Découvrez l'Uruguay : Religions

Lorsque l'on évoque l'Uruguay en tant que pays laïc, cela se rapporte à l'idée que l'État est neutre en matière de religion et n'adopte aucune position préférentielle envers une religion spécifique. Cependant, cela ne sous-entend pas que ses habitants ne possèdent pas de croyances religieuses, bien au contraire ! En effet, selon les chiffres officiels, environ 80 % des Uruguayens déclarent croire en Dieu. Si le catholicisme est la religion majoritaire, avec 42 % de pratiquants, d'autres confessions ont également trouvé leur place dans le pays. Les chrétiens non-catholiques représentent 11 % de la population, tandis que les croyants d'autres religions sont estimés à 9 %. Enfin, près d'un cinquième des Uruguayens se déclarent croyant sans confession. Malgré cette diversité, l'Église catholique n'a jamais acquis l'hégémonie culturelle qu'elle a pu avoir dans d'autres pays du continent en raison des événements politiques survenus au XIXe siècle.

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Colonisation et christianisme

Dès l'arrivée des conquistadors, l'Église catholique a pris une place centrale dans la vie de l'Amérique coloniale, intervenant dans tous les aspects de la vie publique et privée de la population. Son activité s'est déroulée sur un territoire et parmi des cultures où le christianisme était inconnu, et a donc dû s'imposer face aux pratiques chamaniques indigènes. Par exemple, les croyances des Charrúa, peuple autochtone de l'Uruguay, étaient basées sur des concepts tels que le « Gualicho », l'esprit maléfique. Afin de renforcer son pouvoir et d’établir sa domination spirituelle, l'Église (et plus particulièrement les missionnaires jésuites), employa différents moyens incluant la conversion des communautés autochtones à la religion chrétienne et la construction de chapelles et d'écoles pour enseigner la langue espagnole. Ces méthodes provoquèrent une vive résistance de la part des indigènes qui luttèrent pour préserver leur culture et leurs traditions. Au début du XVIIe siècle, en plus des franciscains établis au sud du rio Negro et des jésuites présents dans la région des missions guaranies, le territoire la Banda Oriental comptait également une présence moins structurée de mercédaires et de jacobins, ces derniers défendant un républicanisme radical. Le couvent de San Bernardino fut fondé en 1760 par l'ordre franciscain, et accueillit certains des acteurs clés du mouvement révolutionnaire, tels que José Artigas, José Rondeau et Dámaso Antonio Larrañaga. Cette institution contribua grandement à façonner les idées théologiques et philosophiques des révolutionnaires en mettant l'accent sur la promotion des valeurs fondamentales telles que l'égalité, la liberté et la justice. Son influence fut également déterminante dans la propagation de ces idées au sein de la société, et ce, en particulier après la crise de la monarchie espagnole en 1808. L'avènement de la révolution de 1810 entraîna de nombreuses divisions parmi le clergé séculier et régulier. Certains membres de l'Église restèrent fidèles aux autorités royalistes tandis que d'autres devinrent des agents politiques du processus insurrectionnel. C'est aussi à ce moment que les populations autochtones rejoignirent les groupes de guérilla dans le but de défendre leurs droits et leur autonomie. A la suite de la bataille de Las Piedras qui opposa l'armée de la Banda Oriental à celle de l'Empire espagnol, un groupe de frères du couvent de San Bernardino fut violemment expulsé d'Uruguay sur ordre du vice-roi, accusé de propager des idées révolutionnaires. Cela reflétait clairement les tensions religieuses et politiques entre les autorités espagnoles et de nombreux secteurs du clergé.

L'indépendance de l'Uruguay a également ouvert la voie à l'arrivée de nouveaux groupes religieux. Par exemple, le protestantisme commença à se développer au début du XXe siècle, principalement en raison de l'influence des immigrants britanniques et allemands. Bien que ces religions restent aujourd'hui minoritaires par rapport au catholicisme, elles ont contribué à enrichir la diversité culturelle et le pluralisme religieux du pays.

La religion afro-uruguayenne

La religion afro-uruguayenne est un élément essentiel de la culture et de l'identité de la communauté afro-uruguayenne, qui représente environ 8 % de la population du pays. Ses racines remontent aux peuples africains amenés en Amérique du Sud en tant qu'esclaves, principalement d'origine yoruba, bantoue et kongo. Au fil du temps, l’héritage africains s’est mélangé aux doctrines catholiques locales pour donner naissance à un système de croyances unique et riche en symbolisme et en rituels. Parmi les principales religions afro-uruguayennes, on trouve l'Umbanda et le Candomblé. L'Umbanda est une religion syncrétique qui combine des éléments de la religion yoruba, du catholicisme, du spiritisme et des traditions indigènes. Les adeptes de l'Umbanda croient en un Dieu suprême, nommé Olorun (ou Zambi), et en une série d'esprits ou d'entités appelées Orixás, qui sont associés à des forces de la nature, des saints catholiques et des ancêtres mythiques. Les Orixás jouent un rôle central dans la vie des fidèles, en les guidant et en les protégeant. Le Candomblé, en revanche, est une religion plus proche des traditions yoruba d'Afrique de l'Ouest. Bien qu'il partage certaines similitudes avec l'Umbanda, comme la croyance en un Dieu omnipotent et aux Orixás, le Candomblé accorde une plus grande importance à la préservation savoirs traditionnels africains et à la connexion avec les ancêtres. Les cérémonies du Candomblé impliquent souvent des offrandes, des sacrifices d'animaux et des danses rituelles. Imprégnée de mystères et de spiritualité, la religion afro-uruguayenne a donné naissance à de nombreuses fêtes et célébrations, tissant ainsi une empreinte indélébile sur le tapis culturel uruguayen. Par exemple, la Fête de Iemanja célèbre la déesse de l'océan, tandis que le carnaval intègre différentes traditions culturelles telles que le candombe.

Un pays laïc

Après l'Indépendance de l'Uruguay en 1825, des tensions politiques et sociales commencèrent à remettre en question l'influence de l'Église dans la vie publique. L'afflux d'immigrants européens, favorisé par le développement industriel croissant du pays, incita l'élite à s'inspirer des idées libérales en vogue de l'époque. Cette agitation ouvrit conséquemment la voie à des réformes qui se produisirent dans les décennies suivantes, telles que la sécularisation des cimetières et de l'enseignement public, ou encore la loi interdisant les mariages religieux sans cérémonie civile préalable (1861 et 1877). En 1906, les crucifix furent retirés des hôpitaux et en 1907, la loi sur le divorce fut adoptée, et toute référence à Dieu fut supprimée du Parlement. La Semaine sainte fut même rebaptisée « Semaine du Tourisme », et Noël « Jour de la famille ». Cela aboutit à la réforme constitutionnelle de 1917 qui entraîna la séparation officielle de l'Église et de l'État en 1919. L’article 5 de la Constitution actuelle stipule toujours que « Tous les cultes sont libres en Uruguay. L'État ne soutient aucune religion. » L’État a donc adopté une position neutre en matière de religion, favorisant la tolérance et la liberté religieuse pour tous ses citoyens.

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