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Naissance et enfance

Le taux d’accroissement naturel de la population est de 14 ‰. Le taux de mortalité infantile est de 18,3 ‰. Dans un pays ou encore beaucoup de naissances se font à la maison et où le suivi de la grossesse est réservé à une population qui en a les moyens, le taux de mortalité infantile est très élevé. L’indice de fécondité est de 3,3 enfants par femme. Pour la plupart des familles égyptiennes la naissance est un don de Dieu qu’il convient d’accueillir. Malgré cela, des associations de planification familiale tentent d’expliquer aux femmes les enjeux de la gestion des naissances. Pour le moment, elles ont peu d’impact sur la population et aucun soutien gouvernemental.

Les enfants reçoivent un prénom, qui est suivi du prénom du père et du prénom du grand-père. Le nom de famille est peu utilisé. Les garçons sont circoncis, qu’ils soient chrétiens ou musulmans. C’est une tradition à la fois religieuse et sociale. De très nombreuses petites filles subissent encore des mutilations génitales. Malgré l’interdiction de l’excision en 2008 et les actions du gouvernement et des associations, l’Égypte a l’un des taux de prévalence les plus élevés dans le monde. Les chiffres avancés par l’UNICEF sont alarmants : on estime que 91 % des femmes égyptiennes mariées âgées entre 15 et 49 ont été mutilées – 72 % d’entre elles par des médecins. L’origine de cette pratique est confuse : religieuse, traditions familiales… L’excision est pratiquée aussi bien chez les musulmans que chez les coptes.

Relations entre hommes et femmes

La société égyptienne est basée sur des valeurs conservatrices sociales et religieuses qui influent fortement la vie de la population, du berceau jusqu’à la tombe. Les relations entre hommes et femmes ne sont pas exemptes de ce traditionalisme qui encadre et guide les relations sexuelles, maritales et amicales. La tradition veut que l’homme soit en charge d’assurer un revenu à la famille et que la femme s’occupe du foyer et des enfants. Toutefois cette distribution traditionnelle des rôles est de plus en plus remise en question, en particulier dans les milieux urbains. De nombreuses femmes travaillent et sont indépendantes financièrement. Le haut taux de divorce (environ 40 %) fait qu’il n’est plus exceptionnel d’avoir des familles monoparentales. Toutefois de graves problèmes persistent et les cas de harcèlement sexuel ne sont pas rares, même si peu font l’objet d’une plainte. Il est très difficile pour un célibataire d’habiter seul. Difficile pour les hommes, c’est presque impossible pour une femme, en dehors du mariage. La mixité restreinte, les tabous qui entourent la sexualité et les grandes difficultés à avoir des relations sexuelles avant le mariage contribuent à l’ignorance de l’autre genre. Sur beaucoup d’aspects, les femmes restent considérées comme inférieures dans la société égyptienne. Cet état de fait est entretenu par des lois discriminantes, notamment concernant la succession.

Éducation

En Égypte, l’école est obligatoire entre 6 et 14 ans. Elle est gratuite jusqu’à l’obtention du baccalauréat. Néanmoins, beaucoup d’enfants échappent au système scolaire obligatoire, principalement pour travailler et participer au revenu de la famille. La loi égyptienne interdit le travail pour les moins de 14 ans, mais permet des stages à partir de 12 ans, « dans le but de participer à la période des récoltes agricoles ». D’autres enfants très jeunes travaillent malgré l’interdiction. L’éducation des enfants coûte cher aux parents et les redoublements ne sont donc que très rares. Beaucoup d’élèves accumulent des difficultés qui rendent leur éducation de plus en plus compliquée, les bases n’ayant pas été acquises. La vie scolaire égyptienne est rythmée par de nombreux examens qui conditionnent le passage en classe supérieure. Ce système culmine avec l’équivalent du baccalauréat, système complexe qui détermine l’orientation des étudiants en fonction de leurs résultats. Ce système exacerbe la compétition et met une pression très forte sur les enfants dès leur plus jeune âge. Le classement des bacheliers se fait au niveau national et détermine leur entrée dans les universités du pays, classées par facultés et villes, par ordre de mérite. Le prestige accordé à certaines sections, la honte dévolue à d’autres, et le blocage des pourcentages a souvent pour conséquence de former des médecins sans vocation, des ingénieurs sans génie, et de briser des talents artistiques et toute expression créative. Les frustrations sont nombreuses parmi la jeunesse qui se voit souvent privée de tout choix par des parents ambitieux ou par des résultats décevants. Les cours privés « du soir » sont un phénomène très courant. Face aux mauvaises conditions d’enseignement dans le public, de nombreux parents paient des cours particuliers ou en petits groupes à leurs enfants. Or ce sont souvent les mêmes professeurs qui les assurent, pour améliorer leur salaire, souvent très mauvais. Deux millions d’étudiants sont inscrits dans l’enseignement supérieur général. La majorité des étudiants arrêtent leurs études au niveau licence qui s’obtient en quatre années. À part quelques facultés renommées (médecine, ingénierie, sciences politiques…), les diplômes obtenus dans le public ont peu de valeur. Les meilleurs et les plus riches poursuivent généralement leurs études à l’étranger. Depuis quelques années, des universités privées à dénomination étrangère proposent des diplômes de meilleure qualité et une coopération avec des universités européennes pour un diplôme reconnu dans ces pays, mais contre des frais d’inscription prohibitifs, surtout au regard du niveau de vie moyen. L’université égyptienne la plus cotée demeure l’American University of Cairo, créée en 1919 et dont le campus historique se situe place Tahrir, en plein cœur du Caire. Un nouveau campus a ouvert récemment à l’extérieur du Caire, il a coûté presque un demi-milliard de dollars. La German University of Cairo lui fait concurrence et, à moindre échelle, l’Université française.

