Cinéma et dictature
Pendant les trente années que durera la dictature (1930-1961), le cinéma sera utilisé à des fins de propagande. Le son fut d’ailleurs utilisé pour la première fois en 1930 pour un film d’actualité concernant le dictateur Trujillo (1891-1961).
C’est en 1953 que le cinéaste Rafael Augusto Sanchez Sanlley (Pupito) fonde la première compagnie cinématographique locale, Cine Dominicano, avec laquelle il produit divers documentaires. Ceux-ci abordent le problème de la misère du peuple à cette époque, bien loin de l’opulence de la famille de Trujillo. Cette entreprise est sévèrement réprimée par le dictateur qui ordonne son démantèlement.
Après la fin du régime dictatorial, le dramaturge et homme politique Franklin Domínguez tourne le premier long-métrage dominicain La Silla (1963) qui dénonce les horreurs des dernières années, avec un seul acteur : Camillo Carrau.
René Fortunato, tout au long de sa carrière, a documenté l’histoire artistique dominicaine : en 1985 Tras las huellas de Palau (Dans les pas de Palau), célébrant le pionnier du cinéma local, mais aussi politique avec, de 1991 à 1996, la trilogie Trujillo : el poder del jefe, et dernièrement, en 2009 Juan Bosch : Presidente en la frontera imperial.
L’histoire politique continue d'être traitée aujourd'hui au cinéma puisqu'en 2009 est sorti un film sur l’ère Trujillo et le tragique destin des sœurs Mirabal qui s’opposèrent à lui : Trópico de Sangre, de Juan Delacer. L’actrice Michelle Rodriguez américaine d’origine dominicano-portoricaine joue le rôle principal.
Films étrangers en République dominicaine
Le pays a servi de décor à de très nombreux films, dont certains grands classiques du cinéma mondial. En 1974, les scènes du Parrain II de Francis Ford Coppola, censées se dérouler à Cuba, ont en fait été tournées dans la zone coloniale de Saint-Domingue. La fameuse scène se déroulant sur une terrasse de La Havane a elle été tournée à l’hôtel Embajador, à l’ouest de la ville. En 1979, Coppola décide de revenir en République dominicaine pour tourner certaines scènes du mythique Apocalypse Now, aux alentours du fleuve Chavón, à La Romana. À nouveau en 1985, La Romana accueille un tournage, celui de Rambo II de George Pan Cosmatos. Plus récemment, on peut citer Pirates des Caraïbes : la malédiction du Black Pearl (2003) par Gore Verbinski, Raisons d’Etat (2006) de Robert de Niro, Miami Vice (2006) de Michael Mann avec Colin Farrell et Jamie Foxx, mais encore xXx : Reactivated (2017) de DJ Caruso avec Vin Diesel. Plus récemment, c'est le film Le Secret de la cité perdue (The Lost City), sorti en 2022 et avec en acteurs stars Sandra Bullock et Brad Pitt, qui a presque intégralement été tourné en République dominicaine (Samana, Juan Dolio et Santo Domingo notamment).
Réalisateurs dominicains contemporains
Une production dominicaine a fait fureur, il s’agit de la comédie Sanky Panky, du réalisateur José Enrique Pintor Pinky. Ce film, qui retrace les tribulations de jeunes Dominicains en quête de faveurs des touristes, bat tous les records de fréquentation à sa sortie début 2007. Un deuxième opus sort en 2013, suivi de Sanky Panky 3, sorti en 2018.
Côté festival international, José María Cabral s’est fait remarquer en devenant le premier réalisateur dominicain à avoir été sélectionné au festival Sundance avec son film Carpinteros en 2017 – qui raconte l’histoire d’amour d’un nouveau venu dans une prison dominicaine.
Figure contemporaine engagée du cinéma dominicain, saluée par la critique, Laetitia Tonos est la première femme à percer dans le milieu. Ses films La hija natural (Love child) (2011), Cristo Rey (2013), ou Mis 500 locos (A state of madness) (2020) aborde l’identité et l’histoire caribéenne dans sa complexité.