Découvrez Cuba : Musiques et Scènes (Danse / Théâtre)

Pour certains, Cuba, c’est la salsa. Pour d’autres, Cuba, c’est plutôt le Buena Vista Social Club. Mais rares sont ceux qui ont conscience de la profondeur et de la richesse musicales de l’île. Et rares sont les territoires (hormis la Jamaïque peut-être) qui peuvent se targuer d’avoir inventé autant de styles aussi influents. Que ce soit le són, le style originel dont découlent presque tous les autres, le bolero, la trova ou des esthétiques populaires comme le mambo ou le cha-cha-cha ainsi que l’inévitable salsa, Cuba apparait comme un intarissable gisement de musique. Cela s’explique sans doute par le fait qu’à Cuba, la musique et la danse semblent aussi nécessaires que l’air ou l’eau. Ils sont depuis toujours des éléments essentiels de l’art de vivre. Et même s’ils sont moins représentés sur les cartes postales qu’un cigare, le Che ou un mojito, la musique et la danse sont des piliers de l’identité de l’île qu’il est indispensable d’avoir expérimenté d’une manière ou d’une autre pour embrasser pleinement l’esprit des lieux.

Joueur de bongo © Mithrax - stock.adobe.com.jpg

Les musiques traditionnelles

À Cuba, la musique est comme l’air : essentielle, partout, pour tout le monde. Jeunes comme moins jeunes la chantent, la jouent, la dansent avec une vitalité exceptionnelle. Fruit de l’histoire nationale, elle est le résultat du métissage entre les cultures espagnoles et africaines, également nourrie d’influences françaises, haïtiennes et italiennes.
Aux racines de la tradition musicale cubaine, on trouve bien entendu les influences africaines, liées à l’histoire esclavagiste de l’île. Des ethnies présentes à l’époque, notamment Yorubas, Bantus, Calabra (Cameroun) et les Arara, la musique cubaine a gardé en héritage des danses et des chants religieux comme ceux liés à la santería (qui puisent directement leurs racines dans la religion yoruba) ou des rythmes comme celui de la clave (joués avec l’instrument du même nom). Ce dernier puise ses racines dans la tradition subsaharienne et constitue un noyau pour de nombreux rythmes afro-cubains autant que pour pas mal des musiques de la diaspora africaine.

La habanera est l’une des premières expressions chantées nées à Cuba. Et c’est aussi l’une des premières sonorités nationales exportées hors de l’île. Issue de la contradanza dont elle reprend le rythme et mêlant les influences espagnoles et africaines, elle s’affirme vers la fin de la première moitié du XIXe siècle. Langoureuse, particulièrement expressive (comme on peut l’entendre dans La Paloma de Sebastián Yradier), la habanera voyage et séduit en son temps des compositeurs classiques comme Debussy, Ravel ou Bizet, qui l’intègre dans son opéra Carmen.

Le són cubain ou simplement són est une des esthétiques les plus populaires et influentes de Cuba - voire même de la musique latino-américaine. Apparaissant au début du XXe siècle, il désigne à la fois une forme poétique, une musique et une danse dont l’origine remonte quatre siècles auparavant. Combinant les apports hispaniques (la structure de la canción espagnole) et africains (la rythmique, les percussions), enrichis de musique française, c’est l’un des piliers de la musique cubaine. Emergeant au XIXe siècle dans les campagnes de l’Oriente de Cuba, les trovadores (« troubadours », des musiciens itinérants qui ont eu une grande importance dans la musique cubaine) popularisent le genre avec comme instruments principaux les claves (petits bâtons de bois frappés l’un sur l’autre) et la guitare. Refrains et couplets s’articulent autour de questions/réponses que le chanteur principal et le chœur se renvoient. Musique fondamentalement populaire, elle se nourrit du quotidien. Les noms qui ont profondément marqué le genre et participé à son envol international dans les années 1930 sont Ignacio Pineiro, le Sexteto Habanero et le fameux Compay Segundo. Ce dernier fit partie du Buena Vista Social Club, légendaire groupe de són, objet d’un célébrissime documentaire (homonyme) de Wim Wenders en 1998.