La famille

Elle constitue le noyau de la société égyptienne ; elle lui donne tout son sens, et prédomine en cela sur l’individu. Dans la plupart des couches sociales, c’est la famille – transformée en conseil – qui va déterminer les choix importants de la vie des individus : orientation universitaire, carrière professionnelle, fiançailles, mariage.

La mère y a un rôle capital ; la maison est son domaine, et c’est en son sein que les rencontres sociales décisives se passent. Dans les familles moyennes, le salon est conçu à la manière d’un sas conventionnel qui ne laisse rien entrevoir de la vie réelle de la famille mais permet de recevoir les gens extérieurs à la famille. Les arrangements matrimoniaux s’y tiennent, ainsi que les dîners entre collègues de travail. La mère se doit d’avoir préparé un espace irréprochable, une cuisine classique parfaite, et d’avoir endimanché ses enfants. La mère sera jugée sur les descendants qu’elle aura donnés à son mari, raison pour laquelle donner naissance à un garçon est indispensable ; c’est presque une faute pour la mère, dans certains milieux, de commencer par mettre une fille au monde. Le mari ne s’occupera pas de l’éducation de sa progéniture, sa responsabilité étant de pourvoir aux besoins financiers de son petit monde. Les rapports entre une mère et son fils sont très forts et très marquants de la place de l’homme dans la société et dans la vie d’une femme en Égypte. La place des personnes âgées est au sein de la maison familiale ; le devoir des enfants est de leur procurer toute l’aide nécessaire à bien vivre leurs jours de retraite, en remerciement des années d’éducation reçues. Ce retour de balancier pallie également à la quasi-absence de politiques sociales. La place de la famille est tellement importante que les amis proches sont appelés par les mêmes termes : on dira facilement Oncle au proche ami du père ou Tante à l’amie intime de la mère, aux beaux-parents des frères et sœurs, etc. Lors d’un mariage, la famille entière est présente, jusqu’aux plus éloignés des parents. Le mariage est un poste de dépenses très important pour les familles qui se doivent d’impressionner leurs invités, souvent très nombreux. Lors d’un décès, c’est toutes affaires cessantes que l’on accourt pour soutenir la famille endeuillée. Les condoléances sont un exercice indispensable, et l’on vient présenter sa sympathie, soit à la maison, soit dans des salons aménagés à cet effet près des mosquées et des églises. Pour ceux empêchés par l’éloignement, le « quarantième jour » est organisé : quarante jours après l’inhumation, une commémoration est organisée, généralement dans les mêmes lieux. La structure familiale forte sied à la plupart de la société, d’autant que ses valeurs sont affirmées par les religions musulmane et copte. L’individu y a une place réduite, mais le respect des valeurs familiales, tel qu’il a été inculqué aux enfants, fait que peu de revendications personnelles éclosent. Ce n’est que dans certaines familles des classes moyenne et supérieure que l’individu a la possibilité d’exprimer des choix personnels.

La santé

La première loi d’assistance sociale a été promulguée en 1950, complétée depuis par un fonds d’assurance sociale et reformée plusieurs fois. L’adhésion au système est théoriquement obligatoire et à la charge de l’employeur et de l’employé (à partir de 18 ans, ou de 16 ans pour les employés du secteur public). Cependant, la plupart des employés du secteur privé étant des manœuvres journaliers, ne disposent pas de contrat de travail et ne peuvent donc adhérer au fonds de sécurité sociale. Parmi les hôpitaux publics, la qualité du système de santé est très inégale d’un établissement à l’autre. On compte treize centres hospitaliers universitaires (les CHU) et 18 autres établissements ou instituts spécialisés de bon niveau. Toutefois de nombreux établissements privés, aux soins de plus ou moins bonne qualité, ont ouvert face à l’engorgement des services publics et à leur mauvaise réputation. L’espérance de vie en Égypte est de 73,2 ans. La population est sujette à de nombreuses épidémies que le manque de politiques de santé publique aggrave. L’Égypte a le taux d’obésité le plus haut au monde et le diabète touche quant à lui 16 % de la population. L’hépatite C, inoculée massivement dans les années 1960 lors d’une campagne de vaccination, est presque entièrement éradiquée grâce à une campagne de masse. Les chiffres officiels sont rassurants vis-à-vis des contaminations du virus HIV mais ils sont sûrement largement sous-évalués du fait du stigmate social que porte la maladie. Si les traitements sont disponibles et gratuits, aucune campagne de prévention ne sensibilise la population aux dangers de la contamination.