Découvrez l'Argentine : Beaux-Arts (Peinture / Sculpture / Street Art / Photo)

Vaste pays baigné de musique, l’Argentine est truffée de sites classés au Patrimoine de l’UNESCO. Mais elle est aussi le berceau d’une multitude de courants artistiques imbriqués dans les aléas de son histoire. Peu de nations peuvent se flatter de rebondir avec autant de panache et d’inventivité que l’Argentine. À Buenos Aires, le street art s’exprime en toute liberté depuis plusieurs décennies. Les amoureux de vieilles pierres ne seront pas en reste. Les vestiges anciens les attireront vers le Nord-Ouest. Dans la capitale la plus bouillonnante d’Amérique latine, le centre de Recoleta séduira les amateurs d’art contemporain. Tous les deux mois, la décoration de la façade est confiée à un artiste local qui s’inspire de la programmation en cours. Ne partez pas sans vous accorder une pause sur la terrasse panoramique, ne serait-ce que pour admirer la superbe vue sur Buenos Aires et ses palmiers.

La période précolombienne

Les premiers peuples laissèrent de nombreux vestiges archéologiques d’exception en Patagonie, dans la province de Santa Cruz, comme la Cueva de las Manos. La visite de la grotte se combine à merveille avec le Piedra Museo et le site de Los Toldos. La fameuse grotte des mains compte parmi les sites d’art rupestre les plus anciens. Ces peintures réalisées sur plusieurs milliers d’années, entre le XIIe siècle av. J.-C. et le XIe siècle, se classent en 3 périodes : archaïque, avec les 800 mains peintes en négatif et accompagnées de motifs géométriques élémentaires ; la scène de chasse incluant des figures humaines ; et la dernière période, plus abstraite, composée d’abondantes figures géométriques et symboliques. Les objets et les copies des peintures rupestres de Piedra Museo sont quant à eux exposés au musée de Pico Truncado. D’autres œuvres rupestres sont visibles dans les grottes voisines du río Shehuen. À 150 km de San Julian, les grottes d’Estancia La Maria offrent une grande variété de peintures préhistoriques. Certaines, colorées, attestent d’une réelle maîtrise technique dans la fabrication des pigments. Les motifs, tout aussi divers, dépeignent des animaux, des mains et des symboles indigènes.

Il y a 3 000 ans, les peuples sédentarisés commencent à pratiquer la céramique. Les villages ainsi formés honorent un ancêtre fondateur, le huanca, représenté par une statue en pierre aux traits humains ou zoomorphes. Ces peuples prospèrent et développent des savoir-faire tels que la céramique, la métallurgie ou la taille de la pierre. Les masques en pierre et les urnes en céramique sont essentiels à leurs rituels funéraires. De superbes exemples, ainsi que des pièces diaguita, sont visibles au Museo Inca Huasi de La Rioja.

Époque coloniale

Comme en Europe, la période coloniale se caractérise par une prédominance de l'art religieux. Les œuvres qui ornent les lieux de culte sont commandées à des artistes principalement italiens et espagnols, qui les réalisaient sur place ou les expédient en Argentine. La Compagnie de Jésus joua un rôle majeur dans la diffusion de l’art chrétien en Amérique latine, jusqu'à son expulsion à la fin du XVIIIe siècle. Parmi ses maîtres, citons Andrés Bianchi (1677-1740), et Florián Paucke (1719-1789), dont les mémoires sous forme d'aquarelles racontent l'Argentine coloniale, ses tenues, ses coutumes, ses indigènes, sa faune et sa flore… Un précieux témoignage.

