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Le Nil

Le Nil est la principale source d’eau du pays qui s’étend sur 1 280 km. Au sud, le lac Nasser en retient les eaux, puis il coule jusqu’au Delta où il se divise en deux branches qui se jettent dans la mer Méditerranée. L’agriculture se développe le long du Nil, dans le Delta ainsi que, à moindre échelle, dans les oasis du désert libyque. Le fameux cycle des crues du Nil a été interrompu avec la construction successive de deux barrages au niveau de la première cataracte, à Assouan. Le petit barrage construit en 1902 avait déjà modifié le cycle du fleuve, mais c’est la mise en eau du haut barrage d’Assouan, à la fin des années 1960, qui donne à l’homme le contrôle total sur le fleuve et ses aléas. Depuis que les crues ne déposent plus le limon nourricier sur les terres arables, l’agriculture s’est rationalisée avec l’accroissement de la mécanisation et l’usage des pesticides et des engrais.

Sous l’influence de Gamal Abdel Nasser, une entreprise de reconquête des terres sur le désert a été lancée dans le but d’agrandir les surfaces cultivables et de nourrir une population grandissante. Tout au long du Nil, mais surtout aux marges du Delta, sont créés des « terres nouvelles » grâce aux méthodes d’irrigation et d’enrichissement des sols désertiques. De grands travaux sont également lancés dans les années 1990, avec moins de succès. Le projet immense de « Nouvelle Vallée » devait donner naissance à une vallée fertile à l’ouest du Nil, grâce à la construction d’un canal apportant les eaux du lac Nasser, de la station de pompage de Toshka vers le nord pour rejoindre la région des Oasis, à l’est. Il semble que le projet ait été réduit à la conquête des terres proches du canal et de la station de pompage.

Ces projets de conquête des terres sont également liés à l’enjeu démographique auquel est confronté le pays. Les gouvernements successifs depuis deux décennies se sont lancés dans la construction de nombreux développements urbains dans les terres désertiques avoisinant les centres urbains préexistants. Ce phénomène s’est fortement accentué ces dernières années comme solution à la forte pression démographique sur les ressources et les services. La construction d’une nouvelle capitale administrative dans le désert, à l’est du Caire, a pour but officiel de désengorger la capitale égyptienne, souvent paralysée par les embouteillages et marquée par une croissance urbaine incontrôlée. Cette nouvelle ville devrait pouvoir accueillir plus de 7 millions d’habitants ainsi que le siège du pouvoir, les ministères et les ambassades. Ces projets gigantesques sont toutefois confrontés à des problèmes de financement ainsi qu’à la raréfaction des ressources naturelles disponibles, et notamment l’eau. C’est là que se joue en ce moment une partie de l’avenir du pays.

Les sources du Nil. À proprement parler, le Nil, long de 6 500 km, prend sa source dans deux lacs, le lac Victoria donnant naissance au Nil Blanc, et le lac Tana donnant naissance au Nil Bleu. Le lac Victoria est le plus grand des grands lacs africains avec 68 100 km2. Il est alimenté par les pluies qui l’arrosent en avril et en septembre ainsi que par différents fleuves.

Le lac Tana, en Éthiopie, est contenu dans une dépression formée par les laves durant l’ère tertiaire. Il est plus petit que le lac Victoria, avec 3 600 km2, et est également peu profond, puisqu’il ne dépasse pas 14 m. Il est alimenté par les pluies dont la recrudescence a lieu de juin à septembre. Si l’apport des pluies est le plus important, plusieurs petits cours d’eau l’alimentent aussi.

Le Nil Blanc, long de 3 700 km, est un effluent du lac Victoria qu’il quitte au nord pour traverser l’Ouganda sous le nom de Nil Victoria. Il afflue dans le lac Kioga, à la frontière de l’Ouganda et du Kenya, puis suit son cours avec les impressionnantes chutes de Murchison.

500 km après avoir quitté́ le lac Victoria, il se jette alors dans le lac Albert. Il rejoint ensuite le Soudan du Sud, où il forme une immense zone humide qui a longtemps été la limite d’exploration du Nil. Ces marais couvrent presque 60 000 km2, soit l’équivalent du lac Victoria. Depuis le début du XXe siècle le projet du canal de Jongleï est discuté afin de canaliser les eaux du fleuve pour diminuer le taux d’évaporation très important du marais à des fins d’irrigation. Le Nil est alors rejoint par le fleuve soudanais Sobat qui, par les sédiments blancs qu’il charrie, a donné́ son nom au Nil Blanc. Il continue sa route jusqu’au Soudan où il rejoint le Nil Bleu à Khartoum.

Le Nil Bleu, long de 1 450 km, prend sa source dans le lac Tana, en Éthiopie. Il s’écoule au sud puis poursuit son cours dans 400 km de gorges parfois très profondes, et tranche avec la verdure exubérante des paysages qu’il traverse. Les fameuses crues du Nil étaient dues principalement à la saison des pluies qui faisaient gonfler le Nil Bleu et ses affluents. C’est également des hauts plateaux éthiopiens que provenait le limon fertile, pierre angulaire de l’agriculture en Égypte ancienne et jusqu’aux années 1960. Aujourd’hui, ces sédiments sont retenus par les barrages éthiopiens et par le haut barrage d’Assouan. La question du partage des eaux du Nil, depuis la construction par l’Éthiopie du barrage Renaissance, est source de tensions diplomatiques très fortes entre les pays que borde le Nil. Cette question met en lumière la redéfinition des rapports de force dans la région dans la période post-Printemps arabe.