Prédécesseur ? Héritier ? On n’a aucune certitude sur l’antériorité de l’un ou l’autre mais une chose est sûre : le són et le sucu-sucu sont liés. Originaire de l’île des Pins (isla de la Juventud), le genre ressemble comme deux gouttes d’eau à une variante de són à ceci près que les percussions sont très différentes. Le terme sucu-sucu désigne autant le style de musique que la fête dans lequel il est joué.

Autre variation de són, le changuy provient de la région de Guantánamo, dont il est une spécialité (et fierté). Associant la structure et les éléments de la chanson populaire espagnole avec des rythmes africains et des percussions d'origine bantoue, le changuy est toujours dansé et chanté dans les fêtes et peñas guantanameras accompagné de la marímbula, lamellophone emblématique du genre. Un événement lui est d’ailleurs dédié, la Fiesta a la Guantanamera, se tenant chaque mois de décembre à Guantánamo.

Enfin, impossible de ne pas mentionner le bolero. Sans grand rapport avec la danse espagnole du même nom, ce genre sentimental s’approche de la habanera ou du són et descend de la poésie populaire romantique cultivée à l’époque par les trovadores. On attribue d’ailleurs la création du boléro à José Pepe Sanchéz - le père des trovadores - avec le titre Tristeza, en 1883. Souvent accompagné de textes poétiques où se mêlent nostalgie, romantisme et amours contrariées, il cadre parfaitement avec l’âme cubaine… À la fin du mois de juin se tient à La Havane le Festival International de boleros de oro, créé en 1986 par le compositeur et musicologue José Loyola Fernández, et considéré comme la plus prestigieuse des manifestations de bolero organisées de ce côté de l’Atlantique.

Deux très bonnes adresses à conseiller à quiconque s’intéresse au folklore cubain : le Teatro Mella de La Havane et le Théâtre Heredia de Santiago où il est courant de voir des remarquables prestations du Conjunto Folklórico, fameux ensemble valorisant le patrimoine folklorique national.

La musique populaire

La fin des années 1940 et les années 1950 sont prodigieusement prolifiques à Cuba. Le compositeur et violoniste Enrique Jorrín signe l’acte de naissance du cha-cha-cha en 1953 avec La engañadora où il combine deux rythmes cubains, le danzón et le montuno (variante rurale du són), conservant la syncope du són mais en la simplifiant pour la rendre plus dansable. Le succès est immédiat à Cuba autant qu’à l’étranger. Antonio Arcaño et son groupe Las Maravillas, les frères Israël et Cachao Lopez, Antonio Sanchez et Félix Reina s’engouffrent dans la brèche. Ici, on se souvient de Brigitte Bardot, dans le film Et Dieu créa la femme en 1956 dansant sur un air de cha-cha-cha chanté par Darío Moreno. Porté par son succès, le cha-cha-cha inspirera également le new-yorkais Tito Puente, la star panaméenne Ruben Blades ou encore notre Charles Aznavour national.

Au début des années 1950, Dámaso Pérez Prado, pianiste et chef d’orchestre, crée à son tour un nouveau genre, le mambo, avec ses hits successifs Mambo no 5, Mambo no 8 et la Chula Linda. Evoluant parallèlement au cha-cha-cha, et provenant du même noyau, le mambo évolue aussi du danzón auquel il ajoute des influences nord-américaines, surtout le jazz, le genre étant destiné à être joué par des orchestres au format big band très riches en cuivres. Des très grands de la musique cubaine comme Bebo Valdés et Beny Moré ont été largement inspirés par le mambo avant que le genre ne disparaisse, supplanté par le succès du cha-cha-cha.