De l'indépendance au début du XXe siècle

Il va de soi que l'agitation politique et sociale qui caractérise la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle influence profondément l'art argentin. Les portraits et les paysages du terroir prennent le pas sur l’art religieux. À cette époque, de nombreux artistes étrangers visitent l'Argentine et croquent la vie d’alors. Les aquarelles d’Emeric Essex Vidal (1791-1861) comptent parmi les plus enthousiasmantes du continent. Carlos Enrique Pellegrini (1800-1875) laissa des toiles profondes sur Buenos Aires et des scènes coutumières de rue. Adolfo d'Hastrel (1805-1875) publia un livre de dessins et aquarelles sur le Río de la Plata. En parallèle, les artistes argentins proposent leur vision de leur pays. Carlos Morel (1813-1894) réunit une série de lithographies sur le Río de la Plata et réalise des portraits et des gravures de l'époque. Prilidiano Pueyrredón (1823-1873), l'un des peintres argentins les plus notables du XIXe siècle, entreprit d’immortaliser les habitudes rurales. Il fit scandale avec El Baño, un nu exposé au Museo nacional de Bellas Artes. La collection éclectique du MNBA et de sa succursale de Neuquén réunissent Rembrandt, Rubens, Renoir, Cézanne, Rodin, Chagall, Gauguin, Goya, Van Gogh (Le Moulin de la Galette) Monet (Le Pont d'Argenteuil) ou encore Picasso aux côtés de peintres et sculpteurs argentins comme Cándido López, Castagnino, Benito Quinquela Martín, Fernando Fader, Xul Solar, Thibon de Libian, Lucio Fontana, Enrique Alonso et Raquel Forner. Le Museo de Artes Plásticas Eduardo Sívori, fondé en 1938 dans le parc de Palermo, regroupe 4 000 œuvres argentines du XIXe à nos jours. Un jardin de sculptures complète la galerie de photographies et les salles de peintures, gravures et dessins.

Avant-gardes du XXe siècle

Le XXe siècle est le théâtre d’un enchaînement d’événements tragiques : répressions, exécutions, instabilité politique, présidents autoproclamés, crise monétaire. Malgré ce contexte agité, l’impressionnisme est introduit en 1902 par l’intermédiaire du peintre Martín Malharro, suivi par Faustino Brughetti et Ramón Silva. Peu après, le groupe Nexus entre en scène et œuvre en faveur d’une identité artistique argentine en peinture.

C’est ainsi qu’une première vague d’avant-garde se dessine, portée par les élans de liberté politique qui secouent le continent. Trois mouvements se démarquent : Florida ou groupe de Paris, emmené par le plus emblématique des peintres argentins, Antonio Berni. Autour de lui Norah Borges, Horacio Butler, Xul Solar ou encore Emilio Pettoruti, entre autres, tous liés par les recherches formelles et l’intérêt pour les avant-gardes européennes telles que le surréalisme ou le dadaïsme. À noter, le Museo Xul Solar présente le parcours du plus excentrique de tous, également sculpteur marqué par l’ésotérisme. Le second groupe, appelé Boedo, s’attache aux questions sociales. José Arato, Adolfo Bellocq ou le sculpteur Agustín Riganelli exposent dans les usines et les quartiers modestes. En dernier lieu, le groupe de La Boca, fortement influencé par l’immigration italienne, se canalise sur le travail et la vie des immigrants.

Une seconde vague naît de l’évolution des artistes de la première avant-garde. Le groupe Orion d’inspiration surréaliste, les peintres sensibles qui véhiculent des émotions fortes par des jeux chromatiques, les naïfs, qui se détournent des préoccupations sociales, et le néoréalisme, en prolongement de Boedo.

Nouvelles écoles d’art

Suite à l’exclusion politique de certains enseignants des écoles d’arts plastiques, l’École des muralistes de Tucumán est ouverte en 1948 dans le quartier populaire de Villa Quinteros. La politique académique évolue. Sculpture, gravure, génie des matériaux et dessin sont enseignés en parallèle de cette pratique qui a l’avantage de se dégager des espaces d’exposition restreints pour se rapprocher du peuple, sa première vocation étant d’ordre politique.

Dans la province de Córdoba, plusieurs styles s’affirment, du réalisme à l’hyperréalisme, de l’expressionnisme modéré à des langages plus oniriques. Aux Biennales de Córdoba, on peut admirer les artistes locaux tels que les sculptrices Marcela Argañaraz et Clara Ferrer Serrano, le surréaliste Pedro Pont Vergés ou encore Antonio Seguí et José Aguilera.

