Culture de soja © Sergio Schnitzler - Shutterstock.com.jpg
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Des ressources naturelles qui stimulent l’économie

L’économie argentine trouve son salut dans sa puissance agricole, qui représente 10,7 % du PIB. L’Argentine est un grand producteur de viande, de laine, de vin, de produits halieutiques. La flambée des prix des produits agricoles est un vecteur essentiel d’une remise à flot de l’économie tout entière. Le soja, destiné aux consommateurs asiatiques et aux biocarburants, est la nouvelle mine d’or des agriculteurs argentins qui placent leur pays au 3e rang mondial des producteurs de soja, derrière les États-Unis et le Brésil, hélas avec force usage de glyphosate et de déforestation. Pays riche en ressources énergétiques, il se classe premier producteur de gaz d'Amérique latine, quatrième de pétrole, troisième d’électricité. Cette dernière ressource repose essentiellement sur la production thermique et la production hydroélectrique. Sur le territoire on recense également quelques mines d'or, d'argent, de cuivre, de plomb, de zinc, de fer, d'étain, de tungstène, de mica, d'uranium, de sel. Le secteur industriel connaît un développement important et participe pour plus du tiers du PIB. L’automobile, le textile, le conditionnement des aliments, la minoterie, le caoutchouc, le ciment, le papier constituent les principales industries du pays. Le secteur tertiaire a suivi la même tendance que l'industrie. Il contribue aujourd'hui 58 % du PIB. La progression du tertiaire est en constante augmentation, notamment dans les services de secteurs de pointe comme le développement de logiciels, les calls centers, le nucléaire, le tourisme et récemment les biotechnologies.

Un territoire fragile aux ressources convoitées

Aujourd'hui, une précieuse ressource attire les convoitises : le lithium. Si l’Argentine a l’avantage de couvrir un immense territoire, elle semble aussi en sursis tant l'abondance de ses richesses naturelles attire les compagnies nationales et étrangères. Avec la demande énergétique mondiale en augmentation, le pays s’est révélé être un marché de première importance. Depuis plusieurs décennies, le nord de la Patagonie est criblé de puits de gaz et de pétrole. Chemin faisant, l’Argentine est devenue premier producteur de gaz naturel en Amérique latine avec 37,1 km3 en 2017. Ses richesses naturelles détournées par différentes politiques économiques ont bien failli lui faire du tort : lors de la crise de 2001, le gouvernement argentin a même étudié la possibilité de céder la Patagonie aux États-Unis en échange de l'annulation de l'énorme dette contractée auprès du Fonds Monétaire International ! Pollution massive, exploitations des sols et catastrophes écologiques, les paysages sont peu à peu défigurés par les plus grandes entreprises mondiales venues s'installer dans la région au cours de ces dernières décennies. Entre projets de barrages hydroélectriques, parcs nationaux rognés et extractions minières, tous les grands du secteur sont présents : Total, YPF, Tecpetrol, Chevron, Exxon… Et malgré l’intervention de différentes associations et ONG, dénonçant un mépris des règles environnementales et des droits des peuples autochtones, l’industrie pétrolière opère sans aucun contrôle. Ainsi, dans l'immense exploitation du gisement de gaz de schiste de Vaca Muerta, dans la province de Neuquén, Greenpeace a déjà alerté sur les dysfonctionnements de cette plateforme ouverte en 2010 sur le territoire mapuche. Le gouvernement a déjà reçu deux mises en garde de l'ONU, mais les décrets environnementaux sont malheureusement modifiés au profit des entreprises.

Enjeux politiques et sociaux

Depuis 2018, l’Argentine traverse une profonde crise économique et réussit néanmoins à obtenir le plus gros prêt de l’histoire du FMI : 57 milliards de dollars. À peine deux mois après avoir obtenu l’aide du FMI, Buenos Aires s'inquiète : le peso a perdu la moitié de sa valeur depuis janvier 2019 et continue sa chute, le gouvernement prévoit un recul de 1 % cette année. Le fait d'avancer les fonds du FMI qui était déjà prévu dans tous les calculs ne changera rien à la situation, la confiance que les marchés internationaux ont donnée au gouvernement a en partie disparu : les marchés demandent maintenant des résultats. En défaut de paiement, l’Argentine n’a pas remboursé le FMI dans les temps impartis et s’est endettée sans compter (88 % de son PIB). Aujourd’hui les caisses de l’État sont vides, l’inflation a dépassé plus de 52 % en un an et un Argentin sur trois vit sous le seuil de pauvreté. Le FMI confirme qu’il est impossible de rembourser leur dette. Véritable balancier économique et politique, l’Argentine ne semble pas pouvoir sortir de la crise qu'elle traverse depuis près de vingt ans. Le 10 décembre 2019, le président néo-libéral Mauricio Macri est sanctionné par les urnes et cède la place à Alberto Fernandez, nouveau président de centre-gauche ayant obtenu 47 % des suffrages. En récession depuis plus d'un an avec plus de 37 % d'inflation, l'Argentine assiste au retour du péronisme. Créé dans les années 1940 autour de la figure de Juan Perón, le péronisme incarne la volonté de justice sociale dans un pays de plus en plus inégalitaire. Face à une situation économique catastrophique et une politique sociale en perdition, les objectifs de ce nouveau président sont de taille. En effet, en 2018, le FMI a accordé le plus gros prêt de son histoire et attend les premiers remboursements prévus pour 2021. Symbole de la démocratie, le retour du péronisme incarne pour bon nombre d'Argentins l'espoir d'un renouveau tant sur le plan social qu'économique. Le FMI aurait-il trop prêté à l’Argentine ? Deux conditions sont nécessaires pour une sortie de crise : obtenir une nouvelle échéance en renégociant le coût d’intérêt de la dette et réformer les dépenses publiques pour pouvoir dégager des fonds pour rembourser la dette.

