Découvrez la Colombie : A l'écran (Cinéma / TV)

A l'international, c'est l'actualité brûlante de la Colombie et les cartels qui nourrissent depuis longtemps les grosses productions hollywoodiennes. La sortie récente de Narcos, série Netflix inspirée de l'histoire du narcotrafiquant Pablo Escobar, n'est que la dernière production en date de ce qu'on pourrait presque appeler la narco-exploitation. Pour autant, cette fonctionnalisation de la drogue ne doit pas faire oublier les réalités que vivent les Colombiens, et qu'une jeune génération de cinéastes comme Ruben Mendoza, Ciro Guerra, Catalina Mesa ou Felipe Guerrero mettent aujourd'hui en lumière. Un cinéma des grandes villes, des petites bourgades mais aussi de la forêt dense qui occupe une grande partie du territoire, lieu de mystère et de tous les possibles. Le cinéphile curieux y découvrira des trésors et de véritables chefs-d'œuvre du septième art, pourvu qu'il se laisse engloutir par ces films aux atmosphères troublantes.

Les montagnes de Santa Marta ont servi de décor au film The Lost City of Z © benedek - iStockphoto.com .jpg

Histoire du cinéma colombien

A l'instar de nombreux pays d'Amérique centrale, le cinéma arrive très tôt dans l'histoire de la Colombie. Dès 1897, les premières projections du cinématographe des frères Lumière ont lieu à Bogotá et Colón, tandis que les représentants d'Edison diffusent vitascopes et kinétoscopes à travers le pays. Le contexte tumultueux du début du siècle, marqué par la guerre des Mille Jours, mettra un coup d'arrêt à la production nationale naissante. Celle-ci reprend de plus belle dans les années 1910, alors que fleurissent les cinémas. À Bogotá, on inaugure en 1912 le Teatro Olympia – aujourd'hui détruit –, une immense salle de 5 000 places. Au début des années 1920, les cinéastes Alfredo del Diestro et Máximo Calvo Olmedo réalisent le premier long métrage de fiction colombien, sobrement intitulé María (1922), initiant une période de faste pour la production colombienne. L'arrivée du cinéma parlant, et la concurrence accrue des productions mexicaines et hollywoodiennes compliqueront fortement la situation de l'industrie dans les décennies qui vont suivre, et ce malgré les tentatives répétées de relancer les studios nationaux. Il faut attendre le début des années 2000 pour que le cinéma colombien reprenne des couleurs, grâce à une aide étatique structurée et efficace. Citons néanmoins quelques films marquants du vingtième siècle, parmi lesquels La langouste bleue (1954) co-écrit par Gabriel García Márquez et Enrique Grau, le documentaire primé à Cannes Notre voix de terre, mémoire et futur de Jorge Silva, Marta Rodriguez (1982) ou encore La stratégie de l'escargot de Victor Cabrera (1993). Des œuvres qui dépeignent la réalité de la société colombienne de leur époque.

Une nouvelle génération de cinéastes donne aujourd'hui ses lettres de noblesse au cinéma colombien. L'étreinte du serpent de Ciro Guerra (2015), s'inspirant du chamanisme indigène, vous emportera dans les forêts denses des départements de Guainía et de Vaupés, avant de s'achever sur les Cerros de Mavecure. En collaborant cette fois-ci avec la productrice colombienne Cristina Gallego, Ciro Guerra a réalisé Les oiseaux de passage, en 2019. Véritable fresque sociale et historique du pays, ce film d'une infinie beauté offre une plongée dans une communauté d'indigènes wayuu en prise avec le trafic de drogue. La documentariste Catalina Mesa vous fera de son côté découvrir les mille facettes de la ville de Jericó dans son film L'envol infini des jours (2014), une vision lumineuse du village de son enfance, protégé des guerres et des troubles qui ont marqué l'histoire du pays. Enfin, Alejandro Landes livre avec Monos (2019) une dystopie aux airs de teenage movie sombre, tourné au cœur du Parc national naturel de Chingaza. Preuve que le cinéma colombien a dorénavant de beaux jours devant lui.