Né en Argentine en 1899, Lucio Fontana débute sa carrière en tant que sculpteur, passion qu’il tient de son père. En 1940, de retour à Buenos Aires, il monte une école privée avec le peintre Jorge Larco : l’Académie d’Altamira. C’est là qu’en 1946 il rédige le Manifeste Blanc qui pose les bases de l’avenir artistique à travers les notions de temps et d’espace. En 1949, Fontana peint ses premiers monochromes, avant de percer ses toiles de trous et d’incisions. Il est actuellement l’artiste argentin le plus coté, depuis la vente à New York de Concetto spaziale. La fine di Dio, adjugé à 29,2 millions de dollars.

Abstraction, Madi, Op Art

Emilio Pettoruti est souvent considéré comme le précurseur de la peinture abstraite en Argentine. Épris de géométrie et d’art de la Renaissance, il part se former en Europe. Rentré en 1924, il fait sensation en présentant ses œuvres futuristes dans le Witcomb Hall.

Issu de l’art abstrait, le mouvement Madi se constitue en 1946 à Buenos Aires autour de Carmelo Arden Quin dans le but de regrouper toutes les tendances de l’art moderne. Seul courant d’envergure internationale, il réunit notamment l’Uruguayen Rhod Rothfuss, l’Allemand Martín Blaszko et le Japonais Satoru Satō.

À partir des années 1950, le néo-surréalisme argentin offre une échappatoire aux angoisses générées par les tensions politiques et sociales. Inspirés du surréalisme, les artistes Osvaldo Borda, Jorge Tapia, Guillermo Roux et Roberto Aizenberg allient vie onirique et métaphysique.

À la même époque, les membres du groupe Espartaco conçoivent leurs tableaux comme des moyens de s’engager dans les luttes sociales, par le biais de formes esthétiques imprégnées de traditions latino-américaines.

Ces courants divergents ouvrent la voie à l’art optique, porté par Gyula Kosice du groupe Madi qui participe à la consécration de Vasarely en Amérique latine. Les happenings de Marta Minujín, Rodolfo Azaro et León Ferrari trouvent leur place à l’Instituto Di Tella où les artistes sont invités à s’exprimer en toute liberté, en abolissant les frontières entre l’art, le travail et la vie. Si l’institut Di Tella n’existe plus, la galerie Ruth Benzacar fait office d’institution dans le milieu de l’art contemporain depuis une cinquantaine d’années. Implantée dans le quartier populaire de Villa Crespo, la galerie pionnière continue de promouvoir les artistes argentins émergents.

De nos jours

L’art latino-américain du XXe siècle se réunit au Museo de Arte Latinoamericano de Buenos Aires (MALBA). En parallèle de sa riche collection, le lieu propose des expositions de photographes argentins. Sara Facio, née en 1932, couvrit notamment avec son appareil photo les troubles de l’ère Perón et contribua à faire accepter ce médium comme un art en Argentine. Grande voyageuse, elle réalisa des portraits saisissants de ses contemporains dont Julio Cortázar et Jose Louis Borges. Sara Facio est également à l’origine de l’ouverture de Fotogalería del Teatro Municipal General San Martín, le principal lieu d’exposition dédié à la photographie en Argentine. Sa contemporaine, Alicia D’Amico (1933-2001) consacra sa vie à la photographie en se concentrant sur les questions féministes et le rôle des femmes dans la photographie. Fidèle au noir et blanc, elle composa des images équilibrées et précises.

Né en 1966, le photographe Eduardo Carrera propose une autre vision de l’Argentine. De la dictature dont a souffert son pays, il préfère capter les signes de violence hors champ, dans des paysages désolés, des visages désorientés, des objets abandonnés.

Depuis une trentaine d’années, l’actualité de la scène artistique se réunit au salon ArteBA qui se tient chaque année en mai à Buenos Aires. Cependant, l’Argentine s’appuie sur les initiatives privées pour former la jeune génération et diffuser son art. Les artistes se regroupent en collectifs et les étudiants se forment auprès de mentors. Certaines personnalités du milieu de l’art organisent des résidences internationales destinées à pousser la scène émergente vers l’avant.
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