À la fin des années 1960, en parallèle de la nueva canción en Amérique latine, naît à Cuba la nueva trova. Jeune chanson engagée et poétique, la nueva trova offre une dimension politique sans précédent au trovador. Le trovador, pour rappel, c’est ce chanteur nomade s’accompagnant seulement de sa guitare, une figure essentielle de la culture cubaine. Il véhiculera et popularisera certaines formes, comme le bolero au XIXe siècle. Certains trovadores sont des compositeurs de grand talent, comme Sindo Garay, l’auteur de nombreux standards cubains et l’emblème du genre. Après la révolution cubaine, la nueva trova consacre le renouveau du genre, porté par des musiciens qui deviendront importants comme Pablo Milanés ou Silvio Rodríguez et concentré sur des thématiques telles que le socialisme, l'injustice, le sexisme, le colonialisme, le racisme, etc. Si le style connait son apogée dans les années 1970, il décline rapidement après.

C’est plus ou moins à la même époque que se popularise un des genres cubains les plus connus dans le monde : la salsa. Signifiant littéralement « sauce », la salsa est une nouvelle fusion du són cubain, cette fois-ci avec du jazz, du mambo ou encore d’autres rythmes caribéens comme le merengue ou la cumbia. C’est aujourd’hui l’une des musiques fétiches des Cubains. Pourtant, le terme salsa n’est pas originaire de l’île mais des États-Unis. Le genre naît en effet à New York à la fin des années 1960, dans les quartiers pauvres latinos, et se veut porteur d’un message social. Dès lors, des figures de stature internationale, comme Celia Cruz, contribuent à asseoir durablement le style. Bien qu’il désigne un genre avec ses codes propres et précis, le mot salsa s’est peu à peu étiré pour devenir un terme générique désignant l’ensemble des musiques latines, du danzón au mambo en passant par le vieux són, voire la plus récente latin house. En somme, la salsa est une appellation générique et marketing englobant un large panel de musiques latino-américaines qui n’ont souvent pas grand-chose à voir avec… la salsa.

Tandis que cette dernière éclot à New York, à la même époque, une modernisation parallèle du són était mis en œuvre par Los Van Van - les « Rolling Stones cubains » - avec leur fameux songo, relecture rock et électrique de la rumba. Le songo a son importance puisqu’il va enfanter la timba, style cubain parmi les plus dansés - et souvent confondu avec la salsa à l’oreille.

Dernier genre hyper populaire de l’île : la rumba. À l’origine associée aux quartiers pauvres des grandes villes comme La Havane ou Matanzas, elle a progressivement quitté son berceau traditionnel pour envahir tout le pays. Trois variantes existent : la columbia lente, accompagnée par des percussions ; le guaguanco, rapide et érotique, uniquement accompagné de percussions ; et le yambu. L'improvisation, la danse aux pas complexes et les tambours polyrythmiques (miroir des traditions rythmiques africaines) sont les éléments clés de tous les styles de rumba. Quelques groupes locaux sont devenus des piliers du style comme Los Papines, Clave y Guaguancó ou encore Yoruba Andabo.

Hormis ces quelques genres, le Panthéon cubain comporte quelques noms qu’il est important de connaitre ou reconnaitre. Le premier d’entre eux est bien entendu Beny Moré. Improvisateur fabuleux et ténor virtuose, il a gratifié de son talent tous les genres musicaux cubains, excellant dans le són cubain, le mambo et le bolero. Il est un peu le Frank Sinatra de l’île, et sa légende survit grâce aux plus grands orchestres de salsa qui reprennent ses titres et les maintiennent incontournables. Autre monument cubain et pas des moindres, Celia Cruz était la reine de la salsa. Son succès a fortement contribué à populariser le genre auprès du grand public et à l’international. Dès 1950, sa carrière décolle avec la Sonora Matancera, groupe de légende avec lequel elle enchaîne les tournées à travers l’Amérique latine durant quinze ans puis, opposée à la révolution castriste, elle s’installe aux États-Unis en 1960. Ses textes et ses interviews dévoilent néanmoins une nostalgie profonde pour son pays. Liée à Tito Puente, elle enregistre huit disques à ses côtés avant d’accompagner le célèbre flûtiste Johnny Pacheco. Forte de plusieurs disques d’or, elle a été la plus grande ambassadrice de la salsa dans le monde. Dernier incontournable cubain, Compay Segundo est indissociable du Buena Vista Social Club. S’il a toujours été un pilier de la scène locale, c’est vraiment cet album réalisé en 1997 sous la direction de Ry Cooder - où il apparaît aux côtés d’autres sommités cubaines comme Rubén González, Ibrahim Ferrer ou Eliades Ochoa - qui le révèle au public international. Grand représentant du són, il accompagnait son chant d’un armonico, sorte de guitare trafiquée. On lui doit un certain nombre de titres phares de la culture cubaine comme Chan Chan.