Le Nil égyptien, ou Grand Nil, est long de 3 000 km. Il est la réunion du Nil Bleu et du Nil Blanc qui confluent à Khartoum au Soudan. En moyenne, 59 % de ses eaux proviennent du Nil Bleu mais ce taux peut atteindre 80 % lors de la saison des pluies.

L’Atbara est l’affluent le plus important du Nil égyptien ; il fournit 25 % de l’eau du fleuve en août, au paroxysme de la saison des pluies. Le long du Nil on trouve six rapides, appelés les cataractes. Elles se situent toutes entre Khartoum et Assouan. Elles sont souvent formées de blocs de granite qui créent des remous et entravent la navigation. Le barrage de Méroé a en partie submergé la quatrième cataracte et la seconde est désormais submergée par les eaux du lac Nasser. Celui-ci s’étend sur environ 480 km, de la frontière soudanaise jusqu’à Assouan où se trouve la première cataracte. Ce lac immense, aussi appelé mer de Nubie, représente pour l’Égypte une réserve d’eau douce de plus de 162 milliards de m3 ! S’il est nécessaire à l’irrigation et à la régulation des crues, il retient également le limon fertile du fleuve, qui s’agglomère au fond du lac.

Celle-ci donne à la ville d’Assouan ses paysages grandioses où le Nil coule, désormais tranquillement, entre les énormes blocs de granit rose. Le Nil poursuit alors son cours jusqu’au Caire, puis à l’entrée du Delta. C’est sur ces rives que l’on trouve les plus beaux monuments de la civilisation égyptienne : Éléphantine, Edfou, Louxor, Karnak, Memphis.

Ses rives font le charme de la Haute-Égypte ou le Saïd, comme l’appellent les Égyptiens. Le fleuve traverse des cultures luxuriantes de palmiers, bananiers et de cannes à sucre, surplombé par le jaune des montagnes qui encadrent la vallée.

Le Delta du Nil. En forme de lotus, le delta a une superficie de 24 000 km2, et sa partie nord qui borde la Méditerranée atteint une largeur de 250 km. Durant l’Antiquité, le Nil, dont le cours est unique en Haute-Égypte, se divisait en sept branches au nord de Memphis, dans son delta. N’existent aujourd’hui plus que deux branches : la branche bolbitine qui se jette à Rachid (Rosette) à l’est et la branche phatnitique qui se jette à Damiette, à l’ouest. Les autres ont disparu au fur et à mesure de l’intervention de l’homme et des changements de lit du fleuve dans cette zone marécageuse. C’est une région particulièrement fertile du fait de l’accumulation de limon. Le delta est désormais soumis à une érosion accrue du fait de la diminution de l’apport en limon depuis la construction du barrage d’Assouan. Ce phénomène s’accompagne d’une augmentation inquiétante de la salinisation des terres les plus proches de la côte. Cette fertilité en fait la région agricole la plus importante du pays et une zone particulièrement peuplée du pays.

Le désert libyque et les oasis

Entre la rive ouest du Nil et la frontière libyenne s’étend le désert libyque. Cette prolongation du Sahara couvre les deux tiers du pays. Il est formé de plateaux de faible altitude et il est couvert de dunes de sable parfois hautes de 300 à 400 m. Des dépressions le creusent par endroits. La plus grande d’entre elles est celle de Qattara, à 134 m au-dessous du niveau de la mer et couvre 18 000 km2. Les sources qui affleurent au fond de ces dépressions, et qu’alimente une nappe phréatique, ont conduit à l’émergence d’oasis : du nord au sud se succèdent celles de Siwa, du Wadi Natroun, de Bahareyya, de Farafra, de Dakhla et de Kharga. Le Fayoum, également situé dans une dépression, ne peut être considéré comme une vraie oasis puisque l’eau présente ne provient pas de la nappe phréatique mais du Nil, qui y débordait à chaque crue annuelle. C’est dans le désert libyque que se trouvent les déserts blanc et noir, prisés des visiteurs pour ses impressionnantes formations géologiques et ses sublimes paysages.

Le désert arabique

Sur la rive orientale du Nil, le désert arabique repose sur un fragment de la plaque continentale africaine, relevé en bordure de la mer Rouge et du golfe de Suez par le jeu de la tectonique des plaques. Il s’élève, depuis la vallée du Nil, jusqu’à une altitude de 610 m à l’est et se hérisse, le long de la côte de la mer Rouge, de pics abrupts et déchiquetés culminant à 2 135 m d’altitude. Région très peu habitée jusqu’à récemment, elle fait désormais l’objet d’un intense développement de villes touristiques sur les bords de la mer Rouge.

Le désert de Nubie

À l’extrême sud, le long de la frontière avec le Soudan, le désert de Nubie est une vaste région de dunes et de plaines de sable. Ses gisements d’or ont été longtemps exploités et permettaient d’alimenter le trésor des pharaons. Les nomades Bedjas y vivent avec leurs troupeaux. La région du triangle de Hala’ib est le lieu d’un contentieux géopolitique entre le Soudan et l’Égypte. Le Soudan le revendique mais, depuis 2000, le territoire est sous administration égyptienne.

Sinaï

Le Sinaï est une péninsule située géographiquement sur le continent asiatique. Encadré par les fosses tectoniques de Suez et d’Aqaba, la péninsule est rattachée au désert arabique par l’isthme de Suez. Le Sinaï est constitué, dans sa partie septentrionale, d’une étendue sablonneuse, qui se prolonge par un plateau central. Le sud de la péninsule est dominé par des montagnes rocailleuses culminant à 2 642 m avec le mont Sainte-Catherine. Le sud du Sinaï offre des paysages variés et magnifiques, à nouveau accessibles sans contrainte sécuritaire.