La région des Lacs au Chili évoque des cônes volcaniques encapuchonnés de neige éternelle, des lacs constellant des vallées plantées de cyprès millénaires, des traditions mapuches... Mais aussi l'île de Chiloé et ses paysages oniriques. La région s'étire entre la côte Pacifique et la cordillère des Andes sur 48 000 km2, plein sud direction la Terre de Feu, à près de 1 000 km de Santiago.

 

Puerto Montt vit de l'activité de son port et la ville s'est grandement développée grâce à l'élevage du saumon. Son agitation et son architecture moderne contraste avec la quiétude des alentours. En s'y promenant, on découvre néanmoins quelques beaux édifices qui rappellent l'Allemagne bourgeoise du XIXe siècle. Car elle a été colonisée par des Allemands à cette même époque. Les régions d'Osorno, Puerto Varas et Chiloé sont les plus visitées.

 

Puerto Varas, haut lieu touristique

Surnommée la cité des roses, Puerto Varas inspire chez tous ses visiteurs un émerveillement face à l'immensité du lac Llanquihue qui la borde où se reflète le cône enneigé du volcan Osorno, ainsi que celui un peu moins altier de Cabulco. Le bleu de l'eau pure du lac invite à la baignade, tandis que les flèches en tuile rouge de son église grimpent vers le ciel, offrant de jolies cartes postales. Puerto Varas est aussi un haut lieu touristique grâce à ses infrastructures : hôtels, restaurants et agences proposant pléthore d'activités dans toute la région : rafting, trekking et autres sports de montagne. Autour du lac Llanquihue d'autres petits villages valent le détour, comme Frutillar et Puerto Octay.

 

Saltos de Petrohué et cyprès millénaires

Depuis Puerto Varas, une route longeant le lac traverse le petit village d'Ensillada puis la forêt jusqu'à Petrohué, porte du parc national le plus ancien du Chili, Vicente Perez Rosale. Délimitant les alentours du lac de Todos los Santos où il fait bon se baigner, c'est un haut lieu de randonnée, grâce à ses "Saltos" : des cascades spectaculaires formées lorsque le volcan Osorno a déversé des coulées de lave. Aujourd'hui, la roche basaltique grise est pétrifiée et extrudée par le passage de l'eau du rio Petrohué dégringolant des montagnes, formant des sculptures naturelles impressionnantes. La nature a repris ses droits, plantant des forêts dans un décor à la fois minéral et plein de vie. De là, un sentier part dans la forêt de Fitzroya cupressoides. Ce cousin du cyprès, considéré comme l'une des plus anciennes essences d'arbre au monde, est en danger d'extinction. Il a d'ailleurs donné son nom au Parc national Alerce Andino non loin, un sanctuaire préservé qui compte des essences remarquables. Le plus impressionnant, accessible par un chemin de randonnée, aurait 2 600 ans, mesure 57 mètres de haut et fait près de 2,3 mètres de diamètre !

Le Volcan Calbuco moins voyant que son voisin Osorno (il culmine à 2 003 mètres), n'en est pas moins sulfureux. À la surprise générale des scientifiques comme des autorités, il s'est réveillé en deux éruptions spectaculaires en avril 2015, après 45 ans d'un sommeil relatif. Depuis, son ascension est interdite, alors on se contente de le regarder de loin.

 

Trek sur le volcan Osorno

Le Volcan Osorno, sous ses airs farouches se laisse grimper par les randonneurs en bonne condition physique. L'aventure est palpitante. Elle commence après le petit village d'Ensenada sur les bords du fleuve, lorsque la piste monte jusqu'au pied du "sentier du solitaire" : 2h30 de marche autour du volcan pour l'admirer sous toutes ses facettes. L'étape suivante, mène à la station de ski du volcan à 1 400 m en 4x4, point de départ d'un trek vers les neiges éternelles. La récompense est de taille une fois arrivé à 2 600 mètres : une vue à 360 °C sur les volcans de Calbuco, Antillanca et Tronador, qui paraissent tout proches vus du ciel et se trouvent quelquefois la tête dans les nuages, avec à leur pied des lacs séparant des plaines fertiles et vertes, et en arrière-plan la cordillère des Andes. La contemplation de cette vision panoramique est un merveilleux souvenir.

 

Osorno, base d'exploration mapuche

Située plus au nord de la région des lacs, Osorno est une ville fondée en 1558, mais détruite par les rebelles mapuches, les tremblements de terre et incendies successifs. Ce n'est qu'en 1796 qu'elle est repeuplée par Ambrosio O ́Higgins et les colons allemands. Les maisons germaniques du XIXe siècle (classées monument nationaux) se distinguent dans la rue Mackenna, ainsi que sa cathédrale ogivale, sa place d'Armes et son village artisanal. Mais on vient surtout pour explorer le Parc national Puyehue. Une journée de trek peut être consacrée au nord du parc au départ du lac Toro. La traversée d'une forêt vierge valdivienne jusqu'au lac Paradis précède un panorama à couper le souffle sur le lac Casablanca. Après un transfert jusqu'à la station de ski d'Antillanca, à seulement 1 000 m, un trek grimpe jusqu'au cratère Raihuen, sur les flancs du volcan Casablanca. Ce décor basaltique impressionne, avec les cônes des volcans de Calbuco, Puntiagudo et Puyehue en arrière-plan.

