Journée de la femme en Turquie © Ali Efe Yilmaz - shutterstock.com.jpg

Naissance et âge

Avec ses homologues égyptien et iranien, la Turquie constitue l’un des États les plus peuplés de la région du Moyen-Orient. Dans les années 1950, le pays a bénéficié d’une croissance de population d’environ 3 % par an, comme dans la plupart des pays en voie de développement. Cette croissance a un peu ralenti les deux décennies suivantes et l’année 1985 a marqué un tournant : la population urbaine dépasse désormais celle des campagnes. Aujourd’hui, le pays compte plus de 70 % de citadins qui se concentrent majoritairement dans les villes d’Istanbul, d'Ankara et d'Izmir. Le pays est coupé en deux : à l’ouest, on trouve une Turquie industrielle, avec les agglomérations d’Istanbul, de Bursa et d’Izmir, et à l’est une Turquie agricole.
La Turquie est un pays très jeune, plein de vitalité. Seulement 8,2 % de la population est âgée de plus de 65 ans. Avec une croissance actuelle de sa population de 0,67 % par an, le pays devrait dépasser les 85 millions d’habitants à l’horizon 2025, selon les estimations des démographes. Le taux de fécondité est de 2,14 enfants par femme, ce qui est légèrement supérieur aux moyennes de nos contrées (1,43 en Italie, 1,49 en Espagne). Les jeunes d’aujourd’hui ont très rapidement adopté les schémas de fonctionnement de l’Ouest, mais la génération des 20-30 ans est celle du baby-boom. C’est le même phénomène que celui de l’Europe d’après-guerre, avec un léger décalage dans le temps. C’est donc demain que la Turquie aura son mot à dire.

Éducation

À l’époque de la proclamation de la République de Turquie, le taux d’analphabétisme était d’environ 90 % ; il est aujourd’hui inférieur à 6 %. L’école est obligatoire de 6 à 14 ans. Les enfants suivent cinq années d’école primaire et trois années d’école intermédiaire. Ils peuvent ensuite aller à l’école secondaire ou lycée, pendant trois ou quatre ans. Il y a deux types d’écoles secondaires en Turquie : les lycées d’enseignement général et les lycées d’enseignement professionnel. L’éducation est gratuite jusqu’à la fin du secondaire ; les écoles sont mixtes et le port de l’uniforme est obligatoire.
En 1993, 88 % des garçons et 71 % des filles étaient scolarisés, ce qui laisse supposer que certains parents turcs préfèrent encore éduquer leurs fils à l’école et leurs filles à la maison. Si, à une époque, l’instruction religieuse était interdite en Turquie, elle est aujourd’hui autorisée dans les écoles primaires. Il est aussi fréquent que des cours de religion soient offerts aux enfants de façon informelle. La qualité de l’enseignement est souvent inférieure dans les zones rurales, les enseignants préférant travailler en ville.
Le taux d’absentéisme des élèves est, par ailleurs, plus élevé à la campagne, les enfants devant souvent participer aux travaux de la ferme. Dans certaines régions, les écoles s’efforcent même de lutter contre l’absentéisme en mettant en place un calendrier scolaire flexible dans lequel la date des vacances est fixée en fonction du cycle agricole.
En Turquie, toutes les institutions post-secondaires font passer un examen d’entrée. Il y a une vingtaine d’universités dont certaines sont privées, et près de 800 autres institutions post-secondaires. Parmi les universités les plus connues, on citera celles d’Istanbul et d’Ankara, l’université technique du Moyen-Orient, l’université technique de la mer Noire et les universités du Bosphore et de Galatasaray qui forment la future élite du pays. En règle générale, les cours sont dispensés en anglais ou en français.

Famille

En Turquie, comme dans toutes les sociétés musulmanes, la famille joue un rôle crucial. Dans les villages comme dans les villes, les membres de la famille étendue vivent à proximité les uns des autres (parfois sous le même toit, surtout dans les villages) afin d’être en contact quotidiennement, de pouvoir s’apporter soutien financier ou affectif, de venir en aide aux plus âgés et de pouvoir éventuellement s’occuper des enfants des autres.
Dans l’arrière-pays, il n’est pas rare que la plupart des habitants d’un même village soient parents par le sang ou le mariage. Dans les familles traditionnelles, les rôles des hommes et des femmes sont bien distincts, conformément aux lois islamiques et aux traditions. L’honneur d’un homme et de sa famille dépend du comportement de sa femme et de ses filles, ainsi que de la façon dont celles-ci sont perçues par les autres familles.
C’est pourquoi certaines régions de Turquie restées très traditionnelles connaissent encore des comportements tels que les crimes d’honneur, largement condamnés par l’ensemble de la société. Les parents sont donc très respectés par leurs enfants, qui doivent apprendre à leur obéir dès leur plus jeune âge.