Deux adresses à noter à La Havane : d’abord la Casa De La Trova, incontournable pour les amateurs de musique cubaine live où l’on peut assister à des concerts de salsa, de són ou de trova ainsi que le Teatro Karl Marx, immense édifice (5 000 places) réservé de préférence aux concerts qui attirent les foules et aux stars comme Descemer Bueno. C’est donc souvent ici que l’on peut voir les légendes cubaines.

Les instruments

A partir du XVIIIe siècle, des instruments d’origine africaine comme le bongo, jusqu’alors cantonnés aux esclaves noirs, se popularisent auprès des Blancs.


 Anakue. Instrument formé de deux cônes métalliques, remplis de graines sèches ou de graviers, réunis par leur sommet.


 Bandurria. Instrument à cordes très utilisé par la musique guajira.


 Bombo criollo. Tambour d’origine européenne, comme son nom l’indique ; on en joue lors des carnavals.


 Bongo. Petits tambours réunis par paire, tenus entre les genoux du percussionniste, qui joue assis. C’est un instrument omniprésent dans tout orchestre salsero.


 Botija. Sorte de cruche qui donne un son grave, utilisée comme basse pour le són.


 Campana. La campana consiste, dans sa version la plus élémentaire, en une cloche quelconque, récupérée en milieu rural pour en faire un instrument authentique. On la frappe avec un morceau de bois pour rythmer la musique d’un groupe improvisé. La cloche utilisée dans les orchestres de salsa peut rendre plusieurs timbres différents, selon l’endroit où elle est frappée. C’est aujourd’hui une percussion officielle d’un orchestre salsero, associée aux timbales.


 Clave. Autre percussion réalisée avec les moyens du bord pour satisfaire la nécessité du rythme. Née dans le port de La Havane, elle consiste en deux morceaux cylindriques de bois dur que l’on frappe l’un contre l’autre. Mais sa simplicité ne doit pourtant éluder ni son originalité ni son importance. Elle est ainsi devenue un fondement de la musique latine et donne le rythme au groupe salsero.


 Conga. Grand tambour d’origine africaine, souvent par paire, dont le conguero joue debout.


 Ekon. Utilisée dans les musiques rituelles abakuá, cette cloche métallique sans battant et munie d’un manche est frappée grâce à un morceau de bois.


 Maracas. Deux petites calebasses fermées, munies d’un manche et remplies de graines sèches. Elles se secouent en cadence comme un hochet, et génèrent un bruissement caractéristique, doux et discret. Elles sont souvent confiées au chanteur ou à un choriste.


 Quinto. Tambour d’origine africaine, possédant une surface de frappe plus petite que la conga, le quinto produit un son aigu.


 Reja. Percussion rudimentaire formée d’un morceau de métal et d’un gros clou utilisé pour frapper le métal. La reja est surtout utilisée lors des carnavals de rue.


 Tahona. Petit tambour traditionnel dont on joue beaucoup dans l’Oriente.


 Timbales. Caisses claires réunies par deux, montées sur pied, et enrichies de cloches ou autres accessoires, notamment parfois une grosse caisse actionnée au pied par une pédale. Le timbalero joue debout, tapant la peau avec des baguettes longues et légères.


 Tres. Instrument typiquement cubain, très présent dans la musique guajira et les orchestres de són, il a la forme d’une petite guitare dotée de trois cordes doublées ; il produit un petit son aigu et reste aujourd’hui principalement utilisé dans les orchestres traditionnels.


 Tumba. Tambour (mais le terme désigne aussi la danse qui lui est associée) utilisé à Cuba en particulier dans sa région orientale.