Depuis Osorno, un chemin de randonnée millénaire existe sur la route des crêtes de la petite cordillère, entre la mer et la cordillère des Andes. Il offre des panoramas magnifiques sur les deux côtés et est jalonné de fermes d'agro-tourisme qui proposent équitation, excursions, pêche et chasse.

Non loin de là sur la côte Pacifique, la réserve Mapu Lahual a été créée en 2001 pour préserver une forêt primaire unique entre la cordillère et la côte, mais aussi la culture et le savoir mapuche. C'est une bonne halte pour acheter de l'artisanat.

 

Chiloé, une insularité pittoresque

La seconde plus grande île du Chili (et son archipel éponyme) déroulent de nombreuses belles plages et des chapelets d'îles inhabitées formant un fjord, une mer intérieure calme et poissonneuse. L'insularité de Chiloé, ses latitudes australes et les tremblements de terre répétés dans la région ont joué en faveur des irréductibles chilotes. C'est l'un des derniers bastions de résistance culturelle. Ces terres australes ne sont pas très peuplées, mais très ferventes. L'île se révèle hantée de mythes et imprégnée d'une âme syncrétique entre culture mapuche, croyances païennes et religion chrétienne espagnole. L'île compte près de 150 églises construites en bois local d'Alerce, édifiées aux XVIIe et XVIIIe siècles par les missionnaires jésuites puis franciscains, dont 16 sont classées au patrimoine mondial de l'UNESCO. Elles se distinguent par une architecture qui rappelle les contrées nordiques européennes avec un toit en forme de coque de navire renversé.

Castro, la capitale, est la ville la plus touristique grâce à ces fameux " palafitos " immortalisés depuis le mirador de Gamboa sur toutes les photos, et classés au patrimoine de l'Unesco. Ces maisons colorées sur pilotis sont aujourd'hui, pour certaines, des hôtels à la vue imprenable. Dans les petits restaurants du village, les poissons et les fruits de mer sont rois. La ville principale de l'île est néanmoins Ancud, qui avec son activité de pêche et d'agriculture est un village de maisons rustiques, un port de bateaux de pêche colorés. La place d'Arme, l'église, le marché d'artisanat et les ruines du fort historique San Antonio sont autant de haltes en route vers la colonie de pingouins qui vit sur des îlots tout proches. Les paysages sauvages qui défilent jusqu'à Puinhuil Bay sont sublimes. La sortie en zodiac au plus près de cette extraordinaire colonie de pingouins se révèle comme un documentaire animalier grandeur nature surtout lorsque les bébés naissent en octobre et novembre. Les énormes lions de mer tout proches sont plus flegmatiques, étendus de toute leur masse sur le sable. Huillinco, cité lacustre du parc national de Chiloé précède la partie nord appelée Chepu, un impressionnant paradis de verdure entouré de cinq rivières. Un chemin forestier baptisé "the tepual" permet d'arpenter la forêt avant d'explorer les confins de la côte Pacifique, totalement sauvages. Le mieux est de passer une nuit en camping et de parcourir la plage en... kayak électrique ! Les otaries viennent faire un bout de chemin, elles sont facétieuses et jouent facilement avec les kayaks.

 

La Patagonie verte, sauvage et intacte

Plus au sud, la vallée de Cochamo est réservée aux explorateurs au long cours. Comparée au parc Yosémite, en raison des spécimens d'Alerce particulièrement anciens et immenses, cette vallée est un enchantement qui se visite à pied ou à cheval. Haut lieu de randonnée - pêche, balade à cheval et escalade -, elle égrène au fil des rivières et cascades ses horizons de granits et de forêts de cyprès millénaires. Entre des pics enneigés, des rivières d'un bleu azur dégringolent de la montagne, offrant des piscines naturelles de premier choix.

Enfin, à l'extrême sud de la région des lacs, Chaitén est un village entouré par les belliqueux volcans de Michinmahuida, Corcovado et Chaiten. La ville sert de base d'exploration au parc Pumalin, l'une de ses principales attractions touristiques, qui compte plusieurs milliers d'hectares de biodiversité préservée et de forêts primaires.

 

Infos futées

 

Quand ? Le climat de cette région est tempéré froid. La meilleure saison est l'été austral, entre début janvier et mars.

 

S'y rendre. Compter environ 14h30 pour rallier Santiago depuis Paris.

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