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La situation politique

La IIIe République instaurée par la Constitution de 1992 est de type présidentiel et pluraliste. Le président est élu pour une période de cinq ans, il nomme un Premier ministre investi par une Assemblée populaire composée de députés élus pour cinq ans, et qui partage le pouvoir législatif avec un Sénat. Les sénateurs sont élus pour quatre ans au suffrage indirect. Le pouvoir judiciaire est indépendant (au moins officiellement) : il est séparé entre la Cour constitutionnelle et la Cour suprême.
Les élections présidentielles de décembre 2018 ont consacré l'ancien maire de Tananarive, Andry Nirina Rajoelina, pour un mandat de cinq ans. De nouvelles élections sont prévues en novembre 2023.
Le Fokonolona est l’institution fondamentale du pays, elle représente « l’assemblée du peuple ». C’est une instance de proximité dont l’origine remonte avant le XVe siècle et qui est présente dans les quartiers et les villages, une assemblée réellement démocratique à laquelle participe toute la population qui en élit directement les membres du conseil, et le président. Dans la vie quotidienne, il est plus présent que l’Etat, le Fanjakana, qui semble inaccessible. Pour les voyageurs futés, la visite au Fokonolona facilite les échanges avec la population. Lorsque l’on visite un village, le président du Fokonolona apportera volontiers son soutien aux visiteurs. Ainsi, ceux-ci sont vite familiarisés avec les légendes et la tradition orale.

Après le Fokonolona, l’unité territoriale de base est le Fokontany, qui représente plusieurs villages. Les Fokontanys sont regroupés en Firaisanas qui sont eux-mêmes regroupés en Fivondronanas. Ces institutions décentralisées ont été mises en œuvre à partir du début de la IIe République, en 1975.

Economie

Madagascar est un pays en voie de développement. La crise politique de 2009 a interrompu une période de croissance économique entamée en 2003. La reprise a été amorcée après la transition politique (2009-2013), mais elle reste insuffisante pour assurer un véritable développement du pays et de sa population. En 2021, le pays est classé en 173e position sur 191 pays, selon l'indicateur annuel du développement humain (IDH) du PNUD. Les inégalités sociales – plus de 80 % de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté à 2 US$ par jour – et géographiques – 80 % de population vivent en zones rurales, parfois très enclavées – y sont marquées.

La pauvreté est une évidence quotidienne, comme la pénurie et même la famine. Sept Malgaches sur dix qui vivent en milieu rural ont toujours les mêmes besoins : nourrir la famille, avoir accès à l’eau potable, aux soins de santé primaires, scolariser les enfants, reboiser les régions limitrophes des villages, ou améliorer la distribution et la vente de leurs produits. Un exemple parmi d’autres des difficultés de la vie : dans certains quartiers urbains, les coupures d’eau durent régulièrement jusqu’à trois jours et sont malheureusement récurrentes. Dans le pays tout entier, les ruraux n’attendent rien de l’Etat, de la classe politique, ni des « opérateurs économiques ». Les Malgaches sont par ailleurs conscients de la corruption généralisée, qui les prive des richesses (pourtant grandes) de leur pays.

Un pays d’agriculture et d’élevage

La terre occupe huit Malgaches sur dix. Agriculture familiale, coopératives, grandes exploitations, sociétés publiques, mixtes ou privées... A Madagascar, les modes de production sont multiples, mais ce secteur important est à la merci des catastrophes naturelles récurrentes. Les principaux produits sont le paddy (riz à l'état brut, non décortiqué) et le manioc en cultures vivrières ; le café, les clous de girofle, les litchis et la vanille comme produits agricoles d'exportation ; la canne à sucre et le coton comme produits industriels d'exportation.

Madagascar est le pays où l'on consomme le plus de riz au monde. Un repas sans riz est inconcevable et le riz malgache est essentiellement destiné à la consommation nationale. Dans ces conditions, toute surface qui s'y prête est transformée en rizière.

Madagascar est le premier producteur mondial de vanille, principale source de recettes d’exportation, soutenue par des prix exceptionnellement élevés et une demande vigoureuse. La pêche représente aussi une importante source de devises.

L’élevage de zébus constitue une richesse nationale et les zébus malgaches se sont longtemps retrouvés sous cellophane dans les supermarchés d’Europe et d'Afrique du Sud. On ne peut évoquer les zébus malgaches sans parler des Dahalo. Ce peuple, à l'origine composé de personnes Antandroy et Bara, pratique traditionnellement le vol ponctuel de zébus pour prouver son courage et pour fournir une dot pour les mariages. Perdant tout lien avec cette pratique originelle, ce vol occasionnel s'est transformé en vol organisé et même en réel banditisme, ces vols étant probablement instrumentalisés par des mafias. Le problème est aujourd'hui majeur. En effet, pour un agriculteur malgache, un zébu équivaut près d'une année de salaire et les Dahalo posent aujourd'hui un problème de sécurité qu'aucun gouvernement n'a réussi à résoudre.