La musique classique

On l’oublie trop souvent à Cuba, mais la musique savante (ou dite « classique ») a aussi son importance. Un des premiers compositeurs notables de l’île est Manuel Saumell (1818-1870), parfois considéré comme le père du nationalisme musical cubain car il a créolisé la musique savante de son temps avec la musique traditionnelle locale. Mieux, fait moins reconnu, Saumell a eu des vues prophétiques dans ses compositions en inventant avant l’heure certains rythmes qui ne verront vraiment le jour qu’après lui. Contradanza, habanera, danzón, guajira, criolla, clave… : autant de rythmes apparus pour la première fois entre les mains de ce visionnaire.
À sa suite apparait Ignacio Cervantes (1847-1905), le « Chopin cubain ». Ce pianiste et compositeur demeure célèbre pour ses 41 danzas, l'équivalent cubain des Danses slaves de Dvořák.
Relativement à la même époque, le compositeur et violoniste José White (1836-1918), de père espagnol et de mère afro-cubaine, acquiert une renommée internationale (il a notamment vécu à Paris). Son œuvre la plus célèbre est La Bella Cubana, une habanera.
Au début du XXe siècle, les forces vives de la composition nationale sont Gonzalo Roig (1890-1970)  l'un des fondateurs de l'Orchestre symphonique national et un des pionniers du mouvement symphonique cubain ainsi qu’Ernesto Lecuona (1895-1963). Ce dernier est largement considéré comme l'un des plus grands pianistes et compositeurs cubains de son siècle, auteur de plus de 600 pièces, dont des zarzuelas et des suites, la plupart dans une veine cubaine. Il a inspiré le monde de la musique latino-américaine de la même manière que Gershwin aux États-Unis.
Il a pour contemporain Joaquín Nin (1879-1949), compositeur connu pour ses arrangements de musique populaire espagnole et surtout pour être le père de l’écrivain Anaïs Nin.
Après la révolution cubaine, dès le début des années 1960 une nouvelle génération de musiciens classiques apparait sur le devant de la scène. Le plus important d'entre eux est le guitariste virtuose et chef d’orchestre Leo Brouwer, qui a énormément apporté à la musique nationale autant qu’au répertoire de la guitare classique moderne. Mais l'influence et l’importance de Leo Brouwer dépasse amplement le registre de la guitare. Son œuvre comprend plus de 300 pièces composées pour tous les instruments et il a été amené à diriger quelques-uns des ensembles les plus prestigieux au monde, dont celui de Paris en 1981. Dix ans auparavant, au début des années 1970, il a été le directeur de l'Orchestre symphonique national de Cuba, toujours le plus prestigieux (et presque le seul) du pays. L’ensemble se produit régulièrement au Gran Teatro De La Habana. Construit en 1833, il a vu défiler les plus grandes gloires de l’histoire du spectacle, dont Caruso et Sarah Bernhardt. Excellente acoustique et architecture originale.

