblement de terre qu’ait connu le pays depuis un siècle (une cinquantaine de morts) et par le refus catégorique du président français Emmanuel Macron de laisser l’Albanie intégrer l’UE. En 2021, des élections consacrent la victoire du Parti socialiste et du Premier ministre sortant Edi Rama, mais avec un taux de participation de 48 % seulement.