Découvrez le Guatemala : Environnement

Le Guatemala abrite une grande variété d'écosystèmes, incluant plaines côtières,  hauts-plateaux ; montagne et forêt tropicale.  Considéré comme un « hot spot » de biodiversité, le pays a mis en place des aires protégées. Mais les équilibres naturels sont menacés par les activités anthropiques, au premier rang desquelles l'agriculture intensive et l'extraction minière, avec pour corollaire la déforestation, la fragmentation et la contamination des milieux. La gestion de l'eau et des déchets est encore déficiente dans un pays où les lois et institutions en la matière sont insuffisantes. Le changement climatique pourrait, entre autres, fragiliser l'agriculture et conduire à l'insécurité alimentaire.  Inquiétante  aussi est la mainmise des grandes compagnies qui, dans certains cas, menacent et l'environnement et les droits de l'Homme. Mais des « gardiens » veillent : journalistes et  peuples autochtones militent pour la préservation de la nature, parfois au péril de leur vie.

Parcs nationaux

Le pays compte des réserves de biosphère et des parcs nationaux, dont le but est de préserver des écosystèmes remarquables. On citera notamment  :

Parc national du lac Atitlán : situé dans la partie Sud du pays, il protège les écosystèmes du lac éponyme et ses trois volcans, Atitlán, San PedroTolimán. Il abrite des paysages singuliers et de toute beauté.

Parc national Laguna Lachuá (Parque Nacional Laguna Lachuá) : situé au sud du territoire, il abrite notamment un lac karstique – laguna  Lachuá - écosystème fragile et remarquable. Le parc est menacé par les activités anthropiques (déforestation).

Parc national de Pacaya : situé dans le sud du pays,  à proximité de la capitale, il protège le  volcan éponyme et sa biodiversité.

Parc national de Tikal : situé au nord du pays, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, il protège de remarquables vestiges archéologiques, mais également une riche biodiversité.

Parc national de la Sierra Del Lacandón : situé dans le Nord-Ouest du pays, à la frontière mexicaine, et jouxtant la réserve de biosphère Montes Azules, il abrite des écosystèmes remarquables, dont les deux parcelles « Naranjitos I et II », parmi les plus diversifiées de la forêt tropicale du pays.

Parc national du Río Dulce : il protège les écosystèmes du fleuve éponyme et une très riche avifaune. Il peut se découvrir en bateau.

Les impacts de l'agriculture intensive

Les monocultures intensives (dont l'huile de palme ou les agrocarburants) contribuent à la destruction de la forêt tropicale. Cette forêt primaire constitue à la fois un puits de carbone et un réservoir de biodiversité. Elle abrite aussi le territoire de populations autochtones qui se conçoivent comme partie de la nature et ont su maintenir les grands équilibres naturels. L'agriculture intensive a quant à elle pour effet d'accélérer l'érosion des sols, de détruire certains habitats, de fragmenter les milieux naturels et de contaminer l'environnement (via l'utilisation de pesticides), autant de facteurs de perte de la biodiversité. Le couvert forestier a par exemple ainsi régressé de 19 % entre 2001 et 2019 dans le pays.

« Mining secrets » ou les méfaits de l'activité minière

Certaines grandes compagnies minières ne s'embarrassent parfois, ni du droit de l'Environnement, ni des droits de l'Homme. Le collectif « Forbidden Stories » a ainsi pu mettre en exergue les pratiques d'une entreprise suisse d'extraction de nickel dans le Nord-Est du Pays. Tout commence en 2017 lorsque des dépôts rouges apparaissent dans le lac Izabal. La communauté locale, qui pêche dans le lac s'inquiète de ces rejets et demande des comptes à la compagnie minière qui nie être à l'origine de ces dépôts. Lors d'une manifestation, un pêcheur est tué. Carlos Choc, le photographe qui a pris la photo du manifestant à terre est menacé et doit fuir un temps le pays. Un collectif de journalistes d'investigation reprend l'enquête.  Le projet « Green Blood » s'attache en effet  aux enquêtes liées aux industries minières, en solidarité aux journalistes inquiétés ou tués. L’équipe publie en 2020 les résultats de son enquête, mettant au jour à la fois la responsabilité de l'entreprise dans le rejet de chrome hexavalent (agent toxique) dans le lac, la collusion de l'état dans l'affaire, et la surveillance des journalistes par l'entreprise. Pour aller plus loin : https://forbiddenstories.org/fr/case/green-blood/

Face à l'urgence écologique et climatique

Le GIEC, groupe d'expert intergouvernemental sur le climat, alerte, dans sa synthèse à destination des décideurs, paru en février 2022, sur l'urgence de mettre en place des  actions coordonnées, pour limiter le changement climatique et déployer une stratégie d'adaptation.

Au Guatemala, le réchauffement climatique pourrait entraîner une plus grande fréquence et intensité des phénomènes extrêmes (dont ouragans, sécheresses), fragiliser l'agriculture, contribuer à l'insécurité alimentaire et à l'instabilité politique.

En 2017, suite au manque de précipitations récurrent, la lagune d'Atescatempa fut complètement asséchée. Les habitants, ne pouvant plus pêcher, durent bénéficier de la solidarité avec d'autres villages pour subvenir à leurs besoins alimentaires. Des initiatives se mettent aussi en place pour former les agriculteurs et diversifier les cultures.  En 2019, c'est une attaque fongique (la rouille des feuilles de café) qui a mis à mal les cultures de café.

Face à la crise écologique, des habitants veillent : journalistes, communautés autochtones, parfois au péril de leur vie. En 2018, selon l'ONG Global Witness  le Guatemala comptait 16 meurtres d'activistes écologiste, soit comparativement le plus grand nombre par habitant. En 2021, Amnesty International appelait à la libération immédiate et sans condition de Bernardo Caal Xol, enseignant condamné sans preuves à sept ans de prison en 2018, après avoir défendu les droits des peuples Mayas Q’eqchi’. Ceux-ci s'opposaient à un projet de centrales hydroélectriques sur les rivières Cahabón et Ox-eek’, fleuves sacrés et sources de subsistance pour la communauté. Les Mayas Q’eqchi’ n'avaient pas été consultés sur le projet,  contrairement à ce que prévoit le droit des peuples autochtones. Un rapport de l'ONU met également en exergue la responsabilité des investisseurs dans ce type de projets controversés.

Parmi les actions positives, des initiatives visent à prévenir la pollution plastique, problématique importante au Guatemala. On se souviendra peut-être de la vidéo devenue virale d'une rivière de déchets plastiques à San Andrés Itzapa. Parmi les actions curatives, figure la mise en place dans certaines communes de barrages flottants (« biobardas ») construits par les habitants. A San Pedro La Laguna, un arrêté municipal a interdit l'usage du plastique, en prévoyant des amendes en cas de non-respect de la mesure et des actions de sensibilisation. Résultat : la consommation de plastique a baissé de 80 %, au profit de pratiques ancestrales (paniers tissés, feuilles de bananiers). Les habitants ont également été associés au nettoyage du lac Atitlán. Les  foresteries communautaires de la Réserve de biosphères Maya, en lien avec Rainforest Alliance, donnent quant à elle de bons résultats en matière de gestion durable de la forêt.

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