Les autres pans de l’économie

Le sous-sol malgache recèle de nombreux gisements pour beaucoup inexploités. On y trouve or, rubis, saphirs, émeraudes, cristaux, améthystes, aigues-marines… et même des diamants selon les dernières études. L’exploitation minière est l’un des axes de développement industriel envisagés par les autorités.

De nos jours, la plupart des industries concernent les produits agricoles : rizeries, féculeries, huileries, sucreries en témoignent. D’autres sont destinées à la filature, au tissage (coton ou sisal), à la confection… Des industries extractives exportent graphite, mica, grenat et chromite d’Andriamena, tandis que la raffinerie de Toamasina, en transformant le pétrole importé, couvre les besoins intérieurs du pays.

Les activités exportatrices principales tournent ainsi autour de ces secteurs : textile-habillement, aquaculture, pêche, tourisme, litchis, vanille et café. L’industrie textile continue d’être le premier vivier d’emplois.

La place du tourisme

Madagascar pourrait être une destination majeure du tourisme international : elle bénéficie d’une nature superbe et de ressources permettant les formules les plus diverses : tourisme culturel, sportif, de loisirs, de découverte, ou encore d’« aventure ».
Les visites sont pourtant en baisse constante. Ce secteur fut l’un des plus dynamiques entre les crises de 2002 et de 2009, en particulier en 2008 : 375 000 arrivées touristiques ont été recensées cette année-là, avant de chuter à 163 000 en 2009. Depuis cette date, l'activité touristique demeurait fragile avec une remontée à 350 000 arrivées, avant d’être touchée de plein fouet, comme partout dans le monde, par la crise sanitaire.
En 2019, le gouvernement d’Andry Rajoelina a exprimé une volonté de développer l’hôtellerie de luxe, en ouvrant clubs de vacances et établissements haut de gamme dans des emplacements idylliques. Même si les projets ont été ralentis par la crise sanitaire, posons-nous la question : quel visage veut arborer Madagascar dans 20 ans ? Peut-on développer un tourisme de luxe dans un pays où plus de 70 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté ? Il est évident qu'un tourisme équilibré, conscient et responsable est un facteur de développement durable pour un pays ; mais, là où les fractures sont trop béantes, les nécessités trop criantes, il peut aussi produire des déséquilibres et des instabilités.

Fin 2022, Andry Rajoelina a annoncé un projet fou : attirer les touristes étrangers grâce à l’importation d’animaux de la savane africaine comme dans le film Madagascar. Une idée plus qu’étrange quand on sait que ces mammifères africains en question (girafes, zèbres et éléphants) n’ont jamais existé sur la Grande Ile et plus encore quand la priorité devrait être de protéger les mammifères endogènes, à commencer par les lémuriens, dont l’habitat diminue d’année en année à cause de la déforestation.

Les enjeux actuels

Selon la Banque Mondiale, les perspectives de développement à Madagascar demeurent entravées par « le faible potentiel de croissance et son exposition à des crises fréquentes, profondes et persistantes ».
Entre 2013 et le début de la crise du Covid, la croissance annuelle était d'environ 3,5 %. La Banque Mondiale (source banquemondiale.org) nous apprend que cette croissance a ensuite connu une grave récession, trois fois plus forte que dans la moyenne des autres pays d'Afrique subsaharienne. Les raisons sont notamment les conséquences de la crise sanitaire sur différents secteurs tels les secteurs minier, touristique, les secteurs des transports et des services. Par ailleurs, les sécheresses ont aggravé la situation globale. La crise du Covid a annulé plus de dix ans de croissance en matière de revenu par habitant de Madagascar.
La croissance a eu un léger renouveau en 2021, mais l’élan ne s’est pas transformé, à cause des désordres climatiques et des conséquences de la guerre en Ukraine (effets sur les perspectives économiques en Europe, le principal partenaire de Mada).

Avec une population extrêmement jeune, aucun investissement n’est réalisé pour l’éducation qui s’est profondément dégradée ces dernières années. 97 % des enfants malgaches âgés de 10 ans sont aujourd’hui incapables de lire et de comprendre un texte court et adapté à leur âge.

Enfin, comment ne pas évoquer la déforestation ? Depuis les années 1960, des milliers d’hectares de forêt primaire partent en fumée chaque année à cause de la pauvreté et du trafic de bois précieux, avec une accélération inouïe du phénomène depuis 2009. Cette déforestation pourrait être freinée si les textes en vigueur étaient enfin véritablement appliqués.