La place de la femme

La place de la femme dans la société turque est ambiguë. Vue de l’extérieur, la société est clairement dominée par les hommes. Toutefois, dans les grandes agglomérations comme Istanbul, les femmes ont depuis longtemps brisé les carcans traditionnels pour s’émanciper comme leurs homologues européens et occuper bien des postes à responsabilité. Dans les campagnes, si les femmes subissent la tradition, elles n’en demeurent pas moins maîtresses dans leur foyer. Il ne faut pas oublier que la Turquie a eu un Premier ministre femme en la personne de Tansu Çiller, bien avant que la France n’ait connu Édith Cresson. Le nombre de chercheuses turques à l’université est l’un des plus élevés au monde. Par exemple, des domaines comme les relations publiques sont presque entièrement occupés par les femmes, et elles sont également chefs d’entreprise ou managers pour des petites entreprises, des sociétés internationales ou de grands groupes turcs. Cette situation prend sa source dans le kémalisme. En effet, Atatürk a toujours œuvré pour faire de la femme l’égale de l’homme. Pour faire entrer la Turquie de plain-pied dans l’Europe et la modernité, dès son arrivée au pouvoir, il a conduit un vaste plan de réformes audacieuses concernant le statut du droit des femmes. Ainsi, le droit de vote leur est accordé dès 1930 (quand la France l’accorde en 1944 !) et le Code civil est rectifié, interdisant la polygamie, et instaurant une égalité entre les époux en matière de divorce et de droits sur les enfants. La victoire d’une Turque au concours Miss Monde de 1932 est également saluée par Mustafa Kemal comme une manifestation de ce nouveau statut de la femme.
Au début des années 1980, un mouvement féministe naît et porte rapidement ses fruits. Plusieurs mesures en découlent : l’avortement est autorisé en 1983 ; la scolarité obligatoire pour les filles est prolongée, comme pour les garçons, à huit années (au lieu de cinq) en 1997 ; l’obligation de consentement du mari pour occuper un emploi est abolie et l’égalité des droits est reconnue à l’intérieur du mariage, de même que la communauté des biens en 2001. Pourtant, en dépit de ces avancées, la situation des femmes turques reste en certains points préoccupante, notamment dans le cas des mariages forcés, des violences conjugales ou des « crimes d’honneur ».
L’AKP (Adalet ve Kalkınma Partisi, le Parti de la Justice et du Développement), au pouvoir depuis 2002 avec une volonté de réislamisation de la société, a essayé de changer des éléments sur le statut de la femme. À propos de l’avortement, par exemple, le régime turc a tenté de mettre en place une législation très restrictive, mais devant les protestations, il a dû reculer. La majorité des femmes turques ne sont pas prêtes à renoncer à leurs droits, hérités de l’époque kémaliste et vieux de près d’un siècle. Dans les faits pourtant, il est quasiment impossible aujourd’hui pour une femme de se faire avorter dans un hôpital public en Turquie…

Service militaire

C'est certainement lié au fait qu’Atatürk, le père de la nation, soit militaire de carrière : l’armée est pour les Turcs une valeur très importante. Le service militaire est donc un événement incontournable dans la vie d’un jeune Turc, qu’il soit envisagé comme une contrainte ou comme une question d’honneur. C’est en premier lieu un devoir envers l’État, mais aussi l’occasion de compléter son éducation et de se former à l’école de la vie. Sauf incapacité médicale, le jeune homme devra avoir satisfait son devoir national avant de se marier. C’est également l’une des conditions requises dans la plupart des offres d’emploi.
Tout garçon ayant atteint 20 ans et ne poursuivant pas un cycle d’études particulier doit faire 12 mois de service comme simple soldat. Ceux qui ont fini des études supérieures feront 6 mois comme simple soldat ou 12 mois en tant qu’officier de réserve. Selon leurs compétences, certains garçons pourront également être employés à des postes civils. Des sursis peuvent être demandés jusqu’à l’âge de 38 ans, les démarches devant être faites 6 mois avant la date d’appel sous les drapeaux. Tout homme ne se présentant pas pour le service militaire est considéré comme déserteur, il pourra donc être poursuivi en justice et il lui sera interdit de sortir du territoire.
45 % de la population turque ayant moins de 25 ans, le nombre de garçons appelés est très important. Pour désengorger les casernes et/ou rassembler de l’argent rapidement, il existe une formule de service payant qui est disponible sous certaines conditions et à certaines périodes aléatoires dans l’année. Très attendue par ceux qui ne souhaitent pas s’engager, la formule est annoncée quelques semaines à l’avance et son montant varie de 15 000 à 30 000 TL selon les conditions.

Métiers de rue

Nombreux sont les Turcs de classe moyenne ou ouvrière qui ont deux métiers, le second s’exerçant dans la rue, le matin tôt, le soir tard ou encore le samedi ou le dimanche. Tous ces métiers de rue permettent à bon nombre de gens de subvenir à leurs besoins en arrondissant considérablement leurs fins de mois. Par ailleurs, ces « petits boulots » facilitent bien la vie quotidienne des Turcs en leur rendant une multitude de services. Parmi les métiers les plus courants, on trouve les chauffeurs de taxi, les vendeurs ambulants (pain simit, fruits, mouchoirs, parapluies), les porteurs d’eau en été et de salep en hiver (boisson chaude à la cannelle), les gardiens de places de parking, les revendeurs de coques de téléphone, les marchands de « Milli Piyango » (billets de loterie nationale), et bien d’autres métiers insolites comme peseurs de personnes dans la rue !