Le jazz

Si le jazz pénètre sur l’île dès les années 1920 et influence la musique cubaine, la réciproque est très vite vraie. Quelques compositions du big band de Dizzy Gillespie, notamment, en témoignent. Des musiciens cubains comme le percussionniste Chano Pozo, le saxophoniste et trompettiste Marío Bauza, le trompettiste Arturo Sandoval, le saxo Paquito de Rivera et le fabuleux pianiste Chucho Valdés ont tous, chacun à leur manière, participé à établir et propager le jazz afro-cubain. Le dernier mentionné, Chucho Valdés, est un cas particulièrement intéressant. Fils et disciple du musicien cubain Bebo Valdés, il grandit dans un milieu imprégné des nouvelles tendances de la musique cubaine. Mêlant les influences du piano classique et la tradition folklorique, il se familiarise avec les sons d’Ernesto Lecuona et de Beny Moré. Sa carrière débute en 1957 lorsqu’il intègre le groupe Sabor de Cuba, dirigé par son père. A ses activités de jazzman s’ajoute, à partir de 1963, celle de pianiste au sein de l’orchestre du Teatro Musical de La Havane. En 1973, il crée l’ensemble Irakere avec quatre autres musiciens et va rapidement s’imposer comme une formation incontournable. Groupe devenu mythique de la musique cubaine, Irakere a su, durant plusieurs décennies, alterner avec bonheur le répertoire populaire cubain et le jazz latino.
Autre phénomène du jazz cubain à connaitre absolument : Roberto Fonseca. Lorsqu’il fallut remplacer Ruben Gonzalez au piano au sein du célébrissime Buena Vista Social Club, le grand chanteur Ibrahim Ferrer impose un tout jeune pianiste dont il est certain du talent. Roberto Fonseca n’a alors que 26 ans et sa carrière est sur le point de prendre un envol prodigieux. Il est aujourd’hui connu dans le monde entier et particulièrement en France où il est très apprécié par les amateurs de jazz et considéré comme un des meilleurs pianistes de la planète. Ses concerts sont impressionnants, non seulement en termes de perfection technique mais aussi par leur scénographie.
Dernier grand talent en date, Harold Lopez Nussa est considéré par beaucoup comme l’un des musiciens les plus talentueux de sa génération. Après une solide formation classique au conservatoire Amadeo Roldan de La Havane, Harold achève ses études musicales à l’Instituto Superior de Arte. Il se prend rapidement de passion pour le jazz et, après avoir accompagné les plus grands noms cubains, il forge sa signature au croisement du jazz et des musiques populaires cubaines.
Un talent cubain à surveiller : le trompettiste Yelfris Valdés, surprenant par sa proposition, entre jazz, world et musique électronique.
Les amateurs de jazz le savent déjà, le Festival International de Jazz de La Havane, est, depuis 1978, un des rendez-vous majeurs du genre dans la région tant par le niveau technique que par la programmation. Aussi, à La Havane, le Jazz Café est une adresse privilégiée pour voir un concert. Le groupe Irakere et son chef de file Chucho Valdés s’y sont souvent produits.

Les musiques actuelles

Il y a beaucoup de musiques et de genres qui cohabitent à Cuba. Beaucoup. Mais s’il y en a un qui se taille la part du lion auprès de la jeunesse, c’est le reggaeton (comme partout en Amérique latine).  Le genre a même été rebaptisé ici « cubaton » (contraction de Cuba et reggaeton). Le groupe phare du domaine, c’est de loin Gente de Zona. Ils enchaînent les tubes, on les entend absolument partout à Cuba et les plus grandes stars latinos frappent à leur porte : Enrique Iglesias, Marc Anthony ou encore Pitbull... El Chacal, Joker, Jacob Forever et son célèbre hit Hasta que se seque el Malecon ou encore Srta Dayana côté féminin sont quant à eux les étoiles montantes à surveiller de près.
Côté musique électronique, la compilation Havana Cultura: ¡Súbelo, Cuba! pilotée par l’infatigable DJ londonien Gilles Peterson raconte très bien la vivacité de l’underground cubain actuel où se mélangent esthétiques traditionnelles et électroniques. On y croise notamment DJ Jigüe, pionnier hyper respecté de l’île qui mélange depuis des lustres house et techno aux rythmes afro-cubains et d'autres sons des Caraïbes. Cette signature musicale baptisée « afro-futurisme tropical » a inspiré de nombreux jeunes producteurs de la nouvelle scène.
Autres artistes d'origine cubaine : les deux sœurs jumelles Ibeyi (jumelles en yoruba) qui font sensation en France ces dernières années. Nées à Paris en 1994, Lisa-Kaindé et Naomi sont d'origine vénézuélienne par leur mère et d'origine cubaine par leur père, le percussionniste Anga Diaz, un membre du groupe Buena Vista Social Club décédé en 2006. Très jeunes, elles baignent donc dans l'univers de la musique cubaine et, en 2015, elles sortent un premier album Ibeyi qui est un joli succès puis Ash en 2017 où elles chantent en anglais et en espagnol. Le disque marche bien en France mais aussi à l'étranger.
Pour apprécier le meilleur de la musique actuelle, direction le Centre Bertolt Brecht de La Havane, avec concerts, DJ sets et clientèle plutôt (très) branchée ainsi que, dans la même ville, la Fabrica De Arte Cubano, l’endroit à la mode, très axé design et création contemporaine.

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