L’Argentine face à la crise de la Covid-19

Mais comment l’Argentine voit-elle son avenir économique, déjà touché par une crise sanitaire conséquente ? Malgré un nombre de décès faible au niveau national, la pandémie de la Covid-19 n’a pas épargné le territoire argentin. Lors des premiers mois de l’épidémie, le pays s’en sortait relativement bien, mais la situation s’est dégradée au début de l’été 2020. L’Argentine a mis en place le confinement assez tôt, fin mars alors que le virus était à peine présent, c’est l’un des confinements les plus longs au monde dans sa durée depuis le début de la crise sanitaire. Début juillet, le confinement se durcissait à nouveau face à la situation particulièrement préoccupante de la capitale Buenos Aires : la région concentre 90 % des cas de contaminations dans le pays avec près de 2 000 nouveaux cas par jour. Concrètement dans toute l’agglomération, seuls les commerces essentiels restent ouverts et tous les autres (70 000 commerces) ferment pour au moins 15 jours, les transports en commun sont réservés aux professions indispensables et les contrôles par la police sont renforcés. Catalyseur de la crise économique, la Covid-19 a totalement paralysé le pays. Fragilisée, l'Argentine a cessé de rembourser ses échéances de dettes et espérait alors obtenir un délai pour rembourser une partie de sa dette élevée à 66 milliards de dollars. Le pays attend toujours une réponse favorable de ses créanciers étrangers, un processus indispensable pour relancer son économie mise à mal par la pandémie de coronavirus. Les sorties en dollars sont élevées : les investisseurs placent leurs dollars, car les taux d’intérêt y sont plus élevés, mais dès que le risque s’accroît (comme c’est le cas avec la pandémie), ils reviennent aux États-Unis en lieu sûr. Quand les dollars partent, la monnaie locale se déprécie, mais l’Argentine a besoin de moyens financiers pour contrer les effets du coronavirus. Difficile donc d’assumer une crise économique et impossible d’accepter que l’économie s’arrête même en période de pandémie. Dépendante des matières premières, endettée en dollars et déjà en faillite avant la crise sanitaire, l’Argentine fait face à de nouveaux défis. De plus, dépendant également du tourisme, le pays ne pourra pas compter, comme prévu, sur les dollars : le peso n’en finit plus de s’écrouler.

Place du tourisme

Évidemment, Covid-19 et tourisme font difficilement bon ménage. En juin 2020, la station de sports d’hiver de San Carlos de Bariloche, la plus réputée d’Amérique du Sud, fermait ses portes pendant que les rues de Buenos Aires restaient vides et silencieuses. Très affecté par la pandémie, le secteur du tourisme a perdu des millions de dollars en Argentine, ce qui n'a pas permis pas de freiner la crise économique. Pourtant, ces dernières années, le pays enregistrait des records, comptabilisant toujours plus de touristes : 4 millions de touristes étrangers en 2006, 5,8 millions en 2011, plus de 6 millions en 2015 et 7,4 millions en 2019. Avant l’épidémie de Covid-19, l’Argentine battait son record de fréquentation. En 2017, le pays enregistrait une hausse annuelle de 5,7 % et l'Institut national du Tourisme prévoyait de doubler l'arrivée des touristes internationaux d'ici 2020… Grâce à un taux de change de plus en plus favorable (la crise du peso est une véritable aubaine pour les touristes) et des atouts touristiques indéniables, l'Argentine est le pays le plus visité par les étrangers en Amérique latine. En 2014, le tourisme représentait déjà un poids de 8,5 milliards de dollars. Les Brésiliens et les Chiliens forment la majeure partie de ces visiteurs avec plus de 60 %, les Européens et les Nord-Américains ne constituant que 15 % du total. En 2019, Buenos Aires a accueilli 2 millions de visiteurs, dont 67 200 Français. Cette fréquentation touristique étrangère occasionne une réadaptation des infrastructures et de l’offre hôtelière, qui finalement incite les Argentins eux-mêmes à découvrir leur propre pays et les magnifiques richesses dont il regorge. Après avoir fermé ses frontières deux longues années durant la crise sanitaire, l'Argentine les a réouvertes en avril 2022. Avec près de 1,5 million de touristes au premier trimestre 2022, le tourisme en Argentine reprend aujourd'hui de plus belle.