Colombie, star du cinéma international

Au-delà des productions nationales, la Colombie a inspiré de nombreux cinéastes, dont le plus iconoclaste est sans doute l'italien Ruggero Deodato, auteur du terrifiant Cannibal Holocaust (1980). Censuré dans plusieurs pays, le film narre les mésaventures d'une équipe de tournage partie à la recherche de tribus cannibales, et les découvertes que les secours feront alors qu'ils tentent de retrouver cette équipe disparue. Un monument du cinéma d'horreur et du cinéma gore, âmes sensibles s'abstenir absolument. Pour celles et ceux qui se lanceraient dans le film, vous reconnaîtrez sans doute la petite ville de Leticia, camp de base de l'équipe de secours envoyée par le gouvernement américain.

Aussi intrigant, mais moins difficile à déguster, le film La mission de Roland Joffé (1986) fait s'opposer Robert de Niro, Jeremy Irons et Liam Neeson dans un récit anti-esclavagiste, filmé entre le Venezuela, le Brésil et la Colombie. Vous pourrez marcher sur les traces de ces acteurs dans la Sierra Nevada de Santa Marta, massif montagneux situé au nord de la Colombie.

Une région qui a également accueilli le tournage de The Lost City of Z de James Gray (2016), avec Charlie Hunnam, Edward Pattinson et Tom Holland. Un grand film d'aventure teinté de mystère, basé sur la véritable histoire de l'anglais Percival Fawcett, disparu dans les années 1920 alors qu'il recherchait cette ville mythique au cœur de la forêt colombienne.

Plus récemment, la Colombie a été le décor de l'impressionnant film Memoria, Prix du jury au Festival de Cannes, du cinéaste thaï Apichatpong Weerasethakul (2021) et mettant en scène une Tilda Swinton au sommet de son art. Ce film tourné entre Bogotá et Pijao vous fera voyager dans les paysages de la Colombie au travers des errances du personnage de Tilda Swinton, à la recherche d'un son qu'elle est la seule à entendre. Chef-d'œuvre de cinéma contemplatif flirtant avec la métaphysique. Entre bruit et silence, loin d'être métaphorique ici, découvrez El olvido que seremos (2021), l'adaptation du roman éponyme d'Héctor Abad, hommage à son père, médecin et défenseur des droits de l'homme dans la Colombie des années 1970-80. La même année, c'est le film d'animation Encanto : la fantastique famille Madrigal des studios Disney (2021) qui utilise – sans la nommer – la Colombie comme décor de son histoire de passage de l'enfance à l'âge adulte, sur fond de chansons endiablées déjà cultes.

Du côté des séries, c'est bien évidemment la série Narcos, créée par Carlo Bernard, Chris Brancato et Doug Miro (2015-2017) qui met les grandes villes colombiennes à l'écran. Ainsi, la série voyage entre Bogotá, Carthagène, Cali et Medellín sur les traces du narcotrafiquant Pablo Escobar.

Autre production plus récente, La reina del flow d'Andres Salgado (2018-2021) vous fera découvrir Medellín également mais en musique, tandis que Frontera Verde (2019) vous plongera dans la jungle amazonienne, dans une ambiance aux accents de True Detective.

Etre cinéphile en Colombie

Avec plus de 220 salles réparties sur l'ensemble du pays, et différents festivals entre Bogotá, Medellín et Cartagena, vous ne manquerez pas d'opportunités durant votre séjour. La Colombie peut aussi se targuer de vous accueillir devant le plus grand écran IMAX d'Amérique latine, au cinéma Procinal à Bogotá. Enfin, la ville de Cali abrite le Museo Caliwood, tenu par un passionné et rassemblant de très nombreux objets et affiches en lien avec l'histoire du cinéma national. Incontournable, si vous êtes passionné de